Dans la liturgie du baptême, le célébrant oint la tête des nouveaux baptisés avec le saint-chrème après leur avoir dit : "Vous qui faites maintenant partie de son peuple, Dieu vous marque de l'huile sainte pour que vous demeuriez éternellement les membres de Jésus-Christ, prêtre, prophète et roi." Ainsi, par le baptême, nous sommes, en Jésus-Christ, prêtres, prophètes et rois.
Dans la nouvelle alliance, tous les baptisés sont prêtres parce qu'ils participent au culte d'adoration en esprit et en vérité (Jean 4/23). Ils participent à cette adoration par leurs prières personnelles, mais surtout parce qu'ils ont un rôle actif dans la liturgie de l'eucharistie. Il n'y a pas d'eucharistie sans prêtre, mais il ne doit pas non plus y avoir d'eucharistie sans fidèles, et par leur foi, leurs prières, leurs chants, les fidèles donnent toute sa beauté à la liturgie eucharistique. Dans cette liturgie eucharistique, l'unique sacrifice du Christ, qu'il a offert une fois pour toutes (Heb. 9/27-28), est rendu présent pour que nous l'offrions à notre tour.
Le sacrifice du Christ est unique, et comme nous le dit l'épître aux Hébreux, Jésus l'a offert une seule fois. Mais, dans la liturgie eucharistique, ce sacrifice est rendu présent pour que nous l'offrions à notre tour.
En s'unissant au prêtre qui présente ce sacrifice au Père, les fidèles s'offrent eux-mêmes pour rendre à Dieu un culte spirituel. En effet, de même que Jésus a offert à son Père le sacrifice de sa parfaite obéissance tout au long de sa vie et jusqu'à la mort de la croix, de même, nous avons tous à rechercher la volonté du Père et à chaque fois que nous l'accomplissons, nous offrons "un sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu" (Rom. 12/1-2). Ainsi le baptême nous a tous constitués prêtres de la nouvelle alliance pour continuer le culte nouveau initié par Jésus. Et ce culte, nous le rendons non seulement dans les églises mais aussi dans nos maisons, nos lieux de travail et de détente, chaque jour depuis notre réveil jusqu'à notre coucher.
Certes, à côté de ce sacerdoce des baptisés, il y a le sacerdoce ministériel des prêtres et des évêques, qui leur est conféré par le sacrement de l'ordre ; mais si ce sacerdoce ministériel existe c'est afin que tous les chrétiens puissent exercer leur sacerdoce de baptisés.
Dans ce culte rendu à Dieu à travers nos tâches quotidiennes, une place privilégiée doit être accordée à la charité. La recherche de la volonté de Dieu nous conduit nécessairement à aimer et à aider notre prochain, mais aussi tous ceux qui ont besoin de notre compassion et de notre soutien. Depuis toujours, cette sollicitude pour les pauvres, les malades et tous les malheureux a conduit l'Eglise à organiser des secours en direction de ceux qui ont besoin d'assistance. Déjà dans les Actes des Apôtres nous voyons l'Eglise organiser "le service des tables" pour venir en aide aux veuves et sans doute à d'autres malheureux. De nos jours, dans notre diocèse, le Secours Catholique, Emauta et d'autres centres permettent à tous les fidèles par leurs dons ou par leur action bénévole de participer à ce devoir d'assistance aux plus démunis.
Mais tous les baptisés sont aussi prophètes dans la mesure où le prophète est celui qui parle pour Dieu. Les fidèles laïcs sont associés à la proclamation de la parole de Dieu de diverses manières. Certains évangélisent les adultes, notamment en encadrant des retraites, d'autres sont engagés dans la catéchèse des enfants et des adultes, d'autres pratiquent l'évangélisation de proximité, d'autres encore utilisent les médias.
Mais tous doivent participer à l'évangélisation par le témoignage. Ce n'est pas ce que nous faisons qui fait de nous des témoins, mais ce que Dieu fait en nous et par nous. C'est la raison pour laquelle nous avons besoin de grands témoins, comme Mère Térésa et le P. Damien, mais aussi de témoins plus proches de nous et qui nous ressemblent, parce que nous sentons que ce que Dieu a fait en eux, il peut le faire aussi en nous.
Le témoignage des individus est important, mais il doit être complété par le témoignage des groupes et des communautés. Beaucoup se sont convertis en rencontrant une communauté vivante, remplie de foi et de l'amour de Dieu, en découvrant dans ces communautés la prière et la vie fraternelle.
En quoi les baptisés participent-ils à la royauté de Jésus-Christ ? Ils sont rois parce qu'ils sont appelés à régner avec le Christ : "Au vainqueur, je donnerai de siéger avec moi sur mon trône..." (Apo. 3/21). Mais dès maintenant, les fidèles sont associés au gouvernement de l'Eglise en participant aux différents Conseils mis en place à cette fin : Conseils pastoraux et Conseils économiques. Il y a aussi ceux qui participent au ministère d'autorité, comme les katekita et les autres ministres qui, en l'absence du prêtre sont chargés de conduire les petites communautés chrétiennes. Il y a cependant une grande différence entre la manière dont s'exerce le pouvoir dans les entreprises humaines et dans les Etats et le service de l'autorité dans l'Eglise. Jésus a bien averti ses disciples que gouverner l'Eglise ne donnait pas droit à un privilège quelconque : "Que le plus grand parmi vous prenne la place du plus jeune et celui qui commande la place de celui qui sert" (Luc 22/26).
Les documents récents du Magistère soulignent l'importance de la participation des laïcs à la mission de l'Eglise. Dans l'exhortation apostolique postsynodale sur "l'Evêque, serviteur de l'Evangile de Jésus-Christ pour l'espérance du monde", Jean-Paul II parle de la "coresponsabilité de tous les fidèles par rapport au bien de l'Eglise" (n°10). Il écrit aussi que "la différence que le Seigneur a établie entre les ministres sacrés et le reste du Peuple de Dieu comporte en elle-même l'union, puisque les pasteurs et les autres fidèles sont liés entre eux par une communauté de rapports. Que les pasteurs de l'Eglise suivent l'exemple du Christ et soient au service les uns des autres et au service des autres fidèles, que ceux-ci apportent aux pasteurs et docteurs leur concours empressé."(n°10)
L'Eglise est un peuple sacerdotal, prophétique, et royal. Il y a donc trois grandes dimensions dans le service des fidèles, mais l'accomplissement de ces trois grandes fonctions exige de multiples tâches annexes. Pour exercer son ministère sacerdotal, le peuple de Dieu a besoin d'églises ; pour évangéliser il a besoin de lieux d'accueil, de matériel imprimé ou audiovisuel ; pour le gouvernement de l'Eglise, il est nécessaire de disposer d'outils divers. Aussi participe-t-on à la mission de l'Eglise de toutes sortes de manières : en maniant un balai, en utilisant un ordinateur, en participant à la logistique d'une retraite spirituelle,…etc …