La Croix – 20 juillet 1932 p.6
Le second, Mgr Hermel, des Pères Sacrés-Cœurs de Picpus, vicaire apostolique de Tahiti, est décédé à Papeete, le 20 février, après trente ans de Mission, dont vingt-sept d’épiscopat. Il était en Europe, il y a moins d’un an, et quoique sa santé parût alors fort éprouvée, rien ne faisait prévoir une fin si rapide.
Tahiti nous est un exemple de …ment dans lequel se trouve la plupart des Missions d’Océanie. Autrefois Tahiti était reliée à Valparaiso dont elle est séparée par 9 000 kilomètres. Maintenant elle est reliée à Sydney et à San Francisco, l’une et l’autre à 7 000 kilomètres, et à Panama, distant de 8 000 kilomètres. Mais c’est moins l’éloignement des grands centres que l’éparpillement des petites îles elles-mêmes qui forme la difficulté de l’apostolat dans le Pacifique. Le vicariat de Tahiti a en charge non seulement la grande île qui lui donne son nom, mais une multitude de petites îles, les Tuamotou, les Gambiers, les Toubouai, les îles Sous-le-Vent, etc., plus ou moins éloignés de Tahiti et infiniment morcelées, de véritables « infiniment petits » semés sur une surface liquide de plus de 1 000 kilomètres de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud.
Mgr Hermel était le troisième vicaire apostolique de Tahiti. À Mgr Jaussen, qui occupa le siège de 1848 à 1891, appartient l’honneur d’avoir planté la foi dans ce nouveau vicariat. Son successeur, Mgr Verdier, donna à la jeune chrétienté les exemples d’une vie toute sainte pendant près de quarante ans. En 1908, autant par attrait pour la prière que pour se décharger du poids de l’administration, devenu trop lourd pour ses forces affaiblies, il céda la direction du vicariat à Mgr Hermel, qui, déjà depuis trois ans, était son coadjuteur, ayant été sacré évêque à l’âge de 32 ans. Professeur de philosophie, puis prédicateur en France, avant de partir pour les Missions, Mgr Hermel sût, comme évêque, se faire écouter de tous, catholiques et protestants, indigènes et Européens, et ses conférences à la Cathédrale de Papeete étaient suivies avec avidité. À son zèle, le vicariat, doit la publication de la Bible tahitienne, te Bibiria Moae (1914), et la fondation de diverses œuvres d’éducation et de jeunesse. Ses services à la cause de la civilisation furent reconnus par le gouvernement français qui, en 1920, lui décerna la croix de la Légion d’honneur.