1836 est donc l'année où, selon toute vraisemblance, le couvent de Rouru a commencé à devenir une réalité. L'archipel était quasiment en état de surpeuplement avec près de 2 500 habitants.
1837 Mgr Rouchouze, ss.cc. (1er évêque de Polynésie, « Vicaire apostolique », résidant à Aukena , a fait partie avec le P. Laval et le Père Caret du premier groupe de pionniers de l'évangélisation des Gambier, arrivé à Mangareva le 8 août 1834) écrit dans sa lettre du 27 novembre 1837 : « Presque toutes les jeunes filles de nos îles se sont fait des espèces de couvents où elles veulent vivre en communauté. Dans le principe, M. Cyprien Liausu occupait une quinzaine de jeunes personnes laborieuses à défricher un coin de terre envahi par les roseaux. Elles proposèrent de se construire une cabane qui pût les mettre à l'abri de la pluie. On le leur permit en croyant ne satisfaire qu'un enfantillage. Une fois installées, elles n'ont plus voulu retourner chez leurs parents... Elles s'appellent du nom de sœurs et ne font rien sans demander la permission à celle qu'elles ont choisie comme supérieure. Leur nombre s'est accru jusqu'à 24 et il serait bien plus grand si nous voulions écouter toutes les vocations... Elles exécutent des travaux dont nous sommes tous étonnés. J'ai menacé “le Père Fondateur”, comme nous l'appelons en plaisantant, de l'interdire lui et son couvent, s'il ne modérait l'ardeur et l'activité de leur zèle... Il nous faudrait 3 ou 4 jeunes personnes qui sussent lire, écrire, coudre et filer, en un mot qui fussent en état de servir aux autres de maîtresses »...
1838 En décembre, le Père Caret, de retour de France, voulut se rendre compte par lui-même de la manière de vivre des jeunes filles de Rouru. « …leur établissement est situé sur un plateau qui domine la mer, au pied du grand pic. Là se trouve une cabane assez vaste où elles sont réunies au nombre de trente environ. Leur occupation habituelle est de filer, mais elle n'est pas la seule... Elles ont défriché un terrain assez vaste, où l'on voit croître le coton, les bananes, les haricots, les ignames, les patates douces, les carottes, les choux, etc. Elles vivent comme des religieuses... Elles avaient appris que j'avais conduit des religieuses à Valparaiso, cela leur a donné envie d'en avoir dans leur île. Pourquoi ne les as-tu pas amenées jusqu'ici, me dirent-elles ? »...
1840 Le 12 avril, le Pylade, navire de guerre commandé par Félix Bernard, arrive à Mangareva, avec à son bord le médecin Pierre-Adolphe Lesson qui a publié ses notes de voyage : « Les Pères ont établi dans un endroit retiré, mais gracieux, à peu de distance du village de Rikitea, une cabane qu'ils ont décorée du nom d'école normale et où logent 40 jeunes filles choisies, élevées comme dans un couvent, sous la direction de trois femmes d'un certain âge et instruites... Dans ce petit couvent, car c'en est un dans toute l'acception du mot, on apprend à lire à écrire à ces jeunes filles, vouées aux pratiques journalières de la religion. À leurs heures de loisir, elles doivent chacune se livrer à la culture d'une petite étendue de terrain qui leur est concédée, puis ce sont elles qui récoltent le coton, en épluchent la bourre avant qu'il soit livré à la fabrication des étoffes. L'écriture de ces jeunes filles est généralement bonne... Leur papier ordinaire consiste en feuilles de bananiers séchées pour les débuts, et elles n'ont du papier de chiffon que quand elles sont déjà avancées en calligraphie. M. de La Tour (Frère Urbain) a extrait du brou de noix de cocos le principe astringent avec lequel il compose l'encre à écrire »....
1841 Le 31 mai 1841, un terrible cyclone s'abat sur l'archipel. Le Père Laval écrit dans ses « Mémoires » : « Le Père Cyprien et tout Rouru sortirent de la grande église où ils tentaient de s'abriter et allèrent se réfugier dans la maison du roi en clayonnage et en chaux. La tempête passée, le Père Cyprien avait préféré se retirer à Rouru où leur grande case, également en feuilles, avec deux compartiments, était debout. C'est là que couchèrent quelque temps le Père (Cyprien) et nos trois Frères (Gilbert, Fabien, Henri) en attendant qu'un nouveau presbytère rut élevé à la hâte »...
Lettre du Père Caret à son supérieur général, du 16 juillet 1841 : « À l'époque de la conversion de l'archipel de Mangareva, un certain nombre de jeunes filles se réunirent pour prier et travailler ensemble ; elles sont maintenant (1841) au nombre de 53, entièrement séparées du reste des indigènes... Elles se choisissent une supérieure à laquelle toutes obéissent avec la plus grande ponctualité.... Le lieu qu'elles habitent s'appelle Rouru. Elles rendent déjà de grands services à la Mission : 5 écoles sont tenues par elles dans la grande île (Mangareva) ; dix pensionnaires (élèves de l'école) sont élevées dans leur retraite et dans ce nombre se trouvent toutes les jeunes filles de la famille royale. Le plus ardent désir de Rouru est d'avoir des religieuses (de la Congrégation SS.CC.) pour recevoir leurs instructions et vivre comme elles jusqu'à la mort ».
Lettre d'une pensionnaire de Rouru au Supérieur Général de la congrégation SS.CC. : « Envoie-nous des religieuses ; c'est à toi qu'il appartient de nous en envoyer. Nous les attendons tous les jours ». (s) Gotepereta.
« Cette personne, écrit Cyprien Liausu, est la Supérieure de Rouru. C'est elle qui a écrit ceci d'elle-même - le 16 juillet 1841 » et il ajoute : « L'école a plus de 80 personnes ».
Une autre lettre a été envoyée à la Supérieure générale, à la même date, par Keina. Cyprien Liausu l'a traduite, avec ce commentaire : « Le navire part à l'instant et il faut d'ailleurs que je me rende à Taravai. C'est donc traduit à la hâte mais la traduction est fidèle »...
1842 Le 16 juin 1842, le Père Cyprien fait mention de la « maison d'éducation pour les filles » (école dont s'occupent les sœurs de Rouru) ; d'après Mgr Jaussen (inventaire de 1849), elle mesure 15 pieds sur 20 mais toutes ses mesures sont sous-évaluées.
Lettre de Cyprien Liausu du 16 juin 1842 : « On va faire dans 8 à 10 jours une autre maison de 90 pieds de long à Rouru ».
1843 Lettre de Cyprien Liausu à son Supérieur Général : « Gilbert (Soulié) et Fabien (Costes), deux frères convers ss.cc., ont construit une autre maison de 93 pieds de long sur 25 de large. Cette maison est habitée par les 80 personnes (les sœurs) dont je vous ai parlé et qui n'attendent que votre agrément et celui de Mme Françoise (Françoise de Viart, la Supérieure Générale de la branche féminine de la congrégation SS.CC.) pour être agrégées à la congrégation des Sacrés Cœurs, ss.cc. ».
Le « Marie-Joseph », brick-goélette ramenant Mgr Rouchouze fait naufrage à hauteur des Malouines ou du Cap Horn. Mgr Rouchouze était accompagné de 25 prêtres, frères et religieuses de la congrégation SS.CC. On peut penser qu'une ou plusieurs religieuses auraient été affectées à Rouru. L'évolution du couvent aurait, sans nul doute, pris un autre tour.
1844 Lettre 24 avril 1844 de Sœur Régis Flechel, de passage à Mangareva, en route pour Tahiti où sa congrégation (Sœurs de St Joseph de Cluny) commence à s'installer : « Il y a aux Gambier une espèce de couvent où elles sont, petites et grandes, près de 60 jeunes filles. Elles cultivent leur bien, elles filent et enfin vivent d'une manière plus régulière que les autres. Les pauvres enfants ne se rassasiaient pas de nous voir tant leur joie était grande. Nous leur avons montré à coudre et nous avons taillé et cousu une robe à la reine ».
« Jeudi 26 septembre, le Père Cyprien et moi avons fait le tour de Rouru. J'ai trouvé l'établissement très vaste et très solide ». (Journal de François de Paul Baudichon, ss.cc., futur évêque des Marquises de passage aux Gambier).
1845 Lettre du Père Cyprien Liausu à son Supérieur Général, du 9 janvier 1845 : « L'établissement des jeunes personnes dont je vous ai déjà parlé a une belle maison en pierre. Elle a 95 pieds de long et 30 de large. Dans le haut, se trouve un beau et grand dortoir et le bas est divisé ainsi qu'il suit : un bel appartement qui a une croisée sur le pignon et deux autres dont l'une sur le devant et l'autre sur l'arrière ; c'est la chapelle dans laquelle va se faire l'adoration perpétuelle. Puis c'est la chambre commune également grande. Enfin un autre appartement sur le pignon semblable au premier. Cet établissement regroupe 78 jeunes personnes qui vivent ensemble sous la forme d'une maison religieuse sans qu'elles soient liées par aucun engagement et elles seront toujours dans le même état jusqu'à nouvel ordre de votre part. Le terrain qu'elles occupent ainsi que plusieurs plantations de taro leur sont donnés à perpétuité. Elles sont très intelligentes et, avec cela, simples et très édifiantes. Je vous ai déjà offert cet établissement et je vous l'offre encore. Voyez, mon Très Révérend Père, de concert avec Mme Françoise (de Viart) ce qu'il y a lieu de faire pour le spirituel et pour le temporel ».
Mémoires du Père Laval : « Une crise de dysenterie aiguë éclata, aggravée par un phénomène d'empoisonnement consécutif à la consommation de farine et de biscuits suspects... Rouru se mirent à courir toutes comme des folles !... J'en ai vu à Rouru avoir des crises toutes les quatre ou cinq minutes !... Père, disait une de Rouru au Père Cyprien “cette maladie éloigne de Dieu”. Aux dires de plusieurs, elles éprouvaient des tracasseries de chair épouvantables »...
1846 Dans une lettre du 17 juin 1846, le Père Laval écrit : « …l'épidémie paraît toucher à sa dernière période. C'est une maladie que les médecins des navires de guerre eux-mêmes n'ont pas très bien connue... Même à Rouru, sur 80 jeunes filles qui y étaient réunies au début de l'épidémie, 24 ont succombé ; parmi elles se trouvent la fille aînée du roi et la fille aînée d'un des oncles de sa Majesté »...
Encore que le couvent de Rouru soit à moins d'une 1/2 heure de marche de la cathédrale, on avait jugé bon de construire, près de l'église et au bord de la mer, un couvent du dimanche où les sœurs venaient loger le samedi et la veille des fêtes. (Le Père Laval appelle cette succursale Ste Agathe). C'est un enclos entouré d'une muraille et flanqué de deux tours de garde.
1847 Lettre de Cyprien Liausu à son Supérieur Général, du 12 mai 1847 : « Depuis ma dernière lettre une maison de 80 pieds de long a été construite, dont 40 pour la chapelle où les jeunes filles vont faire l'adoration perpétuelle dans deux ou trois mois (le 27 août selon Laval). Les 40 autres pieds forment deux infirmeries séparées l'une de l'autre par un mur. Au-dessus des infirmeries est un dortoir assez beau. Il n'y a rien au-dessus de la chapelle pour la raison qu'elle est voûtée. Cette nouvelle maison est à une portée de fusil de la maison qui a 97 pieds de longueur (la maison des sœurs) ».
Construction à Rouru du mur de clôture, de la citerne et d'une chambre pour le P. Liausu à côté de l'infirmerie (cette chambre occupe sans doute la place qui était prévue pour l'une des deux infirmeries, cf. ci-dessus).
1848 Mémoires du Père Laval : « Un Jubilé pour l'avènement de Pie IX a été annoncé. Le Père Cyprien fixa pour le lieu des stations de nos petites îles l'église de l'île de Mangareva et la chapelle du couvent de Rouru (qui venait d'être construite en 1847)... Notre procession (ceux d'Akamaru) allait entrer dans la chapelle des religieuses ; mais il nous a été signifié assez hautement (par le P. Cyprien) que nous devions nous contenter du réduit qui donne en dehors de l'enclos et que l'on appelle la chapelle des étrangers ». (c'est la première mention de cette petite chapelle adossée à la chapelle du couvent et communiquant avec elle, où l'on peut suivre les offices mais derrière une barrière de séparation).
Plus loin, le Père Laval ajoute : « … la maladie appelée koivi, qui avait commencé en 1845 avec la dysenterie continuait toujours en 1848 mais avec moins d'intensité... Rouru surtout et Vaiakara ont dû peupler prodigieusement le ciel ».
1849 État des lieux dressé par l'évêque de Tahiti, Mgr Jaussen ss.cc. : « La chapelle de Rouru à Mangareva peut avoir 30 pieds de long sur 25 de large sans compter un endroit latéral de 12 pieds carrés (la chapelle des étrangers), destiné au public. Le fond est orné d'une belle boiserie, bel autel en puga, tabernacle et lampe et trois tableaux, vitraux de 500 fr., deux reliquaires, deux vases à fleurs - garniture de chandeliers, plus 4 chandeliers, calice et ostensoir comme ceux de Taravai, ciboire en argent, deux petits missels...
La maison du dimanche des filles de Rouru (au bord de la mer) est un peu plus grande que le premier des presbytères de Mangareva qui mesure environ 45 pieds sur 8. L'école de Rouru quant à elle mesure 15 x 20 pieds ; et la grande maison des Sœurs 80 x 20 pieds au moins... »
Mémoires du Père Laval : « … même à Rouru il y en eut 36 qui quittèrent le couvent, la plupart sans avertir ».
1850 Lettre de Cyprien Liausu à son Supérieur Général, du 19 juin 1850 : « Je demande aussi à Mgr Doumer ss.cc. (à Valparaiso) quatre de nos Sœurs pour présider et faire la classe au couvent composé de 60 personnes (religieuses) et 50 pensionnaires (écolières) qui se monteraient à 200 si je voulais les accueillir (la population avoisinait encore les 2 300 habitants). Dans cet établissement où pousse du fruit à pain pendant huit mois et du taro toute l'année, on peut avec la plus grande facilité élever des poules, des dindons et du cochon. La citrouille, les haricots, l'oignon, la laitue et la carotte prospèrent ici on ne peut mieux. Cet établissement est connu sous le nom de couvent des Sacrés Cœurs. Les personnes font l'adoration et l'ordre règne chez elles on ne peut mieux ».
En novembre 1850, l'abbé de Laval, aumônier de « la Capricieuse », visite les Gambier. Dans son « Récit adressé des Mers du Sud », il raconte : « Le couvent est à quelque distance de la ville (sic). On marche entre deux haies d'orangers et au bout d'un quart d'heure, on entre sous les toumeï qui environnent le couvent. Le fruit de ces arbres fait la principale nourriture de la communauté. Le couvent se compose de trois corps de bâtiments, un quatrième est encore en projet... Les congréganistes sont rassemblées sous le nom de congrégation de Jésus et de Marie. Néanmoins ces filles ne sont pas religieuses de profession. Elles ne font pas de vœux. Elles vivent en famille sous la direction d'une supérieure qu'elles choisissent entre elles annuellement. Selon leur attrait, elles passent leur vie au couvent ou s'engagent dans le mariage. Personne n'y trouve à redire et rien n'en souffre. Mais il faut croire que la vie du couvent leur semble bien heureuse car on les voit difficilement se rendre aux propositions de mariage. Leur supérieure actuelle nommée Maxima n'a que 20 ans et voilà 3 ans consécutifs qu'elle réunit les suffrages de ses compagnes parmi lesquelles plusieurs dépassent 30 ans. Cette réunion de costumes blancs sur lesquels tranchent ces cheveux flottants, presque toujours noirs, n'est pas la chose la moins pittoresque de Mangareva.
Le premier corps de bâtiment en entrant renferme la chapelle et l'infirmerie avec 10 lits vacants. Le deuxième vers la gauche renferme une grande classe où les sœurs font l'école aux petites filles de l'archipel et une grande salle où ces enfants prennent, quand il pleut, leurs repas et leurs jeux. Au-dessus de ces deux salles s'étend un dortoir garni de nattes où l'on couche. Le troisième, en face du premier, renferme au rez-de-chaussée la salle qui sert d'ouvroir et de réfectoire dans les mauvais temps ; une pièce contiguë où elles remisent leurs quenouilles, le coton à filer et autres choses de même catégorie ; puis la chambre à coucher commune à la supérieure et à ses deux assistantes. Au-dessus s'étend le spacieux dortoir des congréganistes tout parqueté en belles planches de toumeï et bordé de chaque côté par des nattes en écorce lisse de pandanus, où l'on prend le sommeil exigé par la nature. Un hangar occupe l'emplacement destiné au quatrième corps de bâtiment et contient des instruments divers utiles aux travaux d'agriculture et de construction ; lorsqu'il sera construit, il constituera le 4e point extrême d'une croix grecque qu'il formera avec les trois autres bâtiments, et la cour au milieu ».
1851 Lettre de M. Henry à Mgr Doumer à Valparaiso, du 7 mai 1851 : « Il me reste à mentionner l'établissement que le P. Cyprien a fondé à Mangareva. Je veux parler du couvent. Il abrite environ 60 jeunes filles qui ne font pas de vœux et sont donc libres de retourner chez leurs parents si elles le veulent. Mais elles persistent presque toutes... Depuis 12 ans (en réalité depuis 15 ans) que cet établissement est fondé, 100 environ sont mortes par suite d'une cruelle épidémie mais on n'en a vu que quelques-unes abandonner la communauté pour rentrer chez leurs parents (la population est à ce moment-là de 20 00 âmes P. Nicolas Blanc ss.cc.). Tous les moments de la journée que les jeunes filles ne consacrent pas à la prière et à leur instruction elles les emploient à filer, à coudre et à travailler la terre de leurs mains. Les constructions qui composent cet établissement sont le mur d'enceinte, la chapelle, la salle de travail, le vaste dortoir si bien parqueté en planches de toumeï, avec 60 lits, chacun recouvert d'une double natte finement tissée, la maison d'école pour les petites filles ».
1852 Lettre du Père Nicolas Blanc, du 22 juin 1852 : « La mission possède deux écoles, l'une pour les filles et l'autre pour les garçons. La première est sous la direction du supérieur de la mission (le Père Cyprien Liausu) qui est aidé dans ce travail par quelques jeunes personnes retirées du monde dans le dessein de vivre dans le célibat. Là on exerce les petites filles, au nombre de 150 à peu près, à la lecture, à l'écriture, au chant, à l'agriculture, à la piété, en un mot à être de bonnes mères de famille. Leur assiduité, leur docilité et leurs progrès dans ces différentes branches sont admirables. J'ai vu quelques robes qu'on m'a dites cousues par elles, dont j'ai été fort surpris ».
1854 Journal du frère Gilbert Soulié frère convers ss.cc. : « Le 10 septembre 1854, la fille de Jacques sort du couvent sans avertir ses maîtres. Le Père Cyprien, pour le bon exemple, l'a mise à la porte de l'église »...
1855 Journal de Gilbert Soulié : « Aujourd'hui, 26 janvier 1855, j'ai fini le devant de la porte de la chapelle du couvent de Rouru. Le Père Cyprien fait creuser un puisard pour le couvent, mais je crains qu'il ne fonctionne pas bien »...
(15 juillet) départ du P. Cyprien Liausu. Malade, et découragé, le P. Cyprien (53 ans) quitte son poste sans obédience de son Supérieur (il est revenu mourir dans son pays natal, à Cahors, quelques mois plus tard, le 29 mai 1856). Il laisse la direction du couvent au Père Armand Chausson ss.cc. (Lettre d'Armand Chausson du 16 septembre 1855).
« Il laisse aussi aux religieuses de Rouru des instructions qui les laissent maîtresses d'elles-mêmes... Dans le recrutement du noviciat, une fois que la postulante avait fait sa prière, Dieu devait l'inspirer ou pour entrer au noviciat ou pour en sortir... Sur ce, la Supérieure Thérèse devait admettre si la personne désirait entrer, et ce parti pris, c'était l'inspiration du Saint-Esprit auquel même l'évêque et le Pape ne pouvaient mettre opposition, a fortiori un simple prêtre, dût-il être le Supérieur de la Mission » (Laval lui-même) Mémoires du Père Laval.
Dans une lettre à Cyprien Liausu, du 12 novembre 1855, le Père Armand Chausson écrit : « Quand est-ce que vous reviendrez prendre la direction de votre communauté qui soupire nuit et jour après vous, c'est à la lettre... Tout le chemin en pierre qui a été fait depuis le cimetière jusque près de la maison des “habillés de soie” (référence à une famille moquée connue de Cyprien) est réparé à nouveau. Dans l'intérieur de l'enclos aussi, à partir de la chapelle jusqu'au grand bâtiment (la maison des sœurs) il y a un pavé, plus une cuisine pour les pensionnaires (l'école), à l'endroit que vous aviez, je crois, désigné... Le roi a pourvu abondamment Rouru de vin et d'eau de vie pour les malades ».
En décembre 1855 (le 23), Cyprien Liausu date de Paris sa traduction d'une lettre de Sœur Rose, la Prieure de Rouru, écrite le 14 juin de la même année, six mois après que Cyprien Liausu eut quitté Mangareva. Sœur Rose réclame à nouveau l'envoi de religieuses SS.CC à Mangareva : « Que faites-vous donc dans votre pays ? Est-ce qu'ici il n'y a pas assez de vivres pour toutes ? peut-être notre nourriture ne vous convient pas ? Envoyez-nous aussi des bougies et des flambeaux pour notre autel... demandez aussi des grâces pour notre Supérieure qui s'appelle Thérèse... Priez aussi le bon Dieu de bénir Grégoire Roi de Mangareva ainsi que sa femme et leurs enfants. (s.) Sœur Rose (prieure)... Voici nos noms et nos emplois... » (suivent 32 noms de religieuses « qui ont fait leurs grands vœux » et 21 autres « qui sont au noviciat », dont Philomène, fille aînée du Roi, Adrienne, fille aînée de l'oncle du Roi, Marie, fille de l'ex-grand prêtre des idoles (Matua) ... « Nos élèves sont au nombre de 184 »... (« pour traduction conforme à l'original, Cyprien Liausu de la Congrégation des Sacrés Cœurs de Picpus »).
1856 Le Père Honoré Laval prend la direction de Rouru. Il a 48 ans.
Le 21 novembre 1856, le P. Armand Chausson écrit à son Supérieur Général : « Je viens m'acquitter d'une commission de la part de Rouru et de Thérèse sa Supérieure... qui est de nous envoyer les restes du P. Cyprien. En me priant de vous écrire, les religieuses de Rouru me disaient : dis à Euthyme (Rouchouze) qu'en voyant ta lettre il voit notre lettre, en voyant ton nom il voit les noms de nous toute ».
1857 « Rouru jouit d'une réputation colossale » (Mémoires du Père Laval)
1858 Au mois de juin, le Maputeoa 1er, Capitaine Guézenec, arrive à Mangareva pour faire du commerce, avec à son bord le Dr Prat, médecin de la marine, sa femme et leurs deux enfants, ainsi que Gilbert Cuzent, pharmacien, qui a laissé le récit suivant : « … les missionnaires nous ont conduit à la succursale du couvent de Rouru dans laquelle les jeunes filles de cette communauté descendent passer la journée du dimanche pour ne s'en retourner qu'après les vêpres. Entouré de murs élevés, le terrain de cette succursale est planté d'arbres à pain. La maison principale, composée d'un rez-de-chaussée, est bâtie sur le point culminant de l'enclos, qui en pente douce va jusqu'à la mer »...
M. Cuzent poursuit : « Une dizaine de jeunes filles accoururent vers nous. La plus âgée pouvait avoir 18 ans... Dans une case voisine, nous trouvâmes deux religieuses atteintes de phtisie pulmonaire et crachant du pus à pleine bouche... À cette occasion, le Dr Prat proposa au Père Laval de lui rédiger un médecin de papier, c'est-à-dire une sorte de résumé des symptômes et du traitement des maladies propres au climat de l'archipel... Le Père Laval ajouta : il n'y a rien à faire contre la consomption et ces malheureuses meurent toutes comme cela !... Quelques jours plus tard, le Père Laval nous conduisit à Rouru. Nous franchissons la porte cochère et au fond à gauche d'une vaste cour, c'est la maison principale, c'est-à-dire le couvent, précédé d'un trottoir spacieux. Nous entrâmes au rez-de-chaussée, dans une grande salle aux murs recouverts d'une nappe de toile fine, une longue table était dressée, garnie d'assiettes en porcelaine remplies d'oranges, de bananes, de pastèques et de tranches d'ananas. Des cocos, dépouillés de leur écorce, ouverts et pleins d'une eau limpide, avaient été posés dans autant de verres à pied.
Immobiles, silencieuses et rangées autour de l'appartement, 40 religieuses s'inclinèrent à notre arrivée... La présentation terminée, les jeunes filles se précipitèrent vers la table et, folles de joie, elles s'emparèrent des assiettes dont elles vinrent nous offrir les fruits savoureux...
Une naïve familiarité ne tarda pas à s'emparer de nos hôtes qui... palpaient nos galons d'or, s'emparaient de nos casquettes... nous demandant nos noms et essayant de les répéter. Quelques-unes prièrent les dames de les coiffer, de leur faire des nattes pareilles aux leurs... Un escalier conduit de ce réfectoire au premier étage où se trouve un dortoir composé de 30 lits. Formé d'une claie en roseaux élevée du sol de 60 cm environ, chaque lit se composait d'un matelas, d'un drap de toile fine, d'une couverture de laine blanche, dont la fraîcheur des plis indiquait assez qu'on avait dû les sortir de l'armoire le matin même, en l'honneur de la circonstance. Des nattes protégeaient ces couvertures de la poussière.
À la tête des couchettes et piqué dans la toiture en feuilles de pandanus, était un petit crucifix en cuivre, ainsi que des quenouilles garnies de laine d'une blancheur irréprochable. Blanchie et filée par les religieuses, cette laine sert à confectionner leurs robes, dont l'étoffe est tramée par les tisserands de la mission.
Nous ramenant à l'entrée de la cour, le Père Laval nous fit visiter une chapelle dont l'autel, en blocs de corail taillés, était orné de colonnettes à chapiteaux corinthiens : c'est l'œuvre du frère Gilbert nous dit-il. Des rideaux en calicot blanc garnissaient les fenêtres et, sur une console placée entre deux croisées, était une pendule moderne.
Nous allâmes dans une maison contiguë, visiter un autre dortoir de dix lits (au-dessus de l'infirmerie), semblable à celui dont j'ai fait connaître les détails.
Le missionnaire fit observer que l'heure des vêpres était passée, qu'il fallait redescendre au plus tôt au village ».
1860 Le 22 janvier 1860, après vêpres, le Capitaine de vaisseau Henri Huchet de Cintré, commandant la Thisbée, va visiter Rouru avec le Père Laval. Le navire est venu chercher les pierres taillées à Mangareva par Gilbert Soulié et ses ouvriers mangaréviens et destinées aux portails de la cathédrale de Papeete.
Le Capitaine de Cintré rédige le compte rendu suivant : « En arrivant sur les terres du couvent, une allée charmante plantée en caféiers et orangers conduit à la porte. Il y a deux enceintes. Le pensionnat (école des filles) où nous trouvâmes les enfants s'attroupant devant nous, jouant (les enfants sont tous les mêmes). Dans cette enceinte est la chapelle : elle est simple mais l'autel est remarquable : le devant est d'une seule pierre de corail blanc très bien sculptée ; le dessus de l'autel est aussi composé de deux grandes tablettes de corail divisées par des sujets sculptés en relief. C'est M. de La Tour qui a dessiné les sujets et le Frère Gilbert qui a exécuté. Cette enceinte est plantée en maïoré. Les jeunes filles y trouvent donc de la place pour jouer à l'ombre et, outre cela, leur nourriture. Les maisons où elles logent sont en pierre mais je ne les trouve pas suffisamment aérées et élevées.
Nous entrâmes dans la seconde enceinte, celle du couvent. On attend des religieuses d'Europe pour diriger. En attendant, la Supérieure, Sœur Rose, est une naturelle âgée de 28 ans ; toutes sont jeunes, mais leurs vœux sont temporaires et ne peuvent dépasser une année. Il en sort très souvent pour se marier et elles sont habituées à cette idée. Elles sont, je pense, un peu plus de 20. Elles nous attendaient et nous reçurent dans la grande salle et, formant le cercle, d'abord intimidées, mais bientôt la gaieté revint ; elles nous offrirent des cocos, du maïoré cuit admirablement bien. Ensuite, comme de grands enfants, elles voulurent savoir nos noms, nous dirent les leurs, voulurent nous montrer leur science : j'avais mon livre de messe, il fallut les faire lire. Enfin, c'était une naïveté sans prétention ni coquetterie, qui annonçait une grande innocence... Les nattes de leur fabrication qu'elles ont eu la bonté de nous donner seront conservées avec un soin religieux ».
Journal de Gilbert Soulié : « Le 8 avril 1860, la fille de la reine qui se nomme Catherine quitte le couvent pour se rendre chez sa mère et les religieuses l'y ont conduite ».
1861 Journal de Gilbert Soulié : « Le 3 juin 1861, nous allons commencer à tailler la pierre de la porte d'entrée monumentale de Rouru avec les ouvriers de Mangareva... Le 22 juin, j'ai placé les fondements de la porte sur deux mètres d'épaisseur... L'aspect sera celui d'un petit arc de triomphe qui finira le mur d'enclos de l'institution devenue un vrai couvent l'année dernière, depuis que les pensionnaires sont autorisées à prononcer des vœux annuels renouvelables (sous le Père Cyprien, les vœux n'étaient que de trois mois. Laval, Mémoires)... Dans le mois de septembre 1861, les Sœurs ont été à Tekau pour faire de la chaux et elles en ont fait deux fournées et lundi, elles vont à Aukena pour en faire une autre... Sur la fin du mois de décembre 1861, deux religieuses anciennes font de la peine au Père Laval et à toutes leurs compagnes. C'est Virginie et Catherine qui veulent se retirer, ou les autres veulent les renvoyer pour cause de mauvaise tête »...
1862 Journal de Gilbert Soulié : « Aujourd'hui, 8 février 1862, je viens de finir de recrépir la porte d'entrée de Rouru, ou du couvent si vous voulez bien le dire... Le 22 mars 1862, je viens de finir la grande porte d'entrée du couvent, de placer la serrure, de la peindre et la clef a été remise à la Sœur portière ».
1863 Journal de Gilbert Soulié : « Ce 2 février 1863, j'ai fait 14 battoirs pour les religieuses pour qu'elles nous lavent le linge. Le 5 février, le Père Laval et moi nous allons au couvent porter de l'étoffe rouge pour faire un manteau pour l'adoration. Le 8 février, vers 6h du matin, on a commencé à faire l'adoration (à Rouru) avec le manteau rouge, pour la première fois, avec le plus grand enthousiasme. Elles sont venues me trouver pour me dire de venir voir comme c'était beau... C'est la Sœur Rose, la Supérieure, et la Sœur Madeleine, qui ont commencé les premières à faire l'adoration en manteau rouge... Le 16 février 1863, je vais placer une pendule chez les religieuses pour faire l'adoration... Le 8 mars 1863, les sœurs ont commencé à faire l'adoration à genoux sur les deux chaises que je leur ai faites pour l'adoration ».
1864 Mémoires du P. Laval : « Le 7 mars 1864, un navire se présente à la passe. Il transporte Mgr Jaussen, évêque de Tahiti, venu accompagner lui-même les restes du P. Cyprien à Mangareva... Le lendemain 8 mars, fut consacré à la réception des ossements du R. Père Cyprien... Toute la population se trouvait sous l'arc de triomphe et de réception (ouvrage du Frère Fabien Costes) qui donne sur la mer, en face du débarcadère.
Rouru étaient là les premières. Aussitôt que la caisse recouverte d'un drap mortuaire eut pris terre, les voilà, ces bonnes filles, qu'elles vont s'en emparer... pleurant comme des Magdeleine... Après la messe à l'église, les ossements furent transportés à la chapelle du couvent... On déposa la caisse recouverte toujours de son drap lugubre, près de l'autel à gauche, en attendant que le tombeau rut creusé dans la chapelle ; les sœurs avaient désiré ce privilège.
Quelques jours après, elles vinrent me demander la permission de porter la caisse au milieu de leur chambre commune ; je n'y vis aucun inconvénient. La nuit survenue, Rose, la Supérieure, permit à toute la communauté de la passer couchées toutes autour de cette caisse...
Enfin arriva le jour où Mgr Jaussen permit que l'on ouvrît la caisse pour mettre les ossements dans un meilleur état (rappel : Cyprien Liausu est mort huit ans plus tôt, le 29 mai 1856) Alors, chaque religieuse et novice s'apprêtait à recevoir les ossements chacune sur leur serviette blanche... Mais quel ne fut pas notre étonnement à tous quand, le chef débarrassé, on vit clairement que c'était celui d'une vieille femme ! Elle avait encore tout son toupet de cheveux, là où aurait été la tonsure... Deux dents à la mâchoire inférieure et sur le devant étaient renversées presque horizontalement et le Père Cyprien n'avait pas pareil défaut. Les cheveux du Père étaient noirs et gros, ceux-ci étaient fins comme de la soie et tiraient sur la couleur rouge. Définitivement ce n'était pas les ossements du Père et toute la communauté de se mettre à pleurer ! Monseigneur était ému... Il faut qu'il y ait eu supercherie de quelque carabin ! ... Monseigneur avait obtenu son exhumation à Cahors... la dépouille était restée à Picpus jusqu'au départ de Mgr Jaussen pour l'Océanie ; à Valparaiso, elle est restée chez Monseigneur lui-même et sur le navire elle a occupé sa cabine ... Dans l'incertitude, que, peut-être, il s'y serait mêlé quelques ossements du Père, elle a été enterrée au couvent, mais dans la partie qui sert au public, “la chapelle des étrangers”... »
1865 Le Père Roussel, ss.cc. « trouvant que de transporter les petites filles de Taravai à Rouru (à l'école des sœurs) était un peu gênant pour les parents, et d'ailleurs quelques novices désirant retourner chez elles à Taravai, prit une initiative qui devint utile à la Mission... Il eut l'idée de créer des ouvroirs de filles... Je fis dans toutes les baies de Mangareva ce qu'il venait de faire à Taravai et Akamaru et tout d'un coup nous eûmes neuf maisons où des jeunes filles se réunissaient jour et nuit pour y travailler et y apprendre à travailler le jour et y dormir sans danger la nuit » ... (Mémoires du Père Laval) - (ce sont des élèves en moins pour le pensionnat de Rouru dirigé par les sœurs, et peut-être le début du déclin de Rouru...)
Quelques mois plus tard : « Le Commissaire impérial, M. de La Roncière, voulant se rendre compte des conditions de vie des sœurs... ayant trouvé les portes de Rouru fermées, fit passer dessus le mur un lieutenant pour en faire ouvrir la porte d'entrée. Le coup fait, tout le monde entra, examina le couvent où pas une âme n'était... Je fus indigné de cette violation de propriété de Mgr l'Evêque, qui m'était confiée et cette indignation me fit faire le lendemain les vers suivants :
“La ronce, hier, a grimpé par dessus notre mur;
Car, on sait, son allure est de grimper sans cesse! ...
J'aurais voulu, soudain, l'arracher à coup sûr;
Mais, si vous la touchez, cette plante vous blesse ... (etc.)” » (Mémoires du Père Laval)
Le 1er octobre, le Résident provisoire, M. Laurencin, commence une surveillance étroite de Rouru (en liaison avec l'affaire de l'indemnité Pignon que la reine régente de Mangareva est condamnée à payer). La garde de Rouru est renforcée par le Père Laval. Un dimanche, imitant son supérieur, M. de La Roncière, M. Laurencin escalade le mur et visite tous les coins et recoins de la Communauté vide (c'est l'heure des vêpres). D'autres tentatives ont lieu. « J'allai demander au Résident de quel droit... il allait exiger qu'on lui livrât les clefs du couvent... Il finit par balbutier : je voulais savoir si l'on n'aurait pas caché de la nacre là. Voulez-vous, lui dis-je que je vous y conduise ?... Vous cherchez partout où bon vous semblera car, Monsieur, ce n'est pas là qu'on aurait porté de la nacre... Non, me dit-il alors, je vous crois sur parole »... (Mémoires du Père Laval)
« C'est aussi au moment où leur vertu était exposée à de grands dangers (en la personne des militaires du détachement accompagnant le Résident à Mangareva) et où la persécution dirigeait contre elles mille efforts et mille tracasseries que Rouru, le 21 novembre 1865, renouvelait pour un an ses trois vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance et que sept nouvelles sœurs offraient à Dieu ce sacrifice »... (Mémoires du Père Laval)
« Ces Messieurs (Résident provisoire Laurencin et Résident en titre Caillet) en tracassant si souvent la communauté de Rouru, avaient deux buts bien marqués : ils auraient voulu détruire cette œuvre excellente, boulevard de l'innocence... ou du moins pouvoir en attraper quelqu'une, ce qui eût été pour eux le comble de la réussite » ... (Mémoires du Père Laval)
1866 « Le 24 mars, les soldats vont danser sur les murs de Rouru et inscrivent sur un papier le nom des religieuses et des novices que leurs canotiers (garçons de Mangareva) pervertis par eux leur faisaient connaître »... (Mémoires du Père Laval)
1868 « Sitôt les militaires partis, une pêche fut de suite organisée... La maison Hort de Tahiti envoya de nouveau deux ou trois fois en novembre et mars un navire pour prendre à Gambier de la nacre et des cochons... Nous touchions donc au moment de pouvoir encore un peu lever la tête... Depuis longtemps, une question s'était déjà levée entre le Père Nicolas Blanc et moi, à l'occasion du commerce que faisait déjà le collège (Réhé confié au P. Nicolas). J'étais pour qu'il ne le fit pas.
Mais Rouru le fait bien et depuis longtemps, m'objecta le Père Nicolas Blanc.
Bref, la question fut portée par nous deux au Supérieur Général (de la congrégation SS.CC.) qui décida avec son Conseil que Rouru et le Collège pouvaient faire le commerce n'étant liés par aucun Canon de l'Église »... (Mémoires du Père Laval)
Lettre du Père Nicolas Blanc au Supérieur Général de la congrégation SS.CC., du 27 mars 1868 : « Conjointement avec le Père Laval, nous vous prions de nous faire savoir au plus tôt si les religieuses de Rouru et les enfants du petit séminaire (Réhé d' Aukena) peuvent acheter, avec leurs propres produits, de la nacre qu'ils revendent ensuite aux navires pour s'acheter ce dont ils ont besoin ; si vu le peu de ressources pour l'existence d'une communauté ici, on peut leur permettre de temps à autre de s'acheter de la nacre pour la revendre et augmenter ainsi leurs moyens d'existence avec les objets qui pourraient provenir de leurs produits... Le désir de procurer à nos chères institutions les moyens d'existence sans violer nos saintes règles a été l'unique but de cette demande que nous vous faisons... Nous vous demandons encore si les deux communautés dont il s'agit pourraient fabriquer des habits pour les vendre pour s'acheter de la nacre et autres produits qu'ils pourraient revendre ensuite »...
« Notre jeunesse et principalement quelques filles ont éprouvé un dérangement considérable dans le courant de l'année 1868. Plusieurs de Rouru ont cru devoir se retirer chez leurs parents avec dessein de se marier, les unes ; les autres de rentrer tout simplement dans la vie commune et moins astreinte à des exercices pénibles. C'est une nommée Anne Guilloux, novice, et qui voulait trouver là des épouses pour ses frères, qui nous a valu ce dérangement inattendu ... J'ai toujours été peiné de cette subite résolution de près de 15 personnes »... (Laval, Mémoires)
1869 Le 11 avril 1869, le Résident X. Caillet écrit au Commissaire Impérial : « Maria-Eutokia s'est retirée au couvent. Akakio... est chargé du pouvoir exécutif »...
« Le 27 août à 10 h du matin, la vieille Régente, la bonne Maria Eutokia, mourut novice au couvent, au temps même où elle était au pinacle des honneurs et du commandement » (Mémoires du P. Laval).
1870 Lettre du Père Nicolas Blanc du 2 février 1870 : « Notre petit pays est menacé d'une grande disette. La principale récolte manque complètement cette année et elle a été peu de chose depuis plusieurs années, ce qui réduit le pays à la famine »...
Lettre de Nicolas Blanc du 30 juillet : « Les habitants de cet archipel sont réduits aujourd'hui à 900 âmes... La génération nouvelle va toujours de mal en pis. Elle est prise d'un grand vertige de voyage, de licence et de paresse... tous nos efforts deviennent impuissants... Les étrangers ont fait jouer tous les ressorts pour diminuer l'influence des missionnaires et surtout celle du Père Laval ; c'est surtout contre lui que l'on crie »...
Monseigneur Jaussen, évêque de Tahiti, ajoute à la lettre du Père Nicolas Blanc une note brève à l'intention du Supérieur Général de la congrégation SS.SS. : « Il est temps, je crois, de mettre un terme aux accusations en enlevant la grande île (Mangareva) au Père Laval pour le mettre dans celle où il a commencé (Akamaru)... Je vous propose de concentrer les pouvoirs de supérieur religieux et ecclésiastique sur celui qui le remplacera (ce sera le Père Nicolas Blanc, il a 49 ans) »...
1871 « Le 4 avril 1871, l'évêque retire le Père Laval des Gambier (il a 63 ans), pour le mettre à Tahiti... contre le vœu des populations de Mangareva » (P. Hodée : « Tahiti 1834-1984 »)
1872 Lettre du Père Nicolas Blanc du 8 juin 1872 : « Outre cela, je fais quelques heures de classe par jour aux garçons ; les filles sont chez les religieuses de Rouru »...
Extrait des Annales SS.CC. : « Les Pères Nicolas et Armand, outre le ministère apostolique, tiennent des écoles. Ces écoles ainsi que le couvent des sœurs indigènes doivent tout à l'œuvre de la Propagation de la Foi ».
1873 Lettre du Père Nicolas Blanc du 4 octobre 1873 : « Les mauvaises leçons et surtout les exemples des pervers ont beaucoup gâté nos gens et ont tourné la tête de nos jeunes gens qui sont pris du vertige des voyages »...
1876 Lettre du Père Nicolas Blanc du 19 juillet 1876 : « L'esprit de fatuité et de luxe qui fait le caractère de notre siècle pénètre à gros bouillons jusque dans nos petites populations... La moindre oscillation de la France se fait plus ou moins sentir jusque chez nous. Nos compatriotes savent fort bien faire parvenir jusque chez nos pauvres gens le venin de leurs funestes doctrines et le dévergondage de leurs mœurs. Nos indigènes sans méfiance se jettent facilement dans le bourbier »...
5 juillet, visite du Père Laval (extrait des Annales SS.CC.) : « La visite du Révérend Père Collette, Provincial, accompagné du Père Laval... a mis tout le monde en mouvement. Quand ils furent arrivés, le son joyeux de la cloche les invita à se rendre à l'église. Là se trouvaient à leur place les sœurs et les pensionnaires du couvent de Rouru. Rose, la Supérieure, se tenait à la porte, attendant l'arrivée du Père pour lui baiser la main. “Vous voilà !” lui dit le missionnaire. Rose essaya d'articuler une réponse, mais les larmes suffoquaient sa voix. Dans l'après-midi, nos confrères se rendirent au couvent où leur visite causa un bonheur qu'il est aisé de concevoir ».
1881 Lettre du Père Nicolas Blanc du 5 septembre 1881 : « J'ai reçu 35 francs de Rouru pour la propagation de la foi année 1881 et rien d'ailleurs... » « L'envie de boire mènera infailliblement nos gens à la pauvreté et multipliera les vices. S'ils ne deviennent pas meilleurs qu'ils ne sont, je pense que la fin de la population mangarévienne n'est pas loin ».
La population est tombée à 650 habitants. Depuis 1870, Rouru a sans doute de plus en plus de mal à recruter, d'autant plus que la proportion des femmes par rapport aux hommes diminue et continuera de diminuer. C'est ce qui explique cette étonnante initiative de la Mission.
Lettre de Mgr Jaussen, évêque de Tahiti : « Déjà en 1860, je voyais la nécessité, pour sauver la population des Gambier où les hommes sont plus nombreux que les femmes, d'y importer des jeunes filles. J'aurais voulu, pour retremper le caractère avec le sang, les prendre en Belgique... J'en entretins aussi une dame argentine très influente à Valparaiso, et qui en 1864 me promit son concours.
La diminution considérable survenue depuis lors en la population me fait dire que le moment fatal est arrivé... Ce petit recrutement est maintenant rendu plus facile au Chili, où en 1864 le Père Rousselle disait déjà facile.
Le capitaine de la “Mangarévienne”, M. Berteaud... conduira sagement cette opération... Pour l'honneur de la mission et de la congrégation, je tiens beaucoup à l'heureuse issue d'une démarche qui peut seule sauver Gambier d'une extinction à bref délai »...
Cette initiative est commentée par le Père Nicolas Blanc dans sa lettre à Mgr Jaussen le 5 septembre 1881 : « L'idée d'aller chercher des femmes au Chili leur (le “comité Maputeoa”) sourit beaucoup. Mais la crainte d'essuyer un refus et la valeur de 3 000 piastres (soit 10 tonneaux de nacre que M. Berteaud leur a demandés pour le voyage...) leur fait peur. Ils pensent qu'il vaudrait mieux écrire d'abord au Chili pour s'assurer que les personnes voudraient bien venir et voir en même temps s'il n'y aurait pas moyen de faire ce voyage à moindres frais. Ils ont offert à Berteaud un baril de nacre pour chaque personne chilienne qu'il leur amènerait »... (Aucune suite ne semble avoir été donnée).
1882 Lettre du Père Nicolas Blanc du 27 avril 1883 : « La licence de nos moralistes de passage les a joliment gâtés. Heureusement la foi reste au fond de leur cœur, quoique très portés à se livrer à leurs inclinations déréglées »...
1884 Lettre de Mgr Verdier, évêque de Tahiti, datée du 7 novembre 1884 : « Le chiffre de la population sans cesse décroissant ne permet plus aux habitants de faire les mêmes sacrifices qu'autrefois (allusion aux travaux de construction et de réparation “sans rétribution”...) »
1885 Lettre du Père Nicolas Blanc du 19 septembre 1885 : « La mort a fait de grands vides parmi nos chrétiens sous l'influence des maladies vénériennes qu'ils ont contractées par leur contacts avec les étrangers et contre lesquelles ils n'ont pris aucune précaution par honte de se faire connaître...
La communauté des sœurs indigènes disparaît aussi peu à peu ; il ne nous en reste plus que quatre ».
La population est tombée à 446 personnes. « Cette année-là, on compte 156 femmes seulement ». (François Vallaux, « Mangareva et les Gambier »).
1886 Dans une lettre datée de Tahiti, 10 octobre 1886, le Père Nicolas demande à être remplacé à Mangareva par un Père plus jeune (il a 65 ans et il souffre d'un cancer) « pour garantir autant que possible nos chrétiens contre l'influence de l'invasion de gens de toute croyance religieuse avec des mœurs les plus désordonnées qui vont naturellement se ruer sur notre petit pays pour y remplacer la population qui disparaît »...
Lettre de Mgr Verdier du 4 novembre 1886 : « Je suis en train d'examiner si les Sœurs de St Joseph peuvent être substituées pour l'école des filles aux Sœurs indigènes qui touchent à leur extinction (il n'en reste que trois en santé et une malade) »...
1887 En début d'année, le 21 janvier, arrivée du Père Vincent-Ferrier Janeau, ss.cc. (28 ans), le Père Roussel ss.cc. étant supérieur de la mission.
1888 Lettre de Mgr Verdier, du 24 octobre 1888 : « Il s'agit d'importer des Tuamotu aux Gambier des familles toutes catholiques. Le gouverneur a ordonné de me donner à bord de la “Vire” la préséance sur M. le Directeur de l'Intérieur et écrit au Commandant de s'entendre avec moi pour les j ours à rester dans l'île »...
1891 Au mois d'août 1891, le grand Conseil des îles Gambier fait appel à la congrégation des sœurs de St Joseph de Cluny pour leur confier l'école des filles de Mangareva. Il demande trois sœurs. Jusque là cette école était dirigée par les sœurs de Rouru. « Mais les Sœurs de Rouru n'étaient que trois survivantes très âgées. De toute nécessité il fallait les remplacer ». (Père Vincent-Ferrier Janeau)
1892 « Chez les filles, les sœurs d'origine locale (Rouru) qui ne recrutaient plus depuis un certain temps ont été, en 1892, relayées par trois dames de St Joseph de Cluny... La population totale n'est plus que de 500 âmes ». (François Vallaux, « Mangareva et les Gambier »)
Le 18 janvier, Sœur Mélanie Moison (Mère principale installée à Tahiti) de la congrégation de St Joseph de Cluny, écrit : « Je pars aujourd'hui de Tahiti pour Mangareva. Le Père Roussel, ss.cc. (curé de Rikitea) désire que j'aille choisir moi-même le terrain pour la maison d'école... J'emmène avec moi Marie Gaspard, sœur converse, qui n'a pas le mal de mer !... »
Avril 1892, Sœur Mélanie écrit : « Pendant les quatre semaines que nous avons passées à Rikitea nous avons été à même de bien choisir celui des trois terrains qui sont à notre disposition.
Les sœurs de Rouru ont une belle propriété à la campagne, le couvent. Ce monument remarquable pour nos îles est en ruines, néanmoins son aspect ne laisse pas que d'émouvoir l'âme. C'est là que les religieuses indigènes ont commencé et où elles ont prospéré. Mais c'est là aussi où elles sont toutes mortes, excepté les trois qui restent et où il est mort une centaine d'enfants. Malgré le beau coup d'œil que présente cette campagne, je ne lui ai pas donné la préférence pour plusieurs raisons : la première parce qu'elle est trop éloignée de l'église, la deuxième parce qu'il n'y a pas d'eau, la troisième à cause de la difficulté de se procurer les provisions. Non seulement il n'y a pas de voitures mais pas de route pour les faire passer. Les Sœurs (de Rouru) ont encore deux propriétés en ville, tout près de l'église d'un côté, et de la mer de l'autre ; elles se touchent. Monseigneur (Verdier) me conseillait de choisir celle qui est en ville mais non occupée par les Sœurs afin de ne pas leur causer de chagrin en les déplaçant, c'était aussi mon désir. Mais le Père Roussel ss.cc. (curé de Rikitea) et la population s'y sont opposés parce que ce terrain est un fond où passent toutes les eaux de la montagne et aussi parce que le cimetière est à côté (l'ancien cimetière qui se trouvait devant la chapelle St Michel).
Le Père Roussel avait tout prévu. Il a fait faire une jolie maison aux Sœurs mangaréviennes (les trois survivantes de Rouru) tout près de l'église et c'est là qu'elles ont logé. J'ai donc choisi la maison occupée par les sœurs de Rouru pour notre logement (l'ancien “couvent du dimanche” des sœurs de Rouru). L'enclos est entouré de murailles et flanqué de deux tours de garde. La maison est en pierre, elle mesure 15 m sur 11,30 m, y compris les deux galeries. Elle se compose de trois appartements, un grand au milieu et un petit de chaque côté. Le bâtiment neuf pour les enfants aura 32 m sur 8 ; le dortoir aura 20 m et les classes 12 ; tout sera prêt au mois de juin pour accueillir nos 45 élèves. Nous donnerons à l'école le nom de Notre-Dame de Paix »...
Le Père Vincent-Ferrier Janeau donne son avis : « On sait que l'ancien établissement, trop près du Mt Duff (Rouru) ne voyait le soleil qu'une partie du jour ce qui rendait le séjour mauvais pour les personnes du sexe. Ainsi, de toutes mes forces, j'ai réagi contre ceux qui auraient voulu l'établissement des sœurs de St Joseph de Cluny dans ce lieu. On fut jadis obligé de conduire les petites filles (de l'école des sœurs) à près d'un km et demi pour prendre leur récréation un peu au soleil. Ainsi 200 enfants peut-être sont mortes dans cet endroit malsain et combien de sœurs ? Ainsi après un tel laps de temps, plusieurs parents ont encore horreur de l'école ».
Le 10 octobre, Sœur Mélanie écrit : « Sœur Rosule Ludringer, Sœur Désirée de Jésus et Marie Gaspard partent pour Mangareva pour procurer aux jeunes filles mangaréviennes le bienfait inappréciable d'une instruction solide jointe à une éducation vraiment chrétienne »... Aussitôt elles se trouvent à la tête d'une quarantaine d'élèves toutes internes.
« Les trois dernières religieuses de Rouru, Rota (Rose), Ararina et Gotépéréta (Godeberte), se voyant avancées en âge, furent heureuses de voir venir à leur secours trois sœurs de St Joseph de Cluny » (Annales des Sacrés Cœurs)
1894 Sœur Désirée de Jésus, malade, est remplacée par Sœur Léonce Briens.
1895 40 à 45 enfants 30 sont internes fréquentent l'école des sœurs de Cluny.
La population est d'environ 550 personnes.
1896 Mgr Verdier rend visite à Mangareva (30 septembre 1896) : « Dans ces îles où le catholicisme est arrivé à son apogée, nos Pères ont besoin de veiller de près sur nos gens pour empêcher la décadence que l'impiété, l'immoralité et la cupidité effrénée de quelques étrangers cherchent à introduire... Il s'agit de protestants venus de 20 îles différentes pour plonger... Ils n'y ont pourtant aucun droit, mais l'esprit dévié des Mangaréviens fait qu'ils adoptent facilement ces étrangers sans foi ni mœurs, et se montrent difficiles pour accorder le droit de la plonge aux catholiques de la même circonscription qui sont venus s'établir là et dont les ancêtres étaient eux-mêmes mangaréviens »...
1897 Sœur Mélanie (de St Joseph de Cluny) refuse de se charger de l'école des garçons de Rikitea.
« Le nombre des élèves des Sœurs de Cluny est toujours de 35 à 40. En dehors des heures de classe, nos chères enfants s'occupent de leur nourriture qu'elles vont chercher en grande partie sur la montagne, ainsi que le bois de chauffage. Ce sont elles qui blanchissent et raccommodent le linge, font le ménage, défrichent les plantations et font la récolte du café au mois de mai. Ces différents exercices sont toujours présidés par une Sœur ou deux ».
1898 « Le 25 janvier 1898, notre vénéré Père Supérieur de la mission (le Père Roussel) a été appelé au repos des bons et fidèles serviteurs. C'est une grande perte pour Mangareva et pour nous en particulier... Le Père Vincent-Ferrier Janeau sera son digne successeur. Ce Père est d'une si grande bonté pour nous... » (Annales des Sœurs de St Joseph de Cluny)
1902 Sœur Mélanie écrit le 10 août : « Sœur Odile de la Miséricorde est revenue de Rikitea à Tahiti. Sœur Rosule, la supérieure de la communauté de Mangareva, a agi avec finesse pour la faire revenir. Je le regrette car je ne pense pas qu'elle s'entende mieux avec Sœur Odile du Calvaire. »
1903 Cyclone aux Tuamotu : 500 personnes ont succombé.
Victor Ségalen (l'auteur des « Immémoriaux ») écrit dans une lettre à son ami Mignard : « La race se meurt... Nous venons de passer cinq jours aux Gambier (en fin d'année 1903)... Un sentier qui serait une avenue mène à des couvents abandonnés ; ruines, ruines et 200 habitants (c'est une exagération : un Rapport sur la colonie de 1912 donne le chiffre de 529 dans François Vallaux, Mangareva et les Gambier) J'ai dû, prévenu par le Résident, procéder à l'enlèvement sur la Durance, sous couvert médical, d'une religieuse brimée, affamée, éreintée par sa Supérieure (il s'agit sans doute de Sœur Rosule, la Supérieure de la communauté) »...
Le 16 juin 1903, Sœur Godeberte (Gotépéréta), dernière survivante de la communauté des Sacrés Cœurs de Rouru, meurt à l'âge de 70 ans elle avait donc connu le « Père Fondateur », Cyprien Liausu Elle est enterrée au cimetière St Michel, devant la chapelle du même nom, à côté des autres sœurs de Rouru.
Cette disparition marque la FIN DE ROURU. Même le cimetière disparaîtra, emporté par des pluies diluviennes qui ont débuté le 4 mai 1925 et duré une semaine.
1904 Sœur Louise, la nouvelle supérieure de Tahiti (Sœur Mélanie est décédée en 1903), écrit à sa Supérieure générale à Paris : « L'école des Sœurs de Cluny de Mangareva est fermée depuis le 30 juin 1904 ». La subvention dont elle bénéficiait est allouée à l'école laïque que le Gouverneur vient d'établir.
Les sœurs de Cluny mettent en place un ouvroir à Mangareva et restent pour s'en occuper.
Lettre de Mgr Verdier, du 24 août 1904 : « Aux Gambier, les écoles congréganistes sont fermées. Le Père Janeau (qui faisait la classe aux garçons) a été révoqué comme instituteur insoumis (refus de se séculariser) ».
1909 Fermeture de l'ouvroir ; départ de la dernière des Sœurs de St Joseph de Cluny.