2015 - L'Église catholique et le Nucléaire

L’Église catholique et le nucléaire

Pas si silencieuse que cela au cours de l’histoire !

 

La presse s’est fait l’écho de propos quelque peu surprenant : « Le silence de l’Église catholique. On n’a pas le droit de parler en son nom. Ce n’est pas anodin que l’on soit chez les protestants pour cette conférence de presse... ». Au cours de l’histoire l’Église est-elle restée si silencieuse ? Juste quelques propos parmi beaucoup d’autres !

 

Communiqué de Mgr RIOBE (1)

Au moment où était annoncée l'explosion d'une bombe atomique française dans le Pacifique, à l'atoll de Mururoa, Mgr Riobé, évêque d'Orléans, a publié, le 10 juillet 1973, le communiqué ci-après :

Au moment où un grand nombre de peuples sont atteints de découragement et de révolte devant la perspective d'un nouveau développement des armes nucléaires, je me dois, dans ma conscience d'homme, de chrétien et d'évêque, en plein accord avec de multiples et fortes déclarations de l'Église, de dire : « Non aux armes nucléaires », et ceci indépendamment de toute considération d'ordre international.
Aucun intérêt politique ou économique d'aucun peuple ne saurait justifier l'emploi de la bombe atomique.
Prétendre que c'est une force de dissuasion, c'est supposer qu'on a l'intention de s'en servir si l'on est attaqué. On n'a pas le droit de nourrir pareil projet.
La France serait si grande si elle affirmait à la face du monde : « J'ai le pouvoir de faire des expériences nucléaires et de posséder la bombe atomique : j'y renonce pour le Bien de la Paix. »
Il faut croire à la puissance des valeurs morales, à la force de la non-violence.
Tout Français, soucieux d'un avenir pacifique, se doit de manifester de manière efficace sa désapprobation la plus énergique au regard de tout projet d'escalade atomique.

© Documentation catholique - 1973

Communiqué de Mgr RIOBE (2)

Mgr Riobé, évêque d'Orléans, a déclaré à la radio (Europe 1), le 18 juillet 1973, peu après la publication de la lettre de l’amiral de Joybert :

Cette question pose dans son ensemble et en profondeur l'existence même et le sens même de l'Église dans le monde d'aujourd'hui.
Si je suis intervenu, c'est parce qu'il y a des incidences locales, c'est parce que je suis en communion de pensée avec la communauté non violente d'Orléans et c'est parce que je suis personnellement en union avec Jean-Marie Muller qui est l'un de ceux qui sont actuellement dans le Pacifique. Dernièrement, les évêques de France ont publié, après une étude très approfondie, un document d'une importance capitale sur les problèmes de l'armement. Je renvoie l'amiral Joybert à ces études. Ce document émane bien de l'ensemble des évêques, et moi je ne veux pas personnellement, ou plutôt même individuellement, interférer dans un débat d'une importance capitale (la Croix, 18 juillet).

© Documentation catholique - 1973

Communiqué de Mgr BOILLON

Dans son numéro de juillet-août 1973, Messager, journal du Secours catholique, a publié cette lettre de Mgr Boillon, évêque de Verdun, antérieure à la controverse :

Les essais atomiques français me semblent une faute grave pour quatre raisons :

1. C'est une bombe « anticités ». Elle est présentée ainsi. On l'envisage pour menacer d'écraser une ville entière, en vue de dissuader l'adversaire. Or, ce genre d'action est formellement condamné par le Concile comme immoral.
2. De deux choses l'une. Ou nous utilisons la bombe atomique contre ceux qui ne l'ont pas, et nous frappons ainsi un peuple désarmé. Ou nous l'utilisons contre ceux qui l'ont, et nous risquons, évidemment, d'être anéantis dans les vingt-quatre heures par une riposte de représailles.
3. Nous sommes en train de nous aliéner le cœur des peuples du Pacifique. Ce n'est constructif ni pour l'image de la France, ni pour la cause générale de la paix.
4. Nous dépensons ainsi des sommes considérable alors que dans le monde entier des peuples ont faim.

© Documentation catholique - 1973

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