La période anglaise du Protestantisme peut s'analyser selon trois principales étapes : 1797 à 1815 : débuts difficiles, 1815 à 1836 : épanouissement, 1836 à 1863 : rencontre avec la France.
1797-1815. Après une traversée de 207 jours, le dimanche 5 mars 1797 le « Duff » jeta l'ancre dans la baie de Matavai. Après les danses de bienvenue des Arioi à bord, l'étrange bateau missionnaire, au lieu du troc et des orgies habituelles, rassemble ses passagers pour un culte animé par le Révérend Cover sur le thème : Dieu est amour. Selon le conseil tenu à bord le 27 février, 18 missionnaires, dont les quatre pasteurs, étaient destinés à Tahiti, 10 à Tonga et 2 aux Marquises. C'est le 7 mars qu'ils débarquèrent, bien accueillis par les trois générations de Pomaré : le vieil Hapai, le régent Pomaré 1er et le roi en titre Pomaré II. Une case fut offerte aux missionnaires avec la permission de résider à Matavai. Le 26 mars, le « Duff » partit pour Tonga où il arriva le 10 avril et les Marquises où il débarqua le 6 juin W. Crook seul, J. Harris ayant pris peur. Le 6 juillet, le navire de la L.M.S. était de retour à Matavai d'où il repartit le 4 août 1797 pour Londres après avoir débarqué le matériel, les outils et les provisions nécessaires pour les artisans et leurs familles. Les 18 missionnaires se trouvaient seuls devant un avenir imprévisible.
Comme les franciscains espagnols à Tautira en 1775, les protestants anglais allaient découvrir très vite l'abîme séparant leur rêve évangélique et le comportement brutal des Tahitiens, déjà marqués par l'image de déserteurs européens et des baleiniers. Pomaré 1er s'intéressait surtout à la poudre et aux armes ; la population convoîtait les outils en fer et tracassait les missionnaires ; Pomaré II était réservé et ne sévissait pas contre les voleurs. Devant ces difficultés de tous ordres, Th. Arbousset écrit[13] : « Qu'on ne jette pas la pierre aux premiers missionnaires qui étaient comme “agneaux au milieu des loups”. Il y eût des tâtonnements, des mécomptes. On regrette qu'ils ne fussent pas arrivés dans le pays armés seulement de la foi, de leur Bible et de l'esprit de prière. Les fusils apportés par eux les protégèrent du mal et ils n'en firent pas usage... Forcés d'avoir des outils, des effets, des provisions, il leur fallait bien monter la garde jour et nuit... ; le sauvage était habile et le défaut d'adresse à dérober sans être vu passait pour plus grave que le vol. » Aussi Jefferson écrivit à Londres le 13 août 1797 : « Plus j'observe les mœurs, le caractère et la conduite de ce peuple, plus je suis convaincu que notre succès ne sera pas rapide... si nous devons réussir un jour, ce ne sera que par des voies ordinaires. »
En plus des guerres incessantes, des sacrifices humains, des innombrables infanticides des Ariois (voir chapitre III), de la dépravation et des maladies des Européens (voir chapitre IV), divers incidents vinrent encore compliquer une situation bien plus difficile que prévue. Le Révérend Lewis, passant outre au refus de ses collègues, épousa une indigène et abandonna la mission, avant de périr assassiné en 1799. Le 6 mars de cette même année, les missionnaires demandent et obtiennent du capitaine Bishop du « Nautilus » de ne pas faire le commerce de la poudre et des armes ; les indigènes attaquent les missionnaires. Devant le danger immédiat, onze missionnaires découragés s'embarquent le 30 mars sur le navire pour se réfugier à Sydney. Des sept restant, deux vont conditionner l'avenir de la mission anglaise : le Révérend Jefferson qui mourra en 1807 et surtout le maçon Henry Nott, à la foi tenace et au désir de connaissance insatiable. Il déchiffrera et fixera la langue tahitienne avant de traduire la Bible, travail qu'il achèvera en 1835. Non seulement l'Église Protestante mais toute la Polynésie lui doivent une profonde reconnaissance.
En 1800, si B. Broomhall, après avoir épousé une indigène, quitta la mission et Tahiti, le noyau restant commença à bâtir la première chapelle à Matavai le 5 mai de cette année-là. Pomaré 1er y fit l'offrande d'un thon au « Dieu Jehova ». Aux îles Tonga, le massacre de trois des quatre envoyés fit abandonner cette mission. En 1801, le « Royal Admiral » envoyé par la L.M.S. - le « Duff » avait été capturé par des corsaires français en 1799 - apporta du renfort avec huit nouveaux missionnaires[14] et du réconfort avec les secondes lettres des Directeurs de Londres depuis quatre ans. Cela permit à Nott et Eider de faire un tour missionnaire de Tahiti pour la première fois, du 26 février au 5 avril 1802, malgré le climat de guerre provoqué par l'enlèvement de la statue d'Oro par Pomaré II.
Cette dure guerre, menée par Rua, perturba d'autant plus l'action des missionnaires que Hapai, le fondateur de la dynastie des Pomaré, mourut en novembre 1802, suivi de son fils, le régent Pomaré ler, le 3 septembre 1803. La mission anglaise perdait avec lui son protecteur. Pomaré II n'avait pas la même sympathie pour eux ; de plus, il était livré à lui-même sans formation, adonné à l'alcool, d'un caractère instable, violent et porté à la guerre. Nous avons déjà parlé précédemment de cette période troublée de l'histoire de Tahiti (chapitre III). Après la bataille du 22 décembre 1808 qui vit la défaite de Pomaré II, la mission protestante de Matavai fut dévastée de fond en comble. Les quatre derniers missionnaires : Nott, Hayward, Scott et Wilson (tous célibataires) quittèrent Tahiti ; Scott et Wilson ne tardèrent pas à rejoindre Sydney. Hayward s'installa à Huahine et Nott partagea le sort de Pomaré II qui s'était réfugié à Eimeo (Moorea). Cet exil et la fidélité d'Henry Nott firent réfléchir le Roi qui perdit peu à peu confiance en ses dieux. En même temps, Nott lui apprit à lire et à écrire en tahitien. Ainsi, après onze ans de travail missionnaire, tout semblait désespéré ; il n'y avait aucune conversion, aucun baptême.
A partir de 1811, les signes d'espérance se multiplieront. D'abord Pomaré II demanda le retour de missionnaires partis en Australie. Puis il prit de plus en plus de distance avec les usages païens : l'affaire de la tortue, animal sacré, qu'il mangea sans les cérémonies aux dieux ; la naissance de sa fille Aimata en 1813 - issue de son remariage avec la fille du roi de Raiatea en 1812 - célébrée sans se soumettre aux coutumes traditionnelles ; l'ouverture d'une école. Oro ne réagissait pas ; les missionnaires acquéraient du respect et les réunions de prière se multiplaient. Le décès d'Itia, femme de Pomaré 1er qui était opposée aux missionnaires, facilita le mouvement de conversion ; le prêtre d'Eimeo, Patii, brûla les idoles polynésiennes en 1815, le roi de Huahine et le grand-prêtre de cette île se convertirent.
Le 13 juillet 1813, furent inaugurés à Papetoai le premier temple et la première école biblique de Moorea ; trois cent personnes les fréquentaient. Les « pure-Atua » (prieurs de Dieu) se multipliaient, même sur l'île de Tahiti. Aussi l'affrontement entre les chrétiens et les indigènes restés païens devenait inévitable, d'autant que Pomaré II ne faisait pas l'unanimité des chefs. Quelques chrétiens furent tués ou attaqués pour être offerts sur les marae. Un chrétien jeta au feu le maro ura royal fait de plumes sacrées. Tous ces incidents aboutirent à la bataille de Narii (ou des Fei Pi) le dimanche 12 novembre 1815. Les païens, décidés à en finir avec les chrétiens, les attaquèrent alors qu'ils étaient réunis au temple de Narii à Punaauia. Après un combat incertain, les chrétiens l'emportèrent et Pomaré II accorda le pardon à ses ennemis. Ce geste inouï de clémence eut raison des païens qui demandèrent à se convertir. Le roi ordonna de détruire les marae, de brûler les idoles. Les sacrifices humains et les infanticides furent abolis. Le christianisme triomphait.
1815-1836. Une période d'épanouissement rapide s'ouvrait. Dès 1817, arrivèrent à Tahiti huit nouveaux missionnaires, envoyés de Londres l'année précédente ; parmi eux, en plus de Barff et Orsmond, il faut citer John Williams - l'apôtre des Mers du Sud qui ne resta que quelques mois à Tahiti-Moorea avant d'évangéliser Raiatea, Huahine, les îles Cook, Samoa et le Vanuatu où il périt assassiné le 20 novembre 1839 - et William Ellis qui apportait une presse sur laquelle il imprima 2 600 syllabaires, un catéchisme, l'Évangile de Luc en tahitien, le Code des lois et bien d'autres textes ; son imprimerie était installée à Afareaitu dans l'île de Moorea. C'est le roi Pomaré II qui composa et tira en personne les premières épreuves du livre de lecture en tahitien le 30 juin 1817. Un immense appétit de savoir et de lecture se fit jour à Tahiti et Moorea. Les écoles se multiplièrent autour des temples ; tout s'y faisait en tahitien.
Il est utile de situer quelques dates importantes de cette période de rapides progrès. Le 13 mai 1818 à Papetoai, la Société des Missions Évangéliques de Tahiti est fondée pour l'évangélisation des autres îles de l'Océanie. À partir de ce moment les missionnaires commencèrent à se disperser.
Du 10 au 15 mai 1819, se déroula la grande semaine du christianisme tahitien. Le 11 eût lieu l'inauguration de la gigantesque « chapelle royale » de Papaoa (Arue) en présence de 6 000 personnes[15]. Le 13, le roi y promulgua les 19 lois civiles fondées sur le Décalogue et le dimanche 15, Pomaré II fut solennellement baptisé. C'est en juillet 1819 qu'est fondée « l'Église chrétienne de Papetoai » avec les membres communiants qui participent pour la première fois à la Sainte Cène ; en janvier 1821, cette église institue les six premiers diacres, dont l'ancien prêtre Patii.
Pomaré II meurt de ses excès d'alcool le 7 décembre 1821. Son fils unique, Pomaré III, n'a qu'un an. Il sera élevé à Afareaitu dans une école missionnaire fondée en 1824 sous le titre impressionnant d'« Académie des Mers du Sud ». Le jeune roi meurt en janvier 1827 ; il est remplacé par sa sœur, Aimata, qui devient Pomaré IV (1827-1877). La jeune reine, non préparée à ce rôle, n'a que 14 ans. Elle songe plus aux amusements et aux fêtes qu'à la foi chrétienne.
Le paganisme fait sa réapparition, d'autant que les conversions en masse n'avaient changé ni le comportement ni le cœur des Tahitiens. Danses, tatouages, orgies reprirent avec force. La secte des Mamaia fit un syncrétisme de la foi chrétienne et des mœurs païennes. Elle sévit, protégée par la reine, jusqu'à son bannissement en 1832.
Pendant ce temps, l'infatigable Henry Nott achevait de traduire la Bible en tahitien. Ce grand œuvre fut terminé le 18 décembre 1835. Il la fit imprimer à Londres en 1836 ; il revint avec l'édition complète en 1838 à Tahiti où il mourut le 2 mai 1844 au terme d'une vie missionnaire exemplaire.
Quels sont les résultats de cette évangélisation anglaise de la L.M.S. ? Il est difficile de les apprécier par rapport à elle-même, tant les missionnaires anglais étaient typés, tant les passions politiques et religieuses du XIXe siècle commençant étaient fortes et les préjugés indéracinables, tant la situation intérieure et démographique de Tahiti et des îles voisines était catastrophique (voir chapitres III et IV). En 1823, Dumont d'Urville et Duperrey notaient que « les missionnaires ont totalement changé les mœurs et les coutumes des habitants... Les guerres sanglantes que ces peuples se livraient et les sacrifices humains n'ont plus lieu depuis 1816. La société infâme des arioï n'existe plus. Tous les naturels savent lire et écrire... »[16].
Laissons le pasteur Th. Arbousset détailler les résultats, tels qu'il les a constatés en 1863 en venant pour prendre la relève des missionnaires anglais de la L.M.S.[17] « En 1818, les résultats de l'œuvre des missionnaires sont :
1) le renversement total de l'idolâtrie et l'abandon des rites cruels ;
2) l'abolition de l'infanticide et de la société des ariois ;
3) la disparition du massacre des prisonniers et la cessation de la guerre ;
4) la suppression des amusements vains et démoralisants ;
5) les relations familiales plus affectueuses et douces ;
6) la réformation totale des sentiments moraux et des habitudes ;
7) la profession générale et sincère de la foi chrétienne ;
8) la construction de nombreux temples et écoles publiques ;
9) l'observation générale du dimanche et la fréquentation du culte ;
10) la prière en famille, en privé et en groupe. »
Peut-être est-ce un peu optimiste sur les points 4, 5, 6 et 7 si l'on en croit l'étude du Président Samuel Raapoto sur « la Famille chrétienne »[18]. « Le comportement chrétien, la famille et le mariage, la culture et “la manière des Blancs” ont donné lieu plus à une imitation qu'à une assimilation bien comprise... La méthode première, celle qui imposait l'acceptation, avait du bon ; elle a perdu aujourd'hui de son efficacité… La puissance de l'Évangile pour le salut n'a pas encore pénétré assez loin dans les cœurs et les consciences pour que se lèvent du sein du peuple, des hérauts de la Vérité, des prophètes ou des saints ! » En effet n'oublions pas le succès et l'impact de la secte des Mamaia, dissoute en 1832 ; Pritchard lui-même reconnaissait devant Lord Aberdeen en mars 1841 « que la proportion des convertis s'élevait au tiers de la population et que les chrétiens demeuraient attachés à leur nouvelle foi »[19].
Mais ce qui est certain c'est que « les missionnaires français trouveront une Église bien en place, formée en dehors d'eux, ayant connu un temps d'autonomie de fait. Ils ne seront plus jamais les maîtres de cette Église et ils n'exerceront d'autorité réelle que là où ils seront novateurs : dans les écoles où s'affirme la forte personnalité de Charles Viénot. Mais pendant un siècle, ils accepteront le cadre anglais où les fissures sont rares : les cultes garnis de chants, le “tua roi” (joutes bibliques animés “d'himene tarava”), la structure sociologique en “pupu” (groupes), la hiérarchie des diacres et des “mero ekalesia” (membres d'Église), l'unique collecte annuelle de Mai (“Aufauraa Me”)... Les véritables ethnologues de Tahiti ont nom Ellis, Orsmond, Davies, auxquels il conviendrait de joindre, même s'ils n'ont point laissé d'ouvrages, Jefferson et les deux hommes sur lesquels se cristallisent les souvenirs du protestantisme tahitien : Henry Nott, le traducteur de la Bible, et John Williams, l'apôtre des Mers du Sud »[20].
1836-1863. L'arrivée des missionnaires catholiques aux Sandwich (Hawaii) le 7 juillet 1827, aux Gambier le 7 août 1834, leur essai d'implantation à Tahiti à la demande de quelques Chefs et leur expulsion vigoureuse par Prichard le 12 décembre 1836, amènent un élément nouveau ressenti comme perturbateur et provoquant par les missionnaires de la L.M.S. « On peut admettre que les missionnaires catholiques songeaient, dès leur arrivée en Océanie, à déclarer la guerre aux missionnaires méthodistes et à renverser leur culte. Si c'est justifié d'un point de vue strictement religieux, du point de vue des convenances sociales et du droit, on doit couvrir cela d'un blâme complet. Dispositions d'intolérance qui ne sont plus de notre époque... ; le champ dévolu aux missionnaires était immense »[21].
Un élément géopolitique nouveau (voir chapitre III) intervenait à cette époque : le désir de la France d'être présente dans le Pacifique et la volonté de la Marine d'y avoir des bases et de faire pièce aux Anglais, surtout présents, hors de l'Australie, par les missionnaires. L'intolérance rigide de Bingham aux Sandwich et de Pritchard à Tahiti où il était arrivé en 1824, la multiplicité des fonctions de ce dernier et son influence absolue sur Pomaré IV, sont à la source de l'escalade des interventions françaises à partir de 1837 et qui aboutirent au Protectorat du 9 septembre 1842. Le refus de celui-ci par Pritchard en 1843 sera la cause de la « guerre de Tahiti » qui se terminera le 1er janvier 1847. Le Révérend Mac-Kean y sera tué accidentellement à la place de Bruat qui était visé. Ces événements ont été décrits plus haut. D. Mauer écrit : « Il semble incompréhensible que pour prendre la relève d'hommes du calibre de Nott, de Scott ou d'Hayward et alors qu'il faudrait à Tahiti un autre John Williams, il ne se trouve qu'un Pritchard ! »[22]. Cette période d'épreuves pour la mission anglaise ne se terminera qu'avec l'arrivée des pasteurs protestants français de la Société des Missions Évangéliques de Paris en 1863.
Si la présence française en Polynésie est le fruit conjoint de la raideur orgueilleuse de Pritchard et de l'activité manœuvrière de Moerenhout, le maintien de l'Église Protestante dans ce contexte difficile est dû à la foi profonde et au loyalisme du Révérend Orsmond qui mourra à Tahiti en 1856. Nous avons déjà parlé de son rôle pacificateur. Son attitude uniquement missionnaire au service du peuple tahitien ne fut pas comprise de ses confrères qui quittèrent la mission de Tahiti après avoir tenu Conseil à Papeete le 2 juillet 1844 ; Orsmond fut rejeté par la L.M.S.[23]. Il n'avait plus, à Tahiti et Moorea, que deux confrères : Simpson qui partira en 1852 ; en 1847, ils seront rejoints par William Howe.
Les lois de 1851 et 1852, prises par le Gouverneur pour limiter l'influence politique anglaise des pasteurs, fut ressentie douloureusement par W. Howe qui y voyait la main des missionnaires catholiques. Il répliqua en 1853 par son célèbre et virulent « Tatararaa » (catéchisme), diffusé en abondance. Son caractère pamphlétaire le fit condamner et retirer de la circulation le 19 juillet 1856. Howe rédigea et imprima beaucoup. Il revisa la Bible tahitienne en 1858. Avec énergie et seul depuis le décès du Révérend Orsmond en 1856, il assura le soutien du protestantisme ; mais surtout il orienta les esprits des pasteurs et des diacres tahitiens vers le protestantisme français pour prendre la relève nécessaire afin de revitaliser les églises peu ardentes[24]. Il reprenait ainsi, sans le savoir, une idée des Gouverneurs Lavaud et Bruat[25]. Avec le soutien actif de la reine Pomaré IV, la compréhension du Gouverneur du Bouzet en 1857, l'aide vigoureuse du « lieutenant de vaisseau Caillet qui décida Mr. de la Richerie à nous appeler »[26], le Révérend Howe réussit à ce que l'Assemblée législative adresse une demande d'envoi de « deux missionnaires protestants français » le 15 mai 1860.
Sollicitée officiellement par le Gouvernement de Napoléon III, la Société des Missions Évangéliques de Paris acceptait, en 1862, de prendre en main la charge de l'Église protestante tahitienne. William Howe accueillit personnellement le Pasteur Arbousset, parti de France en novembre 1862 et arrivé en mars 1863 à Papeete. Avant de quitter Tahiti en 1864, il avait estimé, en accord avec la L.M.S., qu'une transition serait nécessaire comme trait d'union entre les deux Sociétés missionnaires et pour assurer la liquidation des biens. Aussi le Révérend Morris succéda à Howe à Béthel (Papeete). En 1868, le Révérend Green prit la suite jusqu'à la mise en ordre totale des intérêts de la London Missionnary Society en 1886. Avec le départ de Green cette année-là et celui de Cooper de Raiatea en 1890, s'achevait définitivement la Mission de la Société des Missions de Londres dans les Établissements français d'Océanie[27].
[13] Th. ARBOUSSET : Tahiti et les îles adjacentes. Paris 1867, p.37.
[14] Ce sont : MM. Davies, Hayward, Scott, Tessier, Walten, Wilson, Youb.
[15] Ce « Temple de Salomon » mesurait 234 m de long, 18 m de large; la toiture était soutenue par 36 piliers centraux, 280 piliers latéraux ; il avait 133 fenêtres, 29 portes, et 3 chaires carrées distantes de 85 m les unes des autres.
[16] Ch. VERNIER, op. cit., pp.157-160. - Ph. REY-LESCURE, op. cit., p.58.
[17] Th. ARBOUSSET : Tahiti et les îles adjacentes, p.128.
[18] S. RAAPOTO : « La Famille chrétienne » (avril 1961), in Ve'a-Notre Lien, 1975.
[19] L. JORE : L'Océan Pacifique. T. Il, p.251.
[20] D. MAUER : Aimer Tahiti, pp.95-98.
[21] Th. ARBOUSSET, op. cit., p.158, citant Vincendon-Dumoulin, t. II, p.801.
[22] D. MAUER : L’Église protestante à Tahiti, Océanistes, dossier 6, p.11. - Voir aussi : L. JORE, op. cit. T. II, pp.197 à 353.
[23] L. MAISSIN au Ministre de la Marine (22-5-1846). F.O.M., Océanie, C 4 A 39. Tout le carton 4 est consacré à cette période troublée.
[24] Ch.VIÉNOT : lettres du 3-10-1874 à S.M.E.P.-D.E.F.A.P., Océanie.
[25] Direction des Colonies au Ministre : août 1850, F.O.M., Océanie C 43 H 9.
[26] Ch. VIÉNOT : lettre du 10-6-1878 à S.M.E.P.-D.E.F.A.P., Océanie.
[27] Ch. VERNIER, op. cit., pp. 180-183.