Le bombardement de Papeete.
Le 22 septembre, comme nous revenions de l'église, on signalait l'arrivée de deux croiseurs allemands. Un quart d'heure après, on battait la générale. Les Frères Anthème et Thomas, en leur qualité d'infirmiers, se rendaient à la caserne où, depuis plus d'un mois déjà, ils allaient tous les matins pour deux ou trois heures d'exercices.
Ce jour était désigné pour la bénédiction des nouvelles constructions de notre école. Mais Monseigneur lui-même, avec plusieurs Pères, était appelé à la caserne. Force a été de remettre la cérémonie à plus tard.
Vers huit heures, les croiseurs commencent à bombarder la Zélée, vieux bâtiment qui avait été désarmé dès la première semaine d'août et dont les canons avaient été placés en batterie dans les flancs de la montagne. En peu de temps, la Zélée coulait ; un bateau allemand qu'elle avait saisi, a été aussi percé par les obus qui la visaient. La population affolée se sauvait de toutes parts, notamment dans la vallée de la Mission et dans celle de Fautaua. Nos pensionnaires en firent autant sous la direction des Frères Théodore et Marcel-Georges. Le F. Allain, le F. Blimond et moi restâmes à la maison.
Un chauffeur et un Chinois furent tués par un éclat d'obus. Bientôt l'incendie se déclarait dans le quartier du marché. Toute la partie comprise entre la rue de la Cathédrale et le Marché Colonial est complètement rasée. Notre préau a été percé en quatre ou cinq endroits. De la cuisine, on voyait les mangues tomber dans la cour, le tronc du gros manguier ayant été frappé par une vis d'obus. Bref, aucun accident à déplorer : merci à Dieu et à notre Vénérable Père.
Une rançon d'un million et demi a été imposée à la Société Commerciale allemands. Son magasin, ses bateaux, ses terres, tout est saisi pour payer les dégâts occasionnés à la ville.
F. Enogat-Marie.