L’Exhortation Apostolique « Pastores dabo vobis » explique au n. 16 que « la relation fondamentale du prêtre est celle qui l’unit à Jésus Christ,Tête et Pasteur ; il participe en effet d’une manière spécifique et authentique à la ‘consécration’ ou ‘onction’ et à la ‘mission du Christ’ (Luc 4, 18-20) ». Il n’y a pas à côté de cette première relation, une relation à l’Eglise juxtaposée. Car le sacerdoce, comme la parole de Dieu ou les sacrements, appartient à ce qui constitue l’Eglise. Le prêtre est « dans l’Eglise » et « face à l’Eglise » car il exerce son service d’Eglise pour promouvoir l’exercice du sacerdoce commun des fidèles. Au 5è § du n. 16, il est affirmé que « la relation du prêtre avec Jésus Christ et, en lui, avec son Eglise, s’inscrit dans l’être même du prêtre, en vertu de sa consécration ou de l’onction sacramentelle, et dans son agir, c’est-à-dire dans sa mission ou dans son ministère ». Demandez au Seigneur de faire, à l’instar de St François d’Assise, par une grâce spéciale, l’expérience spirituelle de l’union du Christ et de l’Eglise. Que le Seigneur vous montre combien le Christ est l’Eglise, et l’Eglise le Christ. Une simple écoute des enseignements de St Paul ou du Christ ne suffit plus. Il y a tant de courants à notre époque qui tentent de séparer Eglise et Jésus Christ. C’est au prêtre au plus profond de son âme d’unir, par la grâce de sa vocation et de son ordination, Jésus Christ et l’Eglise. Sinon il ne pourra parvenir « à une perception exacte et joyeuse » de son identité. Au contraire il doit de toutes les forces spirituelles déployées par la perception de son identité tendre à devenir une fidèle "représentation sacramentelle" du Christ (N.16).
C’est en y parvenant qu’en lui ‘l’être’ et l’agir’ ne peuvent plus être séparés. Un homme ne fait pas bouger les membres de son corps, en agitant la tête, en bas, en haut, à droite, à gauche. C’est un influx nerveux, où la pensée et la volonté se trouvent intimement mêlées, qui va ordonner les mouvements du corps de cet homme. Toute l’activité extérieure de l’homme, provient d’un mouvement intérieur. Un berger est bon berger non pas parce qu’il se contente de marcher en tête du troupeau en le guidant par certains gestes. Les brebis ne garderont leur cohésion que si elles reconnaissent la ‘voix’ qui leur inspire confiance et établit la sécurité. Il faut que le courant passe entre lui et le troupeau.
Ainsi en est-il du prêtre, il est ‘tête’, à l’image du Christ qui l’a choisi ; et il ne sera représentation sacramentelle du Christ que si l’Esprit pénètre sa pensée, son cœur, son corps au point qu’il diffusera un véritable ‘esprit sacerdotal’ en tout ce qu’il dira et fera.
Il est ‘pasteur’, au milieu de l’amuiraa où il a été envoyé, non par le rang qu’il occupe au milieu d’elle, mais par les ‘liens’ d’une profonde charité qui le pousse à aimer chaque personne, à la défendre de tout danger, à la nourrir des vérités de l’Evangile et des grâces des sacrements, à l’accueillir avec respect et délicatesse «comme je connais mes brebis me connaissent, ainsi je connais mon Père comme mon Père me connaît ». Le prêtre lui aussi doit accéder à l’amour filial du Père …prière, enseignement, sacrements, accompagnement des fidèles, témoignage de vie ont leur source dans le Père (comme le Père me connaît et que je connais le Père, dit Jésus).
Les beaux fruits de la prière, du ministère et du témoignage du prêtre apparaissent lorsque ‘être’ et ‘agir’ ne font plus qu’un.
« Ce que je vis dans le Christ Tête et Pasteur, c’est ce que je fais dans le ministère que l’Eglise me confie et comme l’Eglise me le demande ». Je ne puis ‘agir ‘, et, ‘demeurer’ ailleurs . Ordination et Mission sont inséparables et découle l’une de l’autre.