2015 - Homélie Mgr Hubert

Homélie funèbre de Mgr Hubert COPPENRATH – 27 juin 2015

Obsèques du diacre Karl Teai

27 juin 2015

Il y a exactement 18 ans, le 27 juin 1997, Karl Teai était ordonné diacre permanent dans cette église de la Sainte-Trinité. Il a donc servi la paroisse de la Sainte Trinité et le diocèse de Papeete comme diacre pendant 18 ans. Dix-huit ans pendant lesquels il s’est donné à fond avec enthousiasme et générosité.

Il était protestant, mais comme ses parents n’étaient pas pratiquants, il n’avait vraiment pas d’expérience religieuse. Le 24 novembre 1979, il avait épousé dans l’Église Catholique Bernadette Teto qui était une fervente catholique, mais il n’allait jamais à la messe ni au temple et ne savait pas ce que c’était  qu’avoir la foi. Il a fallu la maladie et la mort de son père pour qu’il le découvre. C’est une période où il a beaucoup prié, espérant sauver son père de la mort. Il a ainsi fréquenté des groupes où l’on vivait la foi avec conviction et joie. Il n’a pas obtenu la guérison de son papa, mais il a découvert la vie chrétienne et comme il a fait cette découverte dans le cadre de l’Église catholique, il a voulu être catholique. Son épouse n’a pas cherché à l’influencer et le clergé de Pirae l’a fait attendre avant de commencer son instruction religieuse. Enfin, le 21 avril 1984, il a été reçu dans l’Église Catholique, ce fut pour lui une immense joie qui s’est prolongée tout au long de sa vie. En effet désormais sa vie avait un sens et il était décidé à vivre pleinement l’Évangile aussi bien dans sa vie familiale que dans sa vie professionnelle et au service de l’Église.

Dans sa famille, il a été un époux attentif et un bon père de famille pour ses deux fils Karl et Jean et pour sa fille Maru. Dans sa profession, il a été un fonctionnaire du service des contributions compétent, consciencieux, apprécié de ses supérieurs et de ses collègues. À la paroisse de Pira’e, il s’est vite engagé, dans le Rosaire vivant, dans le Renouveau  Charismatique. Il a suivi la formation de l’école des katekita et il a gravi rapidement les échelons, devenant successivement tavini taa ‘ê, tauturu-katekita, katekita. Encouragé par les prêtres de la paroisse, il est entré à l’école des diacres. Il n’a pas cherché le diaconat comme un honneur, mais comme un moyen de mieux servir. Devenu diacre à 41 ans, en pleine force de l’âge, il s’investit pleinement à la paroisse de la Sainte Trinité. Les curés passent, le diacre reste ; aussi avec le temps il devint quelqu’un qui comptait beaucoup pour cette paroisse de la Sainte Trinité où sa rectitude de vie, son dévouement le désignaient aux yeux de tous comme un vrai chef spirituel et un auxiliaire précieux pour le prêtre responsable.

Il s’investit également dans l’ordre des diacres car il avait une haute idée du ministère diaconal et il souhaitait que les diacres puissent remplir pleinement leur fonction dans une collaboration confiante avec le prêtre de la paroisse. Lui-même, par sa personnalité et son dévouement, honore véritablement cette fonction. Aussi les diacres l’ont choisi comme délégué, chargé d’organiser toutes les activités communes et des relations avec l’évêque. Il s’est si bien acquitté de cette fonction que ces collègues l’ont constamment réélu.

Au plan diocésain, ses qualités d’organisateur, le sérieux qu’il mettait dans tout ce qu’il faisait, ses qualités relationnelles l’ont fait choisir bien souvent pour des missions importantes. Beaucoup se souviennent de la prière œcuménique organisée à To’ata à l’occasion de l’accident d’Air Moorea. Il avait été choisi comme ordonnateur de la cérémonie et il remplit cette fonction devant une foule considérable avec une dignité et une maîtrise remarquée par tous.

Il avait été choisi aussi comme répondant du Renouveau Charismatique et à ce titre, avec le diacre William Tsing, il avait organisé la venue et le séjour du P. Roger Paulin. Malheureusement la maladie l’a frappé quelques jours avant l’arrivée du P. Paulin. Il a eu cependant, malgré sa grande faiblesse, la satisfaction de savoir que cette initiative avait été une réussite totale.

 Le jour de son ordination diaconale, Mgr Michel avait rappelé que le mot diacre vient d’un terme grec diakonos qui signifie serviteur et qu’ainsi le diacre doit garder les yeux fixés sur Jésus-Christ, le Fils de l’homme, « venu non pas pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ». À cet égard, Karl a été un vrai diacre, car son désir de servir ne se restreignait pas seulement au ministère diaconal. Il aidait tous ceux qui lui demandaient de l’aide, surtout les petits et les humbles ; il le faisait sans attendre de retour, simplement  par esprit évangélique et parce qu’il s’était imprégné de la spiritualité diaconale.

La paroisse de la Sainte Trinité et l’Église de Polynésie ont perdu un grand serviteur qui sera difficile à remplacer. Les fidèles l’ont bien compris qui sont venu en masse dès mardi soir auprès de sa dépouille funèbre témoigner de leur estime et de leur reconnaissance. Arrivé, vers 21 heures, j’ai constaté que les gens, faute de pouvoir trouver un parking sur l’esplanade près de l’église, avaient laissé leur véhicule sans hésitation en bas de la côte et montaient à pied. C’est la première fois que je voyais une telle foule à la Sainte Trinité. Mais déjà, lorsque la nouvelle de sa maladie s’est répandue, j’ai pu constater la consternation des fidèles. Cette maladie, il l’a voulu la vivre, comme toute chose d’une manière exemplaire, sans révolte et en se confiant  à la volonté de Dieu.

Que la figure de Karl Teai soit pour nos diacres un motif de fierté. Et, non seulement pour les diacres, mais aussi pour les prêtres, un témoignage qui nous aidera à vivre notre ministère comme Karl a vécu le sien, avec simplicité et modestie, avec un sens évangélique du service, mais aussi avec joie et enthousiasme.

À toi Bernadette et à vos enfants, ainsi qu’à toute la famille, j’adresse ma profonde et respectueuse sympathie. Après avoir célébré l’eucharistie avec ses disciples, Jésus leur a posé cette question : « Lequel est le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? » Au regard du monde, bien sûr c’est celui qui est à table. Mais Jésus a ajouté : « Or moi, je suis parmi vous à la place de celui qui sert » Le disciple de Jésus doit suivre lui aussi la voie que Jésus a choisi. Karl l’a bien compris et il s’est imprégné de cette spiritualité. Aussi les paroles que Jésus a ajouté valent aussi pour Karl : « Je dispose pour vous du Royaume comme mon Père en a disposé pour moi ». Le moment est venu pour Karl de s’entendre dire : « Viens, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître ». OUI KARL, ENTRE DANS LA JOIE DE TON MAÎTRE !

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