1996 - Où demeures-tu ?

Lettre aux prêtres du Presbytérium

"OÙ DEMEURES-TU ?"

(Jn 1, 38)

C’est la question des premiers disciples à Jésus qui leur répondit « Venez et vous verrez ». L’évangile ajoute « et ils demeurèrent auprès de lui, ce jour-là ».

Aujourd’hui le Christ lui-même est en droit de nous poser la même question « …Où demeures-tu ? »

Prêtres de Polynésie, il nous faut aller où est Jésus ; Le voir là où Il est et demeurer avec Lui, et pouvoir Lui répondre « Seigneur, tu le sais, je demeure avec toi, en toi, et c’est toi aussi qui peut faire de moi un prêtre dans tout son être ».

Puisse cette lettre vous aider à vous approcher de Jésus, plus même, à demeurer chez lui. Plusieurs évènements à venir ou déjà passés nous y invitent d’une manière pressante.

 Tout d’abord l’imminence du Jubilé de l’An 2000. Le Pape dans sa Lettre Apostolique sur la préparation du troisième millénaire dit au n. 8 « La religion qui a son origine dans le mystère de l’Incarnation rédemptrice est la religion dans laquelle on demeure dans le Cœur de Dieu, dans laquelle on participe à sa vie intime. Soyons les premiers à préparer ce Jubilé pour aider les fidèles à le vivre. « Demeurons dans le Cœur de Dieu ! »

Ensuite, le Synode diocésain de 1989, orienté surtout sur l’apostolat des laïcs, n’a rien dit sur la vie ou la formation du prêtre. Nous n’avons donc pas de texte de référence. L4Institution régionale du « Renouveau Sacerdotal » a compensé certes cette lacune (1). En particulier le P. Hubert Lagacé en janvier 1995 à Païta nous a aidés à lire et à méditer « Pastores dabo vobis » sur la formation des prêtres dans les circonstances actuelles. J’ai retenu surtout que le besoin de connaissance de l’autre et d’aimer, chez le prêtre, ne peut devenir un amour universel et chaste sans une perception exacte et joyeuse de l’identité du prêtre.

 Enfin ce sont maintenant14 prêtres locaux qui sont ordonnés, si l’on inclue le P. Joseph momentanément à Tahiti, le P. Tahiri des Pères des Sacrés-Cœurs, et Charlie Tabanou qui pourrait être ordonné en fin d’année ? C’est parmi les prêtres locaux que la moyenne d’âge est la plus basse. Votre tâche est de faire apparaître plus clairement en Polynésie le visage du prêtre, tel que l’Eglise en dessine les traits, par un attachement fidèle et intime au Christ qui vous a choisis comme Il a choisi, enseigné et formé ses apôtres. 

LA VIE SPIRITUELLE DIU PRÊTRE

L’Exhortation Apostolique « Pastores dabo vobis » explique au n. 16 que « la relation fondamentale du prêtre est celle qui l’unit à Jésus Christ,Tête et Pasteur ; il participe en effet d’une manière spécifique et authentique à la ‘consécration’ ou ‘onction’ et à la ‘mission du Christ’ (Luc 4, 18-20) ». Il n’y a pas à côté de cette première relation, une relation à l’Eglise juxtaposée. Car le sacerdoce, comme la parole de Dieu ou les sacrements, appartient à ce qui constitue l’Eglise. Le prêtre est « dans l’Eglise » et « face à l’Eglise » car il exerce son service d’Eglise pour promouvoir l’exercice du sacerdoce commun des fidèles. Au 5è § du n. 16, il est affirmé que « la relation du prêtre avec Jésus Christ et, en lui, avec son Eglise, s’inscrit dans l’être même du prêtre, en vertu de sa consécration ou de l’onction sacramentelle, et dans son agir, c’est-à-dire dans sa mission ou dans son ministère ». Demandez au Seigneur de faire, à l’instar de St François d’Assise, par une grâce spéciale, l’expérience spirituelle de l’union du Christ et de l’Eglise. Que le Seigneur vous montre combien le Christ est l’Eglise, et l’Eglise le Christ. Une simple écoute des enseignements de St Paul ou du Christ ne suffit plus. Il y a tant de courants à notre époque qui tentent de séparer Eglise et Jésus Christ. C’est au prêtre au plus profond de son âme d’unir, par la grâce de sa vocation et de son ordination, Jésus Christ et l’Eglise. Sinon il ne pourra parvenir « à une perception exacte et joyeuse » de son identité. Au contraire il doit de toutes les forces spirituelles déployées par la perception de son identité tendre à devenir une fidèle "représentation sacramentelle" du Christ (N.16).

C’est en y parvenant qu’en lui ‘l’être’ et l’agir’ ne peuvent plus être séparés. Un homme ne fait pas bouger les membres de son corps, en agitant la tête, en bas, en haut, à droite, à gauche. C’est un influx nerveux, où la pensée et la volonté se trouvent intimement mêlées, qui va ordonner les mouvements du corps de cet homme. Toute l’activité extérieure de l’homme, provient d’un mouvement intérieur. Un berger est bon berger non pas parce qu’il se contente de marcher en tête du troupeau en le guidant par certains gestes. Les brebis ne garderont leur cohésion que si elles reconnaissent la ‘voix’ qui leur inspire confiance et établit la sécurité. Il faut que le courant passe entre lui et le troupeau.

Ainsi en est-il du prêtre, il est ‘tête’, à l’image du Christ qui l’a choisi ; et il ne sera représentation sacramentelle du Christ que si l’Esprit pénètre sa pensée, son cœur, son corps au point qu’il diffusera un véritable ‘esprit sacerdotal’ en tout ce qu’il dira et fera.

Il est ‘pasteur’, au milieu de l’amuiraa où il a été envoyé, non par le rang qu’il occupe au milieu d’elle, mais par les ‘liens’ d’une profonde charité qui le pousse à aimer chaque personne, à la défendre de tout danger, à la nourrir des vérités de l’Evangile et des grâces des sacrements, à l’accueillir avec respect et délicatesse «comme je connais mes brebis me connaissent, ainsi je connais mon Père comme mon Père  me connaît ». Le prêtre lui aussi doit accéder à l’amour filial du Père …prière, enseignement, sacrements, accompagnement des fidèles, témoignage de vie ont leur source dans le Père (comme le Père me connaît et que je connais le Père, dit Jésus).

Les beaux fruits de la prière, du ministère et du témoignage du prêtre apparaissent lorsque ‘être’ et ‘agir’ ne font plus qu’un.

« Ce que je vis dans le Christ Tête et Pasteur, c’est ce que je fais dans le ministère que l’Eglise me confie et comme l’Eglise me le demande ». Je ne puis ‘agir ‘, et, ‘demeurer’ ailleurs . Ordination et Mission sont inséparables et découle l’une de l’autre.

QUELQUES POINTS D'APPLICATIONS

 

Le Presbyterium

Vous avez sans doute remarqué déjà que nos chants traditionnels à l’évêque, pour les missionnaires, le prêtre, les vocations ne mentionnent jamais que les prêtres sont unis à l’évêque par la grâce du sacrement de l’Ordre. Sans doute est-ce difficile pour les laïcs de trouver des paroles et une expression juste pour parler du ‘presbyterium’. Ces mêmes chants rappellent les vertus de l’évêque, des missionnaires, leur ministère ; il y a aussi de tr-s beaux chants sur l’Eglise en continuité avec les Apôtres et le Christ.

Le thème de l’Eglise communion est un des plus grands thèmes du Pape Jean-Paul II et le Pape cherche dans ce mystère de communion l’origine des dons et vocations dans toute l’Eglise. Il le rappelle à propos des prêtres au n. 12 qui, par leur sacerdoce, doivent travailler à la communion de l’Eglise, pour préparer l’union des hommes avec Dieu. Mais cette communion à établir dans l’Eglise a aussi sa source dans le sacrement de l’Ordre. Pour des fonctions différentes, diacres, prêtres et évêque participent au même sacrement et à la même mission. Le Christ a voulu l’unité de ses apôtres pour que le Monde croît..Les relations entre évêque et prêtres doivent être bonnes et confiantes et chacun doit y contribuer pour un vrai partage ministériel, apostolique, une prise en charge de l’évangélisation. L’unité au sein du Presbyterium doit comporter une grande fraternité, une solidarité avant tout dans l’apostolat, le partage des mêmes soucis pour les vocations surtout, mais aussi la formation permanente des prêtres. Le peuple de Dieu a besoin de notre unité pour comprendre la pastorale diocésaine et s’y intéresser et sentir l’engagement de l’Eglise ;

Mes rencontres du jeudi pour le bréviaire et le repas sont utiles. La journée des prêtres diocésains aussi dans la mesure où nous parlons « du cœur » de notre ministère, de la pastorale paroissiale, et que nous échangeons librement, spontanément.

Les jeunes

Incontestablement notre présence au milieu des jeunes est une nécessité à l’heure actuelle et nous pouvons les atteindre de différentes façons. L’apostolat des jeunes ou pour les jeunes n’a pas commencé au moment où les difficultés et les dangers qu’ils affrontent sont devenus « terribles ». Mais la mission nous appelle plus encore de ce côté et Dieu en soit loué, les dernières ordinations montrent que les jeunes prêtres ont un souci des jeunes. Il y va de la crédibilité de l’Evangélisation. Là encore nous devons resserrer nos rangs autour de cet objectif si important même si pour l’atteindre plusieurs formes d’apostolat sont possibles. Ne nous lançons pas devant tel ou tel type d’apostolat, ou dans une entreprise apostolique limitée, sans concertation, sans prévoir l’avenir, sans se soumettre à un discernement ou une évaluation faits en commun. Les intuitions généreuses conformes à l’évangile ont leur part de grâce. Elles doivent être partagées et comprises pour que la solidarité pastorale puisse jouer à plein.

Les atolls

En conformité avec le dernier Synode 1989 ( A-1 ; A-2 ; A-5) depuis 2 ans de Papeete, souvent à la demande des prêtres du secteur, des groupes sont allés aider leurs frères des atolls. Je ne peux citer de mémoire toutes les îles qui ont eu ainsi la chance de bénéficier d’une retraite, d’enseignements…etc, mais de Mangareva à Rangiroa, elles sont nombreuses. Là encore je crois qu’il faut plus d’entente, parfois une meilleure répartition de l’aide…Le P. Hodée veillait à cela lorsqu’il était là, le P. Hubert et moi-même pouvons vous aider et aider les amuiraa lointaines si vous soumettez vos projets assez longtemps à l’avance.

Dès maintenant en tout cas veillez à ne plus faire supporter par des petites paroisses des frais de voyage ou de séjour hors des proportion avec leurs moyens réels. Certes ces paroisses sont heureuses de ce qu’elles ont reçu, mais il arrive qu’ensuite il y a itde la mésentente en raison des dépenses trop importantes.

Les études

A ne pas confondre avec la formation permanente qui s’applique à tous les prêtres et dans le diocèse même.

Chacun à tour de rôle sera appelé à compléter ses études après entente entre l’évêque et le prêtre. Mais l’évêque aussi bien que les prêtres ont le devoir d’envisager des études en fonction des capacités et qualités, besoins de chacun, et en fonction des attentes du diocèse « le prêtre est fait pour les hommes » (Sacerdos propter homines). Vous savez que nous allons avoir des années difficiles : beaucoup d’anciens vont bientôt être à la « seconde retraite » (cessation d’activités) – le Grand Séminaire doit former de bons prêtres et ils ne peuvent l’être que si l’équipe formatrice est compétente. Très vite pour faire face à des problèmes de sécularisation et de culture, chaque prêtre doit penser à acquérir une compétence assez précise dans les domaines devant lesquels un clergé local ne peut reculer = Ecriture Sainte – théologie – catéchèse – histoire – droit canonique (c’est fait au moins pour les années à venir), formation humaine – langue tahitienne – spiritualité… etc. Il y a beaucoup de créneaux à occuper.

Dernière difficulté, tout le monde ne peut partir en même temps.

Enfin il ne serait pas bon de partir à froid, faire tel ou tel type d’études. C’est pourquoi je vous invite à commencer ici même quelques explorations des champs que vous aimeriez cultiver pour votre profil – et celui des fidèles.

Metua Varua

C’est ainsi que l’on nous appelle pour nous distinguer des autres personnes qui peuvent être des metua mais ne sont pas prêtres. L’expression tout aussi courante est « Metua perepitero » ; elle implique dans l’esprit des fidèles une référence à notre vocation, à notre mission, à notre ordination. Le « Metua paroita » c’est celui qui a la responsabilité d’une amuiraa.

Chacune de ces expressions peut amener une conversion si nous y réfléchissons bien, si nous les entendons au plus profond de notre âme. Ce ne sont pas des formules révérencielles, le Christ les a condamnées ! Ce sont des expressions qui atteignent notre identité. Par notre vie, notre discipline de vie, notre vie spirituelle répondons aux appels de nos fidèles car il s’agit bien chaque fois d’appels… personnalisés quand on y ajoute le prénom du prêtre. Mais notre identité est tellement indiquée par l’expression « Metua » qu’il n’y pas d’esquive possible !

Rien qui ne rende plus heureux les fidèles que notre attachement au service paroissial – nos efforts pour rendre le premier dialogue avec eux respectueux – paisible – sans à priori – fructueux. Quand aucune raison proprement évangélique (nous pouvons avoie des obligations auprès de gens qui comme les exclus sociaux sont hors paroisse – auprès des écoles – services publics… etc.) ne nous commande pas de sortir… même loin et longtemps – assurez la permanence au presbytère, ne la laissez pas vide. Tenez votre poste ; vous marquerez votre attachement au service de l’amuiraa qui rend tellement de services !

Attention à notre style de vie = le prêtre ne fait pas de vœux de pauvreté, mais il est tenu comme tous les fidèles à l’esprit de pauvreté et plus qu’un fidèle. Ne cherchons pas de mécènes et si des fidèles sont vraiment généreux, orientez-les à donner à leur paroisse. Nous avons logement – nourriture – vêtement – sécurité – relations – de quoi circuler. Ne soyons pas au top ! les fidèles se détacheraient de nous. Dites-vous bien que si vous dépensez beaucoup, les fidèles qui vous connaissent vous respectent, ne personnaliseront pas leur réflexion… et diront quand même « l’Eglise est riche ». Certes il peut y avoir des prêtres pauvres car ils n’ont pas de ressources en dehors de leurs honoraires de Messe – qu’ils n’aient pas peur de venir me voir ou que d’autres pour eux viennent me voir.

Il avait été proposé à Païta en janvier 1994 d’aider les jeunes prêtres diocésains du Vanuatu… voilà le Carême qui se présente à Pâques. Mais il s’agit de solidarité fraternelle. Il n’y a pas de temps pour cela. Notre oubli peut être réparé.

Un autre chemin pour rejoindre la pauvreté c’est de connaître les pauvres et d’avoir un faible pour eux.

Rapport de pastorale d’année – Comptes-rendus

La plupart d’entre vous avez des responsabilités de Curé. Depuis 1995, un rapport pastoral est demandé pour chaque paroisse. Certains l’ont déjà fourni, d’autres pas. Les Curés des îles peuvent se servir des formulaires établis pour les paroisses des îles hautes.

Mais vous devez aussi à chaque mission dans les îles, dans une autre paroisse, lorsqu’elle dépasse le cadre normal de votre ministère, me faire parvenir un compte-rendu de cette mission. C’est souvent la seule manière pour moi de vous suivre dans votre ministère et le seul moyen qu’auront vos successeurs de se faire une idée du travail fait avant eux. Tout ce qui sera consigné par écrit sera précieux un jour pour l’archidiocèse.

Ceux qui ont, en plus de leur apostolat en paroisse, un travail d’aumônerie, « Légion de Marie » - « Rosaire Vivant », « Service des Vocations », Scouts, catéchèse, retraites… doivent également rédiger un compte-rendu personnel de leur animation spirituelle et des activités de leur groupe. Il y va de la coordination pastorale.

Tout cela fait partie de « fardeau léger » qu’un Presbyterium doit porter pour que tout se fasse en Eglise.

Retraites et Animation de groupes de prière

Ayez soin chaque fois que vous animez une retraite ou dans la semaine un groupe de prières d’être avant tout des « animateurs de la Foi ». Même si le côté enseignement, au premier abord passe moins bien, rendez-le attrayant. La piété c’est bien, mais seulement si elle s’enracine dans la Foi, encore plus si elle s’enracine dans une Foi éclairée. On me signale des abus qui me paraissent dangereux concernant par exemple les pains de vie = dans certains cas ce ne sont plus des versets de la Bible qui sont inscrits des souhaits, des invocations douteux pris non pas dans les Ecrits de Saints reconnus, mais dans des livres de révélations, d’apparitions… Mettez non seulement un frein à cela mais un arrêt complet.

Concernant les groupes du Renouveau, on me signale qu’il y a de plus en plus de personnes qui interviennent dans des prières de guérison pour imposer les mains, faire entendre les paroles de science. Là encore il faut mettre de l’ordre et d’ici que je puisse rencontrer les responsables du Renouveau, n’acceptez plus aucune personne qui désire intervenir, ou que vous voudriez vous-même faire intervenir. Il est arrivé qu’une personne se mêle d’intervenir dans des prières de guérison dont la conduite était condamnable…le scandale ensuite ne peut être évité.

Le Jubilé de l’An 2000

Je voudrais évoquer bien d’autres questions avec vous, mais voici la dernière.

Le diocèse s’est à peine lancé dans la préparation du Jubilé. Il le sera davantage lorsque les pèlerins d’août 1997 seront revenus de la Journée Mondiale des Jeunes à Paris.

Ce Jubilé est une chance pour l’Eglise, pour notre diocèse également. Mais je crois que cette grâce nous pourrons la saisir que si le clergé local en premier, fait de ce Jubilé l’occasion d’un renouveau spirituel et missionnaire. Pour nous-mêmes certes. Mais notre population catholique attend que ses prêtres soient à la source de ce renouveau. Réfléchissez tant soit peu, 3 Synodes en 20 ans, œuvre souvent de laïcs aidés des prêtres d’alors qui ont compris, avec le Concile, que la formation des laïcs était une priorité. Depuis il y a eu des diacres, et les 14 prêtres locaux que vous êtes. Vous avez un double devoir : 1) soutenir les convertis, ceux qui se sont engagés, ceux et celles qui ont une vocation   2) vous avez réussi à aider l’ensemble de la population catholique et la Polynésie tout entière à trouver ou retrouver les voies de la Bible, la puissance de la Parole de Dieu, la fécondité de la prière, l’amour de l’Eucharistie qui contient avec Jésus toute notre foi… vous avez à être « la représentation sacramentelle » du Christ comme le dit le Pape pour tous les prêtres. Ce Jubilé est l’occasion de revoir, revivre, dynamiser, d’ouvrir les yeux sur notre Mission commune à partir des éléments qui déterminent sur le plan social et religieux la situation polynésienne à l’heure actuelle.

Alors si les prêtres locaux veulent bien répondre à ces appels – comprendre le sens de ce Jubilé – se remettre en cause – s’épauler mutuellement, être ensemble les artisans d’un retour à la Foi, d’un renouveau dans l’Eglise… cela fera la joie des croyants.

Vont s’interférer dans ce Jubilé en 1997 le 5 mars le 200ème anniversaire de l’arrivée de l’Evangile et en 1999, sans doute à Rome, le Synode des Evêques de l’Océanie. Tout cela ne peut nous laisser indifférents et nous interpellent comme une « parole de Jésus » pour notre temps.

CONCLUSION

N’oubliez pas que la fête du Sacré-Cœur est désormais la Journée de Sanctification des Prêtres ? à la demande du Pape. Dans notre diocèse nous avons conservé ce jour. Vous devez en parler à vos fidèles.

Comme il avait été question au Renouveau Sacerdotal de 1990, entre autres, de communautés sacerdotales, Mgr Deroubaix, mort cette année, dans ses vœux très brefs avait dit « je souhaite que vous réussissiez à bâtir des communautés sacerdotales fraternelles ». C’est une des clefs de ce renouveau sacerdotal indispensable pour nous ouvrir aux attentes des hommes et de l’Eglise.

Que le renouveau charismatique que beaucoup d’entre vous vivent, vous aide fortement à faire vivre intensément en vous les grâces de votre prêtrise.

Travaillons aussi au coude à coude dans la cordialité avec tous les autres prêtres du Presbyterium. Ils pour nous des frères indispensables pour notre vie sacerdotale.

Le premier pauvre pour un prêtre c’est son confrère. Sans malice. Je ne veux pas parler ici de cette pauvreté sociale qu’une grande partie de la population supporte injustement. Mais d’une autre pauvreté très réelle souvent spirituelle, parfois humaine, qui viennent de nos croix respectives – de nos échecs – de problèmes de santé – des incompréhensions dont nous sommes victimes ou dont les autres sont victimes. Si je suis le seul à pouvoir aider quelqu’un, quelles que soient les ressources de cette personne par ailleurs, je dois l’aider car elle est pauvre pour moi et l’est alors réellement. C’est souvent cela qui arrive aux prêtres ; certains pensent vivre une solitude au-dessus de leurs forces… besoin du pardon, de dialogue, d’accompagnement. Des barrières se dressent parfois dans nos relations, ni mauvaises ni bonnes ; mais quand la simplicité, le manque de confiance, le découragement s’installent… le prêtre devient un mendiant manchot devant qui aucun confrère peut-être ne s’arrêtera. Il faut parfois du temps à un évêque pour réaliser cela. Alors soyons nous-mêmes, comme les pauvres ne cachons pas notre pauvreté et si nous la constatons chez les autres soyons prêts à donner ce que nous avons « je n’ai ni ceci, ni cela, mais… ». On peut aider un jour, être pauvre le lendemain. Que la solidarité spirituelle joue de toute façon car le Seigneur Jésus nous a choisis, parce que l’Eglise nous a ordonnés, parce qu’il y a dans tout prêtre des capacités de renouvellement et de renouveler qui doivent jouer à plein. Non seulement pour palier aux crises, mais pour avancer beaucoup plus sur le chemin de l’Amour de Dieu et du prochain.

« L’Amour de Dieu nous presse… ». Notre Presbyterium existera parce que nous  ferons ensemble, avec la grâce de Dieu, la présence de Marie, nous réussirons comme les Apôtres à une redécouverte du Christ et de notre Mission. « Demeurons dans le cœur de Dieu » comme le Pape le dit, mais ensemble. N’ayons pas peur de cette grâce supplémentaire.

Le 3 mai 1996

Mgr Michel COPPENRATH
Archevêque de Papeete

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