Il y a 25 ans

« Celui qui renouvelle le sacrifice de Jésus à la messe doit offrir lui-même sa vie »

Hervé CRISTIAN - Il est libre Max

Chers frères et sœurs, cher Christophe,

Ton ordination à la prêtrise, est et sera toujours marquée par la fête de l’Immaculée Conception que nous fêtons ce soir.

L’Évangile du jour termine par ces mots de Marie : « Que tout se passe pour moi selon ta parole… »

Marie peut inspirer ta vie par ses vertus : la joie, l’humilité, le service, la virginité et la chasteté, la prière, le sens du salut. Mais comme tu deviens prêtre aujourd’hui, c’est surtout son offrande d’elle-même qui doit t’inspirer. Marie au moment de l’Annonciation savait déjà qu’elle appartenait à Dieu, comme fille d’Israël : mais le jour de l’Annonciation elle a accepté la volonté particulière de Dieu sur elle : elle n’a pas choisi ce que Dieu voulait pour elle. Ainsi en est-il du prêtre.

MgrMarcus, évêque de Nantes, dans une homélie à l’occasion des obsèques de Gérard Lefumeux, prêtre de la région parisienne qui a fait son service militaire à Tahiti, disait que ce prêtre fut habité par la paix et la joie du Christ parce qu’il était calé « sur la volonté du Père, comme le fut de manière unique et primordiale le Christ lui-même, unique prêtre du monde de tous les temps, le Fils Bien Aimé ».

Dans cette recherche et acceptation de la volonté du Père, je voudrais Christophe attiré ton attention sur trois points.

1- Tout à l’heure tu vas exprimer clairement ton engagement : tu répondras que tu veux être collaborateur des évêques dans le sacerdoce pour servir et guider le peuple de Dieu, - que tu veux annoncer l’Évangile et exposer la Foi catholique – que tu veux célébrer les mystères, en particulier les sacrements pour la louange de Dieu et la sanctification du peuple chrétien – et enfin que tu veux t’unir davantage au souverain prêtre Jésus-Christ et te « consacrer » à dieu pour le salut des hommes.

Puis dans la préface consécratoire je demanderai que ce soit la grâce de la prêtrise qui te consacre vraiment à ton ministère de prêtre : ne t’appuie pas seulement sur ta générosité, mais sur une nouvelle force qui te sera donnée, - ne compte pas seulement sur ta bonne volonté à vivre ton ministère comme tu l’imagines, mais sur le désir de rejoindre, au jour le jour et pour toujours ce que te demanderont le Seigneur et l’Église. Marie a eu toute sa vie des étonnements, notamment au jour de l’Annonciation. Tu auras parfois des doutes, des peurs, tu demanderas pourquoi ? pourquoi ? Avec la même sagesse que Marie laisses-toi guider par la lumière du moment pour vivre pleinement dans l’offrande de toi-même ce « que tout se passe pour moi selon ta parole ».

2- Demande aussi à Marie, si aimée dans notre diocèse, d’être le prêtre qu’il faut à ce diocèse et à nos îles. Pur toi qui nous viens d’Alsace par l’Océan et les Tuamotu, il importe que tu rejoignes les fidèles dans leur culture et leur histoire personnelle. Tu t’y emploies déjà en consacrant beaucoup de temps, d’attention aux jeunes déshérités et à tous les handicaps de la vie et de la société. Certes notre Grand Séminaire cherche à dépasser une image conventionnelle du prêtre mais on n’est pas prêtre tout seul. Il y a un presbytérium et il y autres. Que Marie t’éclaire toujours dans ton ouverture à la réalité polynésienne.

3- Demande enfin à Marie d’aimer ton ministère, d’aimer le ministère de prêtre, le tien, celui des autres, celui de ton évêque, celui des prêtres de Polynésie ou d’ailleurs, celui des religieux ou celui des diocésains. Les gens cherchent toujours en nous s’il y a une concordance entre ce que nous prêchons et ce que nous vivons, entre nos activités et notre état de vie.

Le peuple de Polynésie a besoin de retrouver ou de redécouvrir la prière… l’Eucharistie est la source de toute vie de prière et d’union à Dieu. Un prêtre qui n’aurait fait aucun sermon ni aucune retraite sur la prière pendant toute sa vie ( en admettant qu’une telle hypothèse soit possible), mais qui se serait appliqué à célébrer la messe le mieux possible pour les participants d’abord et pour lui ensuite serait un bon éducateur de la prière.

Le peuple de Polynésie a besoin de miséricorde : la misère, les misères de toutes sorte que nous cotoyons appellent la Miséricorde… tu seras le ministre du sacrement du pardon. Jésus est sauveur au moment où il nous délivre du Mal et du Péché. C’est dans le sacrement que le prêtre acquiert le sens du Salut.

Le peuple de Polynésie a besoin d’une Bible Vivante : pas seulement de la Bible que l’on lit et que l’on étudie, mais de la Bible Vivante d’aujourd’hui, faite de témoignages… d’hommes et de femmes qui vivent l’amour au sein de foyers unis et harmonieux… de témoignage de conversion, de service, de solidarité, d’honnêteté professionnelle. Sois un bon guide pour tous ceux et celles-là.

- Enfin que Marie qui était si jeune lorsqu’elle dit à l’ange « que tout se passe pour moi selon ta parole », t’inspire dans ton apostolat auprès des jeunes. Ose avec Marie proposer aux jeunes un modèle de vie à l’opposé de ce que la sécularisation actuelle propage partout.

Nous avons avec toi la joie de voir présent à ton ordination ta chère maman, tes parents faaamu, tes amis de ton village de Fréland, et ton curé ; nous n’aurions pas pu souhaiter meilleure délégation.

À Lourdes dernièrement, MgrBrand, évêque de Strasbourg me demandant : « Alors que devient Christophe ? » Quel bonheur pour moi de lui annoncer : « Il va être ordonné prêtre le 8 décembre ». Raison de plus de joindre à notre action de grâces, des prières pour ton diocèses d’origine qui t’a accompagné dans tes premiers pas vers la prêtrise. Jusqu’au Cardinal Gantin, qui célébrant la messe de l’Immaculée Conception à Rome dans la chapelle des Missionnaires d’Afrique ou se trouve Patrick Caire, a pensé à toi… « Tahiti les fruits… Tahiti les semences », et ils ont prié pour toi.

MgrFrançois Favreau, évêque de Nanterre, diocèse auquel appartenait justement Gérard dont je parlais au début, a dit aussi qu’il avait un très grand amour l’Église et qu’il avait ainsi réconforté souvent son évêque et il ajoutait : « Il y a mille raisons pour prendre ses distances avec l’Église. Il en suffit d’une pour être là, fidèle : l’Église est le Corps de Jésus… l’Église c’est nous (vous tous) en jésus, Christ et Seigneur ».

Que ton offrande soit à la ressemblance de celle de Marie, une consécration à l’Amour de Dieu dans la confiance, pour le Salut des hommes.

+ MgrMichel Coppenrath

© Semeur tahitien - 1993

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