1997 - Évangéliser la désespérance

Lettre Pastorale

"JÉSUS CHRIST UNIQUE SAUVEUR DU MONDE
HIER, AUJOURD'HUI ET A JAMAIS"

Évangéliser la désespérance

Nous voici engagés dans un long et grand pèlerinage qui nous conduira jusqu'aux célébrations de Jésus Fils de Dieu fait homme, né à Bethléem il y a 2000 ans. Ce sera le grand Noël de notre vie! C'est une grâce pour nos générations de pouvoir prendre cette route de la Foi ; l'an 2000 est certes une année symbolique, mais elle nous rappelle plus fortement que Jésus-Christ est commencement et fin, l'Alpha et l'Omega. Sa venue sur terre, son retour à la fin des temps, comme sa présence continue dans le Monde et l'Eglise, sont du reste proclamés en même temps [1]. Nous ne pourrons accomplir ce pèlerinage ensemble, qu'avec Dieu, Fils (1997), Esprit (1998) et Père (1999).

L'année 1997 est consacrée à la réflexion sur le Christ "Jésus Christ unique Sauveur du monde hier, aujourd'hui et à jamais" (Heb 13, 8) [2].

L'année 1997, par la grâce du Seigneur, est aussi pour la Polynésie Française le 200ème anniversaire de la première annonce de l'Évangile puisque le 5 mars 1797 sera célébrée par nos frères protestants l'arrivée des premiers missionnaires de la Société de Londres [3]. Ce 200ème anniversaire va jeter une lumière complémentaire sur l'année universelle du Christ. Nous pourrons aussi la vivre mieux et avec plus de profit dans un esprit œcuménique. Cet événement, par le zèle et le courage des missionnaires anglais puis tahitiens a pris rapidement de l'extension dans une grande partie du Pacifique [4].

Moment exceptionnellement favorable ! que nous allons vivre, avec, aussi l'héritage que prêtres, religieux et religieuses de notre Mission ont laissé; avec tout ce que les laïcs eux-mêmes ont fait dans leurs divers engagements, au nom de l'Évangile, pour notre vie personnelle, familiale et sociale [5].

Le Pape dans la Lettre Apostolique sur la préparation du Jubilé mentionne parmi les études proposées dans la perspective du Jubilé, ilia

redécouverte du Christ Sauveur et Évangélisateur [6]. Suivons ce chemin pour vivre pleinement la Bonne Nouvelle

1) découvrons donc Jésus Christ unique Sauveur,
2) renouvelons avec Lui, en cette année 1997, notre engagement au service de l'Évangile !

1 - LE SAUVEUR

Bien souvent nous cherchons Jésus Christ avec nos pauvres moyens et connaissances, sans penser que c'est Jésus qui vient à nous. Comment imaginer que le Sauveur unique, de nos vies, fasse du sur place, ou se cache, alors qu'il reste l'envoyé du Père [7]. St Jean, dans sa première épître au chapitre 4, dont le verset 8 "Dieu est Amour" a fait l'objet du premier sermon jamais entendu à Tahiti, nous explique : Dieu nous aime avant que nous l'aimions, et Il vient à nous par son Fils avant que nous allions à Lui.

 

1-1 : L'expérience du Salut

"Et moi, je suis avec vous tous, tous les jours jusqu'à la fin des temps" [8]. Les grâces, les dons, l'assistance du Saint Esprit sont tels que Jésus "ne nous laisse pas orphelins" [9] "qu'll est toujours vivant et présent dans le Monde".

Ainsi il Y a souvent un aspect de soudaineté dans la conversion, et la rencontre première avec Jésus = c'est une guérison, une retraite, un signe parfois très ténu de l'Esprit, une réconciliation, le témoignage d'une personne, le sens de l'amour conjugal perçu à la lumière du sacrement de mariage, la rupture avec une vie de péchés, un appel irrésistible de Dieu à Le servir, l'Eucharistie, la figure évangélique de Marie, le dévouement sans limites aux plus démunis. Autant d'expériences spirituelles récentes et vécues par des personnes d'ici que tout le monde pourrait connaître.

Parfois c'est une invitation plus pressante à vivre dans une totale fidélité ce que depuis son enfance on a appris de Dieu et de l'Église, en famille, au catéchisme = attrait de la prière, de l'apostolat, du service, de la sainteté.

Quelque soit l'itinéraire suivi par les uns ou par les autres, un point leur est commun = leur route a changé, mais ils ne sont qu'au début d'un nouvel itinéraire ; leur conversion restera fragile et inachevée s'ils n'empruntent pas la voie des Écritures. "11 convient que les chrétiens, surtout cette année, reviennent à la Bible avec une attention renouvelée ... tout devra être orienté vers l'objectif prioritaire du Jubilé qui est le renforcement de la foi et du témoignage des chrétiens" [10].

 

1-2: conneître Jésus-Christ

Les 4 évangiles répondent à cette question capitale pour les apôtres et les premiers chrétiens "Qui est Jésus Christ ?". Si la question n'est pas posée, si la réponse n'est pas donnée, tous les autres éléments de notre foi disparaissent peu à peu.

Très justement ce que la Polynésie Française va célébrer ce n'est pas la "Bible" mais l'arrivée de l'Évangile comme Bonne Nouvelle, comme Parole de Salut qui comble l'attente de l'homme. Au cœur et non pas seulement à la fin de la Bible il y a l'Évangile qui se saisit et se goûte comme ces fruits savoureux à la peau dure et épaisse dont la chair est si délicate au goût.

Cette Bonne Nouvelle, les apôtres le disent, c'est Jésus-Christ Lui-même : "Je vous rappelle, frères, l'Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, auquel vous restez attachés, et par lequel vous serez sauvés... : Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, Il a été enseveli, Il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures. Il est apparu à Céphas puis aux Douze" [11]. Saint Jean, témoin privilégié, semble accorder plus de prix à ce qu'il a vu de ses yeux, contemplé, touché de ses mains, qu'à ce qu'il a entendu. Saint Jean annonce le Verbe de Vie, Vie éternelle pour nous "qui était tournée vers le Père et s'est manifestée à nous ... et notre communion est communion avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous vous écrivons cela pour que votre joie soit complète" [12].

Les Apôtres et les premiers chrétiens ont essayé d'exprimer en peu de mots toute leur foi en Jésus. Ils sont bien arrivés à dire qui était Jésus mais le Mystère du Salut en Jésus dépassait de tout côté ce qu'ils pouvaient en dire dans une première expression de foi. Le thème de l'année 1997 "Jésus Christ unique Sauveur du Monde, hier, aujourd'hui et à jamais" est aussi point de départ ou d'arrivée de notre foi. Qu'il soit surtout l'occasion d'une authentique rencontre avec Jésus Christ, d'une entrée en communion avec Lui, d'un partage de vie. Ce que Saint Paul appelle l'entrée dans l'héritage du Christ, sous l'action de l'Esprit Saint "nous sommes enfants, et donc héritiers = héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ" [13].

Le Christ est porteur d'un Message. Il est "Vérité et Vieil [14]. A la Synagogue de Nazareth Il déclare en reprenant les paroles d'lsaïe "Le Seigneur ... m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres ... " [15]. Message qui sera explicité dans tout le Nouveau Testament et spécialement dans le sermon sur la montagne [16].

Il Y a deux ans, Pascal Pingault, fondateur de la Communauté du Pain de Vie et que vous avez pu voir aux émissions du "Jour du Seigneur" disait "Je suis chrétien parce que tout ce que le Christ nous propose, nous pouvons le faire. Si je savais que quelque chose de l'Évangile est impossible à réaliser je ne serais pas chrétien".

La personne de Jésus Christ et son message sont inséparables. Qui Le rencontre, observe ses paroles et ses commandements [17]. Voilà pourquoi ce

qui concerne la personne de Jésus-Christ, son enseignement, tout ce qu'll a accompli rentrent sous la même appellation "c'est l'Évangile, appelé aussi l'Évangile du Salut" [18].

 

1-3 : L'Unique Sauveur du Monde

1-3-1 - L'enseignement des Apôtres

St Jean au terme de l'entretien de Jésus avec la Samaritaine note que les villageois de Sychar crurent, en raison de la parole de Jésus, et non plus seulement en raison des dires de la Samaritaine. Ils se sont empressés de confier à la Samaritaine "Ce n'est plus seulement à cause de tes dires que nous croyons; nous l'avons entendu nous-mêmes et nous savons qu'II est vraiment le Sauveur du monde' [19]. C'est une manière de souligner que le Salut est pour tous.

Les Apôtres dans leurs premières prédications annonceront aussi que Jésus est le seul Sauveur "II n'y a aucun salut ailleurs qu'en Lui; car il n'y a sous le ciel aucun autre nom offert aux hommes qui soit nécessaire à notre salut' [20]. St Paul affirme en même temps que Jésus est Sauveur et Dieu " ... en attendant la bienheureuse espérance, et la manifestation de la Gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ" [21].

Jésus est seul Sauveur du Monde, cela n'empêche pas qu'il peut y avoir des "médiations" : par notre foi, l'exemple, la prière, notre propre repentir de nos péchés, nous pouvons aussi mettre nos frères et sœurs sur la voie de leur salut. S'il y a une solidarité dans le Mal il y en a une dans le Bien. La Communion des Saints permet à Jésus seul Sauveur d'accorder aux uns et aux autres la grâce du Salut qui vient de Lui. Toute l'histoire d'lsraël montre que Dieu a suscité des hommes pour réveiller l'attente du Sauveur. C'était de simples instruments. Il en est de même dans les temps apostoliques et jusqu'à nos jours.

1-3-2 - La réconciliation nous fait chrétiens

Comme notre Salut est essentiellement la mort et la Résurrection de Jésus pour nos péchés, certains de nos actes indiquent notre participation à la grâce du Salut = le repentir - le pardon que lion demande et que lion reçoit - et la réconciliation. Ces actes se retrouvent dans le sacrement de Pénitence, comme ils existent déjà dans le sacrement de Baptême.

Quand la vie nouvelle a commencé pour nous, par un partage de la vie même du Christ et de l'observation dans l'amour de ses commandements la réconciliation authentifie cette renaissance dans le Christ. Le Cardinal Saldarini dans "Vivre c'est le Christ" écrit "L'existence est réconciliation continue avec Dieu" ... "11 est l'unique mot (réconciliation) véritablement original

du Nouveau Testament comme substantif, il est une invention de Paul (créateur du nouveau langage chrétien)" [22]. Ce qui caractérise dans la mentalité commune la réconciliation, c'est la réciprocité. Mais Dieu Sauveur seul peut réconcilier les hommes avec Lui : Il est le seul réconciliateur. C'est une grâce, "gratuite" est-il besoin de l'ajouter.

Nos réconciliations passent par celle que Jésus nous accorde elles doivent ressembler à ce qu'll nous accorde gratuitement. Toute réconciliation est un passage par la Croix, et ce que nous nous donnons gratuitement entre frères dans la réconciliation nous assure que Jésus est présent et agissant dans cette réconciliation.

Beaucoup d'hommes et de femmes ignorent qu'ils ont un Sauveur.

Le besoin de réconciliation est en 1997 plus grand que jamais. Les familles ou les sociétés qui ne parviennent pas à la réconciliation, malgré les besoins qu'ils en ressentent, ajoutent un peu plus d'inimitié dans le Monde et de désespoir. Le Cardinal Saldarini dit encore que la réconciliation si elle concerne les hommes, a aussi un aspect cosmique car l'homme retrouve le sens des "réalités, leur finalité, leur usage". "11 faut respecter la création - La réconciliation est une merveille du Dieu de Jésus Christ qui rejoint l'homme au cœur de son existence et la transforme en la réorientant [23].

Qui accorde beaucoup de miséricorde à d'autres, retrouve la pleine lumière sur sa vie et celle des autres. L'année 1997 doit nous habituer sous le regard de Dieu à nous reconstruire réciproquement et à construire le Monde.

 

1-4 : De Jésus Christ Unique Sauveur à l'Église

1-4-1 - L'Église et le Salut

Le baptême a un effet communautaire lorsqu'il est administré comme Jésus Lui-même lia institué et ordonné à ses apôtres "Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne sera pas baptisé sera condamné" [24]. Pierre dans son premier discours après la Pentecôte prescrit à chacun le baptême au nom de Jésus-Christ pour le pardon des péchés et pour recevoir le don du Saint-Esprit.

L'évangile de St Matthieu fait du baptême institué par Jésus la charnière entre la Mission terrestre de Jésus qui s'achève et celle des apôtres qui commence. Il établit une continuité.

La communauté que nous formons de par notre baptême ne vient pas de la ressemblance qui s'instaure entre nous du fait d'un certain nom d'observances auxquelles nous nous soumettons. Elle existe du fait de notre incorporation au peuple de Dieu et à l'Eglise. De même que Yaweh avait conclu une alliance avec le peule juif, Jésus-Christ par son sang versé en conclut une

nouvelle appelant tous les hommes à se rassembler dans l'unité "Vous êtes donc une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis" [241].

Mais il Y a plus encore : "l'Église est Corps du Christ" [242] ilia comparaison de l'Église avec le corps jette une lumière sur le lien continu entre l'Église et le Christ. Elle n'est pas seulement rassemblée autour de lui ; elle est unifiée en Lui, en son Corps" [243].

Et n'y aurait-il que nous baptisés à donner à ce Corps une visibilité 7

Comment la Tête de ce Corps qui est le Christ n'aurait aucune visibilité

puisqu'll est la raison de ce Corps 7

"Sont incorporés pleinement à la société qu'est l'Église, ceux qui ayant l'Esprit du Christ acceptent intégralement son organisation et tous les moyens de salut institués en elle, et qui en outre, grâce aux liens constitués par la profession de foi, les sacrements, le gouvernement ecclésiastique et la communion sont unis dans l'ensemble visible de l'Église avec le Christ qui la dirige par le Souverain Pontife et les évêques" [244].

Le Concile a donc réaffirmé que l'adhésion à l'Église est nécessaire au Salut. Mais comment concilier l'universalité du Salut, et la nécessité d'appartenir à l'Église visible instituée par Notre Seigneur Jésus-Christ 7

Nous le constatons des missionnaires non catholiques, certainement inspirés par l'Esprit, ont porté courageusement l'Évangile dans les îles du Pacifique. Ils ont fait connaître et aimer le nom de Jésus Christ. Les Église qui ont vu le jour depuis ont en commun avec nous beaucoup de richesses qui nous viennent du Christ. A cause de cela nous nous sentons proches dieux et ils sont déjà dans une certaine communion avec nous. La grâce du Salut qu'elles ont apporté les avait atteints en premier. C'est l'enseignement du Concile [25].

Mais le Christ est vraiment venu pour que tous les hommes soient sauvés [26] ! et alors, ceux qui ne sont "ni héritiers des promesses", "qui ne professent pas la foi d'Abraham", mais sont d'une autre religion ou incroyants 7 "à ceux-là mêmes qui sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu mais travaillent, non sans la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut" [261].

1-4-2 - L'Église et l'Évangélisation

Lorsque les missions protestantes et catholiques ont pris pied dans le Pacifique c'était pour procurer à de nouvelles populations tous les moyens de découvrir le Christ et être sauvés et pour arracher des "païens aux ténèbres" ...

Même si ces missionnaires étaient mus par un très grand amour de Dieu, une compassion pour tous les hommes, et une foi authentique dans la miséricorde de Dieu, la crainte de la damnation a joué un rôle.

L'Évangélisation, en raison de cette nouvelle présentation conciliaire du Salut, est-elle devenue moins nécessaire voire même obsolète?

Cette présentation plus juste, en réalité, ne change pas la nécessité de l'évangélisation. La crainte de l'enfer siest mêlée aux plus beaux projets missionnaires ; la raison fondamentale de l'Évangélisation est cependant de faire connaître comment l'Amour de Dieu siest manifesté en son Fils Jésus mort sur la Croix et ressuscité et tout ce qui en découle.

"Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie" [27]. Du fait de la séparation de ce qui appartient à Dieu et à César, les droits de Dieu peuvent être parfois limités par César. C'est le cas de beaucoup de pays et de régimes en ce moment. C'est pourquoi ilia liberté religieuse" droit fondamental de l'homme, garantit la liberté de choix et par conséquent la liberté d'évangéliser.

Les difficultés physiques, morales n'ont pas arrêté les missionnaires du XIXème siècle. De nouvelles difficultés ne sauraient arrêter les missionnaires et les vocations missionnaires. Ce n'est pas la doctrine du Concile qui affaiblit les vocations. C'est la société elle-même qui relativise tout. Tout prêtre, religieux, catéchiste doit s'être bien situé par rapport à la société actuelle - elle paraît heureuse dans sa permissivité, en réalité la souffrance, l'attente des hommes sont les mêmes.

Avons-nous bien intégré en 1997 notre foi dans le Salut tel que Jésus nous le donne, dans le pays, la société, où nous vivons ? Passer d'une Évangélisation proprement missionnaire, au temps de la conversion, à une Évangélisation de notre société actuelle c'est tout le défi de la nouvelle Évangélisation.

La suite nous dira si de nouvelles vocations naîtront. Il n'y a pas de raison de douter qu'elles seront nombreuses.

Cependant l'affrontement de l'Évangile et du Monde païen est une réalité historique. Les résultats sont très différents d'un peuple à l'autre, d'une culture à l'autre. L'Évangile est parfois bien accueilli, et les conversions suivent; parfois l'indifférence ou l'hostilité subsistent et les conversions ne suivent pas. Les situations à travers le Monde sont très diverses.

Si nous connaissons mal notre histoire religieuse, celle de la Polynésie en particulier, rappelons-nous au moins ce que Jésus lui-même a vécu et éprouvé lorsqu'll a abordé des régions païennes [26]. Cet affrontement reste le même lorsqu'il s'agit du monde moderne regagné par le paganisme qui prend alors la forme du pouvoir, celui de l'argent entre autres, ou du plaisir, libéré de tous les tabous, lois, et de toute influence à une morale ou à Dieu.

 

1-5 : La Catéchèse

1-5-1 - Catéchèse et Bible

Mgr Tepano Jaussen à qui nous devons le premier catéchisme (le "Ui Nainai") du Vicariat Apostolique des îles Tahiti, siest efforcé pour chaque réponse du catéchisme, imprimé 3 ans après son arrivée en Polynésie en 1852, de la fonder sur une ou plusieurs références à la Parole de Dieu. Nos frères protestants avaient déjà depuis 20 ans traduit la Bible en tahitien, ce qui lui avait donné une autorité considérable auprès de toute la population. Cela a obligé les catholiques à accorder aux "Écritures" dans la catéchèse la place qu'elle mérite. C'est dans ce sens qu'il faut continuer. Le Pape nous invite à nous inspirer de la "Catéchèse" que les Apôtres ont eux-mêmes employée ... la première année 1997 lisera donc un temps favorable à la redécouverte de la catéchèse dans son sens et sa valeur première d'enseignement des Apôtres" [28].

Le 2ème Concile du Vatican voit ainsi le but de la Catéchèse: "rendre chez les hommes, la foi vivante, explicite, active, en l'éclairant par la doctrine de l'Église" [29]. Elle est aussi évangélisation en suscitant l'adhésion à la personne de Jésus Christ. Elle doit toucher le cœur, l'esprit d'un homme, inserré dans son milieu et son temps. Clet ainsi que dans le Semeur Tahitien la sœur Myriam présente la Catéchèse pour les années qui viennent [30].

1-5-2 - Formation catéchétique

Cela nous ramène aussi à ce qui a été la grande décision du 3ème Synode de 1989 [31], la Formation. Certai nes petites îles sont très pauvres en ouvriers de la catéchèse et sur Tahiti et d'autres îles le nombre, la compétence, la persévérance de ces ouvriers sont encore insuffisants.

Comment y remédier ? revaloriser l'éducation religieuse et dans le ministère de la parole, revaloriser l'enseignement de la Parole de Dieu. Les deux grandes sources de vocations de catéchistes sont: 1°) les groupes de confirmés. En raison d'une motivation plus forte au moment de la Confirmation, d'une préparation plus soignée, certains confirmés prennent la mesure de l'importance de la catéchèse. Ils osent s'inscrire parmi les catéchistes pour l'année suivante. Nous devons leur accorder beaucoup d'attention, les former tout de suite et bien. Même si en raison de leur jeunesse, ils rencontrent aussi des difficultés personnelles, ils peuvent un jour acquérir la compétence nécessaire et témoigner en même temps de leur foi. 2°) La seconde source importante ce sont ceux et celles qui ont fréquenté les retraites et qui ont retrouvé la flamme de leur foi d'enfance. A l'origine, la catéchèse visait à développer la vie spirituelle, morale dans tous les aspects de la vie chrétienne. Qu'ils n'oublient pas, eux qui sont souvent des adultes, d'introduire dans leur catéchèse un élément très important, le témoignage : le témoin n'est pas celui

qui a bénéficié d'une grâce spéciale de miséricorde, c'est celui qui connaît Jésus-Christ, et conforme sa vie à ses commandements.

Mais je fais appel encore à tous les retraités, à ceux qui cessent leur activité professionnelle. Surtout à ceux et celles qui ont eu une formation pédagogique et qui ont une vision juste et complète de l'homme depuis son enfance jusqu'à l'âge adulte et qui disposent, en principe, de plus de temps.

Qu'il y ait en 1997 une belle moisson de nouveaux catéchistes bien formés ce qui suppose des sessions de formation plus nombreuses. Quelle joie d'entendre parfois des catéchistes dire "je ne saurai me passer de faire la catéchèse, c'est un bonheur pour moi". Qu'il en soit ainsi pour tous les catéchistes formés et qu'ils sachent transmettre leur enthousiasme aux enfants et aux jeunes dans leurs groupes.

Que se lève donc de notre Église cette génération 1997. La fréquentation de la Parole de Dieu elle-même les concerne spécialement.

 

1-6: La Parole de Dieu

 

Le Pape en parlant de retour à la Bible et en citant la Constitution Verbum Dei [32] nous invite "à une pieuse lecture". Nous avons chacun une décision personnelle à prendre. A 2 reprises en St Luc, il nous est dit "Quant à Marie, elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur" [33]. Événements qui étaient aussi des paroles.

1-6-1 - Les objections

La première excuse que beaucoup de chrétiens se donnent pour ne pas lire la Parole de Dieu c'est qu'ils ne sont pas assez savants pour cela. C'est vrai il est nécessaire de trouver le sens exact des mots ou du texte. Les Bibles contiennent maintenant les explications nécessaires à une bonne compréhension: sachons utiliser les notes et commentaires.

Les écoles de la Foi fondées après le Synode de 1989, les cours bibliques aménagés chaque année par le Service de la Catéchèse ont pour objectif de conduire les élèves à une foi vivante par une lecture assidue des évangiles en particulier.

La seconde objection, que tout homme du reste fait à propos de tout, en se refusant à faire ce qui l'ennuit, c'est le fameux "je niai pas le temps !". Au départ le chrétien a moins besoin de science que d'appétit, de désir ! Qui nia pas découvert la Parole de Dieu, c'est vrai, arrête très vite sa lecture. Demandons au Seigneur qu'll mette sa Parole sur nos livres et dans notre cœur, et prenons-en les moyens.

1-6-2 - Les Moyens

La liturgie, celle de la Messe tout particulièrement, doit pouvoir donner aux fidèles le goût de la Parole de Dieu. Sans doute nous faut-il accorder plus d'attention, plus de soin à la première partie de la Messe. Beaucoup arrivent en retard et ne peuvent être à l'écoute pour aucune des 3 lectures dominicales et de l'homélie.

Que les retraites à Tibériade et celles qui sont données ailleurs comportent une initiation à la Parole de Dieu sur laquelle toute vie chrétienne est fondée.

"Ignorer les écritures, c'est ignorer le Christ' (St Jérome). Seule la pratique régulière de la Parole de Dieu peut assurer la continuité d'une conversion, et affermir notre désir de progresser. Elle conduit à la Prière, elle rend féconde notre rencontre régulière avec le Christ.

Nous ne pourrons célébrer l'arrivée de l'Évangile en notre pays, si nous ne la célébrons pas au plus profond de notre cœur. Le Seigneur attend cette célébration en toute vérité. Le lieu où l'Évangile est exposé à la place d'honneur, c'est le cœur de l'Homme. Elle nous permettra alors d'aller du Christ Sauveur que nous aurons découvert, au Christ Évangélisateur.

 

2 - JÉSUS CHRIST ÉVANGÉLISATEUR

 

La Mission protestante à Tahiti est dûe principalement à la redécouverte dans les milieux du renouveau évangélique de Grande-Bretagne du "Grand Commandement" [34] : "Jésus s'approcha d'eux et leur adressa ces paroles: 'tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc = de toutes les nations faites des disciples les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit ... Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps" [35]. Cet ultime commandement de Jésus embrasa le cœur de ceux et celles que l'Évangile avait transformés sous l'influence du REVIVAL.

Les religieux des Pères des Sacrés-Cœurs ont eux-mêmes vécu mais après la Révolution et l'époque napoléonienne le renouveau de la Mission dans l'Église Catholique puisqu'ils faisaient partie d'une des toutes nouvelles Congrégations missionnaires. Avant que Paul VI ait rappelé dans son Exhortation Apostolique "Evangelii Nuntiandi" la pensée des Pères du 3ème Synode de 1974, "Jésus lui-même est le plus grand Évangélisateur" nos missionnaires de toutes les Congrégations présentes dans le diocèse se sont efforcés d'imiter le plus grand Évangélisateur ( ... ).

Deux temps marquent la vie de Jésus Évangélisateur : le premier inaugure sa mission, il choisit ses apôtres [33], le second, clot sa mission, il les envoie ... allez, enseignez, baptisez, sauvez. La mission n'est pas seulement

présence de disciples et de témoins au milieu de "nations". Elle comporte de la part du missionnaire des actes progressifs qui se tiennent et forment un tout, y compris en particulier le "baptême" qui est partage de la vie divine en enfant de Dieu, et incorporation à l'Église.

Toute mission, la nôtre aussi, peut faire l'objet de critiques. En particulier notre très grand zèle nous cache parfois les réalités humaines que sont la culture, l'organisation sociale et politique, ou fait oublier des comportements élémentaires comme la tolérance religieuse. Cependant le "Grand Commandement" demeure, il vient du Christ, de l'Évangile, et par conséquent il fonde et légitime la "mission" : ce n'est pas le moindre mystère que le Fils de Dieu ait pu confier à des hommes soumis à l'erreur, aux excès, au découragement, une mission divine. Du reste comment oser participer aux célébrations du 5 Mars sans que résonne aujourd'hui au cœur ce grand commandement: allez, enseignez, baptisez, sauvez.

L'Évangélisation ne constitue pas dans un pays ou dans le Monde une période du christianisme, dont nous nous éloignerions peu à peu. Les générations se succèdent, la société ne cesse d'évoluer ou de connaître des soubresauts, le commandement du Christ, alors, maintient l'Eglise et les chrétiens en état de Mission. Mais toute mission a besoin de se renouveler.

Le message de l'Évangile apporte une lumière sur Dieu - l'homme et par conséquent aussi la société. Que cette lumière devienne aussi espérance pour le Monde et notre Pays.

 

2-1 : Jésus témoin du Père

 

La "Révélation", soit tout ce que la Bible nous apprend, atteint au cours de l'Histoire du peuple juif et de la vie Jésus en Palestine des sommets.

Dans l'Ancien Testament la révélation du Nom de Dieu: Moïse qui vient de rencontrer Dieu se demande comment il va être reçu par son peuple au retour de la montagne "s'ils me disent (les Hébreux) quel est son Nom - que leur dirais-je 7' ... Dieu dit "JE SUIS est mon nom à jamais" [37].

Ce n'est pas un nom qui étiquette une divinité au milieu d'autres dieux. Il signifie déjà que Dieu existe et ce qu'll est et veut être pour les hommes. Connaître le Nom c'est pouvoir entrer en relation avec cette personne et de fait Moïse renouvellera l'Alliance ancienne [38] du peuple avec Yaweh.

L'un des sommets du Nouveau Testament, et Jésus nous y a ramené à plusieurs instants de sa vie par sa prière, et son enseignement c'est la révélation du Dieu Père de Jésus et notre Père. "Mon Père et moi nous sommes un" [39]. "Je monte vers mon Père et votre Père" [40]. "Celui qui m'a vu a vu le Père' [41]. La relation du Père et du Fils se prolonge par notre

relation avec Jésus, et dans un même amour "Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés".

Dieu n'est plus un Créateur lointain, il est proche. Devenus fils, enfants de Dieu, nous le sommes vraiment. Nous avons à en témoigner par un attachement de tous les instants, dans la confiance. Ce Père ne s'impose pas, il nous a donné en son Fils les moyens de lui répondre, et son Esprit Saint dit à l'enfant que nous sommes de nous jeter dans les bras de ce Père qui nous attend.

Le Témoignage de Jésus nia pas toujours comporté des signes qui se voyaient, ou un enseignement qui était perçu par les oreilles. Il a été vrai dans sa vie intérieure et ce qui ne se voyait pas était cependant perçu par ses disciples "Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l'avoir révélé aux tout petits. Oui Père, car tel est ton bon plaisir. Tout m'a été remis par mon Père et nul ne conneît le Fils si ce n'est le Père, comme nul ne conneît le Père si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler" [42].

Le Pape Paul VI exprimant du reste les orientations du 3ème Synode des évêques à Rome en 1974 a dit "évangéliser est tout d'abord témoigner de façon simple et directe, du Dieu révélé par Jésus-Christ dans l'Esprit Saint" [43].

 

2-2 : Jésus-Christ venu partager la vie et l'espérance des hommes

 

Le thème de la 7ème Assemblée plénière de la Conférence des Églises du Pacifique qui se tiendra à Arue (Tahiti) du 3 au 13 mars 1997 est "Reaffirming God hope of the fenua", soit "réaffirmer Dieu espérance de la Terre" ou mieux "Renouveler son adhésion à Dieu espoir de la Terre".

Jésus a été Il en tout semblable aux hommes ... se comportant comme un homme" [44]. Il a donc partagé notre vie; a satisfait aux besoins de santé de beaucoup de pauvres, de nourriture de la foule, d'équilibre de beaucoup de gens possédés, et son message de justice, de paix, de fraternité nia perdu en rien de sa vigueur. C'est le climat le plus constant que lion retrouve à chaque page de l'Évangile, et à toutes les époques.

Son message dépasse notre vie terrestre mais c'est aussi un message pour toute la vie. En dernier ressort Jésus nous fait entrer dans son Royaume sans nous faire sortir de notre existence humaine, familiale, sociale, économique, politique.

"Entre évangélisation et promotion humaine - développement libération - il Y a en effet des liens profonds" [45]. L'attente de l'éternité, le chrétien la vit en même temps que le souci du temps présent.

2-2-1 - Evangéliser la désespérance des hommes

La civilisation de consommation a entraîné avec elle une permissivité qui semble ne plus avoir de limites et nous ne pouvons pas dire que nous l'avons combattu en Polynésie Française ; nous l'avons subie, et même parfois nous avons pactisé avec elle : la famille tant sur le plan économique que sur le plan moral en est la principale victime - certains jeunes disent ne plus rien attendre, ni de leurs proches, ni de la société, ni de l'Église, souvent parce qu'ils sont sans travail et ont subi auparavant toutes sortes d'autres épreuves.

Les mêmes dangers pèsent sur l'ensemble des populations des îles l'éducation sexuelle ne siest pas faite, on est tombé dans le sexualisme ; les naissances diminuent, mais au prix de combien d'avortements ? des enfants menacés sont recueillis par de nouvelles institutions, mais au sein même de leurs familles ils sont toujours violentés ; on applaudit à la renaissance de la culture polynésienne, mais voici que lion reprend des incantations païennes et la publicité révèle une recrudescence de la superstitution. Le tahua est détrôné par le devin. Le sens de la prière se perd car la religiosité a pris la place de la Foi.

Cependant et de par le Monde ou ici même de nouvelles valeurs apparaissent ou réapparaissent: la solidarité, le partage, la paix, le dialogue, le respect de l'homme, de l'enfant de ses droits, la communication, le développement, l'écologie... etc. L'Évangile nous donne un enseignement explicite sur ces valeurs. Tout chrétien doit contribuer à les promouvoir. Toutes les cultures recèlent aussi les traces de ces valeurs, car elles sortent des profondeurs de l'Homme. Dans un milieu plu ri-culturel, comme l'est la Polynésie chacun peut hâter l'application de ces valeurs. Au sein de notre monde polynésien, ce serait un beau défi à lancer.

Toutes ces valeurs, dans la mesure où elles prévaudront peu à peu, en Polynésie Française, sont des antidotes puissantes à l'égoïsme social, à l'immoralité, au culte de l'argent, au mépris de la vie. Elles peuvent remettre l'homme debout ; les jeunes sont sensibles à ces valeurs... si ces valeurs deviennent consistantes elles seront les premiers signes de cette "civilisation de l'Amour" vers laquelle les Pape et beaucoup de croyants veulent entraîner le Monde à l'occasion du 3ème millénaire qui va s'ouvrir.

2-2-2 - L'Éducation - La Formation

Les chrétiens n'ont guère de prise sur une société sécularisée. Il y a une manière de ré-affirmer Dieu qui n'est pas celle que Jésus-Christ a choisie et qu'll a conseillée à ses apôtres. "Soyons grain de sénevé", "Ievain dans la pâte" avec patience, mais aussi avec la vigueur des convictions intérieures qu'aucun échec n'arrêtera.

Le dernier Synode diocésain de 1989, par la voix de son Secrétaire Général nous entraînait "vers une culture de responsabilité". L'Éducation, la

Formation sont faites pour cela. Notre diocèse, héritier du Vicariat Apostolique a toujours proposé aux familles comme l'un des premiers objectifs de vie chrétienne "l'éducation".

Donnons-nous la main pour que les enfants, les jeunes ne soient pas privés ni d'éducation ni de formation. La liberté qu'ils revendiquent n'est parfois pas conciliable avec l'obligation que les parents et adultes ont à leur égard.

Car l'éducation chrétienne comporte un message qui doit être explicite: en ce qui concerne la foi, en famille, en paroisse ou dans nos écoles catholiques l'enfant puis le jeune doit bénéficier non seulement d'un éveil de la Foi, mais d'une complète initiation à la vie chrétienne. Brisons cette mentalité qui a des effets désastreux sur la foi des jeunes, et par laquelle certains considèrent qu'après la Confirmation, tout s'arrête ou même que le catéchisme est facultatif.

Le dimanche est fait pour l'homme : toute l'éducation des loisirs au sein de la famille et dans la société reste à faire. Quand le dimanche disparaît de l'existence d'un homme il perd la trace de son propre bonheur et de Dieu.

Au catéchisme, puis après, à l'occasion des grandes questions que les jeunes et adultes se posent, ni les commandements de Dieu, ni la morale chrétienne ne doivent être oubliés. Il convient, avec la pédagogie appropriée, que sur la sexualité, la vie, le mariage, l'enseignement de l'Eglise soit intégralement transmis. On le trouve dans le Catéchisme de l'Église Catholique qui doit être la source habituelle du "catéchiste".

Mais pour que ne soit pas dissociée la morale personnelle et la morale sociale c'est toute une vision de l'homme qu'il faut déployer. Une réflexion, un échange sur les problèmes de l'heure devraient être suivis de la découverte des documents de l'Église sur le Développement, l'Homme, le Travail, .. etc.

Le sens du travail mérite attention. Le travail n'est ni une punition [46], ni seulement un bien économique. L'homme souffre plus de ne pas savoir travailler, de ne pas aimer le travail, de ne pas avoir de travail, que de travailler. Le travail est insertion dans la création et dans la vie de son pays. Le travail doit fairevivre l'homme ; il ne peut s'apprécier en terme de Il production". Le jour est arrivé où ce ne sont plus les richesses que lion a à partager mais le travail lui-même. L'égalité dans le travail et sa rémunération sur l'ensemble de la Polynésie est un des plus gros chantiers à mettre en œuvre. Il y a trop de disparités selon les secteurs.

Par dessus tout l'engagement des jeunes dans des activités, un apostolat de leur choix, doit être encouragé et privilégié. Une formation peut être donnée dans des institutions diverses, mais ne remplacera jamais l'expérience que le jeune peut acquérir au milieu d'autres jeunes où concrètement il pourra vivre selon ses convictions et se décider avec le sens de la responsabilité qu'il acquerra.

C'est déjà, je le sais, ce qui se fait ou que lion cherche à faire. Malgré l'attention continue que cela demande, le diocèse doit beaucoup investir dans la formation. Ce sont les mouvements, les associations, les groupes de prière qui sans cesse doivent faire le bilan de leurs activités pour évaluer les fruits de la formation.

En tout cas plus que jamais donnons-nous la main pour que tous nous soyons encouragés d'un bout à l'autre de la filière éducation-formation, par les initiatives, la persévérance des uns et des autres.

Qui dit éducation, formation dit accompagnement. Croyons aux vertus du dialogue, possible même entre jeunes et adultes, croyons aux bienfaits de la présence, du témoignage, de l'écoute.

C'est ce qui forme le levain, ce qui est graine souvent invisible que le Seigneur nous demande de semer abondamment.

 

Conclusion

 

N'affirmons pas Dieu par des mots, des attitudes corporelles, mais par "l'Adoratlon''. St Paul nous exhorte comme il exhortait les Romains " ... par la miséricorde de Dieu à offrir nos personnes en hostie vivante, sainte agréable à Dieu: clest là l'adoration véritable" [47].

Le culte spirituel auquel nous convie St Paul c'est aussi de ne pas nous modeler sur le monde présent - de renouveler notre jugement - de nous transformer pour discerner ce qui est bon, ce qui plaît, ce qui est le meilleur, pour la cause de l'Évangile.

Que le Christ Sauveur soit ainsi pour nous tous, le seul, l'Unique que lion prie, que lion sert et dont on témoigne souvent en silence.

Que Dieu ne soit pas un alibi pour nous - "J'en parle, je le prie ... mais je suis ailleurs".

Devant tant de désespoir, de souffrances et à partir de ces désespoirs des hommes, faisons renaître l'espérance. L'espérance aura toujours un goût de vivre et de vivre ensemble. L'espérance nous fait regarder très loin vers l'éternité, mais elle ne peut partir que de la Terre et de ses habitants renouvelés par la Bonne Nouvelle et la présence vivante du Sauveur.

Sans doute le christianisme siest implanté en Polynésie mais la foi chrétienne peut-elle coexister avec l'indifférence des chrétiens à l'égard du nouveau champ missionnaire que nous venons de décrire?

Puisons notre force de renouvellement dans ce Sauveur Unique que nous célébrons, et guidée par la lumière de son amour du Père et des hommes.

Le 4 février 1997

Mgr Michel COPPENRATH, Archevêque de Papeete

 

Notes

[1] cf. Credo des Apôtres "Je crois ... en Jésus-Christ notre Seigneur qui a été conçu du Saint

Esprit est né de la Vierge Marie ... est ressuscité le troisième jour est assis à la droite de Dieu

le Père Tout-Puissant d'où il viendra juger les vivants et les morts Je crois au Saint Esprit..."

[2] Lettre Apostolique "Tertio Millenio Adveniente" - D.C. 1994, pp. 1017-1032 ; p. 1028, n. 40 ; Heb 13, 8

[3] Le 1 er janvier 1995 nous avons bien fêté le 220ème anniversaire de la première messe célébrée par un missionnaire espagnol à Tautira. Mais l'installation de cette "mission" dura à peine un an et n'eut pas de lendemain. Celle de la Société de Londres, malgré les déconvenues énormes fut finalement couronnée de succès.

[4] Le 5 mars 1797 le Duff jeta l'ancre dans la baie de Matavai amenant 4 pasteurs, 25 missionnaires ; 5 personnes étaient mariées et 2 mamans avaient avec elles leurs enfants en bas âge - c'était un dimanche - Dès 1821, on trouve aux Cook, 2 évangélistes tahitiens.

[5] C'est le 10 août 1834 que les premiers missionnaires des Sacrés-Cœurs (Picpuciens) ont célébré à bord sur le lagon de Mangaréva près de l'île d'Aukena leur première messe. Les sœurs de St Joseph de Cluny sont arrivées à Tahiti le 18-3-1844 ; les frères de Ploërmelle 18- 10-1860 ..

[6] D.C. 1994, p. 1028, n. 40

[7] 1 Jn 4, 9 ; "envoyé du Père", expression très fréquente en St Jean

[8] Mt 28,20

[9] Jn 14, 18

[10] D.C. 1994, p. 1028, n. 40 § 2

[11] 1 Cor 15, 1. 2. 3. 4. 5

[12]1 Jn 1, 1--> 4

[13] Rm 8,16-17

[14] Jn 14, 6

[15] Lc 4,18

[16] Mt 5, 1-16

[17]Jn14,15

[18] Eph 1,13

[19] Jn 4, 42 ; même chose en Jean 12,47 "car je ne suis pas venu juger le monde, je suis venu sauver le monde"

[20] Act 4, 12

[21] Tit 2,13

[22] Cardinal Saldarini "Vivre c'est le Christ", retraite de Carême au Vatican p. 69

[23] op. cit. id. p. 74 - Le chapitre est le commentaire de 2 Cor 5, 17-21

[24] Mc 16, 16

[242] Eph 1, 24

[243] C.E. Cath. p. 174, n. 789

[244] C.E. Cath. p. 184, n. 837

[25] L.G. 37, 15

[26] Mc 5, 1-20

[261] L.G. 38, 16

[27] Jn 20, 21

[28] D.C. 1994, p. 1028 n. 42; Act 2,42

[29] Dei verbum n. 25

[30] S.T. 1996, p. 4, n. 22 et n. 23

[31] Synode Diocésain 1989, Actes officiels p. 31 Evangélisation ; p. 28 Formation; p. 53 "Vie Chrétienne en paroisse"

[32] Dei verbum 25, cf. 28

[33] Lc 2,19; 2, 51

[34]"To live among the Stars", John Garrett, pp. 8-9

[35] Mt 28, 18-20

[36] Mt 4, 18-22

[37] Ex 3,14.15

[38] Ex 19,20

[39] Jn 10,30

[40]Jn20,17

[41]Jn14,9

[42] Mt 11, 21-22

[43] Exhortation Apostolique, Paul VI. 2-12-1974, D.C. 1975, p. 6, n. 26

[44] Ph 2, 7

[45] Exhortation Apostolique, id. p. 6, n. 31 [46] Gn 3,17-19

[47] Rm 12, 1

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