« L’Esprit-Saint souffle où il veut ». Combien ces paroles de la Sainte Écriture trouvent leur accomplissement dans la vocation de Sœur Marie de la Purification !
Née à Papeete (Tahiti) le 1er février 1854, de parents protestants, ses facultés morales se développèrent sous le souffle glacial de l’hérésie ; sa mémoire s’exerça à retenir force versets de la Bible, seul livre en honneur chez les indigènes et que, sans doute, elle dut porter avec ostentation en se rendant au temple avec sa famille. Au sein de cette île délicieuse, véritable paradis terrestre, la jeune fille dut entendre plus d’une fois la voix séduisante du tentateur ; mais Dieu qui la voulait pour lui seul, la protégea toujours. – Son instruction fut confiée à nos Sœurs nouvellement arrivées en Océanie, et elle obtint ensuite de ses parents l’autorisation de rester chez les religieuses pour y travailler à la couture ; elle fut, près de ses maîtresses, une aide dévouée, respectueuse, et se distingua par son bon esprit, son tact, sa discrétion.
Dans cette chaude atmosphère de dévouement et de charité tout apostolique, Mlle Richmond sentit un désir pressant d’embrasser la religion chrétienne, et un jour elle s’échappa de l’établissement pour aller solliciter de l’Evêque la grâce du baptême. Ce sacrement déposa dans son âme les germes d’une foi profonde que rien ne put ébranler, et sa correspondance à la grâce fut couronnée de la plus magnifique récompense : la vocation religieuse.
Mlle Richmond fut la première Tahitienne appelée par Dieu dans notre Congrégation. En 1877, après 4 mois de traversée, elle arriva à la Maison-Mère où elle reçut l’accueil le plus maternel. Les novices saluèrent avec surprise cette nouvelle compagne venue du fond de l’Océanie ; et dans la suite, Sœur Marie aimait à raconter avec sa gaîté naïve, l’empressement des novices à la regarder, à la questionner, leur étonnement de la voir très blanche et forte, tandis qu’elle-même se trouvait surprise en face de ces Parisiennes pour la plupart frêles et délicates. – Pendant sa probation, elle se montra généreuse, toute à son devoir, très attachée à sa vocation dont elle ne savait assez remercier Dieu.
Après l’émission de ses vœux – Paris, 19 mars 1879 - ses Supérieures l’envoyèrent en Haïti, où elle passa ses quarante années de vie religieuse, tour à tour maîtresse de classe, lingère, hospitalière, partout très dévouée et fidèle à son devoir, quelque pénible qu’il fût.
L’humble Sœur missionnaire aima le pays d’Haïti, et les petites orphelines confiées à ses soins ressentirent les effets de sa constante sollicitude. Vis-à-vis de ses Supérieures, elle se montra obéissante, soumise, et ses compagnes louent sa bonté et son tact à réconforter et à consoler. Des infirmités rendirent pénibles les dernières années de sa vie ; elle vit alors son activité comprimée, mais elle garda dans son humble sphère d’action le dévouement et l’entier oubli de soi qui la caractérisaient. Ses œuvres furent modestes, mais Dieu qui lit au fond des cœurs a dû récompenser cette âme de foi qui ne travaillait que pour lui.
Sœur Marie de la Purification quitta cette terre d’exil le 27 janvier 1919.