Tahiti 1834-1984 - Chap. XVIII

 

TROISIÈME PARTIE

PUISSANCE D EL'UCHARISTIE AU CŒUR DE L'OCÉANIE

 

 [pp.229-406]

 


 

Chapitre 18

Polynésie missionnaire

[pp.393-406]

 

Au terme de cette troisième partie consacrée à l'évangélisation de la Polynésie depuis 150 ans, aux réussites et aux échecs, aux joies et aux épreuves de ses missionnaires, nous mesurons mieux l'extrême petitesse de l'humain dispersé dans l'immensité océanienne. Terres minuscules, population peu nombreuse, petites commnunautés, quelques dizaines de missionnaires pères, frères et sœurs, administration réduite... et cette poussière « d'îles lointaines » se trouve prise dans le gigantesque bouillonnement politique et religieux d'un XIXe siècle scientifique et colonial. « Petites îles, grands problèmes » ; expression classique, mais combien vraie en Polynésie française ! Dans l'ensemble, le caractère des populations a atténué les conflits, la diginité cordiale des polynésiens a relativé les querelles et les agressivités, fort heureusement.

D'une Église si petite qui a tant de mal à faire éclore les vocations sacerdotales et religieuses, si faible au milieu des épreuves du temps, il est remarquable de découvrir que, très tôt, elle aussi fut missionnaire. D'évangélisée, elle devient évangélisatrice, bien évidemment à sa manière simple et à sa dimension fort modeste ; rien de comparable aux grandes réalisations des pays continentaux bien pourvus en hommes et en moyens. Nous avons signalé dans la seconde partie le rôle missionnaire joué par les tahitiens protestants qui ont porté l'évangile à travers les archipels de l'Océanie. Il en est de même, toute proportion gardée, pour les polynésiens catholiques. C'est l'illustration de ce que l'apôtre Paul écrit aux Corinthiens : « Considérez qui vous êtes ; il n'y a pas parmi vous beaucoup de sages aux yeux des hommes, beaucoup de puissants... Ce qui est folie dans le monde, Dieu l'a choisi pour confondre les sages ; ce qui est faible dans le monde, Dieu l'a choisi pour confondre ce qui est fort ; ce qui est vil et méprisé, Dieu l'a choisi pour réduire à rien ce qui est »[1]. C'est un peu ce paradoxe évangélique que nous vivons avec les polynésiens missionnaires dans l'Église catholique.



[1] 1 Co 1,26-31. La 1ère lettre aux Corinthiens aide beaucoup à comprendre le style, les questions et le témoignage de l'Église catholique en Polynésie.

 

Catéchistes évangélisateurs

Le rôle important joué par les « katekita » dans la Mission catholique a été étudié au chapitre XII. Ils accompagnent les missionnaires ; ils restent comme chefs permanents des petites communautés chrétiennes dans les îles et les vallées. La vie quotidienne des « amuiraa » repose sur eux entre les passages des pères.

Un certain nombre d'entre eux quittent leurs îles pour aller comme missionnaires ailleurs, ou vont se former hors de chez eux pour évangéliser plus tard leurs compatriotes. C'est l'aventure étonnante du jeune Atanatio âgé de 15 ans, parti sur un coup de tête de Mangareva en 1860 et qui vient s'échouer sur l'atoll de Pukarua. Sauvé du « four kanake » par sa prière et l'intervention de Moeava, le fils du chef de l'île, il entreprend l'évangélisation de cette population encore tout à fait cannibale. Il réussit à amener quelques pukaruans à Mangareva pour se former un peu. Puis ils retournent tous, l'année suivante, commencer l'évangélisation des Tuamotu de l'Est[2].

Il convient de rappeler le rôle initial dans l'évangélisation des Tuamotu, en 1849, de Petero Maki. Ce pêcheur de nacre, originaire de l'atoll de Faaite, reste en cachette à Mangareva pour se former à la vie chrétienne. Baptisé, c'est lui qui décide Mgr Tepano Jaussen à entreprendre la mission aux Tuamotu en y envoyant les pères Laval et Fouqué. C'est par son action et ses relations que les premiers missionnaires sont introduits à Faaite, Fakarava et Anaa. Nous avons nommé un certain nombre de ces premiers catéchistes des Tuamotu. Le P. Terlijn signale que « de voyage du P. Montiton, lié aux horaires de la goélette frêtée, n'était que de un à quelques jours dans chaque île visitée en 1867. Aussi il laissa un catéchiste dans chacune des îles importantes : Alain Fatuga à Raroia, Athanase Tuamea à Takoto, Gabriel Hina à Hao, Joseph Mati à Fakahina »[3]. Il n'est pas douteux d'affirmer que l'évangélisation fondamentale des 84 îles Taumotu est due, pour l'essentiel, au témoignage des « katekita ». Nous avons cité la lettre de 1866 où le P. Germain Fierens demande « la formation de diacres... Sur dix que nous baptisons, six au moins nous sont amenés par le ministère des Kanaques. Un bon Kanaque un peu instruit fait souvent beaucoup, là où le missionnaire n'obtient rien ». Ce témoignage de celui qui a été appelé « l'apôtre des Tuamotu » vaut plus que toutes les longues démonstrations sur le rôle évangélisateur et missionnaire des katekita aux Tuamotu. En voici une belle figure.

Athanase Tuamea de Anaa avait été choisi par le P. Montiton pour l'accompagner en 1868 à Tatakoto que Boenechea avait découvert le 29 octobre 1774 et à qui il avait donné le nom de Narcisse.

Athanase Tuamea était à la fois katekita, maître d'école, maçon. Le P. Montiton le laisse seul à Tatakoto avec sa femme Eulalie, fille du grand chef Parua. Cernés tous les deux dans leur case, ils y restent 3 jours à réciter le chapelet... Eulalie déjà tuberculeuse meurt quelques semaines après à 25 ans « douce, pieuse, intelligente ». Athanase Tuamea ne se décourage pas... il continue son enseignement et prépare la construction de l'église en incitant les jeunes à ramener de une à cinq pierres. En novembre 1869 le P. Fierens revient... le 11 novembre la population instruite par ce seul katekita est baptisée, 142 personnes en tout. Des 14 couples mariés ce jour-là, Mgr Mazé en retrouvera encore 4 en 1922. Le P. Fierens ne s'attarde pas... et Athanase Tuamea demande à rester. L'année suivante en novembre 1870, c'est le P. Montiton qui revient et qui constate les changements importants survenus dans l'île. Il en profite pour tracer le village... Tuamea est toujours là, et les restes de Eulalie sa femme sont transportés dans le nouveau cimetière. Parmi les nouveaux convertis Inatio Tetauru, élu chef, fonction qu'il exercera trente ans.

Athanase avait épousé Eulalie à Putuahara le 15 août 1863, trois ans après son baptême, il avait 26 ans. Les deux témoins étaient Jean-Baptiste Aumeran et Théodule Maevatua. Il se remariera à Julienne Tematagi le 9 janvier 1975.

De 1845 à 1863, la mission catholique de Mangareva joue un rôle missionnaire. En 1857, le témoignage de vie chrétienne des 60 mangaréviens qui bâtissent la future cathédrale de Papeete fut encore plus important que la manifestation de leurs qualités professionnelles. C'est dans un but d'évangélisation que le P. Laval fait construire la petite goélette « Maria i te aopu ». Un courant déjà régulier était amorcé avec les Tuamotu, surtout lors du retour du P. Laval en 1852 après ses trois années de lancement de la mission avec le P. Fouqué à Faaite, Fakarava et Anaa. Des Paumotu viennent se former plusieurs mois à Rikitea ; des mangaréviens partent aider les missionnaires. Ces relations déplaisent au gouverneur de la Richerie qui les interdit. De même la goélette est envisagée pour desservir la mission de l'île de Pâques ; malheureusement des ennuis d'équipage et avec l'administration empêchent de donner toute l'ampleur souhaitable à cet essai missionnaire. La maîtrise des communications entre les îles sera toujours le talon d'Achille de la mission catholique en Polynésie[4].

Un cas très particulier doit être souligné dans ce chapitre : l'évangélisation de l'île de Pâques. La mission y est fondée par l'action héroïque du frère Eugène Eyraud, frère convers des Sacrés-Cœurs, en 1864. Les pères viennent ensuite pour approfondir son évangélisation initiale et structurer la communauté. Nous avons vu que la mission, après la dépopulation de l'île en 1871, est reprise par le katekita Nicolas Pakarati de 1888 à sa mort en 1927. Rapanui est sans doute un des cas les plus remarquables d'une évangélisation initiale et d'une reprise, dues à l'initiative de la mission de Tahiti et assurée par les katekita.

Une autre forme de cette action évangélisatrice des catéchistes tahitiens au loin est l'entraide missionnaire apportée par quelques-uns aux archipels en difficulté à la demande des pères. C'était en quelque sorte des « laïcs missionnaires » de style « fidei donum » avant l'encyclique célèbre de Pie XII. Le P. Bernardin Castanié est heureux de bénéficier de l'aide précieuse de Théophile Tehema, de Tahiti ; il a bâti trois églises aux îles Cook et le remplace pendant ses voyages. Il est mort en février 1904. De même, Mgr Rogatien Martin est content d'obtenir le concours de plusieurs de ses anciens paroissiens de Papaoa (Arue) pour relancer la mission à Atuona, revitaliser les vallées d'Hiva-Oa autour des années 1900.

Actions modestes sans doute ; témoignages importants qui montrent le sens missionnaire de la petite Église catholique polynésienne qui ne vit pas repliée sur elle-même, mais porte, dès le début, le souci de ceux qui sont au loin.



 

[2] H. LAVAL : Mémoires, pp.350-351, 367, 401.
[3] V. de P. TERLIJN au P. PALMACE (3-2-1900), Ar. SS.CC. 73,1.
[4] La question des communications a été étudiée au chapitre 1.

 

Évangélisation des Gilbertins

Une page très intéressante concernant le rôle missionnaire de Tahiti est l'évangélisation des Gilbertins, appelés à cette époque les « Arorai ». Ce sont les habitants de l'actuel Kiribati, anciennes îles Gilbert en Micronésie situées à 3.500 km au N.W. de Tahiti. Voici ce qu'en écrit le P. Privat Delpuech[5].

« Les Gilbertins avaient un engagement décennal et étaient repartis avant la mort du P. Latuin Lévesque (en 1879). Ils travaillaient à Taaone et Atimaono à la plantation de M. Robin Manson après la faillite de W. Stewart. L'engagement des Gilbertins comme travailleurs se fit à diverses époques à partir de 1864 sous M. de la Roncière. Le premier groupe s'établit à Paea, s'y livra à la pêche et a extrait le corail qui a servi à construire l'église Saint-François-Xavier. Cela a donné au père Latuin l'occasion de leur donner une excellente formation qui faisait l'admiration de tous et aussi de leur apprendre à lire et à écrire. Les derniers temps il put s'occuper de leur évangélisation en se rendant à Taaone tous les dimanches soirs. Tous étaient devenus catholiques. Le P. Latuin connaissait à fond leur langue. Il avait composé un catéchisme en gilbertin, avec des prières et des cantiques. Il avait ébauché une grammaire et un dictionnaire que j'ai eu sous les yeux.

Le P. Latuin s'occupa des Gilbertins de 1872 à 1878, époque de leur rapatriement aux Gilbert. Ils étaient plusieurs centaines, inscrits par groupes de 50 à 80. En 1875, avec l'autorisation de Mgr Tepano Jaussen, ils vinrent par centaines s'installer sur le terrain de la Mission de Paea. Ils étaient catholiques fervents.

Mgr Leroy, à son arrivée à l'île de Nonouti (Gilbert) trouva une première gerbe de 1 200 fidèles catholiques assemblés pour le recevoir dans une grande église en planche qu'ils avaient eux-mêmes construite sous la direction du catéchiste Petero formé par le P. Latuin Lévesque. Il faisait le catéchisme avec le livre composé par le P. Latuin, imprimé à Tahiti et réimprimé à San Francisco aux frais des Gilbert. »

En réponse à une question du P. Henquel, mariste, qui avait retrouvé un exemplaire de ce catéchisme, Mgr Jaussen écrit : « Nous appelons ici Arorai ceux que vous appelez Tapi touea. Nous avons baptisé des indigènes de presque toutes les îles Gilbert. Ces îles appartiennent à votre Société. Je les ai recommandés à Mgr EIloy quand il passa ici. Ne comptant plus avoir de nouveaux Arorai, je ne fis imprimer que le nombre de catéchismes voulus. Un seul de nos pères apprit leur langue ; il était le dictionnaire et la grammaire. Il est mort et nous n'avons rien trouvé d'écrit »[6].

En 1875, le P. Latuin Lévesque écrit au Supérieur Général[7] : « Ce qui m'occupe le plus, depuis plusieurs mois, ce sont les insulaires des îles Gilbert, appelés ici indistinctement Arorai. J'ai appris un peu de leur langue, je suis parvenu à leur faire un petit catéchisme et à traduire les prières du matin et du soir. Il y a une centaine de convertis. C'est mon premier noyau de fidèles à Paea », Le P. Latuin Lévesque est mort à 36 ans, épuisé par le zèle après seulement neuf ans d'apostolat.

Comme le souligne le P. Delpuech, ce fut une énorme surprise quand les missionnaires du Sacré-Cœur d'Issoudun arrivèrent aux Gilbert et se trouvèrent accueillis par une si importante communauté catholique ; elle était animée par un catéchiste et avait construit une église selon le modèle de celles des frères des Sacrés-Cœurs à Tahiti. Après avoir vérifié leur sens de l'Eucharistie, leur dévotion à la Vierge Marie et leur union au Pape, les premiers pères du Sacré-Cœur à débarquer aux îles Gilbert furent accueillis à bras ouvert. Ils étaient spirituellement attendus depuis longtemps.

« La grammaire et le dictionnaire introuvables », aux dires de Mgr Jaussen, sont retrouvés par le P. Joseph Allais et une copie a été envoyée à Papeete le 10 août 1982[8]. Ce texte de 44 pages manuscrites est intitulé : « Essai de notions élémentaires sur la langue des îles Gilbert, adressé à Mgr Eloi (sic), Vicaire Apostolique des îles Samoa et Gilbert » Cet essai est localisé de Paea et cosigné de Mgr Tepano Jaussen. Il comporte une grammaire de 8 pages, un vocabulaire de 28 pages et une liste des baptisés à Tahiti. Il a été retrouvé aux archives de l'évêché de Tarawa, capitale de Kiribati. C'est une découverte précieuse sur le plan linguistique et encore plus sur le rôle missionnaire joué par la Mission catholique de Tahiti en Océanie, dont le P. Latuin Lévesque est une des grandes figures.

En 1981 a été fêté au diocèse de Tarawa le centenaire du retour des premiers catholiques « arorai » aux Gilbert. Mgr Michel invité aux célébrations a préféré y déléguer un katekita de Papeete, Médéric Bernardino. Mgr Paul Mea, évêque de Tarawa, a eu la délicatesse et même en présence de Mgr le Délégué Apostolique de lui faire faire un baptême pour rappeler que leurs catéchistes missionnaires avaient été formés à Tahiti.

 


[5] P. DELPUECH au P. I. ALAZARD (18-11-1913), Ar. SS.CC. 62,3 (dossier L. LEVESQUE).
[6] Missions catholiques, 1884, p.531.
[7] L. LEVESQUE au T.R.P. (4-9-1875), Ar. SS.CC. 62, 3.
[8] Ce document est aux archives de Papeete, section linguistique, p.33-21.

 

Évangélisation des Chinois

[9] Dans le cadre des essais de développement agricole à Tahiti, en particulier sous de la Richerie en 1862 avec William Stewart à Atimaono, l'importation de main-d'œuvre étrangère se fait importante. Les tahitiens ne sont ni assez nombreux, ni intéressés par ces travaux. En plus des Gilbertins que nous venons de découvrir, les Chinois, si actifs dans la vie polynésienne actuelle, commencent à arriver à Tahiti en 1851. Ce sont des hakka, paysans d'origine très modeste. L'arrêté du 30 mars 1864 autorise l'introduction de mille Chinois. Les déboires de Stewart, la faillite d'Atimaono entraînent le rapatriement de nombreux asiatiques. Ceux-ci ne sont plus que 320 en 1892 se livrant à l'agriculture et au colportage. Les immigrations reprennent en 1907 et seront importantes jusqu'en 1929. Si l'administration au début est plutôt bienveillante, la communauté blanche faite de colons et de commerçants voit avec crainte ces concurrents potentiels et redoute « l'expansion asiatique ». Les chinois sont souvent accusés de tous les vices. En 1872, ils sont autorisés à organiser une société de Secours Mutuel, première association qui offre un soutien aux anciens. En 1876, le Temple de Mamao dédié à Kan Ti est construit pour permettre la prière et les rites traditionnels. Cette association permet aussi un meilleur contrôle administratif des Chinois en Polynésie. Très vite, par leur sérieux et leur travail, ils deviennent indispensables au commerce dans les îles. Le 9 janvier 1973 les Chinois de Polynésie acquièrent la nationalité française et sont de plus en plus intégrés à la population aussi bien maohi qu'européenne par des métissages qui se développent rapidement, constituant une nouvelle catégorie de « demis ».

Ces quelques points de repères permettent de saisir que la présence et le développement progressif de la commnunauté chinoise à Tahiti posent à la Mission catholique des questions neuves et entièrement imprévues. Déjà mal préparés et peu formés intellectuellement pour la mission en général[10], la poignée des missionnaires des Sacrés-Cœurs, de même que les frères de Ploërmel et les sœurs de Cluny se trouvent confrontés à une population héritière d'une des plus anciennes et brillantes civilisations du monde, même si ses premiers représentants n'étaient que de pauvres paysans hakka cantonnais.

En 1882, le P. Delpuech « s'occupe de quelques chinois lépreux isolés par l'administration à Maruapo. Cet endroit est dépourvu d'eau depuis deux mois de sécheressse... Ils sont abandonnés de tous. On leur fait payer l'eau. Certains sont là depuis 12 ans. Le père est seul à aller les voir. » Ce missionnaire commence à s'intéresser à eux et se demande « s'il ne pourrait pas faire quelque chose pour eux. Il y a près de 500 Chinois et personne pour les instruire. Ils ont des qualités morales inconnues de nos indigènes »[11]. Aussi, en 1886, Mgr Verdier demande au Supérieur Général à Paris de « voir aux Missions Étrangères quels livres essentiels pourraient nous aider à convertir les chinois, au nombre de 500, qui résident à Tahiti. Déjà 5 ou 6 sont catholiques, mais nous n'avons aucun livre à leur remettre »[12].

L'apostolat auprès de la communauté chinoise de Tahiti continue ainsi très petitement dans cette période difficile sur tous les plans pour la Mission catholique dans ces années 1900. Or il se trouve que le 24 mars 1923, la Congrégation des Sacrés-Cœurs et les Missions Étrangères de Paris signent un accord d'entraide missionnaire pour l'envoi des Picpuciens dans la Mission de Haïnan. Les trois premiers pères des Sacrés-Cœurs de la Province de France, sous la direction du P. Paul-Marie Juliotte, arrivent dans leur nouvelle mission chinoise le 30 novembre 1923. Celle-ci devient autonome le 15 avril 1929 et Préfecture Apostolique le 25 mai 1936. Les pères des Sacrés-Cœurs en sont expulsés par les communistes chinois en 1953 ; Mgr Desperben est chassé le dernier le 3 août de cette même année[13].

Malgré la distance, mais en raison de l'étroite fraternité missionnaire et des mêmes problèmes apostoliques, cette nouvelle mission des picpuciens français en Chine suscite un grand espoir parmi leurs confrères de Tahiti ; elle s'avèrera providentielle pour le service de la Polynésie.

En 1926, Mgr Hermel demande « l'envoi d'un Père venant de Haïnan pour s'occuper des chinois »[14]. C'est surtout le provincial des missionnaires, Célestin Maurel qui s'efforce d'évangéliser la communauté chinoise et de trouver des solutions pastorales[15].

« Les chinois de Bora-Bora veulent une église et plus tard une école. Ils ont déjà ramassé une certaine somme. Nous regrettons beaucoup de ne pas savoir le chinois... Nous comptons ici sur la jeunesse, car elle parle le français et le canaque (sic). Il y a ici un chinois catholique parlant bien le français ; il va aller en février à Bora-Bora. Je lui ai demandé de bien vouloir nous aider. Mais comme il est tout à fait jeune et à la recherche de la fortune par le moyen de la vanille, son aide sera peu efficace ». (2-1-1925).

« Le Très Révérend Père parle d'envoyer 1 ou 2 Pères en les faisant passer par Haïnan. Monseigneur (Hermel) est de cet avis. Les chinois sont plus de 4 000. Il est urgent de s'occuper d'eux. Un Père zélé, connaissant le chinois, ferait un bien immense auprès des cultivateurs. Les marchands seront plus difficiles à convertir ». (12-11-1925).

« Une seule chose semble nous tendre la main, c'est la conversion des chinois. Malheureusement, impossible de parler leur langue. Si je n'avais que 30 ans, je demanderais de passer deux ans en Chine. Papeete et Faaa sont plus chinois que tahitien et français. Ces chinois nous préfèrent ». (2-6-1925).

« La population de Tahiti, grâce aux mélanges, augmente et devient de plus en plus chinoise... Les enfants nés dans le pays connaissent le tahitien. Il nous sera facile de leur causer ». (30-3-1930).

« Sur 40 000 habitants (en Polynésie), il y a 20 000 protestants, 8 000 catholiques, 12 000 autres. La chose à faire est la conversion des chinois. Ceux-ci nous donneraient volontiers leurs enfants, mais pas de messe : le travail avant tout. Ils sont comme cela. À la mort on nous accepte, surtout pour les bébés ». (10-9-1934).

« Si nous pouvions instruire les chinois qui sont plusieurs milliers. Les enfants chinois finiront par se joindre à nous à cause des écoles catholiques qui sont prospères et nous donnent espoir pour l'avenir ». (15-6-1936)

Ces quelques extraits des lettres du P. Maurel montrent clairement les efforts entrepris et l'évolution des efforts missionnaires en direction des Chinois, vivant en Polynésie, entre les deux guerres mondiales. N'oublions pas qu'ils ont le statut d'étrangers ; c'est vraiment une mission nouvelle à entreprendre. Il est certainement malheureux que les missionnaires des Sacrés-Cœurs n'aient pas pu détacher un de leurs prêtres parlant le chinois à cette époque, malgré les demandes pressantes de l'évêque et du provincial de Tahiti. Les relations anciennes de quelques missionnaires et surtout la qualité des écoles catholiques des frères de Ploërmel et des sœurs de Cluny ont beaucoup fait, malgré l'incompréhension de la langue hakka, pour établir des relations de plus en plus confiantes entre les enfants et l'Église en Polynésie. Chacun connaît le sens familial très profond, l'attention éducative aux enfants et les qualités de travail sérieux des chinois. Ce sont des convergences précieuses entre les traditions chinoises et catholiques qui expliquent une confiance réciproque. Aussi, lorsque en 1964, les écoles chinoises ferment leurs portes, c'est tout naturellement que la grande majorité des familles confient leurs enfants aux écoles des frères et des sœurs qu'ils fréquentent depuis déjà de longues années.

L'avènement de la République populaire de Chine en 1949, selon le paradoxe traditionnel de toute évangélisation, marque l'élan nouveau de la Mission catholique en Polynésie. Mgr Paul Mazé ouvre largement les portes aux missionnaires chassés de Chine par le régime communiste de Mao. Grâce à l'action décisive de sœur Jeanne-d'Arc - qui ne viendra jamais elle-même à Tahiti - les premières sœurs missionnaires de Notre-Dame des Anges, fondées en 1923 pour l'apostolat en Chine, arrivent à Papeete le 30 novembre 1950. Les pères des Sacrés-Cœurs peuvent envoyer à Tahiti plusieurs missionnaires connaissant le chinois. Le P. Mandé Mariage (Haïnan 1928-47) arrive à Papeete en 1947. Ses confrères Camille Beunard en 1950 (Haïnan 1934-50) et Pierre Laporte en 1952 (Haïnan 1947-52) le suivent à leur tour. En avril 1954, les pères Orens Briand (Haïnan 1948-52) et Alexis Castel (Haïnan 1948-52) arrivent à Papeete. Enfin le P. Bruno Puech (Haïnan 1949-53 et Japon 1953-62) débarque en 1962. L'évangélisation peut se faire en chinois et les cérémonies se célébrer dans la langue hakka.

La Communauté chinoise catholique en Polynésie acquiert progressivement son identité et ses structures. L'« amuiraa tinito » élit son comité et développe ses activités spirituelles. Les baptêmes d'adultes sont nombreux chaque année. Le couronnement de cette longue persévérance missionnaire est l'éclosion de plusieurs vocations religieuses et ministérielles chinoises polynésiennes. Chez les sœurs de Saint-Joseph de Cluny nous avons les sœurs Pierre-Chanel, Christiane et Joséphine ; chez les sœurs missionnaires de Notre-Dame des Anges : sœur Jocelyne et sœur Margaret ; chez les Filles de Jésus-Sauveur : sœurs Simone et Joséphine. Le frère Maxime Chiu fait profession chez les frères de Ploërmel en 1958. Le premier prêtre chinois est Lucien Law, originaire de Raiatea, ordonné en 1964 ; le père Peter Choy, né en Chine, est ordonné en 1975. En 1979, deux des quatre permiers diacres permanents ordonnés le 24 février : André Chiu et Léon Min-Chiu sont d'origine chinoise. Ainsi l'entrée chinoise se manifeste au sein de l'Église catholique polynésienne qui réussit à intégrer la communauté hakka tout en respectant sa culture. Elle est constituée d'environ 5 000 personnes en 1982. À Tahiti, l'Église catholique a ainsi un visage encore plus universel, montRant que « Dieu ne fait pas de différence entre les hommes » (Actes 10 et 11).



 

[9] Histoire et portrait de la communauté chinoise de Tahiti, Ch. GLElZAL, éditeur, 1979, 303 pages.
[10] Cardinal LEDOCHOWSKI au T.R.P. (3-3-1899), Ar. SS,CC. 1-1-11.
- Mgr VERDIER au T.R.P. (5-4-1887 ; 8-9-1887 ; 8-9-1894 ; 7-3-1899), Ar. SS.CC. 58,2.
- G. EICH au T.R.P. (10-4-1899 ; 7-3-1902), Ar.SS.CC. 60,2.
- C. MAUREL au T,R.P. (22-8-1912 ; 29-5-1913 ; 6-7-1926 ; 21-1-1931 ; 22-5-1932), Ar. SS.CC. 60,3.
- Mgr LE CADRE au T.R.P. (25-2-1920 ; 1-7-1920), Ar. SS.CC. 47,3.
[11] Pr. DELPUECH au T.R.P. (8-9-1882 ; 25-10-1885), Ar. SS.CC. 61,3.
[12] Mgr VERDIER au T.R.P. (7-10-1886), Ar. SS.CC. 58,3.
[13] F. A. MURILLO : Missionnaires en action. SS.CC., Rome 1976 ; 265 pages.
[14] Mgr HERMEL au T.R.P, (8-3-1926), Ar. SS.CC. 58,3.
[15] C. MAUREL au T .R.P. et au P. I. ALAZARD, Ar. SS.CC. 60, 3 (dates après chaque citation).

 

Hospitalité missionnaire

S'il est un geste évangélique recommandé dans la ligne de toute la tradition biblique, c'est bien « la pratique de l'hospitalité sans murmure »[16]. Très tôt, en raison de sa position au centre du Pacifique, Tahiti et la Polynésie deviennent des haltes pour les missionnaires venant de Valparaiso d'abord puis du canal de Panama après son ouverture en 1914.

La première hospitalité missionnaire s'exerce à l'égard de Mgr Pompallier et des premiers Maristes, dont le futur saint Pierre Chanel. Ils arrivent à Mangareva le 13 septembre 1837 à bord de l'« Europa » en route vers la Nouvelle-Zélande. Ils y restent trois jours qui marquent profondément les pères maristes ; ceux-ci s'inspireront dans leurs premières missions de ce qu'ils ont découvert aux Gambier[17]. Nous avons signalé que Mgr Tepano Jaussen, dans son premier compte rendu à la Propagation de la Foi le 10 novembre 1849, souligne que « Tahiti est un lieu de passage pour diverses missions ». De fait, au moins jusqu'à l'ouverture de l'aéroport international de Faaa en 1961 et la généralisation des « jets » gros porteurs en 1970, Papeete est une escale obligée et appréciée des divers missionnaires, Maristes surtout, qui viennent de France vers le Pacifique du Sud-Ouest par Panama. Ces escales sont l'occasion d'échanges fructueux et d'une connaissance réciproque bénéfique. Les lignes actuelles plus rapides et directes ont malheureusement supprimé ces liens réguliers. D'autres se sont créés. L'archevêché de Papeete, désormais équipé pour recevoir plusieurs hôtes à la fois, n'a guère de semaines dans l'année sans le passage d'hôtes d'horizons et de langues variés. Les communautés paroissiales sont toujours heureuses d'accueillir, selon leurs coutumes fleuries, chantantes et chaleureuses, ces frères et sœurs chrétiens qui viennent les voir. Les visiteurs gardent un souvenir étonné et ému de l'hospitalité polynésienne, si simplement fraternelle et biblique. Sans qu'on puisse apprécier la part des dons naturels maohi et de l'intériorisation des valeurs évangéliques, il est certain que l'hospitalité de l'Église en Polynésie a un retentissement missionnaire certain si on en juge par les témoignages si divers de ceux et celles qui en ont bénéficié.

Un aspect peu connu, car très personnel à ceux qui le vivent, est l'éveil et le soutien des vocations sacerdotales et religieuses chez un certain nombre de métropolitains de passage pour un service temporaire civil ou militaire. La qualité de l'accueil, la chaleur communautaire, la simplicité rayonnante des célébrations constituent des signes qui interpellent profondément les européens. En douze ans, dix-huit d'entre eux ont fait savoir qu'ils avaient trouvé ou approfondi leur vocation sacerdotale au contact des communautés chrétiennes de Tahiti. De même un certain nombre de familles retrouvent une certaine qualité d'amour et le chemin de la foi ou repartent sérieusement interrogées par ce témoignage de l'Église catholique en Polynésie. Bien rares sont ceux et celles, même de très haut niveau de responsabilités officielles, qui n'expriment pas, à un moment ou à un autre, cette découverte d'un autre regard sur les événements et les choses, cette qualité particulière de relations humaines plus cordiales et personnalisées, ce style polynésien fait de partage communautaire et de respect tolérant et discret des personnes. Il y a comme une intelligence du cœur qui sourit dans les yeux et pénètre au plus intime de l'âme. Les mots sont impuissants à rendre ce témoignage discret et puissant, simple et vrai, fragile et fort des communautés chrétiennes à Tahiti. La joie de la foi n'y est pas un mythe. Ceux et celles qui la vivent quelque peu de l'intérieur en restent marqués et parfois changés. Il n'est pas rare d'en recevoir l'expression reconnaissante. Ainsi les pauvres et les petits deviennent évangélisateurs par la qualité de leur cœur.

Un cas très particulier de l'hospitalité missionnaire est celui des demandes de mariage de touristes japonais non baptisés[18]. Mgr Michel Coppenrath étudie en détail dans l'article cité en note ce « problème juridique et pastoral absolument imprévisible », lié à l'ouverture par Air-France en novembre 1973 de la ligne Tokyo-Papeete-Lima. Dans le contexte de mutation rapide des années 1970 et de la prolifération des sectes, « voici que tout à coup ce sont des étrangers pour très peu de temps dans les îles, qui demandent une hospitalité disons  “matrimoniale”. L'appel de ces japonais non baptisés ne se fonde au surplus ni sur le baptême, ni sur la foi.

Il est apparu que l'épiscopat japonais autorise de tels mariages. Mais cela ne résout pas d'autres questions : doit-on agir de même à Tahiti ? Quels motifs poussent les fiancés à célébrer leurs noces au milieu du Pacifique ? Même si les demandes sont légitimes, aucun prêtre à Tahiti ne peut avoir une conversation approfondie avec des fiancés ne parlant que japonais ou un anglais à accent très spécial. N'était-ce pas une question de “mode” alors qu'il est si facile de se marier au Japon ? Pourquoi des japonais non baptisés veulent-ils se marier devant un prêtre catholique à Tahiti ? Le petit diocèse de Papeete, déjà aux prises avec ses multiples soucis, doit-il soutenir une orientation missionnaire propre au Japon en pratiquant le même accueil ? »

Les évêques japonais expliquent ainsi ces demandes : « Les japonais non chrétiens estiment plus la religion catholique que les cultes anciens du Japon dans les temples où les époux sont obligés à être passifs à leurs mariages ; de bonne foi, ils demandent secours auprès des églises catholiques. » Aussi Mgr Michel se demande : « Si des "païens" estiment la religion catholique à un degré tel qu'ils préfèrent ses ministres, ne doit-on pas se sentir obligé de leur porter le même secours qu'au Japon ? L'image de l'Église Catholique ne doit-elle pas être la même partout et refléter un caractère d'universalité dans l'aide qu'elle veut bien apporter à un moment grave de la vie. » En effet les évêques japonais disent que « ces mariages sont une occasion unique de contact avec l'Église et parfois le départ d'une véritable catéchèse ».

L'Église au Japon a fondé des centres de préparation au mariage spécialement adaptés pour ces cas[19]. Ils sont très suivis. Ces mariages sont sérieux et les fiancés sont « attachés aux valeurs essentielles du mariage et à sa célébration. Souvenons-nous de la Cananéenne qui réclame le secours de Jésus et veut se contenter des "miettes" tombant de la table ». Pour assurer le but missionnaire poursuivi, il convient de les célébrer en Polynésie avec toutes les garanties requises. « Nous nous en remettons au certificat de préparation au mariage délivré par un prêtre du Japon : temps de préparation, désir de contracter un mariage religieux devant Dieu connu en conscience, acceptation des obligations du mariage établies par Dieu comme sacrées et inviolables. S'y ajoutent les "formalités" de la loi française appliquée en Polynésie et différentes de celles du Japon, en particulier l'obligation stricte du mariage civil antérieur à la célébration religieuse (Code Pénal, art. 199, 200). Il est intéressant de noter que le caractère religieux d'un mariage est plus accentué par la célébration ici. Civilement les époux sont déjà mariés aux yeux de la loi française et japonaise et, en fait aussi réellement selon le droit naturel, puisque ces personnes se conforment aux traditions et aux lois de leur pays. Mais ces époux subordonnent en conscience leur union civile reconnue, à un mariage devant le ministre catholique, qui a lieu plus tard. »

On comprend qu'une telle « hospitalité matrimoniale » missionnaire ne peut passer inaperçue dans une petite île comme Moorea où elle se pratique habituellement. Elle a des conséquences pastorales certaines sur l'Église à Tahiti. Le lien évident et obligé avec les circuits touristiques et commerciaux amène une ambiguïté qui peut être dangereuse et source de critiques. Aussi, dans une note à tous les prêtres en date du 17 septembre 1974, Mgr Coppenrath « rappelle que nous marions ces époux dans les mêmes conditions que nos catholiques sans aucun honoraire et sans aucun tarif, selon la tradition en Polynésie depuis toujours. Mais les époux peuvent dédommager les paroissiens pour les frais engagés afin de décorer l'église ». La vie chrétienne en Polynésie étant très communautaire, ces mariages de japonais non chrétiens ne sont pas célébrés comme « en secret » mais « avec la participation des fidèles de la paroisse comme pour tout autre mariage, persuadés que nous accomplissons vraiment une œuvre missionnaire ».

Ces japonais sont de toutes origines sociales, avec cependant peu de ruraux. Si un certain goût d'exotisme joue, c'est surtout la volonté des époux de faire un « acte plus spontané et personnel » - libéré des sérieuses contraintes qui emprisonnent les cérémonies de mariage au Japon - qui pousse les jeunes japonais à demander d'hospitalité à Tahiti pour cela.

Depuis l'arrêt de la ligne Tokyo-Papeete-Lima en 1976, les demandes ont diminué sans cependant cesser. « Ces mariages sont un exemple de coopération entre diocèses extrêmement différents. L'aspect missionnaire déborde largement l'aspect purement juridique ou strictement théologique... Avec saint Paul, allons aux "païens" ; mais c'est eux qui viennent à nous ! Comment alors ne les recevrions-nous pas ! »[20].

Pour éviter une assistance trop marquée et une dépendance trop forte à l'égard des aides extérieures, nous avons vu que les premiers missionnaires à Mangareva développent l'agriculture et l'artisanat. Mgr Jaussen s'efforce de donner toute sa dimension à cette entreprise d'indépendance économique pour l'épanouissement de l'Église. Un des buts de telles entreprises est aussi missionnaire. Assez rapidement NN.SS. Jaussen et Verdier prennent la mesure de l'immensité géographique du semis d'îles à évangéliser et des moyens en personnel et financiers pour se rendre dans les archipels et y planter l'Église. De plus, autour des années 1900, les missionnaires organisent une quête annuelle pour les œuvres de la Propagation de la Foi. Même si son rendement est très modeste en raison du petit nombre des catholiques et de leur pauvreté, ce geste de partage missionnaire et d'ouverture à l'Église Universelle est estimé important pour éviter la mentalité si facile d'assistés à qui les autres apportent tout. Les largesses reçues deviennent vite un droit et un acquis.

Ces quelques traits du visage missionnaire de l'Église catholique de Tahiti, à la fois « allant au large jeter les filets » et accueillant ceux que le Seigneur lui envoie dans ses îles, nous amènent tout naturellement à la dernière étape de notre itinéraire. Enraciné dans son passé, conscient de son identité particulière au sein de l'Église Universelle, le Peuple de Dieu qui est en Polynésie est en marche, par la puissance de l'Eucharistie, pour construire l'avenir dans la fidélité à l'aujourd'hui de Dieu.



 

[16] 1 P 4,9 - He 13,2 - Ro 12,13 - Mt 25,35 - Gn 18, etc.
[17] H. LAVAL : Mémoires. pp. 165 sq.
- P. CHANEL à F. PAGES (3-10-1837), Tahiti, Ar. SS,CC. L.A.M.O.1.
[18] Mgr M. COPPENRATH : « L'Eglise, témoin du mariage de non-chrétiens », dans l'Année Canonique, 1977, n.22. - Dossier F 421/424, Ar. Papeete,
[19] R.P. M, CARRIER : un C.P.M. à Tokyo fréquenté par les non-chrétiens, 1973. Le Christ au Monde, vol.18, n.3,
[20] Mgr COPPENRATH : conclusion de l'article cité, Papeete (12-8-1977).

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