Archidiocèse de Rouen 1925 (1)

Bulletin religieux de l’Archidiocèse de Rouen du 22 août 1925 p.848-849

MONSEIGNEUR ATHANASE HERMEL

Chevalier de la Légion d'honneur

Tous ici, et spécialement ses anciens professeurs, ses condisciples et ses élèves, ont appris sans surprise, mais avec grande joie, la nomination de Mgr Hermel comme chevalier de la Légion d'honneur, au titre militaire. Rappelons, à cette occasion, ce que nous disions dans « Nos Prêtres au champ d'honneur ». L. J.

Mgr Athanase Hermel, évêque de Casium, vicaire apostolique de Tahiti, de l'ordre de Picpus, originaire de Fécamp, fit ses études au Petit Séminaire diocésain du Mont-aux-Malades. Entré dans la Congrégation des Pères du Sacré-Cœur, dits de Picpus, il revint à Rouen comme professeur au Grand Séminaire, puis fut envoyé

à Papeete, dont il devint bientôt l'évêque.

À la déclaration de guerre, il fut mobilisé sur place avec le titre d'aumônier militaire. Il était à Papeete le 22 septembre 1914 lorsque deux croiseurs allemands, le Gneisenau et le Scharnhorst, commandés par l'amiral Von Spee, vinrent bombarder cette ville. Tout un quartier fut incendié. Mgr Hermel se rend immédiatement aux batteries du mont Faiere où sont groupés les marins français : « À mon côté, dit un témoin oculaire, nous rencontrons Mgr Hermel, aumônier volontaire qui, d'instinct, se porte à l'endroit le plus exposé. Couvert de boue gluante, suant et soufflant, il a perdu son chemin, mais son visage reste aimable et souriant quand même. Il monte avec nous. Les énormes projectiles allemands s'abattent sur le fort. Fort aimablement Monseigneur nous a offert l'absolution, disant toujours avec son bon sourire : “Je suis ici pour vous aider à bien mourir”. » Bientôt l'amiral Von Spee, déçu par cette résistance, quitte Tahiti et se rend aux Marquises. Mais quelques pro-allemands et quelques peureux dirent très haut que si le fait se renouvelait, ce serait folie de résister. Mgr Hermel, le dimanche suivant, dans sa cathédrale, loua les autorités civiles et militaires qui avaient décidé la résistance, et fit paternellement la leçon aux timides. Aussi l'évêque fut-il remercié par l'officier de marine qui commandait à Papeete. Après avoir loué le clergé, celui-ci ajouta dans sa lettre officielle :

« En ce qui vous concerne personnellement, Monseigneur, je ne puis que vous témoigner ma respectueuse admiration et vous remercier au nom de l'armée dont je suis le représentant.

Pour vous rendre au poste le plus dangereux où vous appelait votre devoir d'aumônier militaire, vous avez gravi sous le feu de l'ennemi la pente entière, découverte, exposée, qui mène aux batteries. Une fois arrivé, vous avez contribué puissamment par votre autorité morale et votre courage, au maintien du calme et du sang-froid.

Hier encore, du haut de la chaire, dans un élan oratoire, illuminé du plus pur patriotisme, vous avez su dire comment Papeete, par son attitude ferme et courageuse, a évité la honte d'une capitulation ennemie. Vous n'avez pas hésité à stigmatiser ceux qui, avant l'alerte, parlaient de se rendre, et qui, après l'alerte, critiquent les mesures prises ; ces mauvais français n'ont cessé d'exercer leur détestable influence que pendant le combat : à ce moment ils avaient fui.

Je vous remercie de ces paroles qui prenaient dans votre bouche une singulière autorité, du fait même que vous aviez su les faire précéder par des actes.

Le Commandant des Troupes,

DESTREMAU,

Lieutenant de Vaisseau. »

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