OMI - Histoire

L’œuvre missionnaire des Oblats à Tahiti

 

au service des vocations et de la formation sacerdotale

 

R.P. Patrice MOREL, o.m.i.[1]

 

Le texte a été publié dans la revue oblate "Vie oblate life" en 2005

 



[1]   L'auteur a fait partie de la première équipe envoyée en Polynésie en 1977 et y a passé 20 ans. Il précise que l'utilisation de la première personne dans le texte indiquera sa propre expérience, ses idées, ses appréciations.

 

 

Introduction

Tahiti!!!... À l'évocation de ce nom, nombreux sont les clichés qui se présentent tant à l'imagination qu'à la mémoire : Pierre Loti, Paul Gauguin, cocotiers, lagon bleu, plages de sable blanc, vahiné, paradis, etc. Et lorsque l'on dit que les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée y ont établi une mission, bien des personnes s'interrogent : Qu'est-ce que les spécialistes des missions difficiles, les évangélisateurs des pauvres, sont allés faire là-bas ?

Voici ce que le P. Fernand Jetté, supérieur général des Oblats, disait lors de sa venue à Tahiti pour l'inauguration du Grand Séminaire Notre-Dame de la Pentecôte, le 19 octobre 1983 :

« La mission de l'Église, c'est l'évangélisation. Avoir les yeux grand ouverts sur les besoins des hommes, être capable d'entendre les appels qui montent de la foule, qui viennent des hommes d'aujourd'hui, et de vouloir donner à ces appels une réponse vraie, une réponse qui s'adresse à tout homme et qui soit d'ordre évangélique : annoncer la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ.

Mgr l'archevêque a bien voulu associer les Oblats à cette École de Théologie et même, sous sa responsabilité, leur en confier la direction.

Les Oblats de Marie Immaculée, à Tahiti, sont des ouvriers de la onzième heure. Comme les Filles de sainte Claire et les Frères du Sacré-Cœur, ils sont venus sur le tard.

D'autres grandes familles religieuses comme les Pères des Sacrés-Cœurs (Pères de Picpus ou Picpuciens), les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny, les Filles de Jésus Sauveur, les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame des Anges, les Sœurs du Bon Pasteur, les Filles de la Charité du Sacré-Cœur, les Frères de Ploërmel (Frères de l'Instruction chrétienne) les ont précédés et, avec le clergé séculier, y ont accompli une œuvre merveilleuse.

Que faut-il attendre des Oblats ? Leur mission, comme celle de l'Église, est l'évangélisation, avec une préoccupation spéciale pour les pauvres. “II m'a envoyé évangéliser les pauvres”, “Les pauvres sont évangélisés” : ces deux phrases résument leur vie.

Quand le Père Eugène de Mazenod a fondé les Oblats à Aix-en-Provence, en 1816, il a voulu établir une société de missionnaires qui iraient dans les villages, dans les campagnes, dans les endroits les plus reculés et partout dans le monde, enseigner aux hommes la Bonne Nouvelle de leur salut en Jésus-Christ.

En même temps, - et ceci est important -, il leur a demandé d'aider spirituellement les prêtres et, même, de se dévouer à la formation des prêtres, car, disait-il, nous travaillerons en vain à l'évangélisation des peuples s'il n'y a pas, après que nous sommes passés, de saints prêtres, des hommes de doctrine et de vertu, qui demeurent avec eux dans les paroisses pour continuer et affermir l'œuvre déjà commencée. »

Comme le P. Jetté le signale, « les trois premiers Oblats arrivés à Tahiti débarquaient dans une mission, un archidiocèse déjà constitué. »[2] Le présent exposé ne reprendra que les données géographiques, ethnographiques, historiques, religieuses qui se révéleraient indispensables pour la compréhension des éléments.[3]

1.Pour quelles raisons les Oblats sont-ils allés en Polynésie Française ?

2.Qu'ont-ils entrepris pour accomplir la mission confiée?

3.De quels fruits l'Église de Polynésie a-t-elle bénéficié ?

4.Pour quelles raisons la mission oblate à Tahiti a-t-elle été fermée en 2004 ?



 

[2]   L'histoire des débuts de l'Église catholique en Polynésie Française, ainsi que son développement, ont été relatés par Paul Hodee, prêtre Fidei donum du diocèse d'Angers, dans son ouvrage Tahiti 1834-1984, Paris-Fribourg, Éditions Saint-Paul, 1983, composé à l'approche du Jubilé des 150 ans de vie chrétienne en Polynésie.
[3]   La superficie totale de la Polynésie Française est de 5 500 000 Km2 en comptant les 200 milles des zones maritimes, alors que l'ensemble des terres émergées ne compte qu'un peu moins de 4 000 Km2. La Polynésie est composée de 115 îles ou atolls groupés en 5 archipels : les Îles Australes, la Société, les Gambier, les Tuamotu, les Marquises. Ces dernières forment le diocèse de Taiohae, l'archidiocèse de Papeete couvrant les quatre autres archipels. La plus grande des îles, Tahiti, a une superficie de 1 042 Km2. Le recensement de 2002 donne le chiffre de 245 405 habitants pour toute la Polynésie Française.

 

1. Pour quelles raisons les Oblats sont-ils allés en Polynésie Française ?

Au sujet de l'origine de la venue des Oblats en Polynésie, Mgr Michel Coppenrath, archevêque émérite de Papeete, a eu l'amabilité de mettre par écrit un résumé des démarches entreprises pour cela.

1969 - Mgr Raymond Etteldorf, alors Délégué apostolique pour le Pacifique, à Wellington, m'a écrit que je devais faire appel à une nouvelle congrégation cléricale et missionnaire. J'ai sollicité plusieurs congrégations d'origine française et jusqu'aux Oblats du Canada. L'appel à une nouvelle congrégation m'est apparu au début de mon épiscopat comme n'étant pas souhaitable. J'avais peur qu'une aide nouvelle et sacerdotale ne soit interprétée comme autrefois : « des missionnaires popaa (étrangers) », car nous les aimons et nous ne pouvons pas nous en passer, et nous nous occuperons des paroisses.

18 juin 1975 : lettre de Mgr Angelo Acerbi, nouveau Délégué Apostolique pour le Pacifique, faisant allusion à ma demande d'une Congrégation pour prendre en mains le Foyer Séminaire. Le Préfet de la Congrégation pour l'Évangélisation des peuples, le Cardinal Rossi, avait écrit aux Salésiens, mais sans résultat. Mais, disait-il, aussi dans sa lettre : « Tandis que maintenant les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée disposent d'éléments, à la suite des événements d'Indochine, la Propagation de la Foi s'est empressée de faire connaître vos nécessités au T.R.P. Jetté, Supérieur général des O.M.I. Le Cardinal suggère que vous écriviez aussitôt à la Curie des Oblats ».

20 juin 1975 : par la Délégation Apostolique à Wellington, je faisais parvenir une lettre au R.P. Jetté (lettre qui porte la même date que ma lettre pour transmission à la Délégation).

30 juin 1975 : le R.P. Jetté répond au Cardinal Rossi : « Votre demande de missionnaires pour l'éducation des jeunes et spécialement des futurs prêtres à Tahiti, Polynésie Française, fut présentée aux membres du Conseil Général,... Il est impossible de lui apporter immédiatement une réponse définitive dans un sens ou dans un autre, mais peut-être parmi les missionnaires qui devront quitter le Laos, quelques uns seront-ils disponibles pour un tel travail. Les demandes sont nombreuses : Nord Canadien, Honduras, Norvège, Bangladesh, Pakistan. Il faudra nécessairement faire un choix entre ces missions et laisser aux missionnaires qui reviennent prendre un peu de repos, avant de les inviter à s'engager ailleurs. » Et le Délégué ajoute dans sa propre lettre à laquelle était jointe une copie de la lettre du P. Jetté : « La réponse du P. Jetté est sans doute antérieure à la lettre que je lui avais envoyée. »

20 octobre 1975 : comme le P. Jetté avait envisagé de répondre en octobre suivant, je lui écrivais de nouveau.

11 novembre 1975 : le P. Francis George, Vicaire général de la Congrégation en l'absence du P. Jetté, répond à cette lettre en me disant que ma demande avait bien été examinée en conseil, mais que l'habitude de la Congrégation oblate était de confier la mission à une Province.

26 mars 1976 : lettre du P. Roger Roy, provincial de la Province Saint-Jean-Baptiste de Lowell, U.S.A., en fin de mandat (qui a joué lui aussi un rôle déterminant, d'où ma grande reconnaissance), qui fait état d'une lettre de son Supérieur général de décembre 1975, lui présentant ma demande avec copies des lettres précédemment envoyées à votre Curie. Il fait état aussi de la lettre du Cardinal Rossi. Et le P. Roy écrit : « Nous sommes en train de considérer très sérieusement l'invitation de notre Supérieur général en souhaitant d'autres informations complémentaires de ma part. »

17 mai 1976 : lettre du P. Roy souhaitant visiter notre mission et venir en juin en Polynésie.

31 mai 1976 : le P. Roger arrive avec le P. Norman Parent qui le remplacera comme provincial. Ils resteront jusqu'au 13 juin : visite de Rangiroa, des Îles Sous-le-Vent, de Moorea et Tahiti. Quelque temps après, le P. Roger m'envoie le bilan de sa visite dans lequel je relève cette appréciation : « On the surface... all (this can be done) without our help : however, when i examined the needs of Tahiti in greater depth, i found a real urgency for a valid and fruitful apostolates ».[4]

10 février 1977 : lettre du P. Roy annonçant l'envoi d'une équipe à la fin de l'été (canadien).

8 mars 1977 : le nouveau provincial, le P. Norman Parent, annonce que l'envoi de deux missionnaires pourra se faire : il s'agissait du P. Patrice Morel, ancien missionnaire au Laos, et du P. Daniel Nassaney.

25 mars 1977 : confirmation de l'envoi des deux missionnaires déjà mentionnés, en y ajoutant le P. Jules Guy. Le départ est fixé au 28 août 1977.

En mars 1976, le P. Roger Roy demandait à Mgr Coppenrath des informations complémentaires pour s'assurer que les Oblats étaient attendus, non pas pour accomplir un ministère paroissial traditionnel et boucher des trous, mais pour aider à la formation et à la construction de l'Église locale. La réponse de l'archevêque encouragea le P. Roy et son conseil à poursuivre plus loin les investigations et la décision fut prise d'aller sur place se rendre compte des besoins et les évaluer.

Il est intéressant de constater, d'après les documents, que, de part et d'autre des parties concernées (archidiocèse et Congrégation oblate), on n'a pas attendu la rédaction d'une convention en bonne et due forme pour commencer à réaliser ce que Mgr Michel désirait et qui fut inscrit plus tard dans la convention passée entre l'archidiocèse de Papeete et la Congrégation des Missionnaires Oblats. Oralement, les Oblats assuraient l'archevêque qu'ils s'engageaient pour dix ans.

Voici le texte du préambule qui explicite clairement ce pourquoi les Oblats sont venus à Tahiti :

« L'Ordinaire du Lieu invite la Province St-Jean-Baptiste de Worcester (c'était en 1989 la résidence du Provincial des Oblats) à continuer sa collaboration à la tâche pastorale et à la promotion d'entreprises apostoliques pour le développement de l'Église locale, sous la juridiction de l'archidiocèse de Papeete. L'archidiocèse considère comme l'une des priorités urgentes de sa mission de doter l'Église de toutes les vocations locales, sacerdotales, religieuses et de laïcs, dont elle a impérieusement besoin pour être fidèle à une Évangélisation authentique et profonde du peuple polynésien.

La Congrégation des Missionnaires Oblats, de son côté, reconnaissant dans l'offre qui leur est faite un travail apostolique dans la ligne et l'esprit de l'Institut, de ses Constitutions et du document capitulaire sur la visée missionnaire de la Congrégation, accepte bien volontiers de travailler dans l'archidiocèse selon les dispositions du présent contrat. »



[4]   « En apparence... tout ceci peut être accompli sans notre aide, mais lorsque j'examine plus à fond les besoins de Tahiti, ils apparaissent avec une réelle urgence pour un apostolat valable et fructueux » (Trad.)

 

2. Qu'ont-ils entrepris pour accomplir la mission confiée ?

A. 1ère année (1977-1978) : l'insertion

1. La première équipe.

Une fois la décision prise par la Province Saint-Jean-Baptiste d'établir une mission oblate à Tahiti, il fallait trouver le personnel nécessaire. C'est ainsi qu'un appel fut lancé dans la Province et dans l'ensemble de la Congrégation.

Dans la Province Saint-Jean-Baptiste, les Pères Jules Guy (54 ans) et Daniel Nassaney (29 ans) se sont portés volontaires. Personnellement, c'est à mon retour en France, après 21 ans au Laos, que j'ai eu connaissance de la demande de la Province franco-américaine qui m'accueillit en son sein lorsque je proposai ma collaboration. J'avais 50 ans. Je suis arrivé aux États-Unis début juillet 1977 pour faire la connaissance de mes nouveaux confrères.

Plusieurs fois nous nous sommes retrouvés partageant nos expériences et nos idées sur la manière dont nous comptions vivre et travailler à Tahiti. Il nous paraissait évident de vivre en communauté, d'avoir un temps de préparation - un an si possible - pour apprendre la langue, nous familiariser avec la culture, découvrir la pastorale du diocèse, avant d'envisager une quelconque prise en charge de ministère dans la ligne de ce qui nous était demandé.

La date du départ de Los Angeles pour Tahiti fut fixée au dimanche 28 août 1977.

2. Installation sur place - Prise de contact

Prévus pour débarquer à l'aéroport de Faaa le matin du 29 août à 5h30, nous y sommes arrivés avec plus de 19 heures de retard. À cause de ce retard, nombre de chrétiens et de membres des paroisses et des communautés religieuses de Papeete n'ont pu venir nous couronner - il faudrait plutôt dire nous couvrir de fleurs -. Cependant, Mgr Michel Coppenrath et plusieurs membres de la Mission catholique avaient tout de même tenu à être présents.

Nous avons logé dans un bâtiment annexe de l'évêché de Papeete. Cette proximité avec Mgr Michel nous a permis de faire réciproquement connaissance et de rencontrer déjà d'autres membres du personnel de la Mission. La première semaine s'est passée en visites de la ville de Papeete et de ses environs.

Le dimanche 4 septembre, au cours d'une réception officielle à l'église Maria no te Hau (Notre-Dame de Paix), nous avons expérimenté l'accueil polynésien : chants, colliers de fleurs ou de coquillages, démonstrations de respect et d'affection de la part des fidèles pour les prêtres et les missionnaires que nous étions. En cette circonstance, nous avons été impressionnés par l'entente fraternelle régnant entre les Pères, les Frères, les Sœurs et les chrétiens.

À cette époque, quelles étaient les forces vives de la Mission ? Il y avait Mgr Michel Coppenrath, originaire de Tahiti, son frère prêtre Hubert, et 3 prêtres diocésains ; 2 prêtres Fidei donum ; 24 pères et 1 frère Picpuciens (SSCC). Les Congrégations religieuses présentes étaient : les Frères de l'Instruction Chrétienne, de Ploërmel (FIC) ; les Filles de Jésus Sauveur (FJS), une congrégation fondée par Mgr Paul Maze (SSCC), prédécesseur de Mgr Michel ; les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny (SJC) ; les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame des Anges, venues du Canada (MNDA) ; les Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus (FCSCJ), aussi du Canada ; les Sœurs du Bon-Pasteur, irlandaises. Il était évident que la quasi totalité des forces vives du diocèse était d'origine étrangère et non polynésienne.

Durant cette première semaine, Mgr Michel a clairement exprimé son vif désir de nous voir apprendre le tahitien, principale langue de la Polynésie Française, ce qui rejoignait notre propre volonté. Pour ce faire, il a stipulé que pour un an nous resterions logés à l'annexe de l'évêché. Tous les jours, le P. Hubert Coppenrath, membre de l'Académie tahitienne, nous donnerait une heure de cours ; il fut décidé ensuite que nous n'aurions aucun engagement pastoral sur l'île de Tahiti durant cette année d'initiation. Nous avions ainsi la possibilité de connaître les différentes paroisses, communautés religieuses, les œuvres du diocèse : écoles, collèges, foyers d'accueil, services de catéchèse et d'information tel que radio, presse, librairie.

Mgr Michel exprima également le souhait de voir le P. Patrice Morel l'accompagner dans sa tournée pastorale dans les îles éloignées de l'Est des Tuamotu (un des archipels de la Polynésie), et cela dès le 7 septembre[5]. « Cette tournée pastorale devait durer environ trois semaines. Par suite du naufrage de la goélette Aranui sur le récif de Marutea-Sud (le plus au sud des atolls des Tuamotu), les naufragés, par les soins de la marine et de l'aviation militaires, se sont retrouvés à Tahiti le 19 septembre. »[6]

3. Apprentissage

... de la langue

Le tahitien est une langue qui n'a aucun point commun avec les langues européennes ou asiatiques. Elle ne possédait aucune écriture jusqu'à l'arrivée en 1797 des missionnaires protestants de Londres qui s'attelèrent à la traduction de la Bible en tahitien. Grâce à ces pionniers, il a été possible par la suite de composer des livres, de codifier la langue, de créer un patrimoine de légendes et de récits historiques.

Deux caractéristiques de cette langue n'en facilitent pas l'apprentissage. La première : l'alphabet tahitien ne comporte que 5 voyelles et 9 consonnes. La deuxième : l'absence des verbes « être » et « avoir », ce qui oblige à des tournures particulières pour exprimer l'attribution et la possession. Nous nous sommes donc mis à l'école avec le P. Hubert Coppenrath pour la théorie. Quant à la pratique, ce sont nos rencontres quotidiennes avec la population qui nous servaient de laboratoire. Mais il n'y a rien de tel qu'une immersion à temps plein dans la masse pour progresser. Aussi avons-nous été envoyés dans des communautés chrétiennes éloignées, sans prêtre, pour continuer notre apprentissage linguistique et assurer une présence sacerdotale pour le temps de Noël, du 9 décembre 1977 au 27 janvier 1978[7].

Ce séjour de sept semaines nous a été très profitable du point de vue linguistique. Nous étions bien obligés d'utiliser le tahitien pour le ministère: sacrements, réunions avec les paroissiens, visites des familles. Après ce temps hors de Tahiti, nous commencions à être plus à l'aise dans nos rencontres avec les Tahitiens. Mais nous avions encore d'énormes progrès à accomplir. Une année pour maîtriser une nouvelle langue totalement différente de sa langue maternelle n'est pas de trop.

... de la culture polynésienne.

Une constatation unanime : ces gens et particulièrement ces chrétiens sont très attachés à leur religion, et la présence d'un prêtre au milieu d'eux est une bénédiction, à tel point qu'ils disent : « Lorsque le Père s'en va, Dieu s'en va ».

Les Tahitiens sont très affectueux et de tempérament très émotif. Dans leur vie, le « sentiment » nous semble plus important que la raison. Lorsque la relation entre deux personnes est bonne, qu'il n'y a pas de divergence d'idées, tout va bien. Si une difficulté se présente, s'il y a heurt entre deux caractères, très souvent c'est la dispute, voire les coups et la séparation. Cette première impression nous questionnait par rapport à l'engagement des Tahitiens pour la vocation sacerdotale. C'était sans doute aussi à cause de ce caractère que les Polynésiens hésitaient à se marier. Ils considéraient le mariage comme « sacré ». Donc, être infidèle, c'était enfreindre un « tapu »[8] (interdit) et mériter un châtiment divin, encourir une malédiction.

Dans la culture polynésienne, le « tapu » était un interdit que le roi d'une île, ou d'un secteur, mettait sur tel terrain, tel arbre, pour s'en réserver l'usage. Aller contre cette réservation rendait passible de la peine de mort. Cette notion d'interdit social a été transposée au plan spirituel et donc le péché, considéré comme une infraction contre une loi divine, engendrait la malédiction céleste : maladie, mort personnelle ou d'un proche, ou tout autre malheur.

Il faut reconnaître, je crois, que d'une manière générale, à la fin du 18e s. et au début du 19e s., l'évangélisation protestante et catholique mettait surtout l'accent sur la morale, sur les commandements : ce qu'il fallait observer, ce qu'il était interdit de faire, de dire, de penser. Cette manière de présenter la foi chrétienne rejoignait et confortait la mentalité païenne craintive des Polynésiens. Il faudra des décennies pour essayer de faire évoluer les mentalités et les comportements.

Nos échanges, dès les États-Unis, avaient révélé et renforcé une vision commune de notre mission : aider les personnes vers qui nous serions envoyés à devenir adultes dans la foi, à être leurs propres évangélisateurs, à ne pas être passivement dociles. Une réflexion que tous les trois nous avons entendu et que nous entendrons encore bien des fois à Tahiti : « Père, dites-nous ce qu'il faut faire… » Tous les trois nous avons essayé de faire comprendre aux gens qu'ils avaient une intelligence, une capacité de jugement, qu'ils avaient reçu l'Esprit Saint, et donc qu'ils étaient à même d'émettre un avis, que le Père n'était pas là pour leur imposer ses vues, ses idées, mais pour les aider à connaître et aimer Jésus-Christ et à vivre chrétiennement selon leur propre culture.

Ainsi, une question pratique est apparue. Les Polynésiens aiment chanter lorsqu'ils se rassemblent et ils s'accompagnent de guitares ou de « oukoulélés ». Alors nous leur avons proposé d'utiliser ces instruments à l'église. Ce fut un cri unanime de réprobation : « Oh non ! Père, c'est péché. » - « Pourquoi ? » - avons-nous demandé. « Parce que les Pères l'interdisent. » La raison est qu'on associait l'usage de ces instruments avec des chansons plus ou moins lestes chantées lors des bringues, des repas populaires. Il a fallu expliquer que par eux-mêmes ces instruments sont neutres, ni bons, ni mauvais. Tout dépendait de l'usage que l'on en faisait. De même qu'un tipi (coupe-coupe, machette) est très utile pour l'usage domestique, la récolte du coprah, il peut devenir aussi un outil de meurtre. Peu à peu les mentalités ont changé et maintenant, guitares, oukoulélés ou autres instruments accompagnent les cérémonies religieuses.

... du problème des vocations.

Autre point qui nous préoccupait : l'urgence de la formation chrétienne des Polynésiens. Dépasser le catéchisme appris par cœur pour la préparation à la première communion et à la confirmation, et puis, plus rien ou presque. Déjà dans le diocèse, à notre arrivée, des moyens fonctionnaient pour cette éducation : radio, presse, réunions bibliques, école de formation des « katekita »[9]. Par rapport au sacerdoce une réflexion revenait souvent : « La prêtrise, ce n'est pas pour nous Polynésiens. Le célibat n'est pas pour nous. » Et pourtant, depuis le début de la Mission, les Pères de Picpus, sous l'impulsion des évêques de la même Congrégation, avaient eu le souci d'assurer une relève recrutée sur place.

Entre 1851 et 1891, plusieurs tentatives d'ouverture d'un Petit Séminaire (ou École apostolique) avaient échoué. Ce n'est qu'en 1940 qu'un nouvel essai aboutira et fonctionnera jusqu'à ce jour. Il accueille des garçons de la sixième à la troisième (système scolaire français), soit des enfants de 11/12 ans à 15/16 ans. Ces jeunes suivent leur scolarité à l'École du Sacré-Cœur sise à Taravao (Tahiti). Prolongeant le Petit Séminaire pour un discernement vocationnel, le Foyer Jean XXIII a été ouvert suite à la présence d'un prêtre Fidei donum, l'abbé Paul Cochard qui, en 1972, mit sur place le centre diocésain de la catéchèse. Ce Foyer comptait cinq jeunes lorsque nous sommes arrivés à Tahiti. Ils poursuivaient leur scolarité dans différentes institutions de Papeete. Le P. Stanilas Mioduski, SSCC, en avait la responsabilité ainsi que celle de deux séminaristes envoyés au Grand Séminaire interdiocésain de Suva (Fidji).

Notre séjour dans les îles, la présence des cinq jeunes du Foyer Jean XXIII, nous ont rendu plus attentifs et plus décidés que jamais pour la formation d'une Église locale se suffisant à elle-même. Plus vite que prévu, nous allons être engagés dans l'action. Le lendemain du retour des PP. Jules et Patrice, le P. Stanislas, en charge du Foyer Jean XXIII quitte la Polynésie pour des raisons de santé et son retour est plus que problématique. Aussi, dès que le P. Daniel revient des Îles Australes, Mgr Michel lui demande de prendre soin du Foyer Jean XXIII. Cette prise en charge l'empêchera de retourner dans les Îles pour Pâques. Par contre, le P. Jules visitera Rangiroa et les atolls voisins, Tikehau et Manihi, pour dix semaines. Dans la même période de temps, le P. Patrice se rendra de nouveau à Takapoto, et aussi à Takaroa, Apataki et Arutua.

À son retour de Rangiroa, le P. Jules écrivait dans Le Semeur Tahitien (journal de l'archidiocèse) :

« Mon retour dans les îles au temps de Pâques ne fut pas un sacrifice, mais plutôt une joie. L'accueil des fidèles ne fut pas celui d'un étranger qui arrive ou d'un Père qui vient parmi eux pour la première fois, mais celui d'un père qui retourne à la maison, qui est revenu à sa famille. Aussi la première question fut : “Allez-vous demeurer avec nous maintenant ?” C'est avec chagrin que je leur dis que je serai parmi eux pour 10 semaines seulement. “Père, nous sommes au moins 400 fidèles sur l'île (Rangiroa), il nous faut un prêtre” Il fallait leur répondre que les prêtres n'étaient pas assez nombreux ; qu'il faut prier beaucoup pour des vocations polynésiennes ; qu'il faut que les parents transmettent aux jeunes cette vérité que Dieu et l'Église ont besoin d'eux pour la formation de l'Église en Polynésie. C'est tout à fait inconcevable que Dieu n'appelle pas certains jeunes d'ici pour le servir comme prêtres, religieux et religieuses. Dans les nombreux foyers chrétiens, il y a des jeunes qui entendent cet appel ou bien qui l'entendraient si les parents parlaient de la grande grâce qu'est cet appel de Dieu, et si les parents parlaient de la grande nécessité de l'Église polynésienne d'avoir ses prêtres, ses religieux, ses religieuses. C'est Mgr Michel Coppenrath qui disait qu'aussi longtemps que l'Église de Polynésie n'aura pas ses propres prêtres et ses propres religieux, l'Église ne sera pas véritablement implantée. Mais, si au sein de la famille, il n'y a jamais mention de la beauté et de la grandeur, et de la nécessité de ces vies consacrées à Dieu, comment peuvent-ils entendre cet appel à l'intérieur d'eux-mêmes ? »

Nous sommes déjà fin mai lorsque les trois Oblats se retrouvent à Tahiti. Il est temps de penser à l'avenir et à notre insertion dans la pastorale de l'archidiocèse.

4. Ligne d'action pour le futur.

Dans une circulaire envoyée aux parents et amis à la mi-août 1978, le P. Daniel présente très bien la situation.

« Nous avons eu une bonne dose d'expériences ministérielles. Nous avons assuré le ministère ordinaire dans les paroisses locales, célébré la messe, entendu les confessions, baptisé, béni des mariages. Nous avons enseigné la religion aussi bien dans des écoles que dans des paroisses. Nous avons pris part à la préparation des premières communions et des confirmations. Nous avons participé à des processions, des bénédictions, des pèlerinages, des “matutu” (soirées religieuses de chants, de prières et d'enseignement dans le cadre des paroisses).

La troisième partie de notre contrat était de n'accepter aucun ministère permanent. Nous avons fait une exception, du moins en mon cas. J'ai dû remplacer le P. Stanislas comme directeur du Foyer Jean XXIII et président du comité des vocations... Alors que graduellement nous entrions dans la vie et les activités de l'archidiocèse, d'autres événements, spécialement la santé du clergé agissaient contre nous. En l'espace de 12 mois depuis notre arrivée, la condition du clergé s'est graduellement détériorée malgré notre nouvelle présence. En plus du P. Stanislas dont nous n'avons aucune nouvelle, beaucoup d'autres pères sont malades et leur participation future dans le ministère à Tahiti n'est pas trop prometteuse. À présent, à cause des problèmes de santé avec 2 pères en congé et 2 à la retraite, il n'y a plus en dehors de Tahiti même que 2 prêtres dans les autres îles de l'archidiocèse.

Alors qu'en est-il de l'archidiocèse ? Quels sont les besoins les plus urgents ?

Les îles ? Certainement, il y a un grand vide de présence et de ministres qui demande à être comblé. Tahiti lui-même ? Il y a là de plus grands besoins que dans les îles, même si c'est difficile à croire. La majorité de la population est à Tahiti. Il n'y a pas de développement dans les îles. Les familles nombreuses maintiennent stable la population des îles, mais dès que les enfants grandissent, ils s'en vont pour la vie moderne et... les problèmes offerts par Tahiti. Sur Tahiti même, le baby-boom continue. Plus de la moitié de la population a moins de 25 ans. Les centaines de catholiques des îles ne peuvent se comparer avec les milliers de Tahiti.

L'archevêque nous a demandé notre point de vue et nos choix pour un ministère futur. Il a également envoyé un questionnaire à ce sujet aux prêtres et aux religieux/ses. La participation fut excellente. Finalement, il y a eu une réunion pour discuter de notre engagement pastoral. De notre côté, nous restons en contact avec notre Conseil provincial aux E.U. Le presbyterium du 15 juin n'a pas abouti à une conclusion. Une deuxième rencontre, six jours plus tard, réunissant l'évêque, des représentants du presbyterium et nous trois Oblats, permit d'aboutir à un consensus.

D'abord l'espoir de prendre en charge un secteur des Tuamotu a été, au moins temporairement, mis en suspens. Les besoins de Tahiti sont trop grands. Si d'autres Oblats venaient se joindre à nous, nous pourrions alors envisager le ministère des îles. Dans le même temps, l'archidiocèse recherche des solutions nouvelles et plus créatives.

Quels choix restent-il ? Il nous a été proposé soit la paroisse de Faaa, soit celle de Mahina et la direction du Foyer Jean XXIII et du service des vocations. Il a été décidé que je reste en charge du Foyer et du service diocésain des vocations. P. Jules et P. Patrice iraient à Faaa ou Mahina.

Faaa est la plus grosse paroisse de l'archidiocèse. En 10 ans la population de Faaa est passée de 6 000 à 18 000 habitants. Il y aurait de 9 000 à 10 000 catholiques. La paroisse a deux églises qui sont toutes les deux trop petites. Il y a 3 écoles catholiques dont les 1 800 élèves représentent 10% de la population. La paroisse peut être divisée en une trentaine de quartiers. Jusqu'à présent, il n'a pas encore été possible de contacter la majorité des catholiques. La population vient de la partie catholique des Tuamotu et continue de croître. Il y a quelques paroissiens fortunés, mais la vaste majorité est pauvre et déshéritée.

Mahina est une paroisse plus petite, plus facile à administrer. Située en périphérie est de Papeete, elle aussi se développe rapidement. Il y a les deux mêmes extrêmes : richesse et pauvreté ; elle a besoin de nouvelles constructions pour répondre aux besoins croissants.

Mahina offrait une paroisse avec bien des besoins, mais qui ne devraient pas écraser un nouveau groupe. Le cadre lui-même se prête favorablement à l'implantation d'une communauté religieuse. En septembre dernier (1977), l'archevêque avait planifié de nous offrir Mahina comme première mission.

Faaa est très bruyant, à 1/4 de mille de l'aéroport : le bruit 24 heures par jour, pas d'intimité, le terrain est un passage continuel. De l'école qui jouxte le presbytère, élèves et professeurs ont vue plongeante sur les chambres, sans cesse des nuages de poussière flottent dans l'air, quartiers très denses, pas de place pour développer. Mais... Faaa par sa taille a de grands besoins. Quelle paroisse notre Fondateur, Mgr de Mazenod, aurait-il choisi ?

Faaa avait besoin d'une équipe pastorale. L'évêque estime que nous avons prouvé notre capacité à être une telle équipe. Les Oblats se sentent appelés pour les pauvres. Les plus pauvres sont à Faaa. Faaa est une paroisse vraiment tahitienne. Notre connaissance de la langue n'est pas encore parfaite, mais nous continuons à y travailler. Enfin, nous pensons que l'Esprit Saint est avec nous. À l'unanimité il a été décidé de confier à la nouvelle communauté oblate le soin de Faaa et le ministère des vocations ».



 

[5]   Dans cette zone se trouvent les atolls de Mururoa et de Fangataufa, sites des expériences nucléaires menées par la France. Sans une permission spéciale des autorités françaises, les PP. Guy et Nassaney, américains, ne pouvaient accompagner l'évêque ; par contre, parce que français, je n'avais pas besoin de cette autorisation.
[6]   Voir le récit de cette tournée dans la revue « Pôles et Tropiques », de février-mars 1978.
[7]   Le P. Jules rejoignait l'atoll de Rangiroa aux Tuomatu, à 320 km au nord de Tahiti, qui, à cette époque, comptait environ 1 000 habitants et 2 paroisses. Le P. Daniel s'envolait pour Tubuai, archipel des Australes, à 800 km au sud de Tahiti. Quant au P. Patrice, il allait sur l'atoll de Takapoto, à 720 km au nord-est de Tahiti.
[8]   Mot passé dans le langage international : tabou/taboo.
[9]   Katekita : homme ou femme, aide ou remplaçant du prêtre pour la vie chrétienne de la communauté.

B. Les deux premières années d'engagement (1978-1980)

1. Faaa

1) Installation

Bien qu'arrivés à la paroisse de Saint-Joseph de Faaa le 17 juillet 1978, l'installation officielle du P. Jules Guy comme curé ne se fera que deux mois plus tard. Le P. Norman Parent, le nouveau Provincial de la Province Saint-Jean-Baptiste, annonce sa visite pour le mois de septembre. L'installation par Mgr Michel aura lieu en sa présence.

2) Situation et prise de contact.

Le P. Pierre Laporte, SS.CC., qui était en charge de cette paroisse devait rester sur place jusqu'à la fin de l'année pour aider à la transition. En fait, dès le début de septembre, une grande fatigue l'oblige à se retirer de la paroisse. Sur le territoire de cette paroisse se trouve la desserte du Christ-Roi, à Pamatai (un des quartiers de Faaa). Le P. Patrice Kuntzmann, SS.CC., y assure le ministère. Par sa connaissance de la langue tahitienne et sa mémoire prodigieuse des personnes et des événements, il sera une aide précieuse pour les deux nouveaux arrivés sur la paroisse. Homme de bon conseil et d'esprit apostolique, il collaborera avec générosité et désintéressement aux initiatives des Oblats. Comme il se doit, les premières semaines furent employées à visiter la paroisse et à prendre conscience de sa diversité.

- Diversité géographique

Tout d'abord, Tahiti est une île qui comporte un sommet d'une altitude de 2 241 m et, en bord de mer, une ceinture de terrains plats, plus ou moins larges selon les caprices de l'ancienne activité volcanique. Les terrains plats ont été les premiers occupés et bâtis. La population croissant d'année en année, les habitations s'étagent le long des contreforts montagneux. Ainsi, notre paroisse dont l'église est située en terrain plat est contigüe avec l'aéroport international. Là se trouvent les plus anciennes familles tahitiennes. Les principaux autres centres démographiques sont : Saint-Hilaire (nom donné à cause de la fondation d'une école primaire par les Frères de l'Instruction Chrétienne en 1968) ; Pamatai, avec la desserte du Christ-Roi bâtie en 1971 ; Puurai. Ces deux agglomérations sont en majorité habitées par des personnes venant des différents archipels de la Polynésie.

- Diversité ethnographique[10]

La paroisse est un reflet du peuplement de la principale ville : Papeete. On y trouve des représentants de tous les groupes ethniques installés en Polynésie : Polynésiens de Faaa/Tahiti, des archipels, notamment Tuamotu et Marquises, Chinois, Européens (en majorité Français), Pasquans (Île de Pâques). Cette diversité se reflète dans la pastorale. Le dimanche il y a une messe célébrée en tahitien avec une lecture en français, et une autre en français avec une lecture en tahitien. Pour le chant, il y a une chorale tahitienne et une chorale française. Plus d'une fois nous avons constaté dans les mois qui suivirent notre installation que les chanteurs ne voulaient pas partager leur répertoire et s'entraider pour l'enrichir. Ce fut un de nos premiers efforts: faire tomber ces barrières, ces préjugés, afin que la paroisse soit une vraie famille unie, heureuse de mettre en commun les talents et les capacités de chacun, quelle que soit son origine. Et je crois que nous avons réussi à faire évoluer les mentalités vers plus de collaboration.

- Diversité des activités pastorales

Le catéchisme est une des activités primordiales dans une paroisse. Saint-Joseph a l'avantage d'avoir trois écoles catholiques proposant trois niveaux : d'abord, une école maternelle et une école secondaire (1er cycle de la 6e à la 3e), sous la responsabilité des Sœurs Missionnaires de Notre-Dame des Anges, deux établissements implantés sur le même terrain que le presbytère et l'église. La troisième est une école primaire sise à Saint-Hilaire et dirigée par les Frères de Ploërmel. La catéchèse est assurée dans ces écoles pour les catholiques qui y sont inscrits. Reste un bon nombre d'enfants catholiques qui fréquentent des établissement d'enseignement d'État. La catéchèse de ces enfants se fait dans les locaux de l'école Notre-Dame des Anges, faute de locaux adéquats à la paroisse, ou à Pamatai dans l'église par manque de salles.

C'est une religieuse, Sr Françoise Nadeau, MNDA, ancienne missionnaire en Chine qui assume la responsabilité de l'organisation de la catéchèse sur toute l'étendue de la paroisse (Saint-Joseph et Pamatai). Elle est secondée par une bonne équipe de catéchètes laïcs bénévoles.

Le Rosaire Vivant. Inspiré par les groupes créés en France par Pauline Jaricot. Ce mouvement, que le P. Pierre Laporte, SSCC, a rénové, mérite bien son nom de « vivant ». Les membres se réunissent régulièrement dans les quartiers pour prier. Ils assurent également le nettoyage et l'entretien de l'église et des locaux paroissiaux (lorsqu'il y en a). Ces regroupements par quartiers seront les bases d'une pastorale de proximité pour rejoindre les chrétiens. Le Rosaire Vivant est un excellent lien de communications entre les responsables de la paroisse et les habitants des quartiers.

La Légion de Marie. Lorsque les Oblats s'installent à Faaa, ce mouvement apostolique, lancé à Tahiti par Sr Saint-Fidèle Théroux, MNDA, en 1966, est encore dans une phase de recherche d'adaptation aux conditions particulières de la Polynésie. Sur les instances de la direction internationale du mouvement à Dublin, la Légion prendra le nom, à Tahiti, de « Te Nuu a Maria » (L'Armée de Marie).

3) Activités pour répondre à l'attente de l'archevêque

Après avoir situé sommairement le contexte dans lequel arrivait le premier groupe oblat et leurs efforts pour se préparer à leur mission, voyons comment ils ont essayé de transcrire dans le concret de leur action cette mission : aider à la formation et à la construction d'une Église locale.

Messes dans les quartiers. Un mois et demi après notre arrivée à Saint-Joseph de Faaa, afin de créer une relation plus proche entre les paroissiens et leur pasteur, nous sommes allés célébrer l'Eucharistie dans les différents quartiers de la paroisse. Une fois par semaine les PP. Jules et Patrice, avec l'aide des groupes du Rosaire Vivant, organisaient un rassemblement des chrétiens dans leurs propres quartiers. Excellente occasion de se connaître les uns les autres, de témoigner de l'intérêt que nous portions à chacun. L'utilisation du tahitien, même s'il était loin d'être parfait, touchait les cœurs, prouvant notre désir, non pas d'imposer une culture étrangère, mais de les épauler pour vivre leur foi au Christ dans leur propre culture.

Conseil paroissial. Désirant que les paroissiens aient leur mot à dire dans le fonctionnement de la paroisse et dans la transmission de la foi, le P. Jules constitua un Conseil paroissial composé des « katekita », de quelques membres des groupes du Rosaire Vivant représentant les différents quartiers, de membres du service de la catéchèse, du service de la liturgie : une assemblée assez grande, vu la grandeur de la paroisse.

Le P. Jules expliqua à toute la paroisse, d'abord dans le prêche dominical, le but de ce Conseil, insistant sur la nécessité que tous se sentent concernés. À chaque réunion, il répétait qu'il n'était pas là pour imposer sa volonté et ses vues mais pour présenter des projets afin qu'ils soient discutés, approuvés ou refusés.

Les questions abordées en Conseil se rapportaient à l'organisation des messes de quartiers, des différentes célébrations liturgiques, telle que la fête de la Toussaint avec la bénédiction des tombes au cimetière (deux sur la paroisse) ; de la préparation d'une kermesse en vue de récolter des fonds pour les besoins de la paroisse, etc. La récolte des fonds visait en premier lieu la construction de six salles de catéchèse pour la desserte de Pamatai. Elles seront construites par les paroissiens eux-mêmes et inaugurées le 11 mai 1980.

C'est à l'occasion d'un projet similaire pour le quartier de Puurai que le Conseil paroissial a trouvé sa maturité : c'était en octobre 1980. Le P. Jules proposa la construction d'une salle de rassemblement pour les jeunes qui, avant notre arrivée, jouaient sur le terrain acquis par la mission. Cette salle aurait servi à rencontrer les jeunes, à y organiser éventuellement des célébrations eucharistiques. Au cours de cette réunion, un membre de ce quartier de Puurai justement, exprima le désir que cette construction soit une église et non une salle de jeux. Cette proposition qui prenait le contre-pied de ce que le P. Jules avait en tête, fut d'abord accueillie dans le silence, mais très vite - peut-être parce que le P. Jules ne disait rien -, la proposition de cet homme fut soutenue par la majorité des membres du Conseil et le P. Jules l'accepta tout de suite, ne cherchant pas à faire prévaloir son point de vue. Cette attitude changea complètement l'atmosphère du Conseil paroissial. Les paroissiens prirent conscience de la valeur de leurs idées et de ce que leur répétait sans cesse leur pasteur était vrai : il n'était pas là pour imposer ses idées.

À partir de ce jour, une nouvelle ambiance de confiance et d'estime réciproque a régné dans les relations pasteur-paroissiens[11]. Cet épisode montre bien dans quel esprit les Oblats ont travaillé à Tahiti pour promouvoir une Église locale adulte. En cela, nous avons été grandement appuyés par Mgr Michel. Par la suite, cette réalité du Conseil paroissial s'est étendue à toutes les paroisses du diocèse, y compris dans les atolls, en priorité ceux dont nous avons eu la responsabilité.

Groupes de prière. Dès novembre 1978, les PP. Jules et Patrice étaient d'accord pour avoir un groupe de prière sur la paroisse, non pas en concurrence avec les groupes du Rosaire Vivant ou de la Légion de Marie, mais en complémentarité. La direction de ce groupe fut confiée à Sr Jeannine Rosa, MNDA, et au katekita Pierre Marere qui se préparait au diaconat permanent. Ces deux personnes connaissaient le Renouveau charismatique, et c'est dans cette ligne que le groupe de prière de Faaa s'est créé et développé. Le P. Patrice s'y est impliqué et en est devenu le berger en 1979. Ce groupe de prière, Nazareta, a permis à de nombreux chrétiens de vivre une expérience de conversion et d'engagement au service de la paroisse ou du diocèse.

Cours de morale. Le P. Jules proposa des cours de morale à des laïcs pour leur faire découvrir que la morale est autre chose qu'une série de lois et d'interdits, mais qu'elle est un chemin de développement humain fondé sur l'amour et sur la foi au Christ-Sauveur. Ces cours furent suivis par des paroissiens de Faaa, mais aussi d'autres paroisses voisines. Ils conduisirent, dans le futur, d'autres Pères, Frères et Sœurs à proposer ainsi à des laïcs des enseignements qui compléteraient leurs connaissances religieuses.

Déjà dans le diocèse, depuis le début de la Mission en Polynésie, les Pères des Sacrés-Cœurs avaient eu le souci de la formation des laïcs. Elle était indispensable pour ceux qui étaient chargés par les Pères de diriger les communautés chrétiennes, spécialement celles des îles pendant leur absence, parfois pendant un an. L'École des Katekita avait été rénovée par le P. Hubert Coppenrath en 1970. Elle sera suivie, deux ans plus tard, par l'École des Diacres, elle aussi sous la direction du P. Hubert.

Le P. Jules, et avec lui ensuite les Oblats, ont collaboré à ces Écoles ou à d'autres initiatives parallèles dans les paroisses.

Pastorale familiale. La grandeur de la paroisse Saint-Joseph, avec le nombre de chrétiens y vivant, dont beaucoup de jeunes, voyait souvent la célébration de baptêmes, de premières communions, de confirmations, mais très peu de mariages. Par ailleurs, nous constations que de nombreux couples mariés à l'église vivaient des crises douloureuses aboutissant très souvent à des séparations, des divorces et des concubinages adultérins.

Devant cette situation et fort de l'expérience pastorale de nombreux diocèses dans le monde, le p. Jules estima nécessaire d'instaurer des cours de préparation au mariage. Un essai avait été tenté avant que nous n'arrivions, mais il n'avait pas eu de suite. Au presbyterium d'août 1979, le p. Jules présenta donc à l'assemblée un projet, espérant que d'autres paroisses ouvriraient de tels cours et qu'une entraide serait possible. Après discussion, nous avions le feu vert pour commencer si nous le voulions, mais nous n'avons pas été suivis. Cependant, nous avons annoncé que si des paroisses désiraient envoyer des couples aux cours donnés à Faaa, ils seraient les bienvenus.

Ces cours duraient dix semaines, à raison d'une réunion hebdomadaire. Les animateurs étaient, en plus des trois Oblats, des laïcs: médecin, assistante sociale, psychologue, couple marié. Nous avons persévéré, donnant trois séries de cours par an, et peu à peu cette pratique s'étendit à d'autres paroisses et devint obligatoire pour tout couple désirant se marier à l'église.

Pastorale des Îles. L'expérience que nous avions faite durant notre année d'acclimatation a été à l'origine d'une nouvelle façon d'accomplir le ministère dans les îles.

Le nombre des prêtres résidant en permanence dans un secteur donné des îles diminua d'une manière dramatique au cours des années 1977 à 1980 : décès, maladies, départs à la retraite. Par ailleurs, un service aérien se développait à partir de Tahiti vers les îles. Le gouvernement favorisait et finançait le développement des pistes sur les îles. Ainsi, à partir de Tahiti, tout en ayant en charge une paroisse ou une œuvre d'éducation, il devint possible de se rendre dans ces communautés chrétiennes sans prêtres une ou deux fois par an pour des séjours de quelques jours à un mois, selon la fréquence des rotations aériennes.

Notre disponibilité pendant notre première année polynésienne a démontré la valeur d'une telle pastorale « volante ». Nous avons, en tant qu'Oblats, continué cet apostolat dans les îles tout au long des années et avons contribué grandement à la généralisation de cette prise en charge des chrétiens éloignés.

4) Visites et renforts.

Il ne peut y avoir d'avancée missionnaire durable sans logistique et base arrière de soutien. De ce côté, nous nous sommes sentis réconfortés et soutenus par nos confrères des États-Unis et de la Congrégation entière.

En plus de la visite de notre Provincial, le P. Parent, en septembre 1978, le P. Francis George, Vicaire général de la Congrégation, venait passer trois jours avec nous en décembre de la même année. D'autres visites de confrères durant ces premières années à Faaa nous encouragèrent. Les visiteurs devinrent de bons ambassadeurs à leur retour en Amérique pour susciter de l'intérêt pour notre mission en Polynésie.[12]

En novembre 1979, le diacre oblat Philippe Giroux est envoyé par la Province américaine pour accomplir chez nous son stage pastoral. Devant rester un an et demi, il lui est demandé d'apprendre le tahitien. Il sera à l'origine de la fondation d'un groupe de jeunes sur la paroisse Saint-Joseph où il est affecté. Après quelques semaines, les jeunes demandèrent à avoir une fois par mois, le dimanche à 18 h, une messe pour leur groupe. La joie priante de leur animation attira peu à peu plusieurs fidèles, si bien que cette Eucharistie dominicale devint de plus en plus fréquentée. En juillet 1980, notre nouveau Provincial, le P. Maurice Laliberté, est parmi nous. Sa visite marque une étape importante pour la mission oblate à Tahiti. Il en sera question par la suite.

2. Le Foyer vocationnel Jean XXIII

Parallèlement à la prise en charge de la paroisse Saint-Joseph de Faaa par les PP. Jules et Patrice, le P. Daniel, dès le mois de février 1978, avait été désigné par l'évêque pour assumer la responsabilité du Foyer Jean XXIII et la pastorale des vocations. Son premier souci fut le transfert du Foyer sur un autre terrain afin que l'on puisse accueillir davantage de jeunes, soit d'une manière permanente, soit pour des rencontres de fin de semaine.

Providentiellement, une généreuse donatrice, Mlle Auffray, avait légué à l'archidiocèse un très grand terrain, sous condition qu'il serve pour les vocations. Ce terrain, situé à flanc de montagne sur la commune de Punaauia, pouvait, moyennant des travaux de nivellement, recevoir plusieurs bâtiments, et c'est ce qui advint au fur et à mesure des années[13]. C'est sur ce terrain que Mgr Michel décida d'implanter le Foyer Jean XXIII.

À la rentrée scolaire 78-79, les travaux de terrassement sur le terrain Auffray étaient à peine commencés. Le P. Daniel restait à l'évêché et accueillait six jeunes dont un Marquisien (diocèse de Taiohae). Ainsi s'amorçait la formation au sacerdoce des candidats francophones du Pacifique. Dans leur ensemble, les jeunes reçus au Foyer étaient scolarisés au Collège La Mennais, tenu par les Frères de Ploërmel. Le P. Daniel y assurait des cours de religion et l'aumônerie.

En tant que directeur du Service des vocations, le P. Daniel organisa la semaine diocésaine des vocations. Le thème choisi « Notre Dieu est un Dieu qui appelle », fut présenté par des jeunes, avec l'aide des Frères et des Sœurs, lors de deux séances d'un spectacle « Fantailose ». Toute une documentation fut fournie aux paroisses et aux écoles catholiques du diocèse. L'évaluation de cette semaine des vocations fut très positive et encourageante. Une sensibilisation plus intense commença à faire son chemin, et c'est ainsi que certaines paroisses, à Tahiti et dans les îles, décidèrent de prier chaque jour d'une manière explicite pour les vocations.

Aux vacances de Noël 78, le P. Daniel se rend dans les atolls de Rangiroa et Tikehau. Il retournera dans les Tuamotu à Pâques pour deux semaines. Puis, au fil des semaines et des mois, il continuera de suivre la construction du nouveau Foyer sur le terrain Auffray. Elle sera achevée fin août 79, et onze jeunes s'y installeront pour l'année 79-80. Mgr Angelo Acerbi, nonce apostolique en Colombie de passage à Tahiti, est invité par Mgr Michel à bénir la chapelle du Foyer le 26 septembre 1979. Quant à l'inauguration officielle de l'institution sous la présidence de Mgr Michel, elle aura lieu le 27 avril 1980, en présence des autorités civiles du Territoire.

En tant que responsable du Service diocésain des vocations, le P. Daniel se rend à Suva (Îles Fidji) pour y rencontrer les deux grands séminaristes du diocèse de Papeete qui y étudient. À cette date (1980), c'est le seul Grand Séminaire ouvert pour la formation des futurs prêtres des différents diocèses du Pacifique.



 

[10]  Voir P. Hodee, op.cit.,chapitre 4 : Mélanges de races, chocs des cultures.
[11]  La première pierre de cette église fut bénite le 5 juillet 1981 par Mgr Antonio Magnoni, nouveau Délégué apostolique pour le Pacifique. L'église fut dédiée à Notre-Dame de Grâces, en souvenir du Sanctuaire de Colebrook, NH, où les PP. Jules et Daniel avaient fait leur noviciat.
[12]  Fin septembre 1979, un couple américain, amis du P. Guy, Mme Anne Zientara et son époux Wally, tous deux à la retraite sont venus nous aider. Ils restèrent deux ans, apportant leur concours au secrétariat (Madame) et aux nombreux travaux manuels (Monsieur).
[13]  Sur ce terrain sont installés (fin 2004) : le Foyer Jean XXIII, le Grand Séminaire Notre-Dame de la Pentecôte, la maison Saint-Eugène pour les Oblats, le monastère des Pauvres Clarisses, un Centre pour les handicapés, le Centre de retraite de « Nuu a Maria » (Légion de Marie), le Collège technique Saint-Joseph, deux maisons d'habitation pour un diacre permanent et un kakekita, une maison pour l'Association familiale catholique (AFC), un centre pour la communauté charismatique « Te Aroha » (Amour).

 

C. Étape décisive : visite du P. Maurice Laliberté, provincial (6-18 juillet 1980).

1. Naissance d'un projet inattendu : un Grand Séminaire

Aux États-Unis, le P. Norman Parent a été remplacé à la fin de son mandat par le P. Maurice Laliberté. Celui-ci désire se rendre sans tarder à Tahiti pour apporter son soutien à cette jeune mission et se rendre compte sur place de ses réalisations et de ses besoins. Il y est accueilli le 6 juillet et restera jusqu'au 18. Lors d'une des premières réunions, il pose la question : « Que font les Oblats de Tahiti pour répondre à la mission qui leur a été confiée ? »

Réponse : le P. Daniel est en charge du Foyer Jean XXIII et du Service diocésain des vocations.

Les PP. Jules et Patrice et le diacre Philippe travaillent à la paroisse Saint-Joseph de Faaa. Au plan diocésain, le P. Jules enseigne la morale aux Filles de Jésus Sauveur et aussi à des laïcs. Le P. Daniel assure la catéchèse dans des écoles ; le P. Patrice est responsable diocésain de la Légion de Marie, et s'implique dans le Renouveau charismatique où il donne des enseignements.

La grande difficulté par rapport aux vocations sacerdotales vient du fait qu'il n'existe qu'un seul Grand Séminaire dans le Pacifique. Il est situé à Suva aux Îles Fidji. Les cours, la vie liturgique, toutes les activités sont en anglais. C'est un gros handicap pour les candidats venant des diocèses francophones (Tahiti, Marquises, Wallis et Futuna, Nouvelle-Calédonie). L'éloignement et la rupture d'avec leurs lieux d'origine sont un autre obstacle. À noter aussi qu'il faudra, au retour dans leurs diocèses, retranscrire dans leurs propres langues ce qu'ils auront appris à Suva. Lors de sa première visite à Suva, en tant que responsable du suivi des grands séminaristes tahitiens, le P. Daniel a parlé de ce problème avec les professeurs du Séminaire qui lui répondirent : « Pourquoi ne pas ouvrir un séminaire francophone à Tahiti ? » Dans son rapport, le P Daniel fit part de cette réflexion à Mgr Michel. Le P. Laliberté, à son tour, reprit à son compte la même idée : « Ouvrir un Grand Séminaire à Tahiti ».

Une objection nous vient tout de suite à l'esprit : la Province Saint-Jean-Baptiste est-elle capable de fournir le personnel en nombre et en compétence ? Le P. Jules, appuyé par les autres Oblats de Tahiti, insiste auprès du Provincial pour qu'il réfléchisse bien avant de présenter une telle proposition à l'évêque. Nous insistons sur l'enjeu que cela engage pour l'avenir et pour la Province.

Le lendemain de cette réunion, nouvelle rencontre ; le père Provincial nous redemande notre avis. « L'idée est-elle déraisonnable ? » Réponse : « Non, bien sûr, bien au contraire ; mais la Province peut-elle assumer la charge d'une telle institution ? » Le père Provincial, étant affirmatif sur ce point, en a parlé à Mgr Coppenrath qui a été trop heureux d'une telle proposition.

Sur quoi se fondait l'espoir du P. Laliberté ? Il avait en vue :

1. un père Oblat de Tahiti pour être le responsable ;
2. un père de la Province Saint-Jean-Baptiste pour l'Écriture Sainte ;
3. une religieuse américaine travaillant avec les Oblats à Lowell et parlant français.

Toutefois, au lieu de parler de Grand Séminaire, l'évêque envisageait une œuvre plus modeste, mais plus vaste en même temps: une École théologique. Dans la pensée de plusieurs, le terme de « Grand Séminaire » veut dire une institution réservée uniquement à la formation des futurs prêtres. Or, Monseigneur avait une autre conception, telle qu'exposée dans un article de l'Agence Fides :

Le Séminaire et l'École théologique sont conçus comme une œuvre diocésaine. Dans ces deux Centres, la formation sera assurée non seulement aux séminaristes, mais s'adressera aussi aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux laïcs qui veulent approfondir leur foi et leur connaissance de la Bible. Un séminaire, en conséquence, au service de tous, une école de dialogue avec toute la Polynésie. Tout le monde pourra y venir prier, mais ceux qui y habiteront devront être des hommes de prière. Tous les évêques de la CEPAC[14] ont souhaité dans une récente enquête que le prêtre, « homme de prière », entraîne le peuple à la prière.

Mgr Michel désirait en outre que ce lieu soit organisé pour accueillir en fin de semaine des groupes d'hommes et de femmes pour des retraites et des sessions.

2. La mise en place.

Une fois admis le principe de la création d'un Grand Séminaire, on en est venu à chercher qui mettre comme responsable. Pour de multiples raisons, le P. Patrice a été pressenti :

1. ancienne expérience missionnaire (21 ans au Laos) ;
2. expérience dans la formation (Grand et Petit Séminaire au Laos) ;
3. connaissance de la langue tahitienne ;
4. bonne relation avec l'évêque, les Pères, Frères, Sœurs et laïcs.

De retour aux États-Unis, le Provincial en parle à son conseil qui donne le feu vert quant au projet et au choix du P. Patrice.

À la mi-novembre 1980, Mgr Coppenrath vint à la Maison générale des Oblats à Rome et y rencontra l'Administration générale. C'est à cette époque aussi que Mgr Michel parla du projet de la CEPAC. Le 1er janvier 1981, il annonce par la télévision aux catholiques de Tahiti l'ouverture d'une École Théologique, sans doute pour 1982.

3. Programmation et orientations

Suite à sa visite à Tahiti, le P. Laliberté annonce au mois de mai 1981 l'envoi du P. Roger Roy pour aider au ministère paroissial à Faaa, et surtout pour l'École Théologique/Grand Séminaire. Le P. Roger arrivera le 12 septembre 1981. Dès le mois de décembre, il se rendra Makemo (Tuamotu) et y continuera son apprentissage de la langue tahitienne. C'est encore le P. Laliberté qui demanda au P. Richard G. Cote, professeur de théologie, de venir à Tahiti (en août 81) pour rencontrer l'évêque, et surtout le P. Patrice, pour offrir son expérience et ses conseils pour le lancement du projet de Grand Séminaire[15].

En premier lieu, il fallait établir un programme de développement de l'École Théologique/Grand Séminaire. Même si le nom donné était « École Théologique », le but principal de l'institution était bien la formation au sacerdoce.

Recherchant de la documentation et des renseignements, sur les différentes fondations de séminaires en pays de mission, aussi bien en France qu'ailleurs, en suivant les directives romaines, je notai que dans plusieurs diocèses, en plus des deux années de philosophie et des quatre de théologie, il y avait une année supplémentaire appelée « Propédeutique ». En effet, dans les années 70/80, de nombreux candidats se présentaient pour entrer au Grand Séminaire sans être passés par un Petit Séminaire. Très souvent, leurs connaissances religieuses n'allaient pas plus loin que ce qu'ils avaient appris au catéchisme. Il s'avérait indispensable de raviver et de compléter cette formation religieuse. J'ai été particulièrement intéressé par ce qui se réalisait en France dans le diocèse d'Autun, à Paray-le-Monial.

En accord avec Mgr Michel et après discussion avec les confrères oblats, il fut donc décidé de commencer par une année de propédeutique. Elle aurait pour objectif de mettre les futurs séminaristes à niveau du point de vue des connaissances religieuses, de leur apprendre comment travailler personnellement en leur donnant le goût de la lecture et de la recherche intellectuelle. Elle serait également, une année de formation spirituelle et humaine.

Une de mes premières préoccupations fut aussi de savoir sous quel patronage placer cette œuvre. Après avoir réfléchi et prié, je proposais à Mgr Michel le titre de « Grand Séminaire de Notre-Dame de la Pentecôte ». De son côté, l'évêque y avait réfléchi et pensait à un nom tahitien : « Raanuu na te Varua », ce qui veut dire : « Provisions de vivres pour l'âme/l'esprit », le mot varua ayant cette double signification. Ce titre se trouve inscrit au fronton du Grand Séminaire. Par contre, dans le chœur de la chapelle, se trouve un grand tableau représentant la Pentecôte.

Pourquoi ce titre ? Un Grand Séminaire n'est-il pas comme un Cénacle où les futurs apôtres se préparent pour aller proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ aux quatre coins du monde (du Pacifique). Ils ne pourront le faire que sous l'influence de l'Esprit Saint. Et qui peut concourir le mieux à cela sinon la Vierge Marie, présente avec les Douze, priant avec eux, pour qu'ils accueillent l'Esprit Saint ? En plus, comme Oblat, je tenais à mettre cette œuvre sous la protection de Marie puisque le diocèse de Papeete lui-même est consacré à Notre-Dame de Paix.

Puisque deux des personnes-ressources auxquelles nous pensions ne pouvaient venir, il fallait se tourner ailleurs. Providentiellement cette circonstance m'obligea à chercher sur place les compétences nécessaires. Nous voulions, comme Oblats chargés de la formation de l'Église locale, que tout le diocèse y soit impliqué. Cela devait, nous semblait-il, inciter davantage les chrétiens de Tahiti à s'intéresser à la formation de leurs futurs prêtres et pasteurs, et à susciter des vocations. C'était aussi, comme l'écrivait un jour un séminariste de Futuna, « un signe que l'œuvre de 150 ans d'évangélisation accomplie par les Pères des Sacrés-Cœurs, avait conduit l'Église de Tahiti à devenir capable de se prendre en main et d'assurer la relève missionnaire. »

Certainement, il y avait sur place, dans le personnel missionnaire, les personnes capables d'apporter leurs connaissances et leur savoir-faire à cette institution, au moins dans ses débuts. En premier lieu, l'archevêque lui-même : il pourrait enseigner le droit canonique, étant gradué aussi bien en droit ecclésiastique que civil. Plusieurs Congrégations religieuses enseignantes sont présentes dans l'archidiocèse. Sœur Elisabeth Gaveau, SJC, vice-provinciale me donna l'assurance qu'une des Sœurs sous sa juridiction serait disponible fin 84 pour enseigner la théologie. Il s'agissait de Sr Myriam Chevalier, originaire de Nouvelle-Calédonie, qui préparait alors une licence en théologie à la Faculté catholique d'Angers (France).

La philosophie pourrait sans doute être enseignée par un Frère de l'Instruction Chrétienne, ce qui fut confirmé plus tard. Ce fut le Fr. François Pichard qui devint même le directeur des études au Grand Séminaire[16]. Les Pères de Picpus acceptaient également de collaborer pour des cours secondaires: histoire de l'Église, liturgie, patrologie, ou autres, et il y aura toujours un Père de Picpus au Grand Séminaire. Bien que tahitiens, les séminaristes avaient besoin de se perfectionner dans leur langue. Le P. Hubert Coppenrath et une institutrice tahitienne, Mme Faustine Tokoragi, donneraient ces cours. En conclusion, malgré la présence d'inconnues pour l'avenir, il s'avérait possible d'aller de l'avant dans la mise en œuvre de l'École Théologique/Grand Séminaire[17].

Dans quel esprit les Oblats ont-ils entrepris cette formation ? Le P. Fernand Jetté, Supérieur général, l'exprima clairement lors de l'inauguration de l'École Théologique/Grand Séminaire :

Quatre traits caractérisent l'action des Oblats. Ils veulent former des prêtres qui soient d'abord des hommes de Jésus-Christ, des hommes qui ont opté personnellement pour le Christ et qui, peu à peu, ont fait de lui le centre de leur vie, s'efforcent de le connaître plus intimement chaque jour, de s'identifier à lui, de le laisser vivre en eux, et qui brûlent de le faire connaître aux autres.

Des prêtres, en second lieu, qui aiment profondément l'Église, car aimer l'Église, disait leur Fondateur, c'est aimer Jésus-Christ et réciproquement Et cet amour de l'Église les conduira, après le Séminaire, à accomplir leur ministère en communion profonde avec le pape et les évêques et en étroite collaboration avec les autres ouvriers de l'Évangile.

Des prêtres, en troisième lieu, qui soient pleins de respect et d'affection pour les gens avec lesquels ils travaillent, surtout les pauvres, qui soient proches d'eux et sans cesse attentifs aux aspirations et aux valeurs qu'ils portent en eux, et qui aient à cœur de les associer le plus possible aux ministères de l'Église et de les appuyer dans leur effort pour construire un monde meilleur, plus juste et plus conforme à la dignité humaine.

Des prêtres enfin, qui aient une réelle et authentique dévotion à la Vierge Marie, car l'Oblat, formateur de prêtres, demeure un fils de la Vierge Immaculée. Une phrase de notre Père Fondateur résume le rôle des Oblats dans un Grand Séminaire : « lls s'appliqueront sans cesse à former le Christ dans les clercs, avec l'aide de son Immaculée Mère, la Vierge Marie, à la protection de laquelle ils leur apprendront à recourir en tout avec confiance. »

En décembre 1982, le bâtiment était presque terminé. Nous pensions tous que la rentrée des premiers candidats séminaristes pourrait s'effectuer dans les premiers mois de 1983, mais la météo en décida autrement. De décembre 82 à fin mai 83, la Polynésie a essuyé le passage d'une dépression tropicale et de cinq cyclones. Un de ces cyclones, « Veena », le 12 avril, détruisit le couvent des Filles de Jésus Sauveur à Pamatai. Elles vinrent se réfugier à « Raanuu na te Varua » et y restèrent un an en attendant que leur maison soit reconstruite.

La réussite du projet de Séminaire tenait beaucoup au cœur du P. Laliberté. Il nous annonça l'envoi d'un autre Oblat, le Frère Richard P. Coté, qui pourrait aider au Séminaire pour l'économat, et en paroisse, pour la catéchèse[18].



 

[14]  Conférence épiscopale du Pacifique.
[15]  Le Provincial pensait au P. Norman Bonneau comme professeur d'Écriture Sainte. Celui-ci, lors d'une visite en décembre 1981, se rendit compte que Tahiti se trouve loin de tout continent et de tout centre universitaire important. Il estima qu'étant à ses débuts comme professeur, il ne pourrait pas trouver sur place la documentation et les ressources nécessaires pour parfaire sa formation. Il ne fut donc pas affecté à la mission de Tahiti, ni non plus Sœur Pauline Leblanc qui avait été pressentie mais n'avait pu accepter.
[16]  Au cours des années, d'autres Frères de Ploërmel furent de grand secours : les Frères Claude Simon, Joseph Le Port, Henri Guigo, Michel Gougeon.
[17]  L'évêque contacta une entreprise de construction pour la réalisation d'un premier bâtiment. L'implantation se fit sur le terrain Auffray, en prolongement et un peu plus haut que le Foyer Jean XXIII. C'est au cours de l'année 1982 qu'il fut construit.
[18]  Arrivé à Tahiti le 26 septembre 1983, avec obédience pour cinq ans, le Frère Côté était préparé pour la formation des catéchètes. Il contribua à mettre en place des programmes de préparation à la première communion et à la confimation, d'abord à la paroisse de Faaa, mais aussi dans les atolls desservis par les Oblats. Pour des raisons de santé, il retourna aux États-Unis le 25 juin1987.

 

D. Le Grand Séminaire Notre-Dame de la Pentecôte

1. Première année : Propédeutique (1984-1985)

Pour l'inauguration du Grand Séminaire le 19 octobre 1983, le Supérieur général des Oblats était venu de Rome, soulignant ainsi l'intérêt que la Congrégation entière portait à cet établissement. Il était accompagné du P. Laliberté qui avait été à l'origine de ce projet. L'archevêque demanda au P. Jetté de bénir la maison.

Quatre jeunes gens dans la vingtaine étaient candidats au Grand Séminaire. Ils avaient besoin de parfaire leur connaissance du français pour être à même de suivre les cours. À cette fin, ils furent accueillis au Foyer Jean XXIII, tout en recevant aussi une première initiation biblique et théologique.

Mgr Michel avait hâte de voir s'ouvrir la section « École Théologique », ce qui advint en janvier 1984. Même si le reste du bâtiment hébergeait encore les Filles de Jésus Sauveur, une grande salle de cours au rez-de-chaussée était disponible pour des cours du soir, donnés en français de 17h à 19h[19].

Cette année 1984 revêt une grande importance pour l'Église en Polynésie. Elle marque les 150 ans de l'implantation de l'Église catholique en cette partie du Pacifique. Elle eut lieu à Mangareva (archipel des Gambier) le 7 août 1834. Mgr Michel voulait que la célébration de cet anniversaire se fasse en un grand Jubilé. Providentiellement, c'est en cette année jubilaire que commençaient, en janvier, les cours dans la section « École Théologique », et qu'au mois d'août la section « Grand Séminaire » débutait avec la Propédeutique. Des quatre premiers candidats qui concrétisaient un rêve longtemps caressé par l'archevêque, deux arrivèrent jusqu'au sacerdoce: le P. Abraham Meitai, ordonné le 25 mars 1992, et le P. Bruno Mai, le 24 avril de la même année.

C'est dire que les prières pour les vocations furent exaucées, que la mentalité des Polynésiens par rapport à la possibilité d'accéder au sacerdoce avait évolué, que ce résultat n'aurait pu être atteint sans les efforts, les sacrifices et le dévouement de nombreux chrétiens et des Oblats qui se sont impliqués avec persévérance dans cette mission.

2. Croissance (1985-1989)

Dès son origine, le Grand Séminaire avait été présenté comme étant ouvert aux quatre diocèses francophones du Pacifique. Au long des années, il accueillit des candidats du diocèse de Taiohae (Îles Marquises), de Wallis et Futuna. Les Pères de Picpus qui, après tant d'années de présence en Polynésie, commençaient à avoir des vocations locales, confièrent au Grand Séminaire ceux qui se destinaient au sacerdoce. Ils suivaient la propédeutique et les deux années de philosophie à Papeete, et étaient envoyés en France pour leur théologie. L'évêque incardine dans son diocèse deux séminaristes de France qui avaient connu la Polynésie lors de leur service militaire. Ils terminèrent leur cursus théologique au Grand Séminaire de Papeete.

Le nombre des séminaristes, croissant peu à peu au fil des années[20], une chapelle digne de ce nom fut bâtie en 1987.

Par ailleurs, le P. Patrice, arrivant à la fin de son deuxième mandat comme supérieur, devait être remplacé.

3. Un nouveau recteur

Aussi bien au niveau de la Province Saint-Jean Baptiste que de l'Administration générale de Rome, les autorités se souciaient de trouver un nouveau recteur. Providentiellement, au cours d'une visite au Canada, le Supérieur général, le P. Marcello Zago put contacter le P. Hubert Lagacé qui venait de terminer son ministère comme chapelain à l'Université d'Ottawa et qui désirait repartir en Afrique où il avait déjà enseigné dans divers séminaires. Celui-ci accepta avec grande générosité de partir vers un nouveau pays, une nouvelle culture. Il arriva à Tahiti le 30 juin 1989.

En janvier de cette même année 1989, M. Constant Bouchaud, ancien Supérieur général des Prêtres de Saint-Sulpice, fut invité par Mgr Coppenrath à faire l'évaluation de la marche du Grand Séminaire. Il y logea durant une semaine entière, rencontrant chaque professeur et chaque séminariste. Son rapport fut très positif et encourageant. Il proposa aussi quelques lignes d'aménagement pour les programmes à mettre en place dans l'avenir. Il suggéra aussi à Monseigneur de ne garder pour l'institution que le nom de Grand Séminaire, ce qui fut accepté de suite.

Lorsque le P. Hubert Lagacé arriva à Tahiti, les Oblats et l'évêque voulaient lui laisser plusieurs mois d'adaptation. Mais dès le mois d'août, il fut nommé recteur du Grand Séminaire. Son expérience africaine lui facilita grandement la prise en charge de ses nouvelles responsabilités.

4. La récolte des fruits

Lors de la célébration du Jubilé des 150 ans de l'Église catholique en Polynésie, le Cardinal Gantin avait lancé cette phrase : « Tahiti les fleurs - Tahiti les fruits ». Il signifiait par là que les 150 premières années de la Mission avaient été des années de semailles parfois difficiles mais que les fleurs apparaissaient maintenant. Les chrétiens devaient poursuivre leurs efforts pour que ces fleurs arrivent à maturité et se transforment en fruits.

On pourrait dire la même chose pour le Grand Séminaire. La gestation avait été longue. Lorsque le P. Lagacé en prit la responsabilité, il continua à le développer et, en 1992, comme il a été mentionné un peu plus haut, les deux premiers séminaristes sortant de ce Séminaire étaient ordonnés prêtres : récompense des efforts de tous. Ces ordinations étaient aussi une promesse pour l'avenir et un encouragement pour les jeunes, démontrant que l'accès au sacerdoce était possible pour les Polynésiens.

En 1997, le P. Polydor Twanga, Oblat congolais, venait remplacer le P. Lagacé comme recteur du Grand Séminaire. Il contribua à renforcer l'aide spirituelle et financière apportée par les laïcs à la formation des séminaristes. Il ne put rester que quatre ans, et, en septembre 2001, le P. Lagacé reprenait le rectorat. Sous sa direction des aménagements matériels furent entrepris : construction d'un nouveau bâtiment d'habitation (4 chambres de séminaristes, plus 1 chambre de professeur) et un autre bâtiment de fonction comprenant la bibliothèque, des salles de cours, une salle de conseil, une salle de récréation. Les locaux libérés ailleurs furent transformés en chambres pour les séminaristes.

Un des principaux soucis d'un recteur est la formation optimale de chaque séminariste. Celle-ci ne peut être assurée sans des formateurs expérimentés et dévoués. Le P. Lagacé s'est toujours préoccupé de trouver des professeurs conscients de leur rôle primordial pour l'avenir de l'Église en Polynésie. Tous ceux qui s'intéressent à la formation de séminaristes savent que, à peu près partout dans le monde, il y a un manque de formateurs. Les demandes sont nombreuses et les ouvriers disponibles peu nombreux. Le p. Lagacé a toujours su assurer la formation adéquate des séminaristes en trouvant, soit sur place (y compris lui-même), soit à l'extérieur, les personnes-ressources dont le Séminaire avait besoin.

En annexe, on trouvera la liste des Oblats qui sont venus à Tahiti pour un service missionnaire de durée variable. Il faut mentionner d'une manière spéciale le P. Marius Bobichon, originaire de France, arrivé à Tahiti le 31 août 1997, à l'âge de 73 ans, comme professeur de dogme, d'histoire de l'Église et de patrologie. Sa longue expérience comme professeur de séminaire, en France, au Sri Lanka, au Zaïre et au Cameroun, lui permettait d'être à l'aise en toutes ces matières. Il ne craignait pas de payer de sa personne. C'est sans doute ce don de lui-même sans compter qui fit qu'en mars 1999, il eut un malaise et fit une chute dans un escalier du Séminaire. Il resta une dizaine de jours dans le coma et, le 22 mars, il entrait dans son éternité. Il est enterré au cimetière de Saint-Joseph de Faaa, signe permanent de l'engagement temporaire des Oblats en faveur de l'Église en Polynésie.

En 2004, les Pères Oblats de la Province américaine se retiraient de Tahiti (voir ci-dessous). Le nouveau recteur du Séminaire est maintenant le P. Claude Jouneau, prêtre de Saint-Sulpice. Il fut, durant 11 ans recteur et professeur au Burkina Faso, puis recteur du Grand Séminaire sulpicien de Lyon.

Pour terminer cette partie sur le Grand Séminaire, signalons que 17 prêtres y ont été ordonnés : 1 pour Taiohae, 1 pour Wallis et Futuna, 3 religieux Picpuciens, les 12 autres pour le diocèse de Papeete. Parmi ces derniers, un est professeur de dogme au Grand Séminaire depuis 3 ans, et deux autres (ordonnés en 2004) sont aux études à Rome en vue de revenir comme professeurs au Séminaire.



 

[19]  Voici les enseignements proposés :

lundi - « La Rédemption » (P. Roger Roy) ;
mardi - « Doctrine sociale de l'Église et les réalités socio-économiques de la Polynésie à la lumière de l'Évangile » (P. Paul Hodee) ;
mercredi - « Histoire de l'Église en Polynésie » (P. Paul Hodee) ;
jeudi - « lnitiation biblique » (P. Roger Roy) ;
vendredi - « Liturgie » (P. Paul Daydou). Le nombre total des auditeurs inscrits aux différents cours était de dix religieuses et de dix-huit laïcs.

[20]  Un tableau récapitulatif du nombre des séminaristes donne les chiffres suivants par année : 1984 : 4 ; 1985 : 3 ; 1986 : 4 ; 1987 : 8 ; 1988 : 10 ; 1989 : 12 ; 1990 : 14 ; 1991 :12 ; 1992 : 9 ; 1993 : 10 ; 1994 : 10 ; 1995 : 12 ; 1996 : 15 ; 1997 : 13 ; 1998 : 14 ; 1999 : 17 ; 2000 : 18 ; 2001 : 16 ; 2002 : 13 ; 2003: 13.

E. Engagement pastoral

Par tout ce qui précède, il est aisé de voir que les Oblats à Tahiti se sont pleinement investis dans la formation des futurs prêtres. Pour autant, ils n'ont pas oublié qu'ils étaient envoyés pour l'ensemble de l'Église locale. Voyons maintenant comment sur le plan pastoral ils ont contribué à la structuration de l'Église.

Ce qui a été entrepris pour les vocations n'aurait pu se réaliser si, de l'extérieur, des renforts n'avaient pas été envoyés. Plusieurs fois dans nos rencontres avec l'archevêque, il nous a redit combien il appréciait le soutien de l'Administration générale ou provinciale oblate. Suivons en deux volets le travail pastoral des Oblats : en premier lieu sur l'île de Tahiti et, en second lieu, dans les autres îles.

1. Tahiti

L'esprit missionnaire qui guidait le P. Jules Guy en s'installant à Saint-Joseph de Faaa en juillet 1978 a été l'inspirateur des Oblats venus plus tard étoffer la communauté : c'est l'esprit missionnaire oblat tel qu'il est exprimé dans nos Constitutions et Règles, spécialement dans la Préface et le premier chapitre, et qui est vécu dans les différentes missions confiées aux Oblats à travers le monde.

Ce qui ressort plus particulièrement à Tahiti, je crois, c'est la proximité des Oblats avec ceux qui leur sont confiés, et aussi l'esprit de famille qu'ils vivent en communauté, esprit que nous avons essayé d'instaurer dans les paroisses que nous avons eues à administrer.

Le service des paroisses

Sur la paroisse de Saint-Joseph de Faaa, le développement démographique obligeait à créer des structures d'accueil, de culte, de catéchèse pour les gens qui venaient s'installer sur les contreforts montagneux. Après les salles de catéchèse à Pamatai, ce fut le centre de Puurai qui fut développé. Une église comprenant un soubassement divisé en plusieurs salles de catéchèse et une chambre pour un Père, permit de rassembler les chrétiens de ce quartier en expansion. Ce centre fut béni le 10 juin 1984. Peu à peu les habitants venant d'horizons différents apprirent à se connaître, à travailler ensemble et à former une communauté heureuse. Le P. Roger Roy, à mi-temps à Puurai et mi-temps au Séminaire, fut le premier Oblat à loger dans ce centre.

Autre construction qui était nécessaire : celle d'une nouvelle église à Saint-Joseph. Aidé du Conseil paroissial, le P. Jules s'est lancé dans cette aventure, d'abord pour trouver les fonds indispensables, récoltés en grande majorité chez les paroissiens eux-mêmes par des cotisations mensuelles, des kermesses, des soirées de cinéma, etc. Mais surtout, ce fut une aventure due à l'indélicatesse de l'entrepreneur qui pourtant nous avait été chaudement recommandé. Ces soucis détériorèrent la santé du P. Jules qui dut aller d'urgence aux États-Unis pour se faire soigner en juillet 85. À son retour, il reprit sa place à la paroisse et malgré d'autres péripéties, avec l'architecte cette fois, l'église sera finalement consacrée le 7 octobre 1989 par Mgr Michel. Le P. Jules avec tous les paroissiens aura la fierté de présenter au diocèse une église totalement payée, sans un centime de dette.

Puisqu'il est question de constructions, il faut signaler un autre ensemble qui a été réalisé au Christ-Roi de Pamatai. Cette agglomération, comme tout le reste de la commune de Faaa où elle est située, ne cesse de voir grandir le nombre de ses habitants. Les six premières salles de catéchèse, construites sous l'impulsion du P. Jules, devenaient insuffisantes. Après que le P. Roy fut devenu responsable du Christ-Roi, de 1989 à 1998, il entreprit la construction d'un autre bâtiment comprenant des salles de catéchèse, de réunions pour les différents mouvements et associations, une salle qui servirait d'entrepôt pour une antenne du Secours catholique.

Durant son absence en 1985, le P. Jules fut remplacé par le P. Gilmond Boucher, de la Province de Saint-Jean-Baptiste. Il avait reçu son obédience pour rejoindre Tahiti en novembre 1983, et passé une année à l'université de Hawaï où il avait appris le tahitien. Il arrivait ainsi prêt pour le ministère.

En cette année 1985, le P. Patrice Kintzmann, SSCC, âgé de 73 ans, qui s'occupait de la desserte du Christ-Roi de Pamatai, fut déchargé de ce poste. Ainsi, la totalité de la paroisse Saint-Joseph, avec ses trois églises, se trouvait sous la responsabilité des Oblats. Une grande entente régnait entre nous pour aider au ministère paroissial, pour les messes dominicales et les confessions. Et cette entente était un exemple vivant pour que les paroissiens sachent aussi collaborer les uns avec les autres et éviter les querelles de clocher. La paroisse Saint-Joseph restera confiée aux Oblats jusqu'en fin 2001, quand un prêtre tahitien formé au Grand Séminaire, le P. Bruno Mai, en deviendra le curé.

Entre 1985 et 2001, plusieurs Oblats ont résidé à Saint-Joseph, soit comme curés, soit comme vicaires. Parmi eux, deux noms à signaler : les PP. André Chataigner et Paul Siebert.

Le premier, originaire de France, est arrivé en janvier 1992. Il venait pour seconder le ministère paroissial, mais également pour prospecter les possibilités d'ouvrir un noviciat oblat à Tahiti. Cette tentative faisait suite à la visite du Supérieur général, le P. Marcello Zago, en 1990, dont il sera question ultérieurement. Lorsque le P. Chataigner fut nommé curé à Saint-Joseph, il accentua la communication entre pasteur et paroissiens par la valorisation des messes de quartier, le rôle des « katekita » et des groupes du Rosaire Vivant.

Le second, le P. Siebert, venait de la province d'Australie. Il avait étudié à Rome et au Canada, et connaissait le français. Arrivé en octobre 1990, il prit d'abord en charge la desserte Notre-Dame de Grâces à Puurai, avant d'être nommé curé à Saint-Joseph pour remplacer le P. Chataigner. Spécialisé dans les retraites paroissiales et la formation, le P. Siebert mit ses talents et compétences à former des ministres et des aides paroissiaux. Il obtint un grand succès lors d'une de ses premières homélies à Saint-Joseph en utilisant des marionnettes pour visualiser et mimer son enseignement. S'absentant rarement de la paroisse qu'il visitait et connaissait bien, il fut le conseiller spirituel de nombreux paroissiens. Durant le temps qu'il passa à Saint-Joseph, il finit de structurer la paroisse. Les quartiers devinrent des entités vivantes si bien que les centres de Pamatai et de Puurai, sans être des paroisses au sens canonique, étaient indépendants avec leur conseil paroissial et leur budget propre, tout en demeurant en relation les uns avec les autres. Cette structuration se fit en donnant des responsabilités à des laïcs que le père préparait en leur faisant confiance : préparation de baptêmes, veillées funéraires, voire obsèques, création de plusieurs chorales, préparation des lecteurs pour les eucharisties.

La préparation au mariage, on l'a vu, est un des ministères où les Oblats se sont particulièrement engagés. L'expérience mondiale démontre toutefois que, même là où la préparation au mariage est bien faite, les services d'un tribunal matrimonial diocésain sont nécessaires. En 1989, le P. Francis Demers, qui faisait partie de tribunaux ecclésiastiques aux États-Unis, est venu à Tahiti pour s'occuper de cas de mariage. Il reviendra ainsi chaque année pour trois mois (excepté en 1994), et donnera aussi des cours de droit canonique au Grand Séminaire.

Retraites, sessions

Depuis leur arrivée en Polynésie, tous les Oblats, à l'exception de l'un ou l'autre, se sont employés à la formation des laïcs soit dans le ministère paroissial, soit dans la direction et l'accompagnement de divers mouvements : le Rosaire Vivant, « Te Nuu a Maria » (Légion de Marie), le Renouveau charismatique. Mgr Michel, soucieux de cette formation des laïcs, fit construire à cette fin en 1984 un centre de retraites et de sessions où les laïcs pourraient venir se ressourcer spirituellement.

Les Oblats vinrent souvent y assurer les enseignements et les confessions. Leur exemple, à la suite de ce qu'avait commencé le P. Hubert Coppenrath avec l'École des « katekita », a créé un courant à travers tout le diocèse, si bien que dans les années suivantes d'autres centres se sont ouverts où les enseignements sont assurés également par des diacres permanents et même des laïcs.

C'est dans ce souci de la formation des chrétiens que le P. Roger Roy, devenu directeur spirituel de « Te Nuu a Maria », avec l'aide de Sr Saint-Fidèle Théroux, MNDA, a commencé le mouvement Te Vai Ora (L'Eau vive). Adapté du Cursillo, il se veut un moyen de formation chrétienne pour que les participants vivent leur foi plus authentiquement et d'une manière plus apostolique. À l'origine, le P. Roy et Sr Saint-Fidèle avaient uniquement en vue la formation des membres de « Te Nuu a Maria », mais au fur et à mesure des années et du succès, d'autres fidèles se sont ressourcés à ces rencontres. En dix ans, plus de 8 000 chrétiens ont suivi cette formation, ce qui représente une grande force de rayonnement. Le succès des retraites et le nombre croissant des chrétiens capables de les diriger ont aussi permis de faire bénéficier de ces grâces les îles éloignées.

Les Polynésiens ont toujours eu le goût des rencontres communautaires avec chants et discours. Les vestiges des « marae », lieux de réunions autant religieuses que sociales, sont les témoins de ces rencontres. Autrefois, elles étaient interdites aux femmes, mais les esprits ont évolué. Ces rencontres favorisent les rassemblements pour les célébrations, pèlerinages, retraites, sessions et autres. Lorsque les missionnaires protestants sont arrivés en 1797, ils ont introduit le goût de la Bible, ce que les missionnaires catholiques ont continué en y ajoutant le culte de l'Eucharistie et la dévotion mariale par le chapelet. C'est tout ce fondement culturel et historique qui favorisa le ministère des Oblats pour l'œuvre des retraites et de la formation des laïcs.

2. Dans les îles

Comme pour le ministère des missions paroissiales, les Oblats ont toujours été disponibles pour se rendre dans les îles qui se trouvaient privées d'une présence sacerdotale, parfois pendant des mois. Ce service pastoral se faisait au cas par cas dans les premiers temps de leur arrivée. C'était l'époque où la pastorale des îles est passée d'un service assuré par un prêtre résident en un secteur à un service assuré toujours par secteur, mais par des prêtres résidant à Tahiti. Au cours des 27 années de présence oblate, rares sont les îles qui n'ont pas vu un Oblat, ne serait-ce qu'une fois. Par exemple, le P. Laliberté, après son temps de provincialat, est venu en 1986 passer une partie de son année sabbatique à Mangareva, archipel des Gambier ; ou encore, le P. Ulric Turcotte, venu à l'âge de 80 ans pour des vacances avec ses confrères, qui répondit oui à Mgr Michel qui lui demandait de se rendre aux Îles Australes pour la fête de Noël de 1990.

En quoi consistait ce ministère des îles ? Ces îles sont pour la majorité des atolls, à la population très réduite, en général moins de 500 habitants. Sur ces îles cohabitent diverses dénominations religieuses: catholiques, protestants, mormons, sanitos. À cause de la situation insulaire et de la faible population, les heurts, les affrontements, inévitables en toute communauté prennent une ampleur qui peut parfois tourner au drame. Lorsque le prêtre arrive, il doit écouter les doléances des uns et des autres, essayer d'atténuer les dissensions et d'amener les opposants à se réconcilier. Finalement, puisque ces chrétiens ont une grande soif de l'Eucharistie et qu'ils ne communieront pas sans s'être réconciliés, le tissu paroissial se reforme.

3. Les médias

Le diocèse de Papeete possédait, avant l'arrivée des Oblats, un service de presse avec deux publications, l'une en tahitien et l'autre en français. Il avait également un studio d'enregistrement, le Centre Tépano Jaussen, où étaient préparées des émissions hebdomadaires diffusées par la radio de Papeete. Le p. Bevil Bramwell, arrivé en janvier 1986, contribua par ses connaissances en informatique à développer le studio diocésain et à initier des laïcs à la télévision.

 

 

F. Visites importantes

1. Après dix ans (1987)

Personne ne peut rester en bonne santé physique ou spirituelle s'il n'accepte pas de faire le point de temps à autre, par lui-même ou avec l'aide d'un tiers. Il en va de même pour une communauté ou une équipe missionnaire : elle ne peut progresser et répondre à son objectif sans cette évaluation.

Dans ce but, après dix ans de présence oblate à Tahiti, le P. Ronald Carignan, conseiller général, et le P. Donald Arel, nouveau provincial de la Province Saint-Jean-Baptiste, sont venus y rencontrer leurs confrères. À la fin de leur séjour de deux semaines, une réunion communautaire, les 27 et 28 juillet 1987, aborda deux points principaux :

1) notre vie de communauté ;
2) notre engagement missionnaire.

Ces deux réalités sont complémentaires et s'influencent réciproquement.

À propos de la vie de communautaire, nous devons veiller à ce que le ministère ne la détruise pas. Il y a tellement de demandes, qui semblent toutes urgentes et prioritaires, que le danger est de se laisser dévorer par elles et d'en oublier, soit la prière personnelle, soit les rencontres, y compris les temps de détente. L'avis unanime est que nous sommes perçus à l'extérieur comme une vraie communauté fraternelle. Cependant, le récent retour aux États-Unis de deux membres de notre équipe nous interroge sur nos relations les uns avec les autres.

Au sujet de l'engagement missionnaire, il est clair que, pour chacun et surtout à l'extérieur, nous sommes bien dans la ligne de ce que le diocèse demande de la part des Oblats. L'ouverture de l'École de Théologie/Grand Séminaire a brisé la crainte par rapport à la possibilité de vocations polynésiennes. La manière dont nous remplissons notre ministère paroissial à Tahiti et dans les îles, a amplifié les efforts entrepris par Mgr Coppenrath et son frère Hubert pour la formation de laïcs au service de leur Église. Les communautés religieuses disent trouver une aide très appréciée de la part des Oblats.

En conclusion de ces journées de partage, il fut recommandé de rappeler à l'archevêque que les Oblats sont présents à Tahiti pour aider à la formation de l'Église locale et non pour remplacer les Pères de Picpus dans les paroisses. Si nous avons accepté de prendre en charge la paroisse de Saint-Joseph de Faaa avec ses trois églises, et de quelques autres dans les îles, c'est afin de garder un contact réel avec les chrétiens polynésiens et de ne pas œuvrer seulement au Grand Séminaire et au Foyer Jean XXIII comme en vase clos, coupés de la vie réelle.

Enfin, au sujet des vocations, il a été mentionné que les Pères de Picpus commencent à avoir des jeunes qui regardent vers eux. Il y a aussi trois jeunes qui désirerent devenir Oblats. Il nous faut donc penser à ouvrir un prénoviciat, mais nous n'avons pas sur place d'Oblat prêt et disponible pour cela. Les PP. Carignan et Arel affirment vouloir se pencher sur ce besoin et trouver le personnel nécessaire.

2. Visite du P. Marcello Zago, Supérieur général (décembre 1990)

Pourquoi cette visite ? L'initiative en revient au P. Zago lui-même. Voici ce qu'il a dit lors de son homélie à Saint-Joseph pour la fête de l'Immaculée Conception, présidée par Mgr Michel Coppenrath :

« C'est avec une profonde joie que je célèbre avec vous la fête patronale de la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée. J'ai choisi d'être parmi vous à cette date pour cette célébration, comme j'ai choisi d'être pour la dernière semaine sainte au cœur du désert du Sahara. Là au désert, j'ai célébré les mystères de la Passion, Mort et Résurrection du Christ, avec quatre confrères oblats, mais sans aucun fidèle, parce que là il n'y a aucune communauté chrétienne : les Oblats sont la seule présence de l'Église, de l'Évangile du Christ, dans une société complètement musulmane. Ici, au contraire, je célèbre cette fête de l'Immaculée avec une communauté chrétienne vivante, riche de dynamisme et de multiples charismes. Mais, ici aussi, le groupe oblat est petit, éloigné de tous les autres groupes de la Congrégation. C'est pourquoi j'ai choisi d'être parmi vous pour célébrer cette fête qui n'appartient pas seulement aux Oblats mais à l'Église entière. Pour les Oblats, cette fête a une signification spéciale non seulement à cause de leur nom de famille, mais surtout à cause de la place que Marie Immaculée occupe dans leur vie et leur mission. »

À son retour à Rome, le P. Zago nous écrivait le 17 décembre 1990 :

« Ma visite assez prolongée parmi vous du 30 novembre au 12 décembre m'a permis de partager votre vie, d'échanger sur votre travail et votre vision d'avenir. Je vous remercie pour l'accueil, et plus encore pour votre dévouement oblat.

Votre présence à Tahiti a marqué l'Église locale et attiré l'admiration sur votre œuvre et votre style de vie. Vous avez favorisé l'éveil des vocations dans le diocèse et les différentes congrégations, vous avez organisé le Grand Séminaire dont les premiers fruits semblent arriver à maturité ; vous vous êtes occupés du Séminaire intermédiaire par la direction du Foyer Jean XXIII ; vous vous êtes donnés à la formation des séminaristes, des diacres, des catéchistes, des laïcs, par des cours et des retraites dans lesquels vous êtes tous engagés. Votre travail pastoral est considérable dans la paroisse de Faaa et les deux églises-communautés de Puurai et Pamatai, comme aussi dans les Îles Tuamotu. Il est frappant de voir comment un si petit nombre a pu accomplir tant de travail et avec autant de compétence. Le passage temporaire de certains Oblats, comme le P. Francis Demers pour les causes matrimoniales, et du P. Ulric Turcotte, est bénéfique pour vous et surtout pour l'Église locale.

Votre vie de fraternité est positive et intense. Vous vous rencontrez régulièrement, même quotidiennement. On note chez vous un soutien réciproque, qui est remarqué aussi à l'extérieur. Et cela s'est réalisé dans la variété de vos origines nationales : américaine, française, canadienne et australienne.

En regardant l'avenir, il me semble que vous avez des défis à relever dans deux secteurs: votre manière de vivre la communauté et les vocations locales. Malgré votre excellente vie de fraternité et le soutien réciproque qui vous caractérisent, vous pouvez croître plus harmonieusement dans les diverses dimensions communautaires...

Les vocations locales constituent un autre défi. En effet, notre présence à Tahiti à long terme sera impossible sans des vocations locales. Vous en êtes convaincus et pour cela, vous avez cru bon d'affecter l'un de vous à ce travail prioritaire. Il faut cependant que chacun y soit attentif tout en étant engagé dans son travail respectif, sachant qu'il faut appeler et discerner, accompagner personnellement et montrer par votre vie la beauté de la vocation oblate. Les décisions à ce propos devraient être prises à travers le discernement du groupe. »

Cette visite du P. Zago nous a fait chaud au cœur, elle s'est passée dans un climat très fraternel : les PP. Lagacé et Siebert étaient ensemble avec lui au scolasticat de Rome ; quant au P. Patrice, il avait été avec lui au Laos.

Ce que le P. Zago écrit dans sa lettre du 17 décembre, il l'a expressément dit à l'archevêque : « Ne comptez pas que les Oblats puissent rester pour de nombreuses années à Tahiti s'il n'y a pas de vocations oblates locales. »

Cette remarque laisse entrevoir le problème de l'avenir des Oblats à Tahiti : il y a le vieillissement des pères engagés à Tahiti, et aussi la difficulté de trouver du personnel de renfort ou de remplacement à travers la Congrégation.

3. Deuxième visite du P. Carignan, conseiller général pour les États-Unis (avril 1993)

Comme en 1987, cette visite du P. Ronald Carignan en avril 1993 se voulait un temps d'évaluation de notre mission à Tahiti ; le P. George Capen, notre nouveau Provincial, l'accompagnait. Le Chapitre général de 1992 avait produit le document Témoins en communauté apostolique. C'est à la lumière de ce document que nous avons vécu nos partages. Les PP. Carignan et Capen, ayant participé à ce Chapitre, nous apportèrent leurs expériences.

Première constatation : entre les deux visites, cinq pères sont venus renforcer notre travail missionnaire. Ce renfort a permis de remplacer le P. Morel par le P. Lagacé à la direction du Grand Séminaire. La paroisse Saint-Joseph a bénéficié de cet apport de forces neuves, le P. Jules a pu laisser la charge de curé et être placé à Saint-Étienne de Punaauia.

Deuxième constatation : durant les quatre dernières années (1989-1993), à cause de la santé des uns ou des autres, à cause de congés au pays natal, il y a eu beaucoup de changement de personnel entre Saint-Joseph, Pamatai et Puurai. Les Frères canadiens du Sacré-Cœur ont pris, en juin 1991, la direction du Foyer Jean XXIII. Le P. Daniel a alors été nommé curé de Saint-Joseph. Comme il a reçu une nouvelle obédience, c'est le P. Chataigner qui l'y a remplacé jusqu'à son retour en France en juin 1994. Le P. Paul Siebert devra à ce moment venir à Saint-Joseph comme curé.

Troisième constatation : ces changements, le vieillissement des pères Jules, Roger et Patrice, la difficulté d'avoir des vocations oblates polynésiennes, ont créé une incertitude au sein de la communauté par rapport à l'avenir.

En conclusion de notre réunion, nous voyons qu'il ne faut pas nous engager dans de nouveaux secteurs d'activités, et que les temps d'engagement soient clairement précisés par contrat. Quant au contrat avec le diocèse qui doit être bientôt renouvelé, il ne le sera que pour trois ans. Vis-à-vis du diocèse, nous l'assurons de notre volonté de continuer notre ministère dans les différents secteurs qui nous sont impartis : Grand Séminaire, Saint-Joseph (avec trois églises), certaines îles des Tuamotu, et Saint-Étienne de Punaauia selon la santé du P. Jules.

Pourquoi est-il difficile, pour ne pas dire utopique, d'espérer des vocations oblates polynésiennes ? Le P. Chataigner a reçu son obédience pour Tahiti dans le but d'étudier ce problème des vocations oblates locales. Le rapport qu'il a rédigé en mai 1992 met en évidence les points suivants : 1) la population totale de la Polynésie est de 200 000 habitants. Il faut compter 35 à 37% de catholiques, soit, au mieux, 75 000. Combien de jeunes garçons sur ce nombre ? 25 000 à 27 000 ? 2) en plus des prêtres diocésains, s'y trouvent quatre Congrégations d'hommes qui essaient de se recruter. Les Pères de Picpus sont présents ici depuis plus de 150 ans et commencent à avoir des jeunes qui désirent se joindre à eux. Les Oblats sont venus pour aider à la formation de l'Église locale et s'y sont pleinement dévoués. Mais allons-nous faire du recrutement à outrance ? Cela ne nous paraît pas possible. Le P. Chataigner concluait ainsi son rapport :

« Actuellement pas de candidats vraiment déclarés. Peut-être un ou deux au tout début d'une démarche. Une difficulté vient de la petitesse de la population où trois autres congrégations d'hommes (sans compter le diocèse) tentent de recruter.

S'il n'y avait qu'une ou deux vocations oblates, elles risqueraient de se trouver culturellement isolées à l'intérieur de la Congrégation qui a peu d'implantations dans le Pacifique-Sud.

S'il y avait des vocations actuellement, il faudrait pouvoir les accompagner pendant 10 ou 15 ans. La communauté oblate actuelle ne peut s'y engager : la moitié de ses membres arrivera à la fin de son contrat dans deux ans.

En regardant l'expérience des Pères des Sacrés-Cœurs, peut-on commencer en n'acceptant des vocations que de frères, ou devons-nous viser tout de suite des vocations sacerdotales ? Faut-il n'accepter des candidats qu'après le sacerdoce ?

Il semble qu'on n'envisage pas de structures vocationnelles purement oblates, on préfère suivre des personnes.

À plus long terme, il semble qu'une mission oblate à Tahiti doive toujours dépendre d'un fort apport extérieur. Il semble qu'on ne doive pas envisager une autonomie complète d'une communauté d'Oblats tahitiens. »

En conclusion de ce long article sur ce que les Oblats ont fait, il apparaît qu'après 18 ans de présence à Tahiti, l'on puisse dire Mission accomplie, et que se dessine la perspective de la fin de la mission avec la question : Quand ?

 

3. De quels fruits l'Église de Polynésie a-t-elle bénéficié ?

Dans le compte rendu de leur visite à Tahiti en juin 1972, les PP. Roger Roy et Norman Parent écrivaient : « L'archevêque, les prêtres et les religieux nous ont parlé, en des termes similaires, du besoin d'une nouvelle conception de la pastorale, d'une formation spirituelle dans tout le diocèse, de liturgies plus signifiantes, mais tout spécialement de l'Urgence d'Une pastorale auprès des jeunes ». Mais d'une manière particulière, l'archevêque insista pour que, si les Oblats venaient, leur pastorale vise à l'éveil et à la formation de vocations sacerdotales.

En 1993, lors de l'évaluation sur le ministère oblat à Tahiti, Mgr Michel nous communiquait la note suivante :

Les Pères OMI sont venus en Polynésie pour aider à établir l'Église locale.

« Après quinze ans, les fruits sont là :

1) Fondation d'un Grand Séminaire qui, après huit ans, a donné trois prêtres et qui en donnera d'autres. L'envoi du P. Hubert Lagacé y est pour beaucoup. Le Grand Séminaire est aussi un lieu de formation pour religieux(ses) et laïcs.

2) Les Pères OMI ont pris la charge de la paroisse Saint-Joseph de Faaa, le Nord-Ouest des Tuamotu, avec quelques îles du centre. C'est le ministère paroissial qui a été l'occasion pour les Pères OMI de procurer en des domaines fort différents une formation aux laïcs ou aux religieux.

Le P. Jules Guy, par exemple, qui a en charge la paroisse de Saint-Étienne de Punaauia, a assuré depuis longtemps des cours de morale très appréciés des fidèles, et le P. Paul Siebert, dans un tout autre genre, a structuré sa paroisse... et le temps passé à Puurai, Pamatai et Saint-Joseph pour la catéchèse des adultes, la préparation au mariage, les retraites, a contribué à donner cette formation réclamée par le Synode[21], Le P. Roger Roy, tout en étant présent au Grand Séminaire et en paroisse, confesse, dirige... Le P. Demers nous apporte aussi une aide importante.

La Province OMI n'a pas ralenti son aide : on nous a envoyé un Frère, et plusieurs prêtres provenant de provinces différentes.

Il ne faut pas faire un bilan sur 2 ou 3 ans, mais sur 15 ans. Ce bilan est extrêmement positif. On aurait tendance à le sous-évaluer en raison d'une certaine crise provenant du vieillissement général des cadres et, disons-le aussi, de quelques échecs ou d'objectifs non atteints.

Surtout ce que j'ai admiré chez les OMI pendant ces 15 ans, c'est leur désintéressement. Ils ont vraiment travaillé pour le diocèse et agi aussi avec des moyens que nous n'avions pas sur place en profondeur, voir par exemple les Clarisses. »

Il est difficile d'évaluer à quel point un changement de mentalité, de comportement, est dû à un seul groupe de personnes. Il y a avant tout l'action de l'Esprit Saint en chaque personne, en chaque communauté chrétienne ou religieuse. Cette action passe par des hommes et des femmes qui acceptent de répondre à ses inspirations. Les Oblats sont arrivés providentiellement au bon moment, ils ont œuvré selon leur style et leur charisme, et ont trouvé à leurs côtés de nombreuses personnes qui se sont senties encouragées à se dévouer pour le bien commun de l'Église en Polynésie.

Des chiffres peuvent donner une idée de cette évolution. En consultant l'annuaire diocésain, on constate :

En 1977, il y avait 6 prêtres diocésains, dont l'archevêque ; en 2004, il y avait 18 prêtres diocésains, dont 2 archevêques, Mgr Michel, archevêque émérite, et son successeur, Mgr Hubert Coppenrath.

En 1977, aucun diacre permanent ; en 2004, 29 diacres permanents.

En 1977, aucune Communauté nouvelle (mouvance du Renouveau) ; en 2004, 5 communautés. En 1977, le Petit Séminaire dirigé par un père de Picpus ; un embryon de Foyer vocationnel (Jean XXIII) confié à un père de Picpus ; pas de Grand Séminaire. En 2004, le Petit Séminaire, dirigé par le diacre Harold Doom et son épouse Lina ; le Foyer vocationnel, Jean XXIII, dirigé par Lina Mervin et son époux Willy ; le Grand Séminaire avec comme recteur M. Claude Jouneau, sulpicien, un prêtre diocésain professeur de dogme, et deux autres aux études à Rome.

En 1977, on pouvait compter sur les deux mains le nombre d'associations ou de mouvements de laïcs ; en 2004, on compte 24 associations diverses engagées dans l'aide aux pauvres et aux marginalisés, aux familles, aux mères célibataires, et autres détresses.

En 1977, pas d'émissions télévisées ; en 2004, elles sont bien développées et un studio-radio émet tous les jours.

Encore une fois, toutes ces activités ne sont pas l'œuvre des seuls Oblats ; elles témoignent de la vitalité d'une Église qui, sous la direction de ses pasteurs, Mgrs Michel et Hubert Coppenrath s'est prise en main et grandit. Les Oblats ont eu la joie de pouvoir, en temps opportun, leur donner un coup de main.



 

[21]  3e Synode diocésain du 28 octobre au 29 novembre 1989.

4. Pour quelles raisons la mission oblate à Tahiti a-t-elle été fermée en 2004 ?

Une des principales raisons a été la difficulté de trouver du personnel compétent et parlant français afin de continuer la mission commencée 27 ans plus tôt, soit la formation et le développement de l'Église locale : difficulté présente au sein même de la Province des États-Unis comme au sein de la Congrégation entière. Il est connu que la France et le Canada, entre autres, ont vu diminuer le nombre de leurs vocations de façon dramatique.

Au niveau local, comme il a été expliqué ci-dessus, il n'a pas été possible de susciter des vocations oblates polynésiennes. C'était une des conditions pour voir les Oblats rester à Tahiti à long terme, ainsi que le faisait entendre le Supérieur général à l'archevêque en décembre 1990.

Finalement, cette décision a pu être prise par le Conseil provincial des États-Unis parce qu'elle n'était pas un abandon, une désertion, mais que l'Église locale était arrivée à un moment où elle pouvait pratiquement se suffire à elle-même et aller de l'avant. Le Grand Séminaire avait un nouveau recteur non oblat, un des prêtres sorti de ce Séminaire y était professeur de dogme, deux autres, ordonnés en 2004, sont actuellement à Rome pour y poursuivre des études en morale et en histoire de l'Église.

Au plan de l'ensemble de l'archidiocèse, en plus de la douzaine de prêtres diocésains sortis du Séminaire, des diacres permanents, des laïcs de plus en plus nombreux, compétents, apostoliques, ont conscience de leur rôle pour que l'Évangile pénètre la société polynésienne.

Les Oblats ont travaillé à une période donnée de l'Église en Polynésie. Ils se retirent avec le sentiment d'une mission accomplie, sûrs que l'Esprit Saint continuera d'inspirer les chrétiens de ce pays, et confiants qu'ils sauront être fidèles à cet Esprit comme ils l'ont prouvé pendant les 27 ans de présence oblate au milieu d'eux.

Conclusion

En guise de conclusion, voici ce que Mgr Hubert Coppenrath a dit au cours de l'Eucharistie d'adieu en l'église Saint-Joseph de Faaa le 17 juin 2004 :

« Malheureusement le 31 juillet prochain, la Province des Oblats des États-Unis fermera définitivement sa mission dans le diocèse de Papeete. Les Oblats partent, mais ils partent en beauté, ayant accompli leur mission. L'église où nous célébrons cette messe d'adieu a été construite par un Oblat, le P. Jules Guy : messe d'adieu, certes, mais aussi d'action de grâce et de reconnaissance. »

En tant qu'Oblats nous pouvons dire :

Loué soit Jésus-Christ et Marie Immaculée.

Tewksbury, le 26 juillet 2005

 

Annexe

Liste des Oblats envoyés à Tahiti

Voici, dans l'ordre chronologique, la liste des 25 Oblats venus travailler à Tahiti. La plupart y ont exercé leur ministère en paroisse à Papeete, et plusieurs aussi dans les îles. Plusieurs ont été engagés dans la formation au Grand Séminaire.

GUY Jules - né en 1923, américain, arrivé à Tahiti en 1977 comme responsable de la première équipe oblate. Curé de Saint-Joseph de Faaa de 1978 à 1991, et de Saint-Étienne de Punaauia de 1991 à 1994. Cours de morale aux laïcs, aux religieuses et au Grand Séminaire. Initiateur des cours de préparation au mariage. Directeur spirituel de Te Nuu a Maria. Plusieurs tournées pastorales aux Tuamotu. Retour aux États-Unis en 1994, où il décède le 3 juillet 1995.

MOREL Patrice, né en 1927, français, arrivé à Tahiti en 1977 après 21 ans au Laos. Vicaire à Saint-Joseph de 1978 à 1981 et de 1993 à 1996. Fondateur et supérieur de l'École Théologique/Grand Séminaire de 1981 à 1989. Supérieur de la communauté oblate de 1991 à 1993. Curé de Fangatau (Tuamotu) de 1984 à 1996. Directeur spirituel de Te Nuu a Maria, soutien au Renouveau Charismatique. Retour aux États-Unis en 1996, avec nouveaux séjours à Tahiti en 2001 et en 2003/2004.

NASSANEY Daniel, né en 1947, américain, arrivé à Tahiti en 1977. Directeur du Foyer Jean XXIII de 1978 à 1991, et directeur du Service diocésain des vocations. Aumôneries au Collège La Mennais, au Collège Anne-Marie Javouhey, du MEJ, à la prison. Professeur au Grand Séminaire. Curé de Saint-Joseph en 1991-1992. Nombreuses tournées aux Îles Australes et Tuamotu. Retour aux États-Unis en 1992.

GIROUX Philippe, diacre, né en 1952, américain, arrivé à Tahiti en 1979, affecté à la paroisse Saint-Joseph. Fondateur d'un groupe de jeunes. Retour aux États-Unis en 1981.

ROY Roger, né en 1923, américain, arrivé à Tahiti en 1981. Professeur et directeur spirituel au Grand Séminaire. Ministère paroissial à Notre-Dame de Grâces (Puurai) et au Chist-Roi (Pamatai). Directeur spirituel de Te Nuu a Maria. Fondateur de Te Vai Ora (1986) Nombreuses tournées pastorales aux Tuamotu. Retour aux États-Unis en 2000.

COTE Richard P., Frère, né en 1949, américain, arrivé à Tahiti en 1983. Affecté à la paroisse Saint-Joseph. Sessions de formation de catéchètes à Tahiti. Mise sur pied d'un programme de catéchèse aux Tuamotu. Retour aux États-Unis en 1987.

BOUCHER Gilmond, né en 1932, américain, arrivé à Tahiti en 1985. Professeur de liturgie au Grand Séminaire. Ministère paroissial à Saint-Joseph et à Maria no te Hau (Papeete), avec plusieurs séjours aux Tuamotu. Retour aux États-Unis en 1990.

BRAMWELL Bevil, né en 1951, originaire de la République d'Afrique du Sud, arrivé à Tahiti en 1986. Ministère par les médias. Retour aux États-Unis en 1987.

LALIBERTÉ Maurice, né en 1934, américain, initiateur en 1980 du projet du Grand Séminaire, venu à Tahiti pour 6 mois en 1986. Ministère paroissial à Mangareva (archipel des Gambier).

LAGACÉ Hubert, né en 1932, canadien, arrivé à Tahiti en 1989. Recteur et professeur au Grand Séminaire de 1989 à 1997. Supérieur de la Maison générale à Rome de 1997 à 2000, puis retour à Tahiti en 2001. De nouveau recteur du Grand Séminaire de 2001 à 2004. Professeur de morale au Grand Séminaire en 2004-2005. Plusieurs tournées aux Îles Sous-le-Vent.

DEMERS Francis, né en 1928, américain, arrivé à Tahiti en 1989. Affecté au tribunal des causes matrimoniales. Professeur de droit canonique au Grand Séminaire. Ministère des retraites. Séjours de 3 mois tous les ans à partir de 1989 (excepté en 1994).

SIEBERT Paul, né en 1931, australien, arrivé à Tahiti en 1990. Ministère paroissial à Puurai et Pamatai de 1990 à 1994. Supérieur des Oblats et curé de Saint-Joseph de 1994 à 2000. Retour en Australie en l'an 2000.

MORIN Jean, né en 1925, américain, missionnaire en Haïti, arrivé à Tahiti en 1991. Ministère paroissial à Saint-Joseph, et Renouveau charismatique. Retour aux États-Unis en 1993.

CHATAIGNER André, né en 1946, français, arrivé à Tahiti en 1991, affecté à Saint-Joseph pour le ministère paroissial et la prospection pour des vocations oblates. Retour en France en 1994.

CHÉNIER Marcel, né en 1932, canadien, arrivé à Tahiti en 1994 pour six mois. Ministère à Puurai, professeur de musique au Grand Séminaire. Deuxième séjour en 1999.

RIPOCHE André, né en 1932, français, missionnaire au Cameroun, arrivé à Tahiti en 1995. Ministère paroissial à Punaauia de 1995 à 1998, à Puurai de 1998 à 2002, à Pamatai de 1998 à 2002, à Paea de 2002 à 2004. Retour en France en 2004.

CUEFF François, né en 1932, français, arrivé à Tahiti en 1995. Ministère paroissial à Puurai de 1995 à 1998. Départ au Canada en 1998.

TWANGA Polydor, né en 1960, congolais, arrivé à Tahiti en 1997. Recteur et professeur au Grand Séminaire de 1997 à 2001. Départ aux États-Unis en 2001.

BOBICHON Marius, né en 1924, français, arrivé à Tahiti en 1997. Professeur au Grand Séminaire. Décédé le 22 mars 1999 et inhumé à Tahiti.

DIONNE Christian, diacre, né en 1970, canadien, arrivé à Tahiti pour enseigner l'Écriture Sainte au Grand Séminaire en 1997-1998.

COUTURE Roger, né en 1929, américain, arrivé à Tahiti en 1999 pour enseigner la morale au Grand Séminaire. Deuxième séjour de 2000 à 2003. Retour aux États-Unis en 2003.

OUELETTE Paul, né en 1941, américain, arrivé à Tahiti en novembre 1999. Ministère à la paroisse Saint-Joseph. Retour aux États-Unis en 2000.

LAKANGA Macaire, né en 1958, congolais, venu à Tahiti en 2000. Quelques mois de sessions diverses en Écriture Sainte.

POWER David, né en 1932, irlandais, arrivé à Tahiti en 2001. Professeur au Grand Séminaire et sessions diverses. Retour aux États-Unis en juin 2003.

PROTOPAPAS George, né en 1917, américain, venu trois fois à Tahiti pour aider au ministère paroissial, deux fois à Saint-Joseph en 2001 et 2002, une troisième fois à Taravao en 2003. 

Commentaires

  • cueff francois

    1 cueff francois Le 16/01/2015

    les oblats à Tahiti 87-2004

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