Chronique de la roue qui tourne
Chronique de la roue qui tourne
J'avais oublié
« L’amour appelle l’amour ! Pour changer le cœur d’une personne malheureuse, il faut d’abord l’embrasser, lui faire sentir qu’elle est désirée, qu’elle est importante, alors elle cessera d’être triste. Que souffle ici sur nos visages un vent de libération. Que germe ici le don de l’espérance. » Pape François, audience générale du 14 juin 2017
La semaine dernière, je suis retournée à Te Vaiete, après de longs mois de désertion. Faute avouée, faute pardonnée, n’est-ce pas ? Quoi qu’il en soit, j’y suis retournée, avec mon petit dictaphone… ce ne sont pas moins de 5 interviews qui se sont enchaînées.
Et je me suis rendue compte que j’avais oublié. J’avais oublié que l’autre que l’on croise souvent autour de la Cathédrale en train de rire et très « fatigué » – comme dirait Père Christophe -, cet autre porte un passé un peu trop lourd pour ses épaules. J’avais oublié que certains sont confrontés à l’horreur jeune, beaucoup trop jeune. J’avais oublié combien ils ont besoin de parler et d’être entendus, eux que la société cherche à gommer. J’avais oublié combien l’homme est – et doit rester – plus grand que ses erreurs, que ses choix, que notre perception. J’avais oublié combien notre regard réduit systématiquement les choses… jusqu’au moment où nous nous laissons surprendre. J’avais oublié qu’il faut un peu de temps et de l’attention pour découvrir la valeur de l’autre et redécouvrir ce « quelqu’un » que tu crois connaître. J’avais oublié le malaise qu’on ressent lorsque l’autre raconte sa vie de merde en pleurs. Devant ce désespoir, nul ne peut se défiler, et surtout pas un « chrétien ». J’avais oublié leur regard lorsque je dis « bêtement » : ça va aller, continue, ne lâche pas. J’avais oublié que pour ces petits mots qui ne m’ont rien coûté, qui n’ont rien changé à leur situation, pour ces petits mots ils te donnent un sourire et un merci. J’avais oublié que dans un bénévolat, les notions de « donner » et « recevoir » ne sont pas des voies à sens unique, toi bénévole reçois autant, sinon bien plus, que ce que tu donnes.
Bien sûr, toutes ces notions ne nous sont pas étrangères, nous saisissons assez bien le concept. Tout cela, on le sait... en théorie mais prenons-nous le temps de passer à la pratique ? Osons-nous nous confronter à la réalité.
L’homme n’est pas une science où il nous suffirait d’apprendre une leçon pour tout savoir. Non, l’homme est à rencontrer un jour, à redécouvrir à tout moment et à aimer à chaque instant !
La chaise masquée
© Nathalie SH – P.K.0 – 2017
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