2005 - Heitz

Qui était Joseph BAUDICHON,
natif de Sainte-Maure,
évêque et roi des Iles Marquises ?

 

par Robert HEITZ

 

dans le Journal municipal Le Sainte-Maure – novembre 2005  p.11

Les parents de Joseph Baudichon appartenaient à des familles nombreuses : 22 enfants du côté du père et 18 du côté de la mère, Anne-Marie Chachereau. Joseph, le père, enrôlé à l'âge de 18 ans, passe 26 ans sous les drapeaux, fait les campagnes d'Italie et d'Égypte et est très grièvement blessé à Wagram. Anne-Marie, la mère, aura la douleur de perdre son père, guillotiné à la Révolution. De leur mariage, célébré quelques années après le retour du guerrier à Sainte-Maure, naît le 11 septembre 1812, Joseph Baudichon. Orphelin de mère peu après, sa sœur et lui sont élevés par leur père et plus tard, Joseph refusera l'aide de l'État qui lui offrait des études au Prytanée militaire de La Flèche. À l'âge de 12 ans, avec le concours du vicaire de Sainte-Maure, l'abbé Aumoitte, il commence l'étude du latin en compagnie d'une dizaine d'enfants, dont Jean-Jacques Bourassé, futur archéologue réputé né lui aussi dans notre petite ville. L'abbé Aumoitte, nommé curé à La Chapelle sur Loire, y fonde un collège où Joseph poursuit ses études avant d'intégrer le Grand Séminaire en 1831. Fragile sur le plan cardiaque, il est médicalement suivi par le docteur Tonnellé, qui donnera son nom à un boulevard tourangeau. En 1836, il entre au Noviciat de Picpus sous le nom de Frère François de Paule (à ne pas confondre avec le religieux italien fondateur au 15ème siècle de l'Ordre des Minimes, et qui eut son couvent près de Montgauger). La prêtrise lui est conférée le 31 mars 1838 et il demande à faire partie d'une mission en Océanie. Embarqué le 28 mai 1838 avec une vingtaine de religieux, il double le Cap Horn et débarque le 20 décembre aux Iles Gambier, puis le 3 février 1839 aux Iles marquises. Il y apprend rapidement la langue kanake et dote le pays d'un dictionnaire et d'une grammaire. En 1842, à la demande de l'amiral Dupetit-Thouars, messager du gouvernement de Louis Philippe, il réussit à faire accepter aux habitants le protectorat français (et c'est encore aujourd'hui une possession française). Il est alors nommé Chevalier de la Légion d'Honneur en 1843, puis évêque en 1844, son sacre se déroule à Santiago du Chili. À son retour, un mois plus tard, les peuplades de l'archipel le nomment roi par acclamations. Il s'acquitte au mieux de sa tâche, rétablissant l'ordre et la sécurité. Mais son état de santé le contraint à rentrer en France où il débarque le 23 juillet 1849. Réintégrant la congrégation de Picpus, dont les règles étaient remises en question à ce moment, il intercède en sa faveur, en vain, auprès du pape Pie IX. Extrêmement fatigué, il se retire de la vie active en 1869 et fixe sa résidence à Tours, rue Jules Charpentier, où il décède le 11 juin 1882. Il est inhumé dans une petite chapelle, au cimetière La Salle.

Cette biographie a pu être réalisée grâce aux travaux de Pierre Boille (1914-1995), président honoraire de la Société Archéologique de Touraine, issu d'une grande famille d'architectes et natif, lui aussi, de Sainte-Maure.

Merci à Robert Heitz, de l’association « les Amis du Patrimoine »

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