BOISSIÈRE Jean-Pierre - homélie 2015

Frère Jean-Pierre BOISSIÈRE

HOMÉLIE DES FUNÉRAILLES DU FRÈRE JEAN-PIERRE BOISSIÈRE LE 18 AVRIL 2015

par Mgr Hubert COPPENRATH

 

 

 

Homélie prononcée par Mgr Hubert COPPENRATH lors des funérailles de Fr Jean-Pierre BOISSIÈRE, à l'église Maria no te Hau de Papeete le 18 avril 2015 à 9h.

Frères et sœurs,

Je ne vais pas retracer la vie du Frère Jean-Pierre Boissière, je voudrais seulement dire tout ce que sa consécration religieuse lui a permis de faire.

Remarquons d’abord que son engagement dans la vie religieuse est un choix de sa jeunesse : il avait 18 ans lorsqu’il a prononcé ses premiers vœux. Aujourd’hui, bien que ce n’était que des vœux temporaires, on trouvera sans doute que c’était bien jeune pour un engagement. Mais c’est une époque où l’on n’hésitait pas à se marier à 18 ans et où on l’on ne remettait pas en question les engagements de la jeunesse.

C’est bien ce qu’a fait le Frère Jean-Pierre : il a poursuivi jusqu’au bout le chemin qu’il avait choisi dans sa jeunesse, chemin balisé par les trois vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance.

Pour beaucoup de raisons, il est difficile de nos jours de prendre un engagement officiel si jeune. Mais l’appel du Seigneur peut être entendu très jeune et la réponse que l’on donne dans son âme et conscience peut être aussi très précoce. On peut alors la mûrir et l’approfondir jusqu’au moment où on lui donnera une forme officielle.

Comment le Frère Jean-Pierre a-t-il vécu sa consécration religieuse ? Essentiellement dans son métier d’éducateur. C’était paraît-il un professeur hors pair, passionné par la matière qu’il enseignait. N’était-ce pas le meilleur service qu’il pouvait rendre à ses élèves pour les stimuler et leur faire réussir leurs études ? Mais les Frères de l’Instruction Chrétienne ne sont pas seulement des professeurs, ce sont aussi des éducateurs soucieux de transmettre des valeurs, les valeurs humaines telle que l’amour du travail et aussi les valeurs spirituelles. C’est bien pourquoi le Frère Jean-Pierre Boissière a voulu suivre les jeunes en dehors du Lycée en s’engageant dans le scoutisme pour leur apprendre à aimer la nature et surtout leur apprendre à se responsabiliser en prenant en main leur propre formation.

Nous savons tous que le premier commandement après l’amour de Dieu est l’amour du prochain. Qui est le prochain pour un frère ? D’abord, bien sûr, les membres de sa communauté, mais ensuite ce sont les jeunes qui lui sont confiés. Le Frère Jean-Pierre était fidèle à la vie communautaire, mais aussi il aimait les jeunes. Non pas d’une manière sentimentale, mais d’une manière active en les aidant à réussir leur vie.

Pour cela, sa consécration religieuse lui donnait une grande liberté. Il n’avait pas le souci d’une épouse, d’une famille, il était donc totalement libre pour se donner à ses élèves. Était-il heureux ? Jésus a dit « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir » Lorsque quelqu’un surmonte les tendances égoïstes qui sont en chacun de nous et qu’il accepte de servir les autres, il est profondément heureux. Rien ne rend plus heureux que de voir sa vie être utile et rendre les autres heureux.

Nous sommes dans l’année que le Pape François a dédiée à la vie consacrée. Il appelle les consacrés à réfléchir sur leur vocation et à lui donner sa pleine signification, mais il appelle aussi tous les fidèles à réfléchir sur la vie consacrée et à prendre la mesure du service qu’ils rendent à l’Église. Il dit qu’ils sont des prophètes et ils le sont parce qu’il donne le témoignage visible de Chrétiens qui ont choisi de chercher d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et ils doivent vivre de telle façon que ce témoignage soit visible. Mais à l’intérieur de la vie consacrée il y a plusieurs charismes et le témoignage des frères enseignants est celui du renoncement à la vie facile que pourrait leur procurer leurs diplômes pour servir la jeunesse. Les jeunes sont l’espoir de l’Église, mais aussi parmi les fidèles ceux qui sont les plus menacés par les influences pernicieuses qui sévissent dans le monde contemporain. Se consacrer à l’éducation de la jeunesse est à la fois exaltant et difficile. Depuis 1860, la Polynésie bénéficie de la présence des Frères de l’Instruction Chrétienne, ils ont longtemps été les principaux formateurs des cadres de la société polynésienne, mais ils ont aussi fait baisser les préventions contre l’Église Catholique, et ont été à l’origine de la conversion de nombreux élèves. Ils ont rendu un immense service à notre diocèse.

Il est triste de penser qu’ils ont suscité si peu de vocations dans notre diocèse et que les jeunes qu’ils ont éduqués se sont contentés de les admirer et de leur être reconnaissants, mais ont reculé devant l’austérité de cette vocation où l’on part à la conquête des diplômes universitaires non pour s’assurer un avenir confortable mais pour vivre dans la pauvreté et le renoncement. Pauvreté et oubli de soi oui, mais aussi bonheur de servir, bonheur d’éduquer la jeunesse, de transmettre des valeurs et de marcher sur la route de la vie éternelle.

Je n’arrive pas à imaginer une école des Frères sans Frères. J’espère toujours et je prie toujours pour quelques jeunes répondent à l’appel du Seigneur et prennent le relais.

Dans cette messe, nous prierons pour que le Seigneur manifeste sa miséricorde au Frère Jean-Pierre et l’accueille dans sa maison de lumière et de joie, mais prions aussi pour que des jeunes prennent le relais et que le Frère Jean-Pierre Boissière ne soit pas un des derniers frère à enseigner dans notre diocèse.

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