Tahiti 1834-1984 - Chap. XXII

 

QUATRIÈME PARTIE

PEUPLE EN MARCHE DANS L'ESPÉRANCE

 

 [pp.407-512]

 


 

Chapitre 22

Peuple rassemblé par le Dieu vivant

[pp.475-488]

 

La messe des malades du samedi 13 novembre 1982, organisée au stade Pater pour la clôture des trois semaines de la « Mission d'évangélisation » animée par le P. Tardif à la demande du « Renouveau dans l'Esprit », constitue le sommet et le symbole du peuple chrétien rassemblé par l'Eucharistie en Polynésie. Les 15 000 personnes réunies ce soir-là autour de Jésus Vivant constituent « le plus grand rassemblement humain » constaté à Tahiti ; manifestation « impressionnante », à la fois dans la ligne de toute la tradition polynésienne et signe d'espérance pour une Église-communion. « Les retraites, les veillées de prières, les Eucharisties, les conversions et le rassemblement au stade Pater, constituent, au moins pour nous catholiques, l'événement le plus important qui se soit produit depuis l'implantation des missionnaires à Mangareva en 1834... Devant un phénomène religieux de cette ampleur, il convient de rester très "petit", très accueillant. Bien des questions nous sont posées. Il faut aussi, dans la foi, faire appel à un discernement sérieux où la raison ne perd pas son rôle, bien au contraire... Un examen critique ne supprime pas la foi ; il est nécessaire. La foi n'en sort que grandie; l'Église a toujours procédé ainsi »[1].

Rassemblements, généralisation de l'esprit de prière, libération des cœurs et guérisons, témoignages et partage, autant d'aspects actuels d'une vie communautaire à laquelle tiennent beaucoup les polynésiens. Inutile, dans ce chapitre, de revenir sur le centre vivant et rayonnant de ce qui rassemble les chrétiens : la foi en Jésus présent et agissant dans l'Eucharistie ; le chapitre XI a détaillé ce qui fait le cœur de la Mission catholique dans les archipels. Explicitons les formes principales de la vie communautaire actuelle en Polynésie.



[1] Voir les journaux : Les Nouvelles. La Dépêche (15-11-1982) ; Le Semeur (14 et 28-11-1982). Mgr COPPENRATH.

Renouveau charismatique

À Tahiti les sœurs missionnaires de Notre-Dame des Anges - dans les années 1970, en même temps que la « Légion de Marie » et le mouvement des « Alcooliques Anonymes » - lancent discrètement le premier groupe de prière inspiré par le « Renouveau » à la paroisse Sainte-Thérèse de Papeete. N'oublions pas que ce mouvement est né dans l'Église catholique aux États-Unis aux Universités du Saint-Esprit puis de Notre-Dame en 1967 dans l'immédiat après Concile ; il se situe dans la ligne du Pentecôtisme américain apparu en 1901. Les sœurs de Notre-Dame des Anges, originaires du Québec, connaissent bien ce renouveau spirituel qui se diffuse rapidement dans l'Amérique du Nord.

En 1977, le P. Guy Chevalier, l'actuel supérieur provincial des missionnaires des Sacrés-Cœurs, lance de telles réunions de prière à Sainte-Thérèse, principalement en vue de redonner un souffle évangélique aux traditionnels groupes du « Rosaire Vivant » et de venir en aide aux jeunes. Geneviève Dano a une action importante dans le démarrage du Renouveau. Mais c'est surtout au retour du groupe d'une trentaine de pèlerins revenant de Terre Sainte et de divers sanctuaires en Europe que le Renouveau prend corps en septembre 1978. Autour du P. Hubert Coppenrath, l'aumônier du pèlerinage, les participants voulaient tout à la fois approfondir leurs découvertes spirituelles faites sur les pas de Jésus et en partager la réalité actuelle à leurs familles et amis. L'Esprit Saint, dans cette fin d'année de « Révision Apostolique » et dans la continuité du renouveau diocésain lancé par les Synodes, a donné une ampleur inattendue à ces divers essais bien modestes. En octobre 1982, la mission du P. Tardif a manifesté aux yeux de tous un réveil spirituel beaucoup plus étendu que même les plus avertis ne l'attendaient ; 20 000 participants en ont suivi les divers exercices.

Les groupes de renouveau sont présents un peu partout, même dans les îles les plus éloignées. De nombreux jeunes en font partie. Rien que pour l'archipel de la Société, on dénombre près de 2 000 personnes qui participent régulièrement aux réunions hebdomadaires de prière. Les fruits spirituels et apostoliques sont variés et nombreux[2]. Les guérisons intérieures, les libérations des cœurs, les délivrances des peurs et des esprits sont nombreuses et accompagnées de diverses guérisons physiques stables et confirmées. Ces fruits de « paix et de joie » se traduisent par une expression plus spontanée dans les groupes, une plus grande attention aux malades et d'abondantes demandes de régularisation de mariages. La pratique religieuse dominicale et la participation aux messes, y compris quotidiennes, a bien progressé en quantité et en qualité. L'adoration du Saint-Sacrement a repris de l'importance dans les retraites, sessions et la vie des groupes. C'est réellement l'expérience de la foi vécue par les petits et les pauvres.

Une telle rénovation spirituelle qui atteint tous les milieux des personnes vivant habituellement à Tahiti - les gens de passage se sentent naturellement moins concernés par la vie locale - entraîne une soif de formation doctrinale et catéchétique. Le désir d'approfondir la vie spirituelle, de mieux connaître la Parole de Dieu fait qu'il faut multiplier les sessions, récollections, séminaires de formation. Ainsi se trouve réalisé un des vœux importants des Synodes.

La libération et la conversion des cœurs débouchent habituellement sur le témoignage par l'engagement apostolique et le service des autres. C'est évidemment le point difficile ; cela demande éducation patiente, découverte des besoins et des appels ainsi que soutien par des mouvements d'apostolat. Le P. Hubert écrit : « Les communautés de renouveau découvriront petit à petit leur vocation propre : évangélisation, service des malades, contemplation, etc. D'autres membres puiseront dans le renouveau leur alimentation spirituelle en continuant à militer dans la Légion de Marie, le Rosaire Vivant, les mouvements familiaux, etc. » Divers artistes, chanteurs et compositeurs de Tahiti sont touchés par le réveil spirituel ; en Polynésie, le chant et la musique sont des secteurs importants de la vie collective et constituent des engagements sociaux de grande valeur.

Nous devons constater, en Polynésie comme en France, l'éveil de diverses vocations religieuses et ministérielles grâce au renouveau dans l'Esprit. Ceci est très frappant dans les groupes de jeunes et dans les divers foyers vocationnels du diocèse.

« Il faut aussi noter la dimension œcuménique de cette sorte de nouvelle Pentecôte. Dans les foules qui se pressent aux messes, il y a beaucoup de non-catholiques. Comment ne pas remarquer les nombreuses guérisons opérées chez ces frères ! Le Seigneur rappelle qu'il est le Père de tous ; il manifeste à tous ses enfants sa tendresse. Il leur fait comprendre qu'au-delà des dénominations, il désire les voir s'aimer et se respecter. Que chacun reste fidèle à ses convictions ; mais que personne ne se permette de mépriser, de critiquer, de regarder d'un œil supérieur celui qui n'appartient pas à la même confession chrétienne. Le Seigneur semble vouloir faire naître un mouvement œcuménique, non pas à partir de la tête des Églises, mais à partir de la base. »[3]

Sans doute, comme à Corinthe dont Tahiti est si proche par de nombreux aspects, y a-t-il des dangers et des déviations. Avec l'apôtre Paul, les responsables de l'Église catholique en sont bien conscients. Se contenter de la seule prière, en chantant longuement « Seigneur, Seigneur », sans exprimer dans des engagements et services concrets sa foi en Jésus Vivant qui fait signe dans la personne des autres et des pauvres n'est guère vivre positivement l'Évangile. Cela rejoint le courant ancien du « fideisme » et du « quiétisme », déjà dénoncé par saint Jacques dans son épître. La foi sans les œuvres de la foi est tout à fait morte, selon le jugement décrit par Jésus lui-même (Mt 25,32). Engagements et services demandent une durée, un sens de l'organisation, de la prévision qui nécessitent une éducation au temps et persévérance pour surmonter le « fiu » si facile.

Un autre danger contre lequel Paul lutte avec force à Corinthe, est celui des rivalités, des séparations, des concurrences ou des incompréhensions entre les groupes et les responsables. Chacun se reconnaît dans son leader et ses habitudes. Un certain individualisme des petites communautés est une donnée liée à la géographie d'îles dispersées et une tradition polynésienne. De plus et surtout dans le domaine religieux, la diversité des sensibilités culturelles et des styles liturgiques ne facilite pas la compréhension et la rencontre. Voir large, dépasser ses horizons pour servir le bien commun, situer son groupe dans la paroisse et insérer sa paroisse dans l'Église diocésaine demande un effort permanent. Vivre l'unité organique décrite par saint Paul par la pluralité des membres, dans la variété des ethnies et des traditions, exige une conversion permanente ; ce n'est

jamais acquis.

Un point d'attention très particulier est celui de la primauté donnée à l'aspect affectif et émotionnel. Les polynésiens privilégient les relations humaines sur les idéologies, l'amitié partagée sur la raison intellectuelle. Ils se retrouvent bien dans ce mot célèbre : « On ne comprend bien qu'avec son cœur ». « Cela fait honte », « cela fait pitié », bien plus que des expressions quotidiennes, expriment un style de présence aux autres où la qualité des sentiments est première. Libérer l'affectivité, la purifier par le renouveau c'est aussi en faire le moteur pour une intelligence de la foi et une force de volonté afin de donner sa vie au service des autres.

Avec son énergie spirituelle et ses points d'attention pastorale, le « Renouveau dans l'Esprit » est une grâce pour l'Église et une chance pour la Polynésie. Il se situe clairement dans la ligne de la « nouvelle Pentecôte » désirée par Jean XXIII en lançant Vatican II. Sans le Concile il ne peut se comprendre. En Polynésie, il se situe en plus dans la continuité de l'antique dévotion à l'Eucharistie, dans la ligne de la rénovation apostolique des Synodes. C'est l'aspect le plus frappant et qui a étonné le P. Tardif. Le renouveau n'est pas marginal ; il pénètre toute la vie chrétienne dans l'Église. Il est indissociablement renouveau de l'Église et renouveau en Église. Mgr Michel souligne ce caractère très particulier du renouveau en Polynésie et cette nouveauté pastorale. En ce sens, il n'est pas un mouvement parmi d'autres mouvements ; il ne se situe pas en concurrence spirituelle ou apostolique. Il n'est pas et ne se veut pas en marge du clergé responsable de la pastorale paroissiale. Il est, par la puissance de l'Esprit, interrogation et interpellation de tout ce qui se vit et se fait pour le renouveler par l'Évangile. Car, selon le mot du P. de Lubac : « Détaché du Christ, l'Esprit peut devenir n'importe quoi. » L'Esprit est toujours l'Esprit de Jésus, seul « chemin, vérité et vie » qui nous conduit au Père pour que nous ayons la vie.

Ce caractère ecclésIal du renouveau se traduit par l'élection d'un comité diocésain de douze membres le 28 décembre 1982 ; le P. Hubert Coppenrath est le « répondant diocésain »[4].



[2] Rapports du P. H. COPPENRATH : Semeur (28-11-1982) ; P. P. MOREL au Conseil presbytéral du 12-1- 1983.

[3] P. H. COPPENRATH : Semeur Tahitien n°22 (28-11-1982), p.4.

[4] Rappelons que l'Assemblée des évêques de France à Lourdes en 1982 a étudié le « Renouveau » en France. On y compte 800 groupes de prière et autour de 30 000 participants réguliers chaque semaine.

Le Renouveau rejoint ce que le cardinal Suhard disait, en 1949, du « prêtre dans la cité : ministre de l'inquiétude », interpellation évangélique.

Un peuple qui chante

La joie de la foi célébrée ensemble dans des eucharisties chantantes et où l'on prend son temps, est bien connue de ceux qui vivent ou passent à Tahiti et dans les îles. Cet héritage primordial de la mission assurée par les missionnaires des Sacrés-Cœurs depuis 1834 est de plus en plus célébré par des communautés chrétiennes nombreuses et participantes. La messe constitue le principal rassemblement du peuple chrétien centré sur Jésus Vivant et présent. Cette participation est organisée autour de « I'amuiraa », parfois des groupes de « Rosaire Vivant » qui prennent en charge l'animation liturgique à tour de rôle. De plus en plus de groupes de jeunes, de mouvements, de groupes de chants apportent leur concours. La préparation demande à chacun un long temps et de gros efforts. Ce n'est pas parce que les polynésiens aiment à chanter que cela vient tout seul sans travail persévérant; les laborieuses répétitions sont la croix des maîtres de chorale.

Il convient de souligner la variété et la qualité des compositions de musique religieuse en langue tahitienne. La fanfare de l'École des frères - disparue autour de 1966 - a formé de nombreux tahitiens à la musique ; elle a joué ainsi un rôle important. Des efforts sont faits aussi en langue marquisienne. Divers compositeurs locaux apportent volontiers leur imagination et leurs talents pour célébrer la Parole de Dieu et les mystères chrétiens. Il y a déjà quarante ou cinquante ans, Lantereis, Bambridge, Ganivet, Leboucher ; maintenant Dédé Nouveau, Coco Mamatui, Richard Mai, Teipo vahine, M. Frogier, pour ne parler que de ceux qui ont à leur actif des Kyriale en entier. Dans les îles hors de Tahiti, les compositeurs restent habituellement anonymes, ce qui ne diminue en rien leur qualité musicale et religieuse. Des jeunes même proposent des refrains et des airs nouveaux. Le passage de John Littleton en 1982 a contribué à ouvrir encore davantage le répertoire et a donné un élan qui s'est très bien coulé dans le renouveau spirituel d'ensemble[5].

Malheureusement pour le lecteur ce n'est pas en écrivant qu'on peut donner une idée du style et du dynamisme des communautés catholiques polynésiennes rassemblées pour chanter et célébrer leur foi vivante. Ces quelques lignes ne peuvent que souligner cet aspect très important de la vie chrétienne en Polynésie ; elles veulent encourager ceux et celles qui s'y dévouent avec ardeur et y consacrent beaucoup de leur temps ainsi que donner envie à tous d'y participer avec joie. Comme partout, les chorales et les groupes, selon les souhaits des Synodes, doivent bien veiller à faire participer la foule rassemblée et non pas d'abord donner leur répertoire. L'oreille musicale et la grande mémoire des polynésiens leur permettent d'apprendre rapidement des chants nouveaux sans avoir besoin d'avoir trop de livres avec eux.

L'animation liturgique nous amène à la catéchèse. La Parole de Dieu est l'une des « deux tables » de la liturgie et la Bible est un livre familier et respecté en Polynésie. La fondation d'un Centre diocésain de catéchèse était demandée par le premier Synode de 1970. Le P. Paul Cochard, suggéré par le chanoine Boulard, arrive à Tahiti le 30 novembre 1970 dans ce but. Il est le premier prêtre « fidei donum » demandé par le diocèse de Papeete. En un an et demi, il organise la catéchèse. Un grave ennui de santé l'oblige à partir en mai 1972. Le Synode de 1973 vit sur sa lancée et la Commission diocésaine de catéchèse approfondit son travail dans six directions principales : la catéchèse dans les écoles catholiques, le programme de sixième, la confirmation et l'engagement chrétien, la participation des parents, le catéchuménat chez les chinois, l'animation spirituelle.

En 1972, on dénombre 9 010 élèves catéchisés dans les écoles catholiques et 1 620 dans les paroisses venant des écoles publiques. L'existence du centre catéchétique est appréciée ; le P. René Pousset est préparé pour succéder au P. Cochard. Car chacun souhaite que continue l'élan du renouveau entrepris. Les Filles de la Charité du Sacré-Cœur, arrivées en 1972, jouent un rôle croissant dans l'animation catéchétique du diocèse. Sœur Denise Lessard fait partie de l'équipe de direction du Centre diocésain. Les.sœurs Gisèle Bégin et Micheline Busque ont une responsabilité essentielle à la librairie catéchétique Pureora. De plus il y faut une formation religieuse permanente et la collaboration des parents. Celle-ci peut être favorisée par un manuel simple traduit en tahitien, comme le livre « Vers le Seigneur » ; les réunions préparatoires aux sacrements de Pénitence et d'Eucharistie sont bien suivies par les parents qui y participent activement. Pour approfondir la catéchèse chez les adolescents et les grands jeunes, la liaison avec les mouvements de jeunes est souhaitée. Le Centre catéchétique assure, plusieurs fois par an, des sessions de formation pour les catéchètes.

Un point particulier est souligné en raison de la dispersion des îles : c'est l'importance catéchétique des divers médias. Les deux journaux diocésains fondés en 1909[6] voient leur action se développer particulièrement sous la direction du P. Pierre Laporte. En 1961, un modeste studio Radio est installé dans les caves de l'évêché. Quelques années plus tard, il devient le Centre Tepano Jaussen qui comporte une installation de Télévision. En 1980, un nouveau studio est construit. Le P. Adrien Joanny, mariste de Nouméa, vient aider le diocèse de Papeete pour le Semeur Tahitien, la Radio et la Télévision du 3 novembre 1973 jusqu'au 10 août 1978. Sœur Angèle Grenier travaille surtout à la Télévision de 1974 à 1979. Le P. Peter Choy, en plus d'autres tâches, assure les services Radio-Télévision depuis 1979. Le diocèse de Papeete fait partie de l'association « Unda-Oceania ». L'Église n'a pas d'émetteur ni de station propres. Elle diffuse sur les ondes de la Radio d'État à l'intérieur des horaires attribués : un quart d'heure de télévision par semaine, en alternance les samedi et dimanche soir avec l'Église Évangélique, et une demi-heure de Radio, moitié en français et moitié en tahitien. À cela s'ajoute la messe de la nuit de Noël diffusée en direct à partir des studios de Radio-Tahiti. C'est l'unique office religieux diffusé annuellement. Ces émissions sont bien suivies, en particulier la Radio, seul lien avec les îles éloignées ; nouvelles données, homélies proposées constituent une catéchèse hebdomadaire appréciée dans les atolls qui ne voient le prêtre que rarement.

Pour compléter cet équipement catéchétique, le diocèse ouvre une librairie catholique en 1974 : la librairie Pureora. Lewis Laille, Juanita Domingo, Henri Avril, Suzette Raymond surtout (1976-79) contribuent à lui donner toute sa dimension de librairie religieuse au service de la pastorale diocésaine. Actuellement ce sont les Filles de la Charité qui ont la responsabilité de ce qui est devenu un outil apostolique très important au service des chrétiens.


[5] Le P. E. AMANS entreprend de rassembler et d'éditer les plus importantes de ces compositions religieuses en un volume édité en 1983 par les Editions Saint-Paul.

[6] Il s'agit du Semeur Tahitien et du Vea Katorika.

Un peuple en mouvement

Toute cette vie s'exprime par de nombreux mouvements. Ils sont plus de style spontané et libre que fortement encadrés et disciplinés. Pas plus la tradition locale ou les possibilités de l'Église catholique que la mentalité des groupes très dispersés à travers les îles ne font envisager une organisation centralisée et trop structurée. Les mouvements chrétiens, qu'ils soient de jeunes ou d'adultes, sont d'abord au service de l'évangélisation pour la promotion d'hommes libres ; les activités éducatives ou sportives, l'encadrement sociologique sont au service de l'homme et de sa dignité. En effet les chrétiens en Polynésie ont une vive conscience que l'Église c'est eux ; ils sont de quelque manière les possesseurs de leur paroisse et le diacre ou le prêtre est au service de leur communauté. Par « I'amuiraa », l'Église est leur patrimoine dans les épreuves comme dans les réussites. Sur tous les plans, ils en sont les constructeurs avant d'en être les usagers.

L'attitude de Mgr Mazé qui a beaucoup travaillé pour les « œuvres de jeunesse » était beaucoup plus de faire faire dans la confiance que de s'imposer. Les demandes des deux Synodes de 1970 et 1973 concernaient seulement une concertation et une coordination pastorale au niveau du diocèse entre les divers mouvements et activités ; c'est une conception fédérative et pluraliste permettant à chaque personne et à chaque groupe de s'épanouir selon sa personnalité, .ses traditions et son projet éducatif. L'Église se refuse à proposer et encore moins à imposer une recette idéale. Elle favorise les « communautés de base », la responsabilité au niveau de la vie concrète dans une conception organique et pluraliste de l'unité. D'ailleurs, la dispersion géographique des îles, la diversité des groupes et la pluralité des cultures appellent une telle spontanéité libre. Une centralisation uniforme ne pourrait se faire sans une certaine contrainte violente de la jeunesse.

L'histoire récente montre trop la récupération de la générosité des jeunes et la manipulation politique ou religieuse de leur ardeur par les divers fascismes et pouvoirs totalitaires pour que l'Église catholique, qui a toujours beaucoup à en souffrir, ne soit pas fort réservée à cet égard. Tentation du pouvoir, puissance de l'argent ou orgueil des compétitions sont des dangers permanents pour tous les mouvements de jeunes qui se veulent éducateurs selon les valeurs de l'évangile. « L'essentiel est de participer et non de gagner », disait Coubertin en relançant les Jeux Olympiques modernes. On voit comment la politique, l'argent ou l'orgueil les ont dénaturés. Ces tentations ne sont pas illusoires en Polynésie où le sport compte beaucoup et reçoit énormément d'argent. Tout ce qui est entrepris l'est-il toujours au service des jeunes et de leur épanouissement ? Ce sont des questions graves ; il est en fait difficile de les aborder en public tellement les intérêts et les passions en jeu sont importants. C'est une question très sérieuse pour la Polynésie qui a plus de la moitié de sa population au-dessous de 20 ans[7].

Les deux Synodes avaient une importante commission du « Monde des Jeunes ». Pour répondre au vœu du premier Synode, « l'Association du Monde des Jeunes » (A.M.D.J.) est créée en février 1971. Son but premier est de coordonner les divers mouvements et d'animer la jeunesse. L'animateur pastoral en est le P. Léon Lemouzy aidé d'un bureau. Dans la pratique, l'animation de la jeunesse désœuvrée, trop souvent victime de l'alcool, de la drogue et insérée dans aucun groupe prend vite le pas sur la coordination. Progressivement l'A.M.D.J. devient une sorte de fédération diocésaine des groupes paroissiaux de jeunes. Ces groupes locaux fonctionnent de manière spontanée au niveau des quartiers, des vallées ou des petites îles. Ils sont très liés à la personnalité du cadre et de la petite équipe qui l'entoure. Chacun a son style, son projet particulier, ses possibilités. C'est un peu analogue aux anciens « patronages » dans la France d'avant 1939. Aussi l'A.M.D.J. - avec les hauts et les bas de n'importe quel groupe de jeunes à reprendre tous les deux ou trois ans - devient le mouvement de base pour la jeunesse populaire du diocèse. Il se vit au niveau des paroisses et des quartiers avec tous les aléas des variations incessantes des jeunes. C'est un accompagnement patient dans un esprit communautaire et par des projets ponctuels. Ce mouvement atteint environ un millier d'adolescents et de jeunes dans les quartiers populaires. D'une certaine manière c'est assez proche de la Fédération Sportive et Culturelle de France (F.S.C.F.) qui accepte de parrainer l'A.M.D.J., spécialement pour la formation des cadres et l'initiation à diverses techniques éducatives[8].

Le Scoutisme est lancé en 1947. Ce mouvement, fondé par Baden Powel en juillet 1907, est bien connu de tous. On se doute qu'il a connu bien des changements depuis 35 ans. Tahiti entre les années 1950 et 1983, tout en gardant son âme, a subi de profondes métamorphoses. Le mouvement dépend en grande partie, comme beaucoup d'activités sportives et éducatives en Polynésie, des « cadres verts » métropolitains ; ce sont habituellement des enseignants. Les frères de Ploërmel jouent un rôle actif dans l'encadrement du scoutisme, comme actuellement Fr. Jean-Pierre Boissière et Fr. Henri Alanou, avec des responsables locaux comme Léone Révault. En 1983, le scoutisme compte autour de 60 cadres et il touche 400 enfants et adolescents. Les parents y prennent une part active ainsi que quelques prêtres qui les accompagnent.

Le Mouvement Eucharistique des Jeunes (M.E.J.) est lancé par deux sœurs de Saint-Joseph de Cluny : sœur Marthe Hellard à la Mission et sœur Louise Guiavarc'h à Sainte-Thérèse. Malgré divers essais d'extension aux paroisses, le M.E.J. reste essentiellement un mouvement d'animation des enfants et des jeunes en milieu scolaire ; il y joue un rôle très important. Rapidement, en particulier par divers jeunes frères de Ploërmel faisant leur service comme volontaire à l'aide technique dans les écoles (V.A.T.), le M.E.J. se développe et se fortifie. Il est présent dans l'ensemble des écoles catholiques. Il organise diverses sessions, des récollections et des camps. Divers professeurs laïcs y participent et y ont un rôle actif, comme Dominique Soupé. Sous la responsabilité du frère Alain Celton, le M.E.J. anime actuellement autour de 700 jeunes et compte 120 cadres.

À côté de ces mouvements apostoliques qui sont structurés autour de leur projet et organisés à travers leur pédagogie propre, on ne peut négliger des groupes plus spontanés liés aux activités paroissiales ou aux mouvements d'adultes. Les groupes de chants (« pupu himene ») jouent un rôle considérable pour regrouper les jeunes en vue de tètes ou de célébrations régulières. Par les longs temps de répétition, les exigences de la qualité musicale, l'intériorisation des contenus liturgiques, ces groupes motivent et rassemblent les jeunes dans le service de la communauté. Avec le développement général du renouveau liturgique et spirituel, ces jeunes se mettent en route dans l'approfondissement de la foi et son témoignage par divers services ; tel ce groupe de jeunes de Faaa, animé par des adultes du Renouveau et le chanteur Gabilou, qui a passé, à Noël, plusieurs heures à visiter les prisonniers de Nuutania ; ces services ponctuels correspondent bien à la psychologie polynésienne.

De même les récollections mensuelles de la « Légion de Marie » attirent de nombreux jeunes qui veulent découvrir les divers aspects chrétiens de la famille, de la sexualité, de l'amour tels que Jésus-Christ nous les propose. Ces rencontres constituent comme des sortes de groupes d'acheminement où les jeunes, souvent pris par l'alcool, la drogue et la débauche, se sentent accueillis, respectés, aimés. Ils y rencontrent des adultes qui ont vécu les mêmes tentations, sont passés par les mêmes épreuves qu'eux. Le témoignage simple et prenant des foyers convertis, l'exemple de la lutte quotidienne de ces adultes pour s'en sortir est un des aspects les plus évangéliques de la pastorale en Polynésie. Il y a de l'or chrétien dans les poubelles de la société tahitienne. Les jeunes découvrent par l'expérience que Jésus est bien vivant dans l'Église et qu'il continue toujours de « venir chercher et sauver ce qui était perdu, appeler les pécheurs pour qu'ils se convertissent » (Lc 5,32).

Le « Rosaire Vivant » de même accueille les jeunes des divers quartiers. Dans la zone urbaine de Papeete, ces groupes se réunissent selon une certaine affinité dans de vraies communautés de base empêchant l'anonymat mortel des grandes cités. Ils constituent comme un réseau nerveux et un système circulatoire permettant des échanges à échelle humaine. En plus de l'entraide et des visites, nous avons signalé que certains groupes ont habituellement des responsabilités précises dans la vie paroissiale: entretien de l'église et des salles de réunions, débroussage de l'enclos paroissial, entretien des pelouses et des plantes, animation de telle ou telle cérémonie (messe, salut, adoration... ). Régulièrement il y a des réunions et des célébrations dans les quartiers où un coin de prière est aménagé dans telle ou telle maison: grotte, calvaire...

Ne revenons pas sur l'activité importante des groupes de Renouveau charismatique pour assurer le rassemblement et éveiller au service des autres.

Sans vouloir être complet, il convient en terminant cette évocation d'un peuple chrétien en mouvement, de signaler divers engagements demandés par les Synodes et la « Révision Apostolique » et actuellement en cours de réalisation. L'Association Familiale Catholique (A.F.C.) s'organise progressivement à l'échelle de chaque paroisse. De plus en plus de rencontres et d'actions au service des familles sont entreprises ; nous en avons déjà parlé. C'est une action constante et de longue haleine ; dans le monde actuel c'est une entreprise apostolique difficile mais essentielle aussi bien pour la société polynésienne que pour l'Église. Il est absolument inouï de constater qu'il existe des gens pour penser qu'une société humaine puisse vivre et prospérer avec des familles détruites.

De même les associations de parents d'élèves deviennent de plus en plus actives. Elles commencent à organiser des rencontres avec des thèmes de réflexion éducative. Les enseignants catholiques, très particulièrement au niveau du Premier Degré et surtout depuis la « Révision Apostolique » de 1978, participent de plus en plus à ce mouvement commun. L'action de formation et de soutien du Bureau Pédagogique, jointe à celle du centre de la catéchèse et aux divers groupes de prière, entraîne un mouvement en profondeur dans la direction de ce qui a été souhaité par le Synode de 1973. Les écoles catholiques sont de mieux en mieux, selon leur « caractère propre », des communautés éducatives, ouvertes aux parents et à la vie. Des progrès sont faits dans la proposition de la foi en Jésus-Christ et dans sa célébration. Les liens avec les mouvements de jeunes sont bien acceptés.

De nombreux chrétiens participent aux diverses activités territoriales, selon le souhait du Synode de 1973 sur le développement. L'Église catholique ne joue pas à la « société parfaite » autosuffisante ni au contre-pouvoir. Nous avons déjà signalé les bonnes relations entre l'Enseignement Territorial et la Mission dans les diverses îles, malgré les inévitables petits problèmes ponctuels. Des frères de Ploërmel participent activement aux organismes de jeunesse et de sports, comme Fr. Henri Guigo et Fr. Maxime Chiu. Diverses opérations d'entraide au niveau du Territoire, tel le célèbre « Noël pour tous » qui mobilise tant de monde, font appel au soutien des congrégations comme les sœurs de Cluny. Si la convivialité est fragile, il faut reconnaître qu'elle est réelle et que l'action sociale des catholiques à travers les divers mouvements et organisations travaille en ce sens.



[7] Les passages du P. DERSOIR de la F.S.C.F. en 1981 et 1982, de divers commissaires et aumôniers du scoutisme, de responsables d'autres mouvements permettent régulièrement d'approfondir ces questions.

[8] F.S.C.F. : Vers quel homme ?… Par quels chemins ? Paris 1982.

Peuple communautaire

Il importe de bien se comprendre. La Polynésie, Tahiti spécialement, est le lieu de rencontre de quatre cultures caractéristiques et fort différentes. Les distorsions économiques et les inégalités sociales sont choquantes et criantes. Malgré l'apparence riante et fleurie des paysages, les divers groupes humains vivent en sorte de ghettos de fait ; les quartiers sont très typés selon le niveau économique et le style ethnique. Malgré cela et un individualisme certain qui gagne du terrain, c'est la convivialité qui l'emporte. La peur et la violence sont pratiquement inconnues comme phénomènes de société et de racisme ; elles peuvent exister comme réalités quotidiennes liées aux tempéraments personnels ou à des fléaux sociaux comme l'alcool.

D'où vient cette réalité qui fait le charme de la Polynésie et la réputation « paradisiaque » de Tahiti ? Alors que tout semble réuni pour des phénomènes de rejets culturels, économiques ou politiques, comment expliquer une convivialité aussi rare qu'appréciable dans le monde actuel ? Laissons de côté les réactions épidermiques de compréhension parfois difficile de certains métropolitains de passage pendant deux ou trois ans. Souvent, ils sont très pris par leurs fonctions ; ils n'ont pas le temps de découvrir la langue, le rythme, la sensibilité polynésienne. Tout est si différent. C'est une situation difficile que le nomadisme fréquent du personnel affecté Outre-Mer. Pourtant, même ces européens au séjour si bref, découvrent souvent une qualité de relations inter-communautaires qui ne les laissent pas indifférents.

Un certain nombre dépassent l'interrogation et se fixent sur place ; ils deviennent résidants, habituellement par mariage. Leur désir n'est pas du tout de vivre à l'européenne mais à la tahitienne. Contrairement à beaucoup d'ethnies bien plus puissantes qui se sont perdues par les métissages, le phénomène « demi » à Tahiti met en honneur diverses données polynésiennes. Si bien que, dans la pratique, c'est le caractère socio-culturel maohi qui peu à peu devient dominant alors qu'il est dominé dans les secteurs économiques et politiques. Il y a comme une dimension intérieure à l'âme maohi qui la rend attirante aux autres groupes ethniques pourtant plus forts.

Après expérience et analyse, ceci paraît s'enraciner dans ce que le Synode de 1973 a longuement analysé : « I'amuiraa »[9]. C'est le nom traditionnel des communautés de base dans l'Église. Elles remontent aux origines mêmes de la Mission. Ce « être-ensemble, ce besoin congénital de la communauté, du groupe » est aussi fortement souligné par le pasteur Daniel Mauer pour les polynésiens protestants[10]. Ne l'attribuons pas trop vite et uniquement à un don naturel du « bon sauvage » ; l'histoire nous a montré l'ardeur guerrière, voire cannibale, des maohi dans diverses îles. Cet instinct communautaire, développé par l'évangile, ne vient pas non plus uniquement des missionnaires; trop de chrétiens montrent le contraire. Il faut reconnaître que la conversion évangélique a purifié et libéré le sens communautaire marqué de l'âme polynésienne, cet « esprit de groupe » que l'on trouve à la base de la « famille élargie », N'oublions pas que, par suite de la considérable dépopulation qui a ravagé la Polynésie durant le XIXe siècle, les communautés étaient restreintes et l'entraide dans le groupe vitale. Dons providentiels, conversion évangélique, nécessité vitale se conjuguent dans ce phénomène culturel et spirituel primordial : « l'amuiraa ». Cette solidarité communautaire, liée aux qualités d'accueil et à la fraternité chrétienne, a sauvé finalement l'âme maohi.

L'amuiraa représente un groupe humain qui se sent en communauté de vie. Elle est plus restreinte que la paroisse qui désigne l'ensemble des choses et des personnes se trouvant sur un territoire donné sous l'autorité d'un même responsable pastoral : prêtre, diacre ou katekita. Mais l'amuiraa a une intensité de vie partagée, de solidarité affective plus forte que la paroisse. En ce sens c'est une communauté de base ; elle est au cœur des petites paroisses des atolls disséminés comme des vastes paroisses hétérogènes de la zone urbaine, comme Faaa ou Papeete. C'est l'amuiraa qui sert de cadre à de nombreux groupes de chant, à des groupes de prière ou de jeunes, à des activités et services, à des rencontres et échanges.

Mais cette solidarité communautaire est aussi mise à l'épreuve par les défis de la société moderne. Un certain nombre ne s'y sentent plus à l'aise, en particulier les demis. Les conflits de génération, inévitables, s'accélèrent avec les techniques modernes : télévision, vidéo... De nature, même si le polynésien est ouvert aux nouveautés, l'amuiraa, comme tout groupe, est conservatrice ; elle n'intègre pas automatiquement les éléments extérieurs qui n'acceptent pas un minimum de partage en profondeur ou qui restent à la surface des choses. Les dangers du littéralisme, des pures et simples répétitions du passé ne sont pas illusoires.

Cela, qui n'est pas propre aux seules communautés polynésiennes, ne peut faire oublier que les amuiraa représentent ce qu'il y a de plus maohi dans l'Église. La majeure partie des catholiques est d'origine populaire, en particulier des Tuamotu et des Marquises. Les amuiraa, par leurs qualités d'accueil, de sécurité affective, d'insertion sociale et civique, sont essentielles pour éviter aux polynésiens d'être des déracinés anonymes, en particulier dans la zone urbaine de Tahiti. C'est dans ces communautés de base que se réalise le mieux l'évolution des mentalités, l'assimilation des nouveautés, l'ouverture aux autres groupes et au monde moderne. C'est à partir d'elles que se dégagent progressivement des leaders acceptés par la population. C'est un fait que ces communautés à échelle humaine, où se pratique le pluralisme politique et social, permettent aux jeunes, dans leur adolescence tumultueuse, de trouver un groupe d'accueil compréhensif qui peut favoriser la reprise après les tempêtes. Les amuiraa permettent de ne pas désespérer de l'homme, car elles mettent la vie et le partage en premier lieu. Les européens qui ont su s'intégrer aux amuiraa sont souvent les seuls à réaliser une véritable insertion en milieu maohi.

Rien n'est idéal, pas même les amuiraa. La vie ensemble est toujours difficile. L'homme pécheur est replié sur lui et se met au centre de tout. L'amour fraternel dépasse les seules forces humaines, puisque c'est le « commandement nouveau », le vrai signe auquel on « reconnaît les disciples » du Seigneur. Mais grâce à cet esprit communautaire, à la fois naturel et évangélique, qui est toujours une valeur première pour les chrétiens en Polynésie, l'Église catholique peut vivre avec joie comme Peuple de Dieu rassemblé par Jésus vivant et donner un témoignage de convivialité ouverte à la dimension universelle de l'Évangile.



[9] Synode de Papeete 1973 (29-8-1973) : Orientation générale de la Commission 5 et note de Mgr COPPENRATH sur les « amuiraa ».

[10] D. MAUER : L'Eglise Protestante à Tahiti. Société des Océanistes, dossier 6, p.31.

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