1949 (2) Lettre à Mgr Paul Mazé

Lettre du R.P. André PUTMAN à Mgr Paul MAZÉ du 21 novembre 1949

[Archives de l’Archevêché C 77-15
Lettre dactylographiée. Le texte souligné est manuscrit.
]

Vivat Cor Jesu Sacratissimum.

Napuka, le 21 novembre 1949.

Monseigneur,

Le jeudi 17 novembre dernier je suis arrivé à Napuka. Le capitaine de la Terehau était très gentil pour moi pendant le voyage.

J’ai expliqué à nos catholiques que c’est une faute bien triste qu’ils ont refusé en grande partie d’obéir à la parole de notre cher Evêque. Pour les iles de Fangatau et de Fakahina il y a eu un tiers de la population qui est resté fidèle à son devoir. Mais nos gens de Napuka ont aussi refudsé d’écouter la bonne parole de Mr Edouard. Aussi pour bien montrer son mécontentement et comme il leur avait menacé en disant “ne vient plus écouter la radio”. Ainsi la radio leur a été coupée comme sanction bien salutaire.

Quelle est bien la raison de cette faute ? Je pense que c’est le seul désir de voir arriver un Maohi, par ce qu’il n’y a pas eu un matelot par exemple qui aurait mené une propagande dans les iles. Moi aussi j’avais déjà envoyé une lettre aux catéchistes pour les expliquer de faire une bonne propagande pour le meilleur candidat Mr. Vernaudon de Punauia. Je ne me suis pas présenté sur la rue le jour de l’élection pour ne avoir l’air de faire la police. A l’église je leur ai dit clairement et dignement que c’est un grand devoir à remplir que de voter. Je leur ai même parlé du devoir comme catholiques et comme français et qu’il faut aussi prier pour les chefs qu’ils nous gouvernent selon les lois de Dieu. Le triste résultat de l’élection de Fangatau m’a fait une grande peine et je leur ai parlé au putuputuraa et à l’église de la grande peine qu’ils ont fait à notre vénéré Evêque ainsi que l’offense à la Volonté divine.

Je daemande à Monseigneur la permission et l’autorisation de commencer les entretiens pour agrandir un peu le terrain de la mission à Napuka. La raison est que l’église se trouve située dans un angle aigu, cela peut plus tard nous causer de sérieux difficultés si par exemple un propriétaire veut u construire une maison à quatre ou cinq mètres derrière l’église. Maintenant il y aurait une bonne occasion de rectifier le terrain. Je donne à Monseigneur le schéma et le prix demandé par le propriétaire ; actuel : pas encore mesuré…

Quand aux harmoniums, si Monseigneur nous accorde deux harmoniums comme il a été demandé, je voudrait demander le petit et un moyen. Quant à leur destination je pense que Pukapuka est bien en vue pour le moyen et une autre ile pour le petit. Mais l’amuiraa de Fakahina est vraiment un peu paresseux pour le chant et même les putuputuraa… il y a très peu de gens qui viennent à l’église en dehors de la messe le dimanche. Il y a aussi une très grande faute c’est qu’ils ont contracté de nouvelles dettes malgré que je leur ai demandé d’être très prudent. J’estime que l’amuiraa de Fakahina est en dette de 22.500 francs envers mes autres amuiraa. Aussi ils n’ont pu payer les eleemotina et les messe de l’année passée et de cette année. Je leur accorde plus un seul franc pour leurs dépenses : il faut qu’ils arrivent à payer leur dettes. Et de leur accorder un harmonium dans ces tristes circonstances de dettes : c’est tout d simplement que je me moquerais des autres amuiraa.

Je demande à Monseigneur s’il y a un moyen d’avoir un bel et magnifique ostensoir pour Napuka, celui que j’ai déjà reçu de Monseigneur les gens de Tepoto seraient content d’avoir quelque chose. Aussi un beau voile huméral pour le salut.

A Fangatau le nommé Joanne qui reste encore en concubinage avec la fille Erita de Mangareva-Taku. Je lui ai dit de demander à monseigneur quelle sanction à prendre. Voici qu’il fait toutes les semaines du jus de coco. Il vend cela REGULIEREMENT les lundis et les samedis par pleines dames-jeannes aux habitants. Il n’y pas seulement les cas des soulards et les autres misères à considérer mais aussi il envoie les enfants voler les uto sur les terrain des autres personnes et cela est aussi la cause qu’ils trouvent sur leur terrain du coprah pourri.

Je demande à monseigneur s’il est bon de lui défendre l’entrée de l’église en cas qu’il continue ce métier indigne.

Quand aux harmoniums je demande à Monseigneur d’attendre jusqu’à mon arrivée au mois de janvier. La raison principale s est donc que je craiens des disputes sans fin si je laisse envoyer un harmonium dans une ile. Je pense que Monseigneur prenne l’argent de mes amuiraa pour le compte de ces harmoniums mais la question de les envoyer maintenant aux iles c’est une époque un peu troublée. Plus tard on verra, s’il est profitable d’en expédier un aux paumotu.

Le bateau arrive a l’improviste et repart à Papeete,
votre fils in Christo Jesu
Pere André Putman
sscc.

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