1976 - Vocation - exhortation

Exhortation aux fidèles de l'Archidiocèse de Papeete

à l'occasion de la Semaine des Vocations

Une question d'authenticité

Le sort de l’Eglise dans l’Archidiocèse de Papeete dépend de quelques vocations sacerdotales et religieuses que nous devrions avoir dans les 10 années à venir.

Pourquoi ? Il ne s’agit pas de remplacer ceux et celles qui, après ces 10 ans, seront morts ou ne pourront plus travailler.

Il ne s’agit pas non plus de pallier à l’impossibilité dans laquelle nous serons bientôt de faire appel à des missionnaires venant d’Europe.

 C’est une question « d’authenticité » : notre diocèse n’aura figure d’Eglise que si des prêtres lui sont donnés par les familles chrétiennes, les paroisses, les écoles, les mouvements et associations de notre pays.

L’Evangélisation a un commencement, progressé, et passe nécessairement par le développement de la vie religieuse. Là encore c’est une question d’authenticité : l’Eglise doit « s’évangéliser elle-même » (Message pour la Semaine des Vocations DC 1976, p. 455).

Notre Eglise est déjà locale par les fidèles qui la composent et le nombre important de laïcs qui y ont des responsabilités, ou sont engagés dans le Monde. C’est un des bienfaits du second Concile du Vatican et l’un des résultats de nos deux Synodes diocésains que cette multiplicité d’adultes enthousiastes pour leur Eglise et plus affermis dans leur existence chrétienne.

Mais aujourd’hui l’Eglise se tourne vers les jeunes de ce pays car c’est la seule source à laquelle elle peut légitimement aller. C’est de nos îles, de notre Société polynésienne que doivent sortir les hommes et les femmes qui, par la consécration de leur Vie à Dieu, implanteront vraiment l’Eglise en lui donnant une nouvelle croissance.

Si belle que soit cette perspective elle fait peur à certains, beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles s’effraient à la pensée d’avoir à avancer en « isolés »,  d’être peu compris, de la société à laquelle ils appartiennent, et peu soutenue par la communauté catholique d’ici.

Aussi cette exhortation s’adresse à vous tous catholiques de Polynésie :

- la vocation à une vie consacrée ne se perçoit pas dans les livres, mais sur un fond de la société à évangéliser ;

- la vocation à une vie consacrée, spécialement sacerdotale, n’est finalement acceptée qu’en référence à l’Evangile.

Une Église et une société à évangéliser

La Mission de notre Eglise en Polynésie détermine aussi la vocation de chaque chrétien. Notre mission commune dépend de la place et du caractère même de notre Eglise, et de la société dans laquelle toute la communauté catholique se trouve insérée.

Être « catholique » … ?

Tout d’abord rappelons-nous que nous sommes « catholiques » ! Ce mot nous rend fiers de notre Foi, mais ne le réduisons-nous pas souvent à une simple étiquette pour nous différencier des autres ? Nous sommes peut-être contents de notre appartenance religieuse, mais songeons-nous aux exigences que contient pour chacun d’entre nous le mot « catholique » ! Au milieu de tant de confessions, qui parfois ont avec nous un patrimoine spirituel commun, nous avons aussi en d‘autres domaines à avancer « seuls ». Le mot catholique n’évoque pas seulement l’Universalité, il recèle un appel à la « plénitude » ! : l’Eglise catholique est celle qui, avec la Foi, possède tous les dons : les sacrements, les ministères ordonnés, la vie religieuse active et contemplative…, et… mais tout cela intégré en un tout vivant dans le Peuple de Dieu, prêtre, roi, prophète, de par le baptême. En Polynésie avouons que pour nous beaucoup de ces dons sont restés ou cachés , ou dans le domaine du possible… ! Quand nous prononçons le mot Evangélisation, nous pensons peut-être trop aux autres ! Ceux à qui d’autres vont le porter ! La pensée que l’Evangélisation nous englobe ne nous a peut-être pas effleurés ! Et pourtant l’Eglise tout entière ne doit-elle pas s’évangéliser ! C’est ce que le Saint Père rappelle dans son Exhortation du 8 décembre 1975 (DC 1976, p. 1 et sq) ? Paul dit en 1 Cor. 12, 12-30 : dans le corps du Christ, il y a tous les dons, il en est de toutes sortes, mais il faut aspirer aux meilleurs. Ceux qui répondront à tous les appels du Seigneur, laisseront toutes les grâces, tous les charismes agir, grandir, et ils vivifieront eux-mêmes l’Eglise par la réalisation de leur vocation. Le Saint-Père disait aussi : « il y a tant de chemins qui s’ouvrent devant nous ! Mais nous savons qu’ils resteront déserts si nous ne décidons pas à les parcourir… (Message Journée des Vocations DC 1976, p. 456).

Sur qui fonder l’Eglise ici même ?

En fouillant davantage le mystère de notre Eglise, nous rencontrons ici l’attachement de nos fidèles à Pierre et ses successeurs. Tout Tahitien, même non catholique, sait à quel point nous reconnaissons dans le Collège apostolique et maintenant dans le pape et le Corps Episcopal un des caractères essentiels de la véritable Eglise du Christ . Nous sommes fondés sur Pierre et les douze (Mat. 16, 18) (L.G. 18. 19. 20). Le second Concile du Vatican après avoir rappelé que « la mission confiée par le Christ aux apôtres est destinée à durer jusqu’à la fin des siècles (Mat. 28, 20) étant donné que l’Evangile qu’ils doivent transmettre est pour l’Elise principe de toute sa vie, pour toute la durée du temps », déclare « c’est pourquoi les apôtres prirent soin d’instituer, dans cette société hiérarchiquement ordonné des successeurs «  (L.G. 20). Qu’en tirer comme conséquence pratique pour nous ? Ce qui est vrai dans le temps doit l’être aussi sur toute la surface de la terre. Le Concile emploie pour le dire une image magnifique… « ceux qui sont établis dans l’épiscopat dont la ligne se continue depuis les origines, sont « les sarments par lesquels se transmet la semence apostolique ». Et le Concile souligne enfin que « les évêques ont reçu pour l’exercer avec l’aide des prêtres et des diacres », le ministère de la communauté ». Ils président au nom et  place de Dieu le troupeau, dont ils sont les pasteurs, par le magistère doctrinal, le sacerdoce du culte sacré, le ministère du gouvernement » (L.G. 20). Vous, fidèles de Polynésie si attachés à Pierre, à la Succession et à la Tradition Apostolique, n’avez-vous jamais pensé, que cet attachement dans la Foi au fondement même de l’Eglise, suppose que les ministères, épiscopat, prêtrise, diaconat soient fermement enracinés ici même. Un pèlerinage à Rome, surtout pendant l’Année Sainte, comporte une requête :que ce qui se voit au centre de la chrétienté, et dans toute l’Eglise, se réalise dans notre pays. Que des pierres vivantes deviennent dans l’édification totale de notre Eglise, diacres, prêtres, évêques. L’Eglise ne peut être seulement catholique ailleurs dans toute la plénitude du sacrement de l’Ordre, sans le devenir également ici par un consentement courageux et filial de ceux que le Seigneur veut mettre à part pour cela.

L’insatisfaction de notre laïcat …

En partant de ces deux attitudes chrétiennes fondamentales chez nos fidèles, vous vous êtes sans doute reconnus : au fond de vos cœurs, vous sentez maintenant combien est longue la route à parcourir pour passer de la simple fierté d’être catholique et de la simple foi en Pierre, les apôtres, leurs successeurs et coopérateurs, à la construction effective de l’Eglise chez nous ! Mais c’est urgent ! Il faut aller vite ! Notre laïcat, nous l’avons rappelé dès le début, se montre actif. Les associations, mouvements, groupements, de toutes sortes se multiplient et signe non moins réconfortant, les associations plus anciennes se montrent plus vigoureuses, diversifient leur action… Un espace plus vaste se développe pour les laïcs soucieux de prière, de vie spirituelle, de fraternité, mais allant toujours plus loin, avec plus d’enthousiasme, dans leurs engagements ces mêmes laïcs voudraient à leur côté la présence de prêtres, religieux, religieuses de chez nous. Il subsiste chez nous  fidèles de Polynésie, comme une insatisfaction, puisque votre vie apostolique n’est pas animée par l’action d’un clergé local suffisamment nombreux. Certes vous accordez toute votre confiance et votre estime à tous nos missionnaires qui sont pleinement du diocèse. Mais il s’agit là plutôt d’une adoption qui réconforte, permet de fonder une vraie famille ; mais notre Mère souffrira toujours de rester stérile. Jamais peut-être vos familles n’ont senti à ce point l’impérieuse nécessité d’une vie sacerdotale et religieuse qui sorte vraiment de la prière et de la vie du peuple chrétien.

L’Eglise locale …

Cette attente de notre laïcat, se ramène à une raison pastorale fondamentale. Notre mission est faite désormais de toute une Histoire, elle est reliée, au développement de la Foi dans le Pacifique Sud. La Polynésie Française occupe sans doute une position géographique marginale à l’Est, mais avec des relais culturels avec d’autres îles, et une culture propre. Nous appartenons à la Conférence Episcopale du Pacifique Sud. Nous sommes ainsi au milieu de tous les diocèses rassemblés, une Eglise particulière, dont le caractère local déborde largement nos frontières et inversement nous sommes influencés par nos lointains « voisins » plus que nous le pensons. Le Saint Père dans son Exhortation sur l’Evangélisation nous redit ce qu’est une Eglise particulière : « L’Eglise Universelle s’incarna de fait dans les Eglises particulières constituées de telle ou telle portion d’humanité concrète, parlant telle langue, tributaire d’un héritage culturel, d’une vision du Monde, d’un passé historique, d’un substrat humain déterminé. L’ouverture aux richesses de l’Eglise particulière répond à une sensibilité spéciale de l’homme contemporain » (DC 1975, 14)

Le Saint Père, en montrant l’articulation entre Eglise Universelle et particulière assigne à cette dernière  sa mission propre qui est de refléter le « caractère local » d’une population déterminée, pour mieux y insérer l’Evangile c’est pourquoi depuis quelques années nous nous efforçons entre autre de faire fleurir et de développer, une «  vie religieuse communautaire » au cœur même de notre société polynésienne. Certes le centre de Pamatai se développe lentement mais s’ouvre de plus en plus au désir des jeunes filles en plein accord avec cet objectif essentiel. L’Evangile pourrait-il sans cela traverser et sanctifier toute notre vie sociale ? Nos candidats au sacerdoce vont désormais à Suva. Ils y retrouvent la nouvelle génération des prêtres du Pacifique. Ils communient plus étroitement au nouvel élan missionnaire qui part maintenant de nos îles et la réalité polynésienne prend dans leur vocation une consistance suffisante pour donner à leur volonté d’être tout au Christ et à l’Eglise, un fondement humain où ils reconnaissent aussi l’appel de Dieu.

Ceux qui ne sont pas encore au Séminaire seront aidés dans leur cheminement vers le sacerdoce par la connaissance des situations humaines et sociales de notre pays. Non seulement nous ne devrions pas avoir peur de reconsidérer en profondeur, notre situation missionnaire, mais nous devrions le faire avec la certitude d’y découvrir notre vocation et celle de l’Eglise tout entière. Les apôtres après avoir été appelés ont été amenés par Jésus à contempler «  l’abondante moisson. Que nos jeunes soient aidés à découvrir l’important travail apostolique qui les attend dans nos îles, alors ils entendront mieux l’incitation du Maître à le suivre et le servir comme prêtre, religieux ou religieuse.

 

L'Évangile donne l'éclairage définitif sur la vocation…

La vocation à une vie consacrée spécialement sacerdotale, ne se perçoit bien    qu’en référence à l’Evangile, c’est le second point de cette exhortation. Il se trouve que chez nous  nos jeunes sont interpellés sur 3 points essentiels à la vocation ou à la discipline sacerdotale.

M’engager ? Oui ! Mais, me faut-il renoncer à un métier, une profession et à ce qui les accompagne, un salaire mensuel, et à la sécurité d’une douce retraite ?

M’engager ? Oui ! Mais, est-ce pour toujours ?

M’engager ? Oui ! Mais, me faut-il renoncer à prendre femme et fonder une famille ?

La vocation sacerdotale attire, les conditions dont elle est assortie, retiennent beaucoup de jeunes sur le seuil !

Répondons à ces trois interrogations qui sont comme autant d’obstacles. Mais il est des chemins dont on n’élimine pas les obstacles, car ils ne sont pas artificiels. On ne monte pas à l’Orohena en restant dans les vallées.

Laisser les filets…

Les apôtres «  laissant là leurs filets suivirent Jésus ». Que veut dire cet abandon des filets ? Sinon que les disciples de Jésus subordonnèrent toute activité humaine à leur ministère apostolique, à l’annonce de l’Evangile. Ce n’est pas un simple geste, uns simple pause, pour bénéficier de quelques moments pour la réflexion ou la prière. C’est un changement radical de vie. Il peut arriver que des prêtres donnent une grande partie de leur temps, à des travaux de recherche de toute nature, à des tâches éducatives, qu’ils exercent même à plein temps, ou à temps partiel une profession d’ordre intellectuel ou manuel. Mais ce que demande l’Evangile c’est la subordination absolue de tout activité humaine et sociale à l’exercice d’un ministère ordonné, comme l’est la prêtrise ;Les laïcs eux aussi sont appelés à annoncer l’Evangile de par leur baptême, l’engagement dans le laïcat ne compte pas pour autant de renoncement à construire le Monde également en priorité. Le prêtre, lui, vit de l’Evangile et c’est d’abord cela l’esprit de pauvreté, car il abandonne non seulement les inconvénients d’un métier mais aussi ses avantages. L’exercice d’un métier droit nécessaire à la promotion de l’Homme, contribution nécessaire de chaque homme à la promotion sociale, alors pourquoi renoncer à un métier ? Hors de nos îles en beaucoup de pays, la société sécularisée ne reconnaît plus les « vocations essentiellement spirituelles ». Fort heureusement chez nous, ce n’est pas tout à fait le cas. Mais il est temps que des jeunes apportent le témoignage de leur engagement, pour que notre société, nos familles reconnaissent en eux la primauté des valeurs spirituelles qu’eux-mêmes admettent et vivent déjà par leur Foi.

Permanence du Sacerdoce…

« Laisser ses filets » ? Oui, mais pour combien de temps ? Entre le temps de la rencontre et celui de la Pentecôte, les apôtres sont bien revenus à leurs filets, c’est vrai ! C’est une tentation terrible pour tout apôtre de chercher cette compensation lorsque le Maître vient à manquer ! Mais l’imposition des mains a toujours eu un caractère définitif. Le sacerdoce est permanent. Quand on est prêtre, on ne recommence pas sa vie. Le sacerdoce d’un homme n’est pas limité à un temps, à un groupe, à un pays, à une mission temporaire. Fort heureusement il ne semble pas que ce caractère définitif soit remis en cause dans la mentalité polynésienne, au contraire… Il reste cependant que lorsque l’on est jeune, il peut arriver qu’on s’en effraie. Un sens du sacré peu entamé par la vague de sécularisation vous aide à comprendre cette «  stabilité » absolument nécessaire à la vie du prêtre. Mais comprenez aussi que la vocation sacerdotale est tellement liée à la « permanence » que n’accèdent à la prêtrise que ceux qui pendant toutes leurs années de jeunesse acceptent de vivre comme s’ils avaient déjà fait le choix définitif. Si bien que dans notre Eglise, sauf cas de conversion, ou de vocations exceptionnelles, n’arrivent au bout que ceux qui, consciemment ou inconsciemment, pendant les premières années de leur adolescence, ont vécu comme s’ils s’étaient déjà engagés. Voilà pourquoi le stade de la « préparation » est aussi important que le stade de la réalisation. La seconde phase ! le jeune homme l’assume lui-même, mais la préparation n’est assurée que par le consentement général de tout le diocèse, la compréhension de tous, la vie, l’exemple et la prière de tous. Normalement l’émulation fraternelle dans l’Eglise devrait maintenir tous les jeunes au-delà de leur adolescence, dans l’état de disponibilité morale requise. Ainsi le Seigneur appellera à tout âge, et le jeune pourra répondre même au terme de son adolescence ou au début de sa maturité.

Le  célibat …

Troisième point : certains jeunes sont « déroutés » au sens littéral du mot, par l’obligation pour le prêtre d’être célibataire. Qui peut avoie affaire le « célibat », qui découle d’une discipline de l’Eglise, avec l’histoire de filets ? Quand on a renoncé à tout, pourquoi faut-il encore être et rester célibataire ? La question a été posée par le Concile, reconsidérée partout dans l’Eglise, dans les Conférences épiscopales et par le Synode épiscopal de 1971 à Rome.(DC 1972, p. 10 et s.) Le Pape lui-même en a longuement traité. Finalement lui-même et les évêques ont pris conscience que nous ne trouvions pas seulement devant une question de discipline, mais que nous étions engagés par une aspiration profonde déjà très ancienne et toujours actuelle aussi dans l’Eglise, à ce que le prêtre conforme sa vie, même sur ce point, à celle du Christ,. Certes le Christ lui-même a dû appeler des gens mariés pour être apôtres, mais il a fait l’éloge de ceux qui ne se marient pas et a prêché d’exemple (Mat. 19, 12 et s.) Evènement très caractéristique dès la première génération de chrétiens, dans l’Eglise apostolique, Paul, apôtre lui-même, officiellement par conséquent, presse certains à ne pas se marier (1 Cor. 7, 25-40). Ce qui était une exception va être considéré par l’Eglise comme souhaitable pour l’ensemble du clergé. Pour une question aussi grave, ne faisons pas appel à l’histoire de l’Eglise, mais principalement au Nouveau Testament. L’Eglise pour faire réapparaître toute la fraîcheur et la vigueur de l’Evangile veut que ceux qui deviennent prêtres fassent de la vie même de Jésus, un modèle et une source. Une grâce spéciale est donnée par Dieu à ceux qui l’appellent pour rendre possible cette appartenance exclusive au Christ. (1 Cor. 7, 1 et 8, 9 ; Ministère et Vie des prêtres (P.O. 16, 430-433))

En face de l’Evangile, la société permissive non seulement exalte la sexualité, mais la présente toujours comme une fin en soi et exclusive de toute aspiration morale ou religieuse. L’Evangile, révélation de l’Amour de Dieu, nous fait découvrir, que cet amour divin est présent en tout : aussi bien dans l’amour des époux, que dans l’amour chaste de ceux qui se sont voués tout entier à Dieu et à tous les hommes.

Fort heureusement une meilleure connaissance de la sexualité et de son importance déterminante permet d’accorder à l’Education Sexuelle la très grande attention nécessaire. Mais l’Education sexuelle ne s’accompagne pas pour le chrétien d’initiation sexuelle. L’effort des jeunes à vivre de vraies fiançailles avant leur mariage serait d’un soutien considérable pour les jeunes appelés à la vie religieuse ou sacerdotale. Le climat chrétien autour de la sexualité sera toujours différent de celui que crée le Monde. La sexualité est ordonnée par le Créateur à des fins qui ne sont pas uniquement terrestres. Le prêtre célibataire témoigne de l’Absolu de Dieu, ici bas, mais aussi dans l’au-delà. «  « L’Evangélisateur » dans le prêtre commence humblement à témoigner sur notre pauvre terre, et dans son pauvre corps, du « Royaume des Cieux ». « Qui potest capere capiat » (Mat. 19, 12). Qui peut comprendre, comprenne. Cette parole du Christ est une parole prophétique à l’Eglise de tous les temps, à ses disciples de tous les temps.

L’Eglise à Tahiti souffre d’un retard considérable par rapport à d’autres diocèses polynésiens comme les Tonga ou Samoa où chaque année on compte plusieurs ordinations. L’an prochain au « Séminaire Régional du Pacifique » à Suva, il y aura 70 élèves, nous n’y aurons toujours que 2 Tahitiens !

Je fais appel aux jeunes pleins de Foi et qui ont aussi le souci de l’authenticité.

Une Eglise qui ne se prend pas en charge n’est pas une Eglise. Notre Eglise s’évangélise elle-même. La vie religieuse et sacerdotale apparaît comme le fruit de l’action évangélisatrice à l’intérieur de l’Eglise.

Gagner d’autres hommes à évangéliser ? Oui bien sûr, mais pour augmenter la pâte, il faut le ferment.

Que la Semaine des Vocations, mieux préparée cette année par une plus large réflexion, par une prière plus intense, favorise la générosité pour un engagement libre et total. Que le Service des Vocations en soit remercié.

Ayons cependant la clairvoyance, la patience, et l’obstination des humbles pour faire nôtre ce message. Soumettons-le à l’agrément du Seigneur, au cœur de chaque vie, et Maître de l’Avenir.

Demandons à « Maria no te Hau » d’aimer plus fortement l’Eglise. Celle qui fut image initiale de l’Evangile, et au milieu des apôtres présents à la naissance de l’Eglise, sera présente aussi à son renouveau chez nous.

Puisse-t-elle être un jour présente au milieu de l’équipe fraternelle des prêtres, religieux, religieuses qui auront été appelés, en étant fidèles à leur propre vocation à assurer avec nos laïcs la Mission de notre Eglise dans nos îles.

 

Semaine des Vocations - Novembre 1976

Monseigneur Michel COPPENRATH

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