Un jour, au cours de la catéchèse, un enfant me demande : « On dit “Je crois en un seul Dieu” et puis on dit : “je crois en Dieu le Père, en Jésus, Fils de Dieu et en l’Esprit Saint qui procède du Père et du Fils…” Alors, dis-moi : ça fait trois dieux ?! » C’est parfois ce qu’on entend de la part de fidèles d’autres religions : « les chrétiens ne seraient-ils pas polythéistes ? »
Les Juifs se réfèrent à la Torah où, comme dans « notre » Ancien Testament, YHWH scelle son Alliance avec Israël en remettant à Moïse les dix commandements. Dieu se révèle comme l’UNIQUE [« Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique » (Deutéronome 6,4)]. La Loi stipule en son premier article : JE SUIS LE SEIGNEUR TON DIEU… TU N’AURAS PAS D’AUTRES DIEUX QUE MOI…
Le Concile Vatican II a clairement rappelé que : « l’Église ne peut oublier qu’elle a reçu la révélation de l’Ancien Testament par ce peuple[Israël]avec lequel Dieu, dans sa miséricorde indicible, a daigné conclure l’antique Alliance, et qu’elle se nourrit de la racine de l’olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l’olivier sauvage que sont les Gentils [Romains 11, 17-24]. »[Concile Vatican II, Nostra Aetaten°4]
Pour les musulmans le cœur de la foi est exprimé dans la sourate 112 (« Essence de la religion ») : « Il est Dieu, il est Un, Dieu de plénitude, qui n’engendre ni ne fut engendré et pas un n’est son égal. » Pour Juifs et chrétiens la Révélation divine passe toujours par une médiation de l’intelligence humaine, Dieu parle par les prophètes… Pour un musulman il est impensable que Dieu soit perçu comme un Père, car ce serait porter atteinte à son inaccessibilité et à son autorité absolue.
Pour nous chrétiens, avec la venue de Jésus -c’est-à-dire « Dieu sauve » - s’accomplit la promesse faite à Israël d’un « Messie » consacré par Dieu le Père et oint par l’Esprit Saint pour sauver l’humanité entière du péché. A son baptême et à la transfiguration, la voix du Père désigne Jésus comme son « Fils bien-aimé ». Jésus l’affirme clairement : « Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. » (Matthieu 11, 27) C’est pour nous une grande marque d’amour : Dieu le Père, dans sa grande miséricorde, nous envoie son Fils qui prend chair et se fait l’un de nous dans le sein de la Vierge Marie. Il est à la fois « vrai Dieu et vrai Homme ». C’est le mystère de l’incarnation.
L’Esprit Saint est inséparable du Père et du Fils, Jésus : « Il procède du Père et du Fils ».C’est au jour de la Pentecôte que l’Esprit Saint se révèle pleinement ; Jésus Christ dans la gloire du Père répand à profusion l’Esprit Saint sur l’Église naissante. L’Église, dans le mystère de la communion trinitaire, prend le relais de la mission du Christ et de l’Esprit-Saint.
En ce dimanche où nous célébrons plus spécialement la Sainte Trinité, prenons conscience de cette mission apostolique qui nous est confiée : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit».
Dominique Soupé
© Cathédrale de Papeete – 2019