2015 - Discours de Mr Gaston Flosse

Discours prononcé par mr Gaston FLOSSE lors de ses funérailles – 27 juin 2015

Eloge prononcé par Monsieur Gaston FLOSSE Obsèques de Monsieur Karl TEAI – Diacre

Samedi 27 juin 2015 - Eglise Sainte Trinité

Monseigneur Pascal,
Monseigneur Hubert,
Père Léon, curé de notre paroisse,
Et vous, prêtres, diacres et servants,
Chers amis de notre paroisse de la Sainte-Trinité,
Chère Bernadette,
Chers enfants, Karl, Jean, Maru,
Chers membres des familles Teai et Teto, Monsieur le Président de la Polynésie française,
Monsieur le Ministre

Vous toutes et tous, amis et proches de notre regretté frère Karl,
Chers frères, chères sœurs en Christ,

Nous vous adressons nos salutations respectueuses et chaleureuses.

Je connais Karl TEAI depuis qu'il est tout jeune. Au fil du temps, Karl est devenu bien plus qu'un ami, un frère, presqu'un fils. Lorsque son épouse Bernadette m'a demandé de prononcer aujourd'hui son éloge, j'ai accepté cet honneur. C'est un honneur redoutable, car c'est toujours périlleux et profondément émouvant de parler de quelqu'un qui vient de vous quitter, que l'on a apprécié et aimé.

Karl est né le 10 mars 1956 à Papeete, il venait donc d'avoir 59 ans. Karl était trop jeune pour nous quitter. La maladie fulgurante l'a emporté dans la force de l'âge.
C'était un bel homme, fort, doté de beaucoup de prestance, intelligent.
Rien ne laissait présager que la maladie l'emporte aussi rapidement, deux mois après la découverte de son cancer.
Il était le petit-fils de cette grande figure de la mer, le Capitaine Temarii a Teai.
Son père Kenneth que je connais bien, ancien élève de l'école des Frères comme moi et sa mère Rosette ont disparu.
Il était le cadet d'une famille de trois enfants avec son frère Thierry et sa sœur Hinano.

Après avoir fait ses études à Papeete, Karl décide de partir en métropole, à Nice, pour y poursuivre des études de droit. Mais au bout d'un an, après une brillante année, il a choisi de revenir, sans doute parce que sa famille et le fenua lui manquaient. Il effectue des démarches pour trouver un travail et c'est ainsi qu'il parvient à entrer à la Direction des Impôts et des Contribution, au sein duquel il travaillera comme contrôleur, fonctionnaire d'État durant 32 ans.

C'est à cette époque aussi qu'il fait la connaissance de Bernadette TETO. Ensemble, ils se marieront en 1979 à Pirae, ici même, à la paroisse de la Sainte Trinité, au sein de laquelle il exercera plus tard son ministère diaconal. Karl a alors 23 ans.

Ils habiteront à Mahina avant de venir s'installer à Pirae. De leur union naitront trois enfants, Karl, Jean et Maru.

Karl TEAI est né dans une famille protestante, et pourtant il décida de s'engager dans l'Église catholique. Ce fût son choix, et il ne fut pas facile à faire accepter à ses parents, à son père notamment. Devant sa détermination, ses parents respectèrent sa volonté. Sans doute trouva-t-il dans l'église catholique, une forme d'engagement qui correspondait mieux à sa nature spirituelle et à sa vie, à son désir de partager avec les autres, sa foi et sa joie de vivre.

Karl a consacré 33 ans de sa vie au service de l'église et de son prochain.

On peut dire que Karl TEAI donna sans compter, dans son ministère diaconal. Il faisait mille choses et son engagement en tant que Diacre était si fort, ses homélies si belles et si justes, que la plupart le croyaient prêtre.

J'ai même parfois entendu des fidèles à la fin de la messe l'appeler mon Père et l'embrasser, lorsque, comme tous les dimanches, il se tenait debout à la porte de l'église, pour saluer tout le monde.

Il s'est totalement donné dans le diaconat, sans jamais négliger son épouse et ses enfants qu'il aimait tant. Et comment ne pas avoir une pensée toute particulière pour son épouse Bernadette, qui l'a accompagné dans ses choix, sans jamais l'obliger à renier ses engagements, prenant sur elle, acceptant ses absences, lui qui était sans cesse appelé dehors pour les autres. Elle me confiait que suivre Karl, lui a demandé beaucoup de préparation en tant qu'épouse. C'est dans la prière qu'elle a trouvé la force et la foi de l'accompagner dans ce ministère magnifique et si particulier qu'est le diaconat en occupant la place que Karl l'invitait à prendre à ses cotés.

«Pour moi, me disait-elle, l'accompagner signifiait prendre ma part du « OUI » que Karl prononça le jour où il fut ordonné Diacre »,

C'était dans cette église, par Monseigneur Michel COPPENRATH, le 27 juin 1997, il Y a tout juste 18 ans aujourd'hui. « Ce fut comme un second mariage » me disait-elle. Mais Karl n'oublia jamais que sa première communauté restait son foyer.

On peut le dire, Karl fut Diacre par amour pour Jésus. Mais, s'il a été un diacre exemplaire et tant aimé, c'est aussi grâce à l'amour de son épouse Bernadette qui a accepté de l'accompagner lui évitant d'être en conflit avec lui-même, et de vivre pleinement ses choix: sa famille, son ministère et son travail.

C'était un homme bon, un bon père, un bon mari, un bon diacre. S'il fallait caractériser Karl, c'est la bonté qui le défini le mieux, tant il était discret, humble, simple et. Il roulait à Vespa. Il était effacé en faisant passer les autres avant ui. Il s'était oublié luimême, au point sans do te de ne pas se rendre compte qu'il était malade.

Il a affronté sereinement la terrible maladie qui s'est abattue sur lui, grâce à sa foi, grâce au soutien de sa famille. Et puis mercredi dernier, à 3h du matin, il rendit son dernier souffle, s'en remettant au Seigneur, sans amertume, entouré de son épouse et de ses enfants.

La mort reste notre plus grand mystère, et quand bien même nous avons la Foi, la mort nous interpelle car nous la ressentons parfois comme une forme d'injustice, et alors nous avons envie de crier : « Mon Dieu ! Pourquoi Karl ? Pourquoi maintenant ? »

Nous n'aurons jamais la réponse. La seule certitude que nous ayons, celle que nous procure notre Foi et l'espérance de la Résurrection, celle que Karl lui-même n'a eu de cesse de propager autour de lui, et de penser qu'il est à présent auprès du Seigneur Jésus, heureux, car c'est l'aboutissement de son engagement spirituel.

Nous perdons tous un frère, un guide. Chacun d'entre nous, j'en suis persuadé, a un bout d'histoire à raconter avec Karl TEAI. Si nous sommes venus si nombreux aujourd'hui l'accompagner vers sa dernière demeure, c'est parce que nous l'aimons. Il va nous manquer.

Tout le monde connait ma vie, puisque je suis un homme public, et qu'elle est régulièrement étalée, souvent à tort et à travers. Vous savez, on a beau se blinder, ces situations ne sont pas toujours faciles à vivre, ni pour moi, ni pour mes enfants, ni pour ma compagne Pascale. Nous avons traversés des épreuves difficiles, sur lesquelles je ne m'attarderais pas ici, sinon pour dire que Karl TEAI était toujours là.

Il avait un mot attentionné, à chaque nouvelle épreuve, il m'appelait au téléphone pour prendre de mes nouvelles, il nous entourait de ses prières, il venait me voir pour me réconforter.

Il me disait : « Reste debout ! Pardonnes à tes juges ! Confie-toi au Seigneur ! Mais surtout prie ! ». Dans les moments difficiles, il fut un soutien fidèle, présent et précieux. Je lui dois beaucoup. Lorsque j'étais en prison, à Nuutania, c'est lui avec Pascale et mes enfants qui organisaient et animaient les veillées de prières autour de la stèle du monument aux morts.

Mon cher Karl, tu es parti bien trop tôt.

Pour tout ce que tu as apporté à chacun d'entre nous, pour tout ce que tu m'as apporté, soit infiniment remercié. Jamais nous ne pourrons te rendre ce que tu nous as donné. Sans doute es-tu heureux là où tu es à présent, car tu dois être au paradis, j'en suis certain. En tous les cas, c'est notre souhait, c'est notre prière. Mais je sais que là où tu es, tu continues à veiller sur nous.

Mon cher Karl, nous ne t'oublierons jamais.

Voyage en Paix, Je t'embrasse. Nous tous présents dans ton église nous t’embrassons.

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