1919 - Semeur

La première religieuse Tahitienne

La sœur Marie Octavie Richmond

Décédée à Haïti le 27 Janvier 1919

 

Texte publié dans le Semeur tahitien n°116 – avril 1919 - pp.972-973.

Madame Gaudin a bien voulu nous communiquer une lettre de la Sœur Elisabeth, si bien connue à Tahiti lui annonçant le décès de sa sœur Octavie Richmond, en religion, Sœur Marie de la Purification.

Nos lecteurs seront heureux, surtout les anciennes élèves des Sœurs, de lire les beaux sentiments renfermés dans cette lettre. Puisse l’exemple si édifiant de Sœur Marie Richmond susciter, parmi nos jeunes tahitiennes, de nouvelles vocations ! – Voici la lettre de la Sœur Elisabeth à Madame Gaudin.

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Port-au-Prince 30 Janvier 1919

Chère Madame,

Il m’est pénible d’avoir à vous annoncer une nouvelle qui, certainement vous attristera ; mais il m’est consolant d’avoir à vous parler de notre bonne sœur Marie de la Purification qui nous a quittées pour un monde meilleur, lundi, 27 janvier, à 3 heures du matin.

Depuis un mois Sœur Marie souffrait davantage de ces petits malaises qui lui étaient ordinaires ; et la fièvre intestinale étant survenue, elle nous fut enlevée, après quelques jours seulement de sérieuse maladie.

La veille de sa mort j’allai la visiter ; elle avait toute sa connaissance, et rien, sur sa physionomie ne faisait pressentir la fin ; elle me demanda si j’avais eu des nouvelles de Tahiti, ajoutant aussitôt que depuis longtemps elle n’avait rien reçu ; et ce fut tout.

Les soins les plus maternels, les plus dévoués lui furent prodigués, et rien ne fut épargné pour adoucir ses derniers moments.

Ce pays d’Haïti qu’elle habitait depuis 40années se montra reconnaissant de son dévouement, et durant le long parcours de l’orphelinat de la Madeleine à la maison principale, le lieu de son repos, les habitants de Port-au-Prince la saluèrent avec respect.

Deux Archevêques, un nombreux clergé régulier et séculier honorèrent de leur présence les obsèques de l’humble religieuse.

Les orphelines la pleurèrent comme une mère, et toutes, aimons à nous rappeler sa grande bonté.

Pour moi, je ne vois pas disparaître sans émotions, Sœur Marie, la première Tahitienne appelée et choisie par Dieu.

Je vous conseille, chère Madame, de faire offrir quelques fois le saint sacrifice de la Messe pour le repos de l’âme de celle qui fut la bénédiction et l’honneur de son pays. De là-haut, elle vous en sera reconnaissante, et s’il n’est pas dans les desseins de Dieu de se choisir une fois encore parmi les vôtres une belle âme pour la remplacer ici-bas, elle continuera mieux que jamais de prier pour sa famille à laquelle elle garda jusqu’à la fin  le plus fidèle, le plus affectueux souvenir.

Notre bonne Mère Supérieure vous envoie pour elle, pour son district, ses plus religieuses condoléances et vous prie, Madame, de vouloir faire part aux membres de votre famille de la douloureuse nouvelle.

Je me rappelle à votre bon souvenir, et assure de mes prières chacune des enfants qui m’ont connu et auxquelles je me suis autrefois, si vivement intéressée.

Sr Elisabeth de St Antoine.

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